Les 7 du Québec
Questions nationales palestiniennes et
israéliennes
où en sont-ils ?
Robert Bibeau
Mercredi 1er février 2017
http://www.les7duquebec.com/...
Construire la question nationale.
À l’origine, en
1945, il n’y avait pas de question
nationale israélienne, pas de question
« juive » en Palestine, pas plus que de
question nationale palestinienne. Il n’y
avait, au Proche-Orient qu’une lutte de
libération nationale dirigée par la
bourgeoisie et les féodaux Arabes contre
le colonisateur britannique en Palestine
mandataire, et contre le colonisateur
français en Syrie-Liban et en Irak. Ce
fut l’astuce des colonialistes
occidentaux que d’y déporter une partie
de leurs émigrants, en les qualifiants
de « juifs, peuple élu », et autres
fadaises fantasmagoriques de ce type ;
fantasme dont s’empara la bourgeoisie
sioniste locale, pour s’ériger un État
national, qu’elle nomma Israël, histoire
de « surfer » sur la vague « juive ».
L’arnaque marcha si bien que de partout
en Europe, de Russie notamment, des
millions de gens devinrent soudainement
fils de «juifs» afin d’obtenir un
saufconduit vers cette « terre promise »
(sic), lourdement subventionnée par
l’impérialisme occidental. Imaginez, « un
peuple sans terre pour une terre sans
peuple » (sic)! Et les millions de
Palestiniens autochtones, descendants de
peuplades archimétissées, accrochés à
cette terre millénaire, la plus
parcourue de la planète, qu’est-ce que
vous en faites ?
Il n’entrait pas
dans les plans de l’impérialisme
occidental de créer une cause nationale
palestinienne. Leur idée était plutôt
que ces Arabes, devant l’adversité et
les calamités, allaient se déplacer vers
des contrées peuplées d’Arabes, leurs
alliés. Ce n’était pas la première fois
que des criminels de guerre génocidaires
souhaitaient déplacer des réfugiés,
l’histoire de l’impérialisme est remplie
de ces faits divers sanguinaires. Mais
voilà que ce peuple de paysans arabes,
habitant cette terre depuis des
millénaires – descendants des tribus
« juives » et autres, converties à
l’Islam, ne l’entendait pas de cette
manière. Ils s’accrochèrent à leurs
moyens de production et quand ils se
déplacèrent ce ne fut que de quelques
kilomètres, gardant précieusement en
main les clés de leurs foyers. La Nakba
créa la lutte de libération nationale
palestinienne, en même temps que la
lutte de libération nationale
israélienne (1948).
Ce sont bien deux
luttes de libération nationale
bourgeoises qui se confrontent en
Palestine historique. Les apparences
sont parfois trompeuses. Puisque l’une
des deux nations en devenir s’est
totalement inféodée à ses maitres
impérialistes occidentaux (dirigés par
les États-Unis depuis 1942), les
gauchistes pensent qu’il n’y a pas de
cause nationale bourgeoise israélienne.
La question « juive » est le subterfuge
que la bourgeoisie sioniste israélienne
– les exécuteurs des basses œuvres de
leurs collègues impérialistes
occidentaux – a trouvé pour unifier et
arnaquer la population multiethnique
qu’ils ont rassemblée sur cette terre
volée aux Palestiniens. Mais, qu’on le
veuille ou non, la constitution de
l’État israélien et sa pérennité depuis
1948 ont créé la nation israélienne. Je
n’écris pas la nation « juive », car une
nation ne se définit jamais
exclusivement par la religion, pas plus
qu’il n’existe de nation islamiste ou
catholique. Et ces deux luttes de
libération nationale bourgeoises
s’entrechoquent, l’une triomphante et
cruelle, parce que totalement inféodée –
instrumentalisée – par l’impérialisme
occidental déclinant ; l’autre blessée,
maltraitée, parce que se retrouvant sur
le mauvais versant, avec l’appui des
bourgeoisies iranienne, syrienne,
libanaise et quelques autres du
tiers-monde. Le succès de chaque
camp est au diapason des sponsors qui
l’adoube.
Réalignement
géopolitique.
Le monde en était
là ce 23 décembre 2016 quand soudain,
coup de théâtre au Conseil de sécurité
de l’ONU, l’organisation où
l’impérialisme mondial prépare et fait
entériner ses coups fourrés. Le chef de
file du clan occidental laisse passer
une résolution (R-2334) condamnant son
affidé israélien (!) Que s’est-il donc
passé ? (1)
Avant de répondre à
cette question il est requis de
s’extirper de ces allégations ridicules
à propos des « juifs » qui dominent le
monde et de l’AIPAC qui domine les
États-Unis d’Amérique et de tout ce
folklore « nazifiant » dans lequel la
go-gauche et la droite se complaisent.
L’histoire de l’humanité est l’histoire
de la lutte des classes. Pour comprendre
ce qui se passe aux États-Unis
d’Amérique, car c’est bien de cela qu’il
s’agit ici et non pas de ce qui se passe
sur leur terrain d’intervention
militaire au Proche-Orient, il faut
regarder où en est l’économie et la
politique américaine et donc la lutte
des classes en Amérique. L’élection de
Donald Trump, n’a pas été le
facteur déclencheur de ce réalignement
au Proche-Orient, le pensé serait
inverser l’ordre des choses. Le
réalignement dans la géopolitique qui
s’impose à l’Amérique a appelé
l’élection de Donald Trump après
le « coup manqué » d’Obama-Kerry (2). Il
ne faut pas oublier qu’au début de son
deuxième mandat, Obama avait tenté de
régler l’affaire israélo-palestinienne
et de forcer la bourgeoisie israélienne
à signer un accord. Obama, un dirigeant
pusillanime, opportuniste et obséquieux,
s’est révélé inapte à livrer la
marchandise commandée par le grand
capital étatsunien. Donald Trump
doit donc reprendre là ou Barack
Obama a échoué.
Donald Trump
est d’une autre trempe qu’Obama. Grand
stratège – pas du tout imprévisible
comme le colporte les médias à la solde
– il a d’abord frappé la bourgeoisie
palestinienne – celle de laquelle il n’a
rien à craindre – et il a promis de
déplacer l’ambassade étatsunienne de
Tel-Aviv à Jérusalem. Puis, il a désigné
un ambassadeur pro-israélien afin de
marquer le coup. La bourgeoisie
israélienne exultait. Mais, aussitôt il
a frappé la bourgeoisie israélienne en
donnant son aval pour cette résolution
2334 à l’ONU. Admettons qu’il faudra
davantage pour forcer la bourgeoisie
israélienne à s’assoir et à signer
l’accord de création de l’État croupion
de Palestine. Mais, il fait plaisir de
vous annoncer que c’est dans cette
direction que le capital américain
s’achemine. Sous peu, la bourgeoisie
palestinienne se pavanera à la tête d’un
bel État croupion tout neuf, avec siège
officiel à l’ONU, petite armée
d’opérette dans les rues de Ramallah
pour écraser toute velléité de
résistance du peuple palestinien trahi,
à qui on avait promis le retour dans sa
patrie, et pour assurer l’exploitation
de prolétariat palestinien dans les « sweats
shops » israéliennes. La prison de
Gaza rouverte sous strict contrôle
israélien – quelques rues en banlieue de
Jérusalem seront renommées Al-Quds, la
capitale éternelle du peuple
palestinien, une capitale de banlieue
régnant sur quelques villes emmurées, le
bantoustan du Proche-Orient.
Direction Mer de
Chine.
Pourquoi une
prophétie aussi morbide ? Parce qu’il
faut toujours se rappeler que la
bourgeoisie – palestinienne,
israélienne, américaine et les autres –
défend exclusivement ses intérêts. Or,
les intérêts majeurs de la bourgeoisie
américaine ne sont plus disputés sur la
scène du Proche-Orient, où, mis à part
le conflit nationaliste bourgeois
israélo-palestinien, les choses sont
sous contrôle, l’État islamique est
endigué, la Syrie et l’Irak en ont pour
dix ans à se remettre sur pied, le Liban
est profondément divisé, le Kurdistan
est érigé en fer-de-lance nationaliste
réactionnaire pour les prochaines
guerres, le Yémen est détruit, l’Arabie
et les Émirats arabes sont désarçonnés
d’être boycottés. La Turquie demeure une
source d’inquiétude, mais Trump compte
régler l’affaire en même temps que son
« rapprochement » avec Moscou (!)
L’Afghanistan a été abandonné aux
taliban, de toute manière quelle
ressource spoliée dans ces champs de
pavot ? Le Pakistan fait partie du
problème chinois. Reste l’Iran sur
laquelle Donald n’a pas fini de
frapper, mais déjà on est loin de la
méditerranée.
L’Amérique est en
crise économique sévère et durable,
comme le reste de l’économie mondiale.
Donald Trump a été appelé par le
grand capital américain et placé à ce
poste prestigieux parce que la crise
n’en finit plus de s’approfondir. Le
grand capital US sait que la présente
flambée boursière aux États-Unis
dissimule un crash en préparation. Dans
quelque temps le dollar sera malmené et
les créditeurs des États-Unis cherchent
à s’enfuir et à se départir de leurs
pétrodollars (L’Iran et la Chine
notamment).
Dans ces conditions
vous comprendrez que le capital
américain a d’autres chats à fouetter
que ces rescapés (7 millions de
pèquenots israéliens), isolés sur une
quasi basse militaire US au fond de la
Méditerranée ; encerclés de peuples
enragés. Ces pèquenots surarmés –
militarisés – à qui on a ordonné de
tuer, d’occuper et de coloniser, et dont
les extrémistes sionistes voudraient –
comble d’ignominie – déloger les
derniers réfugiés (5 millions de
Palestiniens entassés), pour les
chasser, on ne sait où, puisque personne
ne veut d’eux.
Donald comprend
bien qu’il est impératif de résoudre ce
problème secondaire avant de s’attaquer
au problème chinois (1,3 milliard de
consommateurs-producteurs, la première
économie industrielle du monde). N’en
déplaise aux amoureux de la Palestine,
et aux fanatiques de l’État de tous les
« juifs » (sic), le centre
géostratégique de la planète se déplace
vers la Mer de Chine.
Peu de problèmes à
prévoir avec les affidés de l’OLP, de
l’Autorité et du Hamas. Par contre,
briser la résistance de la clique
d’hystériques qui soutient le criminel
de guerre Benjamin Netanyahu ne sera pas
une sinécure, ces potentats jouent leur
vatout. Mais, étant donné que la
population israélienne en a marre de ces
disputes pour arracher une rue, un pâté
de maisons, quelques mètres de terrain
aux Palestiniens malandrins, au prix de
déboursés militaires astronomiques,
alors que le chômage frappe de plein
fouet la société israélienne
catastrophée et que la pauvreté se
répand comme du chiendent, il se
pourrait que la bourgeoisie israélienne
ramène les travaillistes au pouvoir afin
de régler une fois pour toutes ce
dernier reliquat de l’époque des luttes
de libération nationale bourgeoises.
Le prolétariat dans
tout ça.
Que ce soit la
lutte de libération nationale
palestinienne ou la question nationale
israélienne, le prolétariat du
Proche-Orient n’est pas concerné par ces
conflits entre ses bourgeoisies. Une
fois les bourgeoisies nationales
israélienne et palestinienne
réconciliées elles se tourneront contre
leur prolétariat national afin de les
remettre aux travaux forcés, au travail
salarié pour enrayer la baisse des
profits.
Sur cette carte le
voleur qui crie au vol. Les
sionistes présentent la carte des
« concessions » que la bourgeoisie
israélienne a faite en rétrocédant des
terres occupées depuis 1967 (sic). Comme
quoi une réalité a toujours deux
visages.
NOTES
(1)
http://www.lemonde.fr/international/article/2016/12/23/la-resolution-de-l-onu-reclamant-l-arret-de-la-colonisation-israelienne-a-ete-adoptee_5053630_3210.html
(2)
http://www.voltairenet.org/article194943.html
Le sommaire de Robert Bibeau
Les dernières mises à jour
|