Tunisie
Retour sur l'affaire de la visite de BHL
en Tunisie
Ridha Kéfi
Photo:
D.R.
Dimanche 2 novembre 2014
Selon son
amie, Liliane Lazar, professeure à
Hofstra University à Long Island,
Bernard Henri Lévy était, hier, à Tunis
pour... déjeuner avec des «amis
libyens».
Par Ridha Kéfi
En d'autres termes, et si on a bien
compris, c'était une belle opération
pour le tourisme tunisien. On aurait
donc dû applaudir que M. Lévy ait choisi
notre pays pour son déjeuner du samedi
1er novembre 2014 ! Et non pas en faire
une affaire d'Etat!
A l'appui de son affirmation, Mme
Lazar a publié sur le blog
''BHL'' la photo du fameux
déjeuner, à l'hôtel The Residence à
Gammarth, où l'on voit, aux côtés de M.
Lévy, le Fadil Lamine, président du
Conseil de Dialogue national libyen;
Gilles Hertzog, compagnon de tous les
combats du philosophe français; Waheed
Burshan, que ce dernier avait rencontré
dans le Djebel Nefousa du temps de la
révolution libyenne; et Nouri Cheriou,
grande figure des Amazighs libyens.
«De Tunisie, point n'est
question», a tenu à souligner Mme
Lazar. Traduire : de quoi les Tunisiens
se mêlent-ils ?
Bien sûr, la discussion au cours de
ce déjeuner – qui ne pouvait se tenir
qu'à Tunis ! – était consacrée à «L'art
de la philosophie», qui «ne
vaut que s'il est l'art de la guerre»,
comme l'affirme le nom du blog de BHL.
Reste à savoir de quelle guerre il
s'agissait au cours du fameux déjeuner.
Celle en cours en Libye, n'en déplaise à
Mme Lazar, concerne directement la
Tunisie, qui fait face aux infiltrations
de grandes quantités d'armes et de
groupes terroristes en provenance de ce
pays, avec pour mission de mener des
actions de déstabilisation en Tunisie et
en Algérie.
La moindre des politesses (ou des
précautions), de la part de M. Lévy,
aurait été d'informer les autorités
tunisiennes de son arrivée à Tunis, de
l'objet de sa visite et de l'identité
des personnes qu'il compte rencontrer,
car M. Lévy, grand Narcisse devant
l'Eternel, sait que son auguste personne
– ex-émissaire en
Bosnie, en Afghanistan, au
Kurdistan irakien, en Libye... excusez
du peu! – ne saurait passer
inaperçue, dans un pays en transition
politique, et qui fait face à des
menaces terroristes, surtout que le
«philosophe de la guerre» comptait
rencontrer des personnes impliquées dans
une guerre qui se déroule aux frontières
de la Tunisie. Ne pas informer le pays
hôte d'une si importante rencontre
pouvait susciter des interrogations
voire des suspicions... Et c'est déjà
fait.
Reste un autre point important:
l'ambassadeur de France à Tunis,
François Gouillette, était-il informé,
lui-même, de cette visite pour le moins
impromptue?
Si c'était le cas, pourquoi n'en
a-t-il pas informé lui-même le ministère
des Affaires étrangères tunisien, comme
le recommandent les règles de la
diplomatie? A moins de considérer la
Tunisie, non comme un pays souverain,
mais comme un protectorat...
M. Gouyette est un grand diplomate et
il a une haute idée de sa mission,
autant dire qu'il a aussi beaucoup
d'estime pour le pays qu'il représente
et pour celui où il est accrédité. Aussi
son silence sur cette affaire est-il
assourdissant...
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Publié le 2
novembre 2014 avec l'aimable autorisation
de Kapitalis
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