Opinion
Deux officiels syriens à Paris pour la
première fois depuis le début de la
guerre il y a quatre ans
René Naba
Photo:
D.R.
Vendredi 30 mai 2014
Coup de théâtre
dans les relations franco syriennes:
Rompant avec un sommeil dogmatique de
près de quatre ans, la France, puissance
de siège, a toléré la tenue d’un
colloque sur le patrimoine syrien à
l’Unesco à Paris, avec, fait inhabituel,
la présence de deux officiels syriens,
le directeur des antiquités et des
musées, M. Maamoun Abdelkarim et M.
Talal Maalla, conseiller au ministère
syrien de la culture.
Ce colloque s’est
tenu du Lundi 26 mai au mercredi 29 Mai
à l’UNESCO à Paris sur le patrimoine
syrien, dans la plus grande discrétion,
un comportement qui tranche avec
l’habituelle tonitruance de la
diplomatie française pour tout ce qui a
trait à la Syrie, selon des informations
concordantes recueillies auprès des
milieux syriens de Paris.
Intrigant non ? Le
colloque a été annoncé par simple
inscription au programme mensuel de
l’organisation internationale, sans la
moindre publicité, et les invitations
lancées oralement, en tout cas pour les
officiels syriens encore en poste à
Paris.
S’agissait-il de
banaliser un tel évènement, alors que le
patrimoine de la Syrie est l’objet de la
plus vive préoccupation depuis le
pillage du souk d’Alep et l’assaut de la
bourgade chrétienne de Maaloula? Ou
d’une fausse pudeur inhabituelle de
Paris pour masquer ce que nombre de ses
affiés pourraient considérer comme un
honteux rétropédalage ?
Intrigant non?
L’évènement est pourtant de taille, qui
pourrait constituer un timide dégel de
la France à l’égard de Bachar Al-Assad,
dont elle prédisait la chute tous les
quinze jours et qui s’apprête, sauf
accident, à être reconduit à la tête de
son pays pour un nouveau mandat de sept
ans … soit au-delà du mandat de François
Hollande, après avoir enterré Nicolas
Sarkozy. Un cauchemar absolu.
La France a la
gueule de Bois. Propulsé au rang peu
envieux de pays le plus xénophobe
d’Europe à l’occasion des élections
européennes du 25 mai 2014, la
diplomatie hollando fabiusienne et sa
cohorte d’islamophilistes de pacotille
essuie revers sur revers, dont le plus
retentissant est sa dernière
pantalonnade au conseil de sécurité.
Il se dit pourtant
que le Quai d’Orsay a encouragé en
sous-main les archéologues français à
contribuer massivement au succès du
colloque sur le patrimoine syrien.
Pourquoi alors tant de discrétions?
Comble de paradoxe:
Le colloque se tient au moment où
Laurent Fabius interdit aux syriens qui
vivent en France de voter à distance
pour la présidentielle programmée dans
une semaine. C’est à ne rien comprendre.
Laurent Fabius, décidément, est soit
complexe, soit retors.
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