MADANIYA
Syrie-Turquie : M. Haytham Manna
revendique l’appartenance du district
d’Alexandrette à la Syrie
René Naba
Jeudi 27 avril 2017
M.
Haytham Manna, un des animateurs du pôle
démocratique et patriotique de
l’opposition syrienne, a revendiqué
l’appartenance à la Syrie du «district
d’Alexandrette» rattachée arbitrairement
à la Turquie par la France, dans une
interview à la chaîne de télévision
libanaise «Al Mayadeen».
«Le
district d’Iskandaroune coule dans nos
veines et nous ne reconnaissons pas les
frontières de 1946, délimitant les
territoires de Turquie et de Syrie», a
précisé l’opposant syrien, accusant la
Turquie de projeter son assassinat.
Projet
turc d’assassinat de Haytham Manna
«Des
groupements opérant sous les ordres des
Turcs ont projeté de m’assassiner»,
a-t-il dit, spécifiant qu’«aucun syrien
n’était impliqué dans cette affaire».
M. Manna
a proclamé son attachement à «la défense
des Droits des Kurdes, qui constituent
une partie intégrante de la Syrie», et a
averti que toute tentative de provoquer
la sécession du Hourane (sud de la
Syrie) sera vouée à l’échec», dans cette
interview reproduite le 26 avril 2017
sur la site «AL Al Yom».
Pour le
locuteur arabophone, l’intégralité de la
déclaration de M. Haytham Manna sur ce
lien :
La
revendication de l’appartenance à la
Syrie du district d’Alexandrette fait
ressurgir une vieille querelle entre la
Syrie et la Turquie qui a empoisonné
leurs relations depuis la fin de la 2e
Guerre Mondiale et éclairer, en
contrechamps, la duplicité de la France
dans cette affaire.
L’enrôlement de binationaux franco
syriens au sein de l’opposition syrienne
off shore dans une guerre contre la
Syrie sous la houlette de la France et
de la Turquie, les deux pays dépeceurs
de la Syrie, a frappé de discrédit ces
opposants, apparus à bon nombre de leurs
concitoyens syriens, comme des porte
serviettes de l’ancienne administration
coloniale.
Cette
revendication tranche avec le
comportement des binationaux de
l’opposition off shore qui n’ont pas
hésité à brader le Golan, un territoire
syrien occupé par Israël, pour complaire
à l’opinion occidentale, à l’instar de
Bourhane Ghalioune et Kamal Labwani.
Haytham
Manna revendique ainsi la restitution de
la totalité de la patrie historique de
la Syrie (Golan et Alexandrette).
Sur le
Golan cf. le pacte national syrien sur
ce lien :
Dans le
Monde arabe, la cession d’Alexandrette à
la Turquie a été considérée, comme une
prime à l’État génocidaire des Arméniens
de la part d’un Pays, la France, qui se
posait en «Protecteur des chrétiens
d’Orient», particulièrement au sein de
l’importante communauté des chrétiens
arabes.
Un des
plus célèbres «non-dits» des relations
internationales, la perte
d’Alexandrette-Iskandaroune, dans la
foulée de l’implantation d’un Foyer
National Juif en Palestine, a constitué
le moteur des revendications
nationalistes et des récriminations
anti-françaises et anti-occidentales de
la Syrie, un pays hâtivement décrété
«infréquentable», sans que l’opinion
occidentale, particulièrement française,
ne se soit penchée sur le bien-fondé de
cette virulence nationaliste.
Blessure
secrète, elle alimentera l’animosité des
dirigeants syriens, bien avant
l’avènement du parti Baas, contre
l’ancienne puissance mandataire, allant
jusqu’à lui dénier un droit de regard
sur le Liban.
Depuis
lors, la Syrie a tenu la dragée haute à
la France s’opposant frontalement à
toutes ses équipées en terre arabe, que
cela soit en Algérie où elle sera le
premier pays arabe à y dépêcher des
volontaires auprès des «Fellaghas»; lors
de l’agression tripartite de Suez, en
1956, contre Nasser, où elle engagera le
combat sur le front syrien; au Liban,
enfin, dont elle constituera le «verrou
arabe» pendant un demi-siècle, pendant
que la diplomatie atlantiste s’appliquer
à constituer un axe Tel Aviv, le Caire,
Beyrouth dans le prolongement du traité
de Camp David.
Pour
aller plus loin sur ce sujet :
Le
district d’Alexandrette est un
territoire, aujourd’hui turc, situé à
l’extrémité orientale du littoral
méditerranéen de la Turquie, à la
frontière syrienne. Il correspond à peu
près à l’actuelle province turque du
Hatay.
Lors du
démembrement de l’empire ottoman, en
1918, le Sandjak est rattaché à la Syrie
sous mandat français et devient autonome
en 1920. Les Arabophones sont
majoritairement alaouites (musulmans) à
65 %, mais aussi sunnites (20 %) et
chrétiens orthodoxes (15 %).
À partir
de 1925, le territoire fait partie de
l’État d’Alep et entre dans l’État
syrien avec un statut spécial : il
faisait partie des territoires de la
République syrienne sous mandat français
et jouissait d’un régime autonome au
point de vue administratif et financier.
En
septembre 1938, la France, dirigée par
une majorité parlementaire issue du Font
Populaire de 1936, et en sous-main la
Grande Bretagne Grande-Bretagne, modifie
le statut de ce district qui devient la
République du Hatay. En effet les deux
grandes puissances voulaient en effet
ménager la susceptibilité de la Turquie,
clef de voûte de la politique régionale,
voire en faire un allié en cas de
conflit avec l’Allemagne Hitlérienne.
Mais la capitulation de la France face à
l’Allemagne, en 1940, dispensera la
Turquie de faire un choix entre les
belligérants, annexant ainsi
définitivement Alexandrette sans la
moindre contrepartie.
Illustration
Reçu de René Naba pour publication
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