MADANIYA
États-Unis-Présidentielles:
Hillary Clinton – Décryptage 3/3
René Naba
Mardi 21 juin 2016
L’ahurissante profession de foi pro
israélienne de Hillary Clinton :
«J’inviterai le premier
ministre israélien à la Maison
Blanche dès le premier mois de mon
mandat».
Sans la moindre publicité, Hillary
Clinton promet d’adopter un agenda
extrême en faveur d’Israël.
L’ancien président américain Bill
Clinton a rencontré dans le plus grand
secret près d’une centaine de dirigeants
de la communauté juive de la Floride du
sud, les assurant que si son épouse
était élue, elle se fixerait comme
objectif «prioritaire le rapprochement
avec Israël», mettant l’accent sur «les
liens étroits que sa femme et lui même
entretiennent avec Israël», rapporte le
journal «Times of Israël».
«Il serait tentant de considérer
cette déclaration comme une inspide
rhétorique politicienne clintonienne,
qui consiste à dire habilement à son
auditoire ce qu’il souhaite entendre et
à le lui faire croire.
«Mais est-il matériellement possible
de renforcer l’alliance avec Israël au
delà du seuil atteint, avec les
milliards de dollars du contribuable
américain transférés chaque année vers
Israël, en sus des armes sophistiqués
fournies à Israël pendant qu’il bombarde
ses voisins sans défense, doublé de son
soutien diplomatique aveugle et d’une
protection de la totalité de ses
actes?».
«À la décharge de Bill Clinton, son
souhait est en fait en parfaite harmonie
avec les déclarations réitérées en ce
sens de la candidate démocrate devant
les auditoires juifs américains.
«Ainsi, en novembre 2015, dans une
tribune publiée dans «Forward», Hillary
a souhaité «non seulement le
renforcement des liens avec Israël, mais
aussi avec le premier ministre
ultranationaliste Benyamin Netanyahu»:
«J’ai été aux côtés d’Israël tout au
long de ma carrière. En tant que
secrétaire d’état, j’ai souhaité
davantage d’assistance pour Israël,
chaque année.
«J’ai défendu Israël contre son
isolement diplomatique notamment ceux en
provenance des Nations-Unies et d’autres
instances internationales en m’opposant
notamment au rapport Gladestone «partial
et tendancieux», qui attestait des
crimes de guerre répétés commis par
l’état hébreu contre Gaza, en 2008.
Des communicants de l’équipe Clinton,
notamment Jonathan Alter, ont tenté de
saper la campagne de son rival Bernie
Sanders en pointant le fait que seul le
sénateur du Vermont a maintenu ses
critiques contre Barack Obama, alors que
Hillary Clinton, qui fut la rivale
malheureuse du président américain, a
cessé ses attaques dès 2008, c’est à
dire dès la fin de la campagne
présidentielle. «Bernie Sanders a cessé
ses critiques en 2015 juste à temps pour
pouvoir se présenter aux élections sous
le label démocrate», a-t-elle dit, selon
le site inteecpt.
«Indépendamment du fait que toute
critique peut constituer un motif de
contrariété, il est sain dans une
démocratie de critiquer le président et
pathologique de s’abstenir de le faire.
«Mais nonobstant cette posture,
Hillary Clinton, tant dans son ouvrage
que dans ses diverses interview, n’a
cessé de critiquer Barack Obama lui
reprochant notamment son manque de
fermeté, assurant qu’elle serait
davantage volontariste et
interventionniste, alors que Barack
Obama compte à son actif pas moins de
sept interventions militaires dans
divers pays majoritairement musulmans
(Libye, Syrie, Irak, Yémen, Somalie etc).
«De même ses commentaires sur Israël
constituaient en fait des critiques
implicites de la politique étrangère de
Barack Obama, car cela a suscité une
animosité à l’encontre de Benyamin
Netanyahu.
«Dans sa tribune à «Forward», Hillary
Clinton a souligné que «l’alliance entre
les États-Unis et Israël transcende la
politique… Un engagement qui nous unit
et non un fossé qui nous sépare». Et
pour bien marquer son propos, elle a
pris l’engagement suivant: «J’inviterai
le premier ministre israélien à la
Maison Blanche dès le premier mois de
mon mandat».
«En janvier 2016,Hillary Clinton a
publié une tribune encore plus
excessivement pro israélienne dans «The
Jewish Journal» qui explicitait
davantage sa volonté de modifier la
politique de Barack Obama en la rendant
plus pro-israélienne.
«En ces temps de terrorisme et de
troubles, l’alliance entre les
États-Unis et Israël est plus importante
que jamais pour faire face aux défis que
nous affrontons. Pour ce faire, nous
devons porter nos relations à un niveau
supérieur»… Nous devons nous assurer
qu’Israël continuera de maintenir son
avantage militaire qualitatif.
«Les États-Unis doivent soutenir
davantage la défense aérienne
israélienne et aider à développer une
meilleure technologie de détection des
tunnels pour empêcher le trafic d’armes
et les enlèvements. Nous devons aussi
développer les consultations
stratégiques de haut niveau entre les
États-Unis et Israël.
«Comme toujours, pas un mot sur la
répression, l’oppression et les
brutalités imposées aux Palestiniens,
une constante de l’occupation
israélienne depuis des décennies. Elle
ne reconnaît pas et ne s’exprime même
pas sur les bombardements répétitifs de
la prison à ciel ouvert que constitue
Gaza et qui provoquent des massacres de
civils… Pour Clinton et pour
l’establishment progressiste qui la
soutient, les souffrances et les
violences imposées aux Palestiniens,
n’existent littéralement pas», relève
Glenn Greenwald.
Rien de tout cela n’est mentionné,
même incidemment, dans l’avalanche
d’articles pro-clinton qui se déversent
via les médias progressistes. Au delà de
l’indifférence des progressistes, si
Hillary Clinton se permet de débiter une
telle rhétorique, c’est tout bonnement
parce que les prises de position de
Bernie Sanders sur Israël-Palestine, ou
même sur les autres sujets de politique
étrangère sont floues», poursuit
l’auteur de l’article d’Intercept.
Comme beaucoup de juifs américains,
en particulier de sa génération, Bernie
Sanders a longtemps considéré
favorablement Israël, comme étant le
refuge et et le protecteur essentiel des
juifs de la période post nazie. Bien
loin d’être radical sur ce sujet, Bernie
Sanders est davantage disposé à
critiquer Israël. Mais sa préférence
assumée de privilégier les sujets
domestiques, au détriment de la
politique étrangère, a donné libre cours
aux flatteries et autres outrances de
Hillary Clinton sur ce sujet.
(Note www.madaniya.info:
En fait Bernie Sanders s’est prononcé
sur ce sujet en mars 2016, préconisant
une solution à deux états, impliquant le
Droit à la Sécurité des Palestiniens et
le droit au partage de l’eau, démontrant
par là même une parfaite connaissance du
dossier, soutenue par une posture de
grand courage qui tranche avec leur
conformisme ambiant américain. Jusqu’à
présent, les Occidentaux mettent
l’accent sur le Droit à la sécurité
d’Israël, s’abstenant de toute
condamnation de l’état hébreu,
cautionnant implicitement un droit à
l’insécurité des états arabes
particulièrement les Palestiniens. Le
droit au partage de l’eau constitue en
outre un vigoureux rappel à l’ordre des
Israéliens qui ont détourné le cours du
fleuve Jourdain et qui visent par leur
incursion répétitive au Liban à
détourner les cours des fleuves du sud
Liban, notamment (le Zahrani).
«Les partisans de Hillary Clinton
justifient son bellicisme par la
nécessité politique, assurant qu’elle ne
pourrait jamais gagné si elle ne
manifestait pas une dévotion sans faille
envers le gouvernement israélien,
indépendamment de tous ses excès en
politique étrangère y compris envers
Israël.
«Barack Obama a apporté la preuve
qu’un dirigeant national peut être
critique, ne serait que légèrement, à
l’égard d’Israël et continuer de
bénéficier du soutien populaire. Un
politicien américain a prouvé que l’on
ne devait se soumettre à l’orthodoxie
pro-israélienne pour gagner: Donald
Trump, le républicain, a prôné la
«neutralité» entre Israël et la
Palestine… avant de se raviser sous le
feu des critiques.
«Les défenseurs de Hillary Clinton
s’épuisent à susciter des controverses
des plus futiles afin de détourner
l’attention sur le jugement de ses
actions et les variations intervenues
dans ses convictions.
«Cette tactique a été initiée par un
ancien communicant de l’équipe Bill
Clinton, Dick Morris, celui là même qui
avait incité son client à transformer
l’élection de 1996 en débat à propos de
sujets aussi futiles que le port
d’uniformes à l’école.
«Si vous étiez un progressiste
pro-Clinton, voudriez-vous défendre ses
souhaits continuels de renforcer le
soutien des États-Unis au gouvernement
de Benjamin Netanyahu et veiller chaque
année «à renforcer davantage les liens»?
Réponse en Janvier-Février 2017. Si
Hillary Clinton invitera ou non au
premier mois de son mandat son premier
ministre israélien adoré.
Dans l’attente, pour le plus grand
bonheur des lecteurs, ci joint
l’intégral des cables de Hillary Clinton
sur l’affaire libyenne.
Version anglaise sur ce lien du site
«The Intercept» by Glenn Greenwald 18
Février 2016.
Adaptation en version française par
la rédaction
www.madaniya.info
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Reçu de René Naba pour publication
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