Libye-Dossier
spécial 3/4
Libye An III post Kadhafi,
Les confessions de son chef de protocole
René Naba
Photo:
D.R.
Vendredi 18 avril 2014
Libye Dossier spécial 3 /4 : An
III post Kadhafi, Les confessions de son
chef de protocole: Kadhafi avait une
maman de confession juive – Par René
Naba, 17.04.14
Edith Bongo, fille de Denis
Sassou Nguessou (Congo) et épouse d’Omar
Bongo (Gabon), objet des assiduités de
Kadhafi.
A – La maman de
Kadhafi
Paris –La maman de
Kadhafi est de confession juive.
L’information circulait depuis longtemps
sous forme de rumeurs. Elle est devenue
réalité, confirmée par son ancien chef
de protocole et deux membres de
l’entourage du colonel ont payé de leur
vie la connaissance de cette vérité.
Noury Al Mismari, chef du protocole de
la Jamahiriya (1982-1990 puis de
1997-2010), a été un des premiers hauts
fonctionnaires à faire défection. Sa
tête a été mise à prix par Kadhafi pour
«50 millions de dollars». Et Kadhafi
promettait de le noyer dans une «piscine
remplie de kérosène en flamme». Lui
aussi s‘est confié au journal Al Hayat
en ces termes:
-«Oui, la maman de Kadhafi était juive.
Ammar Daou, à l’époque ambassadeur de
Libye en Italie, a été tué par les
services libyens par ce qu’il avait
voulu alerter Kadhafi sur l’existence de
documents circulant en Italie faisant
état de ce fait. Dans une opération de
diversion dont il était familier,
Kadhafi avait accusé l’opposition
libyenne, «les chiens enragés à la solde
de l’étranger» d’être à l‘origine de cet
assassinat. De même Saleh Al Farouah, un
membre du groupe des officiers libres de
Libye, -l’équipe de douze membres à
l’origine du coup d’état qui a renversé
la monarchie, le 1 er septembre 1969-, a
connu le même sort. Il a été tué en
Roumanie et son assassinat a été
maquillé en accident de chasse. Son
élimination a eu lieu en 1980, sous la
mandature de Nicolas Ceausescu».
B – La mystérieuse
disparition de l’Imam Moussa Sadr
L’Imman Moussa Sadr,
chef spirituel de la communauté chiite
libanaise avait été invité en Libye le
27 aout 1978 à l’occasion des festivités
commémorant l’anniversaire du coup
d’état anti monarchique. Pour des
raisons encore inconnues, le dignitaire
religieux a mystérieusement disparu
ainsi que ses deux compagnons. Kadhafi
cherchera à brouiller les pistes en
cherchant à accréditer l’idée qu’il
avait perdu sa trace alors que l’Imam se
trouvait en transit à l’aéroport de
Rome.
Mismari raconte:
«Abdallah Senoussi, beau-frère de
Kadhafi, connaît le fin mot de cette
histoire. Je ne sais pas s’il a
participé à l’assassinat du dirigeant
chiite, mais il était au courant. Un
jour, tout à trac, Senoussi, alors jeune
officier au service de renseignements de
la marine, m’appelle au téléphone pour
s’enquérir de savoir si l’Italie
exigeait un visa pour les passagers s’y
rendant. Je réponds par l’affirmative.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il m’envoie
trois passeports, dont l’un au nom de
l’Imam Moussa Sadr, me priant d’obtenir
des visas de l’ambassade d’Italie à
Tripoli».
-«En fait, ils ont fait voyager en
Italie trois personnes des services de
renseignements libyens en remplacement
des trois libanais, dont l’un dénommé
Moussa, originaire de Sibrata, ayant la
même carrure que l’Imam. Je suis formel,
l’Italie n’est en rien responsable de la
disparition de l’Imam. Kadhafi a eu
recours à un subterfuge pour brouiller
les pistes et dégager sa
responsabilité».
La disparition de l’Iman Sadr a
considérablement affecté les relations
entre la Libye et le Liban d’une part,
la Libye et l’Iran, d’autre part et
demeure un des points de friction entre
la Libye et ces deux pays.
-«Le cadavre découvert après la chute de
Kadhafi dans un entrepôt frigorifique
n’était pas celui de l’Imam Moussa Sadr,
mais celui de Mansour Keyha, ancien
ministre libyen des Affaires
étrangères», enlevé par les sbires de
Kadhafi au Caire dans la décennie 1990,
C – L’homme
fantasque, un amoureux des gazelles, au
propre comme au figuré.
L’homme était
fantasque, connu pour son caractère
atrabilaire, ses foucades et ses
facéties. Ses fils avaient défrayé la
chronique des gazettes occidentales de
leurs frasques. Noury Al Mismari révèle
un personnage plus sombre encore.
Les Gazelles: L’homme les aimait au
propre comme au figuré. Il lui arrivait
de faire «égorger des gazelles pour se
laver les mains de leur sang chaud à qui
il attribuait des vertus régénératives».
«Une matrone était préposée à la
fourniture de la chair fraiche. De
Libye, d’Afrique et d’ailleurs. Personne
n’avait droit de se mêler. Réserve
spéciale du Guide. Ce qui n’allait pas
sans risque parfois… «Une Nigériane,
(Docteur en médecine), conviée à une
audience sous la tente, a été violée et
mordue par Kadhafi. Elle a eu droit à un
dédommagement de 100.000 dollars.
L’épouse iranienne d’un homme d’affaires
suisse ayant connu le même sort,
l’affaire a failli dégénérer en incident
diplomatique, mais le scandale a été
étouffé par un arrangement donnant un
traitement préférentiel au mari dans ses
projets investissements en Libye».
D – Mme Edith Bongo
Obianda, objet de harcèlement de Kadhafi
-«Il humiliait les
hommes en s’attaquant à leurs femmes.
Mais son besoin incompressible de
séduire pouvait lui jouer de sales
tours. Ce fut le cas avec l’épouse de M.
Omar Bongo. Le président du Gabon entra
dans une telle colère à l’écoute d’une
conversation téléphonique de Kadhafi
avec son épouse, de surcroit fille du
président congolais Denis Sassou Nguesso,
qu’il a fallu envoyer en toute urgence
Bachir Saleh, le secrétaire particulier
de Kadhafi, pour calmer le jeu».
-«Agacée par les assiduités dont Kadhafi
la gratifiaient, Mme Bongo n’a rien
trouvé de mieux que d’enregistrer la
conversation et de la soumettre à son
époux». Une méthode radicale.
Édith Lucie Bongo Ondimba, décédée le 14
mars 2009 à Rabat à l’âge de 45 ans,
était à la fois fille et épouse de chef
d’État. Très proche de son père Denis
Sassou Nguesso (Congo) et mariée depuis
1990 à Omar Bongo Ondimba, dont elle
avait deux enfants, ce médecin pédiatre
était très investi dans l’humanitaire
mais aussi la politique. Mais Kadhafi
n’en avait cure.
E – Kadhafi et les
dirigeants de la planète
Saddam Hussein:
«Kadhafi avait proposé l’asile politique
à Saddam Hussein. Il a suivi le procès
de l’Irakien dans son intégralité, rivé
devant son poste de télévision, comme
s’il voulait conjurer le mauvais sort».
Il était «méprisant avec les dirigeants
de la planète, dont il interpellait la
plupart par le terme paternaliste de
«Mon fils». «Ce qui a eu le don d’agacer
notamment Bachar Al Assad.
Kofi Annan, à l’époque secrétaire
général des Nations Unies, chargé de la
mise en application de l’embargo contre
la Libye, a été salué par Kadhafi
«portant des gants blancs pour ne pas
avoir de contacts physiques avec lui».
Tony Blair a eu droit, lui, à «la
semelle du Guide». Recevant l’ancien
premier ministre britannique qui avait
obtenu un contrat hautement rémunérateur
de consultant auprès du gouvernement
libyen, Kadhafi le reçoit «en croisant
ses jambes de manière à diriger la
semelle de sa chaussure en direction de
son hôte».
En revanche, «à ma grande surprise,
Silvio Berlusconi, le premier ministre
italien, a fait le baise main à
Kadhafi», sans doute en raison des
mirifiques contrats qu’il espérait de la
Libye, un pays anciennement colonisé par
l’Italie.
Références:
Le témoignage de
Noury Al Mismari sur ces liens
Mismari Sadr 1
-
http://alhayat.com/Details/418291
- Mismari
additif Sadr visa pour Sadr pour
l’Italie a la demande de senoussi
http://alhayat.com/Details/418318
- Mismari 2
offre de l’asile politique à Saddam
http://alhayat.com/Details/418504
- Mismari le
viol 3 http://alhayat.com/Details/418783
- Mismari 4
sarkozy http://alhayat.com/Details/419060
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