MADANIYA
Walid Pharès, le
John Bolton’s boy par excellence ou
les
dérives mortifères de l’irrédentisme
maronite
René Naba

Samedi 15 septembre 2018
Une grande
honorabilité bardée d’expertise. Des
postes prestigieux dans la haute
administration américaine républicaine :
La vitrine d’exposition est parfaite,
mais sous le vernis de la
respectabilité, une façade lézardée, un
personnage gangréné.
Contrairement à ce
que suggère son nom patronymique en
arabe, Walid Pharès n’est pas le fils
d’un preux chevalier, mais plutôt le
parfait exemple d’un dévoiement par
sectarisme. Libanais d’origine,
naturalisé américain, il est en fait «
UN ISRAELIEN d’ORIGINE LIBANAISE »,
comme l’a très justement qualifié le
quotidien libanais « Al Akhbar».
« La propulsion de
Walid Pharès au poste de conseiller du
président Donald Trump ne constitue pas,
loin s’en faut, une reconnaissance du
savoir faire libanais encore moins un
succès diplomatique pour le Liban, mais
plutôt une percée majeure de la
stratégie israélienne par la promotion
d’un des affidés libanais de l’État
Hébreu dans le cercle décisionnaire du
pouvoir à Washington.(…) Preuve est
faite qu’il est plus aisé pour les
Forces Libanaises (milices chrétienens)
de décrocher un poste regalien à
Washington qu’à Beyrouth », poursuit Al
Akhbar dont le portrait de l’ancien
milicien se trouve sur ce lien pour le
lectorat arabophone.
http://www.al-akhbar.com/node/268049
Un
isolationniste vindicatif
La biographie en
langue française de cet isolationniste
vindicatif est lisse.
Sa biographie en langue anglaise, éditée
par le site Mother Jones, est infiniment
plus caustique et toxique.
Sur ce lien : http://www.motherjones.com/politics/2011/10/walid-phares-mitt-romney-lebanese-forces/
Natif de la
localité de Ghouma, district de Batroun,
dans le Nord Liban, en 1957, Walid
Pharès a effectué une scolarité
éclectique à l’Université Saint Joseph
des Pères Jésuites et à l’Université
Libanaise à Beyrouth, avant de
décrocher, en 1981, à 24 ans un Master
en Droit International à l’Université
Jean Moulin LYON III, une structure où a
longtemps professé une figure de proue
de l’extrême droite française Bruno
Gollnisch, passé à la postérité pour
avoir matraqué des journalistes avec son
parapluie.
Précoce, il publie
à 22 ans, en 1979, son premier ouvrage «
At Taadoudiya Fi Loubnane », « le
pluralisme au Liban». Edité par
l’Université du Saint Esprit de Kaslick,
le fief du militantisme des moines
maronites lors la guerre civile
libanaise sous le magistère du Père
Charbel Kassis, ce livre paru quatre ans
après le déclenchement de la guerre
civile, reprend en les popularisant les
thèmes des milices chrétiennes sur la
spécificité chrétienne, particulièrement
maronite, dans le Monde arabe.
Considérant qu’il
existe au Liban deux cultures
distinctes, la culture chrétienne par
essence démocratique et la culture
islamo-arabe qui l’est moins ou pas du
tout, l’idéologue en herbe reprend à son
compte en l’amplifiant le thème « du
choc des civilisations », théorisé par
l’universitaire américain Samuel
Huttington. Il préconise en conséquence
la ségrégation entre groupes libanais et
prône le développement séparé,
s’inspirant de thèses de la « white
supremacy », si courantes dans certains
milieux du Sud des États-Unis.
Le corpus
idéologique de ce soldat de la guerre
froide
En 1981, l’année
qui précède l’invasion israélienne du
Liban, il fonde une publication « La
voix de l’Orient » pour poulariser ses
idées et adhère au « Comité des
Chrétiens du Moyen Orient » (MECHRIC),
et trois ans plus tard, à l’ Union
Sociale Démocratique Chrétienne (USDC).
Une démarche destinée à se doter, via ce
gropuscule, d’ un vernis social
démocrate chrétien, afin d’atténuer
quelque peu les aspérités de son
personnage belliqueux animé de surcroît
d’une volonté de croisade.
Prolixe, il
récidive en 1981 en publiant Hiwar
Dimucrati (Le dialogue démocratique),
dans une maison d’édition libanaise Dar
Al Mashreq Press, conviant ses
compatriotes de confession musulmane au
dialogue. Une proposition de pure forme,
destinée à la galerie en vue de bonifier
l’image des milices chrétiennes,
discréditées par leurs massacres
successifs. Son idole, Bachir Gemayel
dont il fut un proche collaborateur,
ayant décrété qu’il existait « un peuple
de trop » au Moyen orient, en pointant
du doigt les Palestiniens, avait initié
la première guerre d’épuration ethnique
de l’époque contemporaine en ordonnant
les massacres de la Quarantaine, janvier
1976, Tall El Zatar, en juillet 1976,
enfin Sabra Chatila, septembre 1982 que
son assassinat suscita par réflexe
pavlovien.
Sous l’effet du
matraquage idéologique, ses frères
d’armes miliciens chrétiens ignoreront
d’ailleurs allégrement, l’année
suivante, cette invitaiton au dialogue
envers les musulmans, s’en donnant à
cœur joie, au mépris de la tradition
chrétienne de commisération, aux
massacres des camps de réfugiés
palestiniens de Sabra Chatila, dans la
banlieue est de Beyrouth, en 1982, sous
la supervision israélienne.
Pour aller plus
loin sur ce sujet :
https://www.madaniya.info/2017/09/15/malediction-de-sabra-chatila-35-ans-apres/
Celui qui avait
gouverné par l’épée périra par l’épée,
dynamité dans son fief d’Achrafieh, le
secteur chrétien de Beyrouth Est, à la
veille de son entrée en fonction.
Farouchement islamophobe et araphobe,
épris d’Occident, son idéologie
xénophobe et populiste irriguera
naturellement la pensée de ses disciples
qui en seront les apôtres sur la scène
internationale :
« Le Liban ne fait
partie du Monde arabe. Le Liban est une
civilisation et n’a aucun apport avec le
tiers monde. Veuillez bien marquer dans
vos démarches que nous n’appartenons pas
au Tiers monde. Sortons de ce monde
d’arriérés. Rallions le monde européen
et le Monde libre de l’Amérique »,
lancera-t-il à ses subordonnés à peine
élu président.
Sur la pensée de
Bachir Gemayel et ses méfaits :
https://www.madaniya.info/2017/09/05/sabra-chatila-operation-salami-1-2/
https://www.madaniya.info/2017/09/10/sabra-chatila-operation-salami-2-2/
Walid Pharès
appliquera à la lettre ses
enseignements. C’est ainsi qu’en 1986,
l’année où le Liban vivait une spirale
infernale de prise d’otages occidentaux,
le graphomane publie, dans le droit fil
de la pensée de son idole, un opus
révélant l’objet de sa fixation. Non son
oeuvre majeure mais le sujet de sa
vindicte publique : Al Thawra al
Islamiya al Khumaynia (La Révolution de
Khomeiny – Dar Al Machreq Press).
Pour ce milicien
chrétien, l’Ayatollah Ruhollah Khomeiny
avait eu le triple tort d’évincer le
Chah d’Iran, gendarme du Golfe pour le
compte de l’OTAN, grand bailleur de
fonds des formations paramilitaires
chrétiennes libanaises, et surtout grand
allié d’Israël, parrain de ses camarades
de combat.
Thème gratifiant
s’il en est en ce qu’il diabolisait la
République Islamique d’Iran et exonérait
de leurs turpitudes les pays occidentaux
: la France de son satut de « co
belligérant de l’Irak » contre l’Iran
(1979-1989) et le double jeu américain à
l’égard des deux belligérants, illustré
par le scandale de l’Irangate et les
promesses d’assistance faites
simultanément à Saddam Hussein par
Donald Rumsefd en personne, à l’époque
secrétaire général de la Mlaison
Blanche, sous la présidence Ronald
Reagan et futur ministre de la défense
sous présidence George Bush jr, artisan
de l’invasion américaine de l’Irak, en
2003.
Putchiste dans
l’âme, nulllement légaliste, il trempera
dans la conjuration visant à évincer de
la présidence des Forces Libanaises, les
deux successeurs de Bachir Gemayel : son
Frère et successeur Amine ainsi que son
ancien lieutement Elie Hobeika. Il en
sera gratifié en retour d’un siège au
commandement de la formation milicienne
sous la présidence de Samir Geagea.
Inconsolable de la
perte de Bachir Gemayel, il quitte les
milices chrétiennes en 1989 pour rallier
le général Michel Aoun lors de la guerre
fratricide inter chrétienne. Il
demeurera fidèle jusqu’à la chute du
chef du gouvernement intérimaire
libanais, le 13 octobre 1990. Placé sur
une liste des opposants les plus
recherchés du Liban, il s’exile en même
temps que son deuxième mentor. Il fuit
le Liban, via Israël et s’établit aux
États-Unis, obtenant sans retard la
nationalité américaine.
Des mésaventures
des milices chrétiennes libanaises, il
en tirera deux ouvrages relatant les
avatars de la guerre inter-factionnelle
inter-chrétienne libanaise : «Lebanese
Christian Nationalism: The rise and fall
of an ethnic resistance (L. Rienner
Published 1995) et «The Nationalist
claim and the Lebanese Christian
resistance: an ethnic case study».
À l’heure de la
mondialisation, ce chrétien issu d’une
société libanaise pluriconfessionnelle
prônera, non le brassage culturel et le
métissage humain, mais la ségrégation,
la séparation, la grande muraille de
démarcation, à l’exemple du Mur
d’Apartheid dressé par ses amis
israéliens en Cisjordanie. Le ghetto en
somme.
Mais, faille
capitale de son argumentaire, ce fervent
admirateur de l’Occident occultera le
fait majeur de l’histoire contemporaine,
le fait que ses idoles, -l’Amérique
suprématiste et puritaine et l’Europe
chrétienne,- auront été les principaux
fossoyeurs de la cause des chrétiens
arabes, maronites ou non : De la
création d’Israël, en 1948, provoquant
l’exode des Palestiniens chrétiens vers
la Californie, à l’expédition franco
anglo israélienne contre l’Egypte, en
1956, entraînant l’exode des chrétiens
égyptiens vers l’Europe et l’Amérique du
Nord, à la guerre civile libanaise
(1975-1990), à l’invasion américaine de
l’Irak, à la guerre de Syrie, 2011,
vidant quasiment le Moyen Orient de sa
population chrétienne.
Pour aller plus
loin sur ce thème :
http://www.renenaba.com/france-vatican-les-deux-francois-et-la-chretiente-d-orient/
Le parcours
américain
Mariée à une
américaine, il atterit en Floride, le
fief des anticastristes cubains, où il
enseignera à l’Université Atlantique de
Floride (1993-2004), qu’il quittera au
lendemain de l’invasion américaine de
l’Irak pour présider the «Global Policy
Institute».
Collaborateur du «Centre Ariel de
Recherches Politiques» de Jerusalem, il
se livrera, en tandem avec le lobby juif
américain, à un actif lobbying anti
syrien en vue de faire adopter par le
Congrès américain la «Syrian
Accountability Act» et de criminaliser
le Hezbollah libanais, via une
disposition législative similaire le
«Hezbollah accountabilty Act». Via son
réseau israélien, il fait parvenir aux
dirigeants israéliens un vade mecum pour
une nouvelle gouvernance du sud Liban à
la suite de la déconfiture de leurs
supplétifs libanais dans la zone
frontalière libano-israélienne ; une
zone à forte majorité chiite, qui
deviendra par la suite le fief du
Hezbollah.
Pour aller plus
loin sur ce sujet :
http://www.renenaba.com/sous-la-syrie-le-hezbollah/
Taiseux pendant
pendant les cinq premières années de
l’occupation américaine de l’Irak, alors
que l’armée américaine était en butte à
la guerilla anti américaine tant
djihadiste que baasiste, Walid Pharès
retrouvera l’inspiration en 2007,
-l’année qui a suivi la riposte
balistique victorieuse du Hezbollah
contre Israël de 2006-, pour commettre
un ouvrage intitulé «The War of Ideas:
Djihadisme against Democracy» (Palgrave
Mac Millan).
Mais, en bon soldat
de la guerre froide, il s’attaquera aux
combattants islamistes, les terroristes
islamiques, ses semblables musulmans du
temps où il était milicien chrétien, de
surcroit «idiots utiles» de la stratégie
atlantiste dans la fragmentation du
Monde arabe. Amnésique, il s’abstiendra
de dénoncer la connivence des
pétromonarchies dans le financement du
terrrorisme islamique, de même que la
complaisance des États-Unis à l’égard de
l’islamisme politique et de son
instrumentalisation en Afghanistan et
ailleurs dans une guerre de détournement
du champ de bataille de la Palestine.
Pour aller plus
loin sur ce sujet :
http://www.renenaba.com/de-l-instrumentalisation-de-l-islam-comme-arme-de-combat-politique/
Sa qualité de
correspondant du Centre israélien Ariel
renforce sa crédibilité dans les milieux
néo conservateurs américains et le
propulse au sein du cercle dirigeant du
parti conservateur. Il sera ainsi tour à
tour conseiller du candidat Mitt Romney
pour les présidentielles américaines de
2008, puis conseiller du président
Donald Trump pour le Moyen Orient et le
terrorisme en 2016.
À l’accession de Donald Trump à la
présidence américaine, Walid Pharès,
dévient Secrétaire général du Groupe
parlementaire transatlantique sur le
contre-terrorisme (TAG), une tribune
destinée à asseoir son rôle
prescripteur, dans un domaine de
prédilection des Etats Unis, à détourner
en fait l’attention de l’opinion
internationale sur le rôle trouble des
administrations successives américaines
avec le terrorisme islamique.
La promotion
simultanée de l’ultra faucon John Bolton
président de l’ultra conservateur
«Gatestone Institute» au poste de
conseiller de Donald Trump à la Maison
Blanche et de Mike Pompeo, l’homme des
ténèbres de la CIA, à la tête du
Département d’état, a placé Walid Pharès
dans un état de lévitation comparable à
celui qu’il a vécu à l’élection de son
mentor Bachir à la présidence libanaise,
avant son trépassement violent. En
synchronisation avec Joseph Jibeily, le
dirigeant du «Centre des Renseignements
du Liban», une officine des Forces
Libanaises de Samir Geagea basée à
Washington, il mulitiplie ses actions de
lobbying au sein du Congrès américain en
vue d’obtenir l’exclusion du
gouvernement libanais, le Hezbollah,
pourtant grand vainqueur des élections
législatives libanaises de Mai 2018, et
disposant de surcroït, d’une majorité
relative à la chambre des députés.
La propulsion de
John Bolton à l’épicentre du pouvoir
américain a renforcé la capacité de
nuisance de son correspondant libanais,
Samir Geagea, dont le discours
souverainniste masque en fait une
servilité à l’égard des Saoudiens en
substitution à sa soumission aux
Israéliens durant la guerre civile
libanaise (1975-1990), consacrant le
chef des « Forces Libanaises », l’un des
plus grands criminels de la guerre comme
l’un des plus grands mercenaires du
personnel politique libanais.
Sur l’équipée des
milices chrétiennes particulièrement
Samir Geagea, ce lien :
https://www.madaniya.info/2017/09/15/malediction-de-sabra-chatila-35-ans-apres/
Gatestone, John
Bolton, Anne Elizabeth Moutet, et
l’émission 28 minutes sur Arte
Présidée par le
monarchiste iranien Amir Tahiri, ancien
directeur du journal Keyhan sous le
règne de la dynastie Pahlevi, dans la
décennie 1970, la structure européenne
de Gatestone est composée de Marc
D’anna, aka Alexandre Del Valle, le
théoricien du « patriotisme intégrateur
», ainsi que de l’universitaire Guy
Millière et d’Anne Elizabeth Moutet,
deux «dinstinguished senior fellow» de
cette instance.
La liste des
auteurs de Gatestone sur ce lien :
https://www.gatestoneinstitute.org/authors/
En dissonance
toutefois avec Bernard Henry Lévy, Amir
Tahéri, une fois n’est pas coutume,
brisera net le délire fabulatoire du
philo mondain sur les origines
hitlériennes du terme Iran, lancée par
le fer de lance médiatique du lobby pro
israélien en Europe dans une campagne
d’intoxication de l’opinion occidentale
préludant à sa préparation à une
intervention militaire de l’Otan contre
la République Islamique d’Iran.
Monarchiste revanchard, Amir Taheri
ciblera dans son argumentaire de
refutation les «Gardiens de la
Révolution et le régime islamique, ces
deux bêtes noires, mais non le fondement
même de la démarche du théoricien du
Botul.
https://www.gatestoneinstitute.org/12333/hitler-reza-shah
Intervenante
régulière de la chaîne franco allemande
ARTE dans l’émission d’Elizabeth Quinn «
28 Minutes », la chroniqueuse du Daily
Telegraph justifiera le carnage
israélien des Palestiniens de Gaza (57
morts et 2.400 blessés), -le jour du
transfert de l’ambassade américaine vers
Jérusalem, le 14 Mai 2018-, en reprenant
textuellement les « éléments de langage
» de la propagande israélienne.
Cette séquence a plongé dans la stupeur
les autres participants à l’émission par
la virulence de sa défense de la
politique israélienne, faisant volet en
éclat l’apparente objectivité qu’elle
s’evertuait à afficher pour la défense
de la politique atlantiste.
L’émission a été diffusée le vendredi 17
mai sur Arte en présence des deux
présentatrices du programme Elizabeth
Quin et Nadia Daam, ainsi que de
l’historien Pascal Blanchard et Alexis
Poutin, journaliste au Monde Moderne.
Elle demeurera dans les mémoires comme
un morceau d’anthologie de la duplicité
professionnelle, lorsqu’elle se pare de
la qualité journalistique pour propager
des thèses d’un think tank néo
conservateur, sous l’apparence de la
neutralité.
Sur ce lien, la
séquence :
https://sites.arte.tv/28minutes/fr/le-club-28-revisite-lactualite-de-la-semaine-28minutes-75
Le journalisme
milicien en France
La reconversion des
journalistes miliciens dans l’expertise
contre terroriste est une pratique
courante. Une forme de recyclage dans la
respectabilité, qui s’est développée
tant aux Etats Unis qu’en France.
Walid Pharès a ainsi fait son apparition
dans les lucarnes françaises notamment
sur France 24, sous la direction de
Christine Ockrent, auditrice assidue du
groupe de Bilderbeg, réputé pour son
atlantisme.
Sur ce lien le
portrait de Christine Ockrent : http://www.renenaba.com/christine-ockrent-le-passe-droit-permanent/
Le journalisme
milicien qu’il incarne si parfaitement a
trouvé son illustration en France, sous
couvert d’expertise anti terroriste, en
la personne de deux libanais maronites
habitués des plateaux français : Antoine
Basbous, Directeur de « l’Observatoire
des Pays arabes », auparavant ancien
porte-parole des Forces Libanaises,
l’organisation dirigée par Samir Geagea,
un des plus grands criminels de la
guerre libanaise et fossoyeur du
leadership chrétien, et, Antoine Sfeir,
Directeur des « Cahiers de l’Orient et
des Pays arabes », auparavant cheville
ouvrière sur le plan médiatique de la
campagne pour l’élection à la présidence
de la République Libanaise du chef
milicien phalangiste Bachir Gemayel, en
1982, puis de son frère Amine.
Pour aller plus
loin sur ce sujet, cf ce lien :
http://www.renenaba.com/les-thuriferaires-libanais-de-la-dictature-ben-ali-sur-le-grill-tunisien/
Et pour le
recyclage des membres de l’« État
Profond américain » dans les médias
américains, sur ce lien :
https://www.mondialisation.ca/des-anciens-de-letat-profond-sont-embauches-par-les-medias-grand-public/5623065
Walid Pharès a vécu
33 ans au Liban de 1957 à 1990. Mais ses
nuisances continuent à se faire encore
sentir de nos jours contre sa patrie
d’origine. Son retour au pays natal, il
l’a accompli muni d’un passeport
diplomatique américain. Doté d’une
immunité et d’une impunité pour
revisiter ses méfaits, comme étranger à
ses forfaits comme étranger au pays
qu’il a tant contribué à sinistrer.
Le tropisme pro
israélien des dirigeants maronites
libanais, auquel il a grandement
contribué, a conduit le président
phalangiste Amine Gémayel à conclure un
Traité de Paix entre le Liban et Israël,
en 1983, mais la mise en œuvre de ce
document a été entravée par un
soulèvement de la population de
Beyrouth, cas unique dans les annales
diplomatiques internationales d’un
traité mort-né, abrogé par la volonté
populaire.
Parfait exemple
d’un dévoiement par sectarisme, Walid
Pharès appartient à la cohorte des
soldats perdus d’une cause perdue,
sécrétée par la guerre interfactionnelle
libanaise ; À l’exemple du commandant
Saad Haddad, l’officier félon libanais,
garde frontière d’Israël au sein de
l’Armée du Sud Liban (ASL), de son
successeur, le général Antoine Lahad,
dont la famille a eu l’outrecuidance de
vouloir enterrer au Liban mais que la
vox populi l’en dissuada ; Tous vivant
sans le savoir une pathologie passée
dans l’histoire comme étant « le
complexe des exilés de Coblence », du
nom de ses exilés monarchistes français
qui ont rallié les ennemis de la France
pour abattre la révolution.
Autant de
manifestations des pulsions mortifères
de l’irredentisme maronite qui
débouchèrent sur la relégation politique
du leadership maronite, désormais réduit
à un rôle d’appoint ou de nuisance, non
à un rôle constructif de proposition,
mais à un rôle destructeur
d’obstruction, au terme de quinze ans de
bruits et de fureurs, de dérives et de
délires.
Epilogue : Le
syndrome maronite
Cadeau empoisonné
de la France, le confessionnalisme
constitue une négation de la démocratie
en ce que la citoyenneté libanaise est
conditionnée et handicapée par la
naissance.
Mur de verre
invisible et infranchissable, il
contribue à ce titre à la nécrose de la
vie poilitique libanaise. Sur un point
nommé, dans des domaines précis, la
naissance confère un primat à une
communauté au détriment des autres
communautés par le Fait du Prince,
l’arbitraire du pouvoir colonial.
Elle prédétermine
les membres d’une communauté à des
fonctions indépendamment de leur
compétence. Elle conforte une communauté
dans un sentiment de supériorité ou de
frustration.
Les exemples sont
nombreux des dérives du
confessionnalisme. Le leadership
maronite a ainsi assumé, par une sorte
de Hold up, la direction des combats du
camp chrétien lors de la guerre civile
libanaise (1975-1990), à l’exclusion des
autres composantes de la chrétienté
libanaise, quand bien même elles en
subissaient les conséquences.
Le primat conféré
par la France à la communauté maronite
dans l’exercice des responsabilités
suprêmes au Liban aurait dû se vivre
comme une délégation de pouvoir au
bénéfice de l’ensemble des communautés
chrétiennes du Monde arabe et non comme
la marque d’une supériorité immanente
d’une communauté spécifique au détriment
des autres, en ce que les Maronites
constituaient la plus importante
minorité des minorités chrétiennes du
Liban et non la communauté chrétienne
majoritaire d’un Monde arabe,
majoritairement musulman.
Pour n’avoir pas
observé cette règle non écrite de la
prudence politique, elle en paiera le
prix par le déclassement de ses
prérogatives constitutionnelles,
entraînant dans sa relégation les autres
composantes chrétiennes innocentes de
cet emballement.
Victimes innocentes souvent, bourreaux
parfois plus que de besoin, les camps
palestiniens de la quarantaine (est de
Beyrouth), en 1976, et de Sabra Chatila
(sud de Beyrouth), en 1982, passeront
dans l’histoire comme de sanglantes
illustrations pathologiques de la
déraison humaine, au passif du
leadership maronite, particulièrement
les milices chrétiennes des Forces
Libanaises.
Par une sorte
d’abus de position dominante conféré par
la France en sa qualité de puissance
mandataire sur le Liban et la Syrie, les
Maronites ont procédé à une sorte de
captation d’héritage se présentant comme
les dépositaires des intérêts supérieurs
de la chrétienté d’Orient, réduisant la
chrétienté aux seuls intérêts de
l’Eglise maronite, confondant en somme
maronitisme et chrétienté, se vivant en
maître incontesté du Liban.
L’extravagante
position de Camille Chamoun, président
du Liban (1952-1958), se refusant seul
contre l’ensemble arabe, à rompre ses
relations diplomatiques avec la France,
dans la foulée de l’expédition de Suez,
alors que l’Egypte faisait l’objet d’une
agression concertée entre la France,
Israël et la Grande Bretagne (1956) et
que l’Algérie ployait sous le joug des
ratonnades coloniales, constituait déjà
un indice prémonitoire de la
psychorigidité maronite, de la cécité
politique de ses dirigeants et de la
serviabilité extrême dont témoignent des
membres de cette communauté à l’égard
des puissances occidentales
particulièrement de la France et des
États-Unis, se plaçant paradoxalement en
situation de «dhimitude» par rapport à
leurs protecteurs occidentaux, une
servitude qu’il dénonçait du temps de
l’époque ottomane. Le discours
souverainiste des Libanais masque mal
une logique de vassalité à l’ordre
atlantiste.
L’inculpation en
juillet 2010 de plusieurs officiers
supérieurs chrétiens de même que des
cadres supérieurs exerçant des
responsabilités sensibles à un poste
stratégique de leur entreprise de
communications pour «intelligence avec
l’ennemi», au même titre que la
formation d’une armée de supplétif sous
commandement chrétien au service des
israéliens durant la guerre civile
libanaise (1975-1990), ont alimenté la
suspicion sur la loyauté des chrétiens
arabes à leur environnement avec ses
conséquences corrosives sur le sort des
chrétiens dans le monde arabe.
L’alliance du
leadership maronite avec Israël,
l’ennemi officiel du Monde arabe,
constituera l’un des points noirs de
l’histoire de la chrétienté arabe, et
les chefs de cette équipée suicidaire,
Bachir Gemayel, président éphémère du
Liban, et ses successeurs, Elie Hobeika
et Samir Geagea, comme les plus
sinistres personnages de l’histoire du
Liban en termes de bilan pour la
chrétienté, en ce qu’ils ont substitué
la lutte pour la réalisation des droits
nationaux des Palestiniens, par la
recherche de l’éradication d’un peuple
déjà spolié de sa patrie, les
Palestiniens, en compensation des
turpitudes occidentales à l’égard des
Juifs européens.
Les miliciens
chrétiens ont intériorisé, ce faisant,
la perversité de la logique occidentale
dans un tragique dévoiement de la
pensée, ne s’imaginant pas un seul
instant que « le peuple de trop au Moyen
orient », selon l’expression du chef
phalangiste Bachir Gémayel, pourrait
être un jour « le peuple chrétien
arabe».
Pour aller plus
loin sur les Maronites, ce lien :
www.renenaba.com/france-liban-a-propos-des-maronites/
Illustration
Walid Phares
lecturing in front of a Lebanese Forces
banner in 1986Photo courtesy of An-Nahar
Reçu de René Naba pour publication
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