MADANIYA
La dynastie wahhabite et le bradage de
la Palestine 2/2
René Naba
Lundi 11 décembre 2017 1- Du bon usage
du sabre au service de la dynastie
wahhabite
السيف لا يأكل لحم
آلِ سعود.
A -Le sabre
n’entame pas la chair d’Al Saoud.
Le sabre qui strie
la bannière saoudienne sous-tendant le
premier verset du Coran, illustre plus
que le pétrole, plus que l’Islam, plus
que tout, la dynastie wahhabite.
Si l’Islam assure
une prééminence spirituelle du Royaume
sur les autres pays arabes et musulmans,
le pétrole une rente de situation
matérielle à l’Arabie, le sabre demeure
toutefois la marque de fabrique de la
Famille Al Saoud. Le garant de sa
survie.
Le Coran relève de
l’ordre de la prophétie divine, le sabre
permet le maintien de l‘ordre terrestre
de la dynastie saoudienne, à tout le
moins sur le territoire du Royaume.
C’est par le sabre que la famille Al
Saoud a assuré sa domination sur les
autres tribus de la péninsule arabique
et réunifié le Royaume.
C’est par le sabre
qu’elle assure sa domination sur les
sujets du royaume. C’est par le sabre
qu’elle tranche les violations à l’ordre
public et assure la paix sociale.
Le sabre n’entame
pas la chair d’Al Saoud. Ce principe
cardinal théorisé par le prince Sultan
ben Abdel Aziz, inamovible ministre
saoudien de la défense pendant quarante
ans, assure impunité et immunité aux
membres de cette turbulente famille de
près de vingt mille membres.
Symbole de la
conquête arabe, Al Saoud en ont fait un
usage dérivé. La famille, -le clan?-
gouverne par le sabre et survit grâce à
lui. Ni repentance, ni rémission, ni
réhabilitation, pas plus de peine
afflictive qu’infamante. Le châtiment
corporel, seul, a droit de cité
exclusive. Selon Amnesty International,
l’Arabie saoudite aurait exécuté 27
personnes en 2008, neuf en 2009, quatre
pour 2010 et 79 en 2011, soit un total
de 119 exécutions en 4 ans. Ce bilan ne
tient pas compte des décapitations des
années suivantes particulièrement du
dignitaire religieux chiite le Cheikh Al
Nimr
Une hécatombe
telle, «en plein temps arabe», que la
France, faisant mine de rompre sa
connivence habituelle avec les pétro
dollars monarchiques, a dû se résoudre à
condamner ces exécutions. Survenant
après les révélations de l’Hebdomadaire
le Point sur les fournitures de matériel
français (gaz lacrymogène notamment)
pour la répression des manifestations
anti monarchiques à Bahreïn, la
protestation anti saoudienne de la
France apparaît comme un écran de fumée
destiné à masquer sinon la duplicité, à
tout le moins les incohérences de «La
Patrie des Droits de l’Homme» en la
matière.
Pour aller plus
loin sur cette question
Depuis lors, la
monarchie saoudienne s’achemine vers
l’abolition de ce châtiment moyenâgeux,
non pas tant par sursaut d’âme ou
d’humanité, mais faute de bourreaux.
L’Arabie saoudite fait face à une grave
pénurie, non pas d’or noir, mais de
bourreau. Plein de pétrole, mais plus de
sabreurs pour décapiter. Les fautifs
passeront désormais par un peloton
d’exécution.
L’homicide, le
viol, le vol à main armée, le trafic de
drogue, l’adultère, la sodomie,
l’homosexualité, le sabotage,
l’apostasie, la sorcellerie sont
passibles de la peine capitale. Les
exécutés sont assommés, et, lapidés pour
l’adultère. L’assistance d’un avocat
avant le procès est déniée aux prévenus
de même que la représentation légale.
Décapitation, amputation, de pratique
courante, constituent l’échelle des
pénalités du Royaume. Avec la connivence
passive des «Grandes Démocraties
Occidentales». Le Code pénal …….pour le
commun des mortels.
Il en va autrement
pour les princes de sang. Les exemples
abondent de crimes impunis: De Turki Ben
Saoud, meurtrier de son garde de corps
sous l’emprise de l’alcool, à Fahd Ben
Saoud Ben Nayef, meurtrier de son garde
de corps, en 2008, sous l’effet de la
colère. Deux princes, miraculeusement
rescapés de la décapitation par l’effet
d’une divine surprise: la grâce royale.
Le 3eme, Saoud
Abdel Aziz Ben Nasser Al Saoud, qui a
tué son garde de corps, en 2010 au
Royaume uni, n’a pu bénéficier de
l’amnistie. Normal au pays de l’Habeas
corpus. Il sera condamné à perpétuité.
Qu’importe, le sang royal saoudien n’a
pas de prix. Il sera échangé contre cinq
anglais opportunément captivés en Arabie
saoudite.
La tendance
pourrait s’infléchir avec l’exécution du
prince Turki bin Saud al-Kabir, un
membre de la famille royale saoudienne,
condamné à mort pour avoir tué un homme
au moyen d’une arme à feu. Son exécution
le 19 octobre 2016 est la première
depuis 1975. Le prince Turki est la 134e
personne à se voir infliger la peine
capitale en Arabie en 2016.
B -Le crime de
lèse-majesté
La règle souffre
toutefois quelques exceptions. Tous les
princes de sang ne sont pas égaux et le
crime de lèse-majesté n’est pas
négociable. Aucune indulgence n’est
possible à l’égard de ce qui constitue
un tabou absolu.
C- Les plus
célèbres décapités princiers du fait de
ce crime de lèse-majesté sont:
-Le meurtrier du
Roi Faysal, crime de lèse-majesté par
excellence. Le Prince Faysal Ben
Mussa’ad, neveu du Roi assassinera son
oncle, le Roi, le 25 mars 1975, pour
venger son propre père tué lors d’une
manifestation de protestation contre
l’édification de la radio- télévision
nationale.
-La princesse
amoureuse. Les histoires d’amour non
agréées finissent mal en Arabie.
Misha’al bint Fahd al Saoud, petite
fille du roi Khaled d’Arabie Saoudite, a
été exécutée en publique en 1977 pour
avoir commis l’adultère et son amant,
cruauté suprême, décapité au sabre après
avoir vu la décapitation de sa dulcinée.
La projection d’un documentaire sur ce
double supplice, en 1980, au Royaume
Uni, « Death of a princess », mit
Londres et Riyad au bord de la rupture
des relations diplomatiques. On ne
badine pas avec l’amour à l’ombre des
palmiers.
Hormis ces cas
extrêmes, libre cours est à la licence.
A tout seigneur tout honneur. L’exemple
vient d’en haut. Le Roi Fahd en
personne, du temps où il était ministre
de l’intérieur du Royaume n’hésitait pas
à claquer, régulièrement, sur les tapis
vers des casinos d’Europe plusieurs
centaines de millions dollars par
soirée. Un passe-temps qu’il pratiquait,
il est vrai, avant son ascension au
trône et sa décision compensatoire de se
draper dans le rôle de Gardien des Lieux
Saints de l’Islam.
D –
Rétro-commissions et narcotrafic.
Les
rétro-commissions constituent une plaie
du Royaume qui le place hors classement
au hit-parade de la corruption. Dîme à
la famille royale pour toutes les
transactions civiles et militaires du
Royaume, cette pratique apparaît comme
une prime à la prévarication et gangrène
la vie économique du pays, mais non
celle de la famille royale.
Au-delà de cette
pratique, la dynastie wahhabite aura
versé dans toutes les licences
cautionnant au passage de stupéfiants
trafics, allant même, du moins certains
des membres de l’entourage royal comme
ce fut le cas dans le narcotrafic
saoudien en France, jusqu’à
réquisitionner des appareils de la
flotte aérienne royale pour le transport
de la drogue colombienne.
Un trafic
rocambolesque qui paraît quelque peu en
décalage avec les enseignements
rigoristes que le pouvoir saoudien
dispense et qui explique une part de son
discrédit. Le Boeing qui transportait
deux tonnes de coke colombienne à Paris
via Miami était la propriété de la fille
du Roi Fahd et de son épouse Jawhara. Le
trafiquant n‘était autre que le prince
Nayef Ben Fawaz al Chaabane, époux de la
fille du Prince Sultan Ben Abdel Aziz,
ministre saoudien de la défense.
2- La diplomatie
du carnet de chèques: Abdel Halim
Khaddam et Moustapha Tlass.
La « diplomatie du
carnet de chèques », maniée de tous
temps par les Saoudiens, tant pour
assurer son hégémonie idéologique sur la
sphère musulmane que pour restaurer le
pouvoir sunnite tant à Beyrouth qu’à
Damas.
Vingt milliards
(20) milliards de dollars et 50.000
combattants arabo-afghans ont été
affectés à l’implosion soviétique en
Afghanistan, dans la décennie 1980, sous
couvert de la guerre contre l’athéisme,
dans un combat détourné du principal
champ de bataille la Palestine.
Le double de cette
somme pour la destruction des régimes
arabes à structure républicaine, tous
curieusement situés sur la champ de
bataille du bassin historique de la
Palestine, soit comme pays du champ
(Syrie, Liban) ou en tant que pays de
soutien (Irak, Libye, Égypte),
auparavant l’Algérie dans la décennie
1990.
Cette diplomatie
corruptive montrera son indigence dans
sa déconfiture syrienne: Les deux
cautions sunnites inamovibles du pouvoir
alaouite, pendant trente ans, le général
Moustapha Tlass, ministre de la Défense,
et Abdel Halim Khaddam, ministre des
Affaires étrangères, deux personnalités
de premier plan présumées socialistes du
régime baasiste, céderont finalement aux
sirènes des pétrodollars saoudiens,
avant de se désintégrer.
Le militaire
laissera convoler sa fille Nahed, une
belle tige de la société syrienne, vers
le septuagénaire marchand d’armes
saoudien Akram Ojjeh, avant de sombrer
dans le comique d’un problématique
doctorat universitaire parisien, tandis
que le diplomate laïc versait dans
l’affairisme Haririen et l’intégrisme
religieux des « Frères Musulmans »,
avant de se carboniser. Le fils du
ministre de la défense, Firas Tlass,
ralliera l’opposition syrienne off shore
pétromoarnchique lors de la guerre de
Syrie et ponctionnera la trésorerie du
cimentier franco suisse Lafarge Holcin
au bénéfice de Daech, en contrepartie de
sa protection.
Sur ce lien
l’affaire Firas Tlass:
Détail piquant,
l’homme en charge du dossier libanais en
Syrie pendant trente ans, celui-là même
qui était craint par les diverses
factions libanaises et redouté par les
chancelleries arabes et occidentales qui
tonnait la foudre et ordonnait les
accalmies, à ce titre responsable au
premier chef des dérives syriennes au
Liban, le vice-président de la
République Abdel Halim Khaddam, sera
promu comme sauveur suprême de la Syrie
et du Liban.
Il se retrouvera
relégué aux oubliettes de l’histoire
lâché par tous, y compris par ses
nouveaux alliés, l’organisation des
« Frères musulmans », celle-là même qui
s’était lancée à l’assaut du pouvoir, en
février 1982, en vue de faire trébucher
le régime baasiste dont il était un des
piliers, à quatre mois de l’invasion
israélienne du Liban.
Le bien nommé
Khaddam, dont le patronyme en arabe
signifie littéralement « le laquais »,
reniera singulièrement son militantisme
après avoir abusivement ponctionné le
Liban, opérant par cupidité la plus
retentissante reconversion de l’histoire
politique récente, finissant sa vie en
factotum de son coreligionnaire sunnite
libanais Rafic Hariri.
Amplement gratifié
de sa forfaiture d’un somptueux cadeau,
-la résidence du nabab pétrolier grec,
Aristote Onassis, sur la plus célèbre
artère de la capitale française,
l’Avenue Foch—le renégat devra livrer
bataille devant la justice française
afin de se maintenir dans les lieux,
alors que son pendant français, l’ancien
président Jacques Chirac avait droit à
un appartement avec vue sur Seine Quai
Voltaire à Paris.
Judas a trahi son
Seigneur pour trente deniers. D’autres
trahisons valent certes leur pesant d’or
mais accablent le renégat d’un discrédit
pour l’éternité.
3- L’épée de
Damoclès de la LOI JASTA
Tuile
supplémentaire: La Loi JASTA [JUSTICE
AGAINST SPONSORS OF TERRORISM ACT]
adoptée le 9 septembre 2016, soit quinze
ans après le raid terroriste contre les
symboles de l’hyperpuissance américaine.
En autorisant les
Américains à poursuivre le Royaume en
dédommagement des dégâts infligés par ce
raid, les États-Unis ont placé l’Épée de
Damoclès en suspension au dessus de la
dynastie wahhabite.
Quinze des 19 auteurs des attentats du
11 septembre à New York et Washington
étaient Saoudiens. Au total, le
préjudice américain est estimé à près de
trois trillions de dollars (trois mille
milliards de dollars).
Pour parer à cette
menace, un deal «win win» a été conclu
entre les vieux partenaires du Pacte de
Quincy: L’adoubement de l’artisan du
«Muslim Ban» par les pétromonarchies
sunnites, en contrepartie de la
promotion du fils du Roi au rang de
prince héritier, l’abdication des
pétromonarchies à l’égard de la question
palestinienne et sa substitution par un
pacte tacite avec Israël en vue de faire
pièce à l’Iran.
Un deal scellé par
un important contrat militaire de
l’ordre de 380 milliards de dollars sur
dix ans, destiné à renforcer les
capacités balistiques et navales du
royaume saoudien face à l’Iran, tout en
«préservant la supériorité militaire
israélienne dans la zone» selon un
membre de l’administration américaine.
L’objectif sous jacent de ce «contrat du
siècle» serait de neutraliser les effets
de la Loi JASTA, Une mise en veilleuse
de ce contentieux, à tout le moins le
long de la mandature de Donald Trump.
Dans une opération
de blanchiment des turpitudes
saoudiennes, la mise en faillite de la
firme Ben Laden, propriété de la famille
du fondateur d’Al Qaida, Oussama Ben
Laden, et de Saudi Oger, propriété de
Saad Hariri, premier ministre du Liban,
paraît destinée, dans cette perpective,
à faire place aux conglomérats
américains en vue d’aménager la terre de
la prophétie, en basse cour des
investisseurs américains.
4 – 40 pour cent
des jeunes au chômage avec en prime
Bahreïn pour défouloir
Le royaume compte
près de 28 millions d’habitants, dont
neuf millions d’étrangers quadruplant en
quarante ans. En dépit de la manne
pétrolière, 40 pour cent des jeunes sont
au chômage, alors que les ruelles des
grandes métropoles saoudiennes
grouillent de jeunes désœuvrés à la
recherche de paradis artificiels.
L’Arabie saoudite a
favorisé la libéralisation du
consommateur, au détriment du citoyen,
et l’uniformisation de ses désirs et de
ses repères institutionnels par la
consommation. Avec des conséquences
dramatiques sur sa démographie qui
affiche le chiffre record de dix pour
cent (10%) d’obèses et de diabétiques et
un taux élevé de harcèlement sexuel de
l’ordre de 68 pour cent parmi les
couches cultivées de la population, dont
17,32 pour cent de nature incestueuse,
et 20 pour cent sur les enfants.
En guise
d’exutoire, plusieurs dizaines de
milliers de saoudiens empruntent chaque
fin de semaine le pont reliant l’Arabie
à Bahreïn à la recherche de plaisirs
prohibés dans leur pays, dans Manama,
défouloir à toutes les frustrations
saoudiennes. Une fonction exercée
auparavant par Bagdad, du temps de sa
splendeur dans la décennie 1980.
5- Une
illustration caricaturale de la réalité
paralytique arabe
Le roi est nu, la
monarchie saoudienne sur la défensive:
La dynastie wahhabite, maître d’œuvre
sous l’égide américaine de l’islamisme
politique, apparaît rétrospectivement,
au regard de l’histoire comme l’un des
principaux fossoyeurs du nationalisme
arabe et de la soumission du monde arabe
à l’ordre américain.
En 13 ans de règne, le roi Fahd
(1982-1995) s’est maintenu à la tête du
Royaume, pendant plus de cinq ans en
état végétatif, hémiplégique, quasi
paralytique.
Il en a été de même
de son successeur le Roi Abdallah
(1995-2015), à la mobilité réduite la
moitié de son règne, à la lucidité
aléatoire, sous assistance sanitaire
permanente animée par une cohorte de
médecins, régnant sur un pays clé de
l’échiquier régional à un moment
charnière du basculement géostratégique
planétaire avec la collusion frontale de
l’hyper puissance américaine avec les
deux plus importants foyers de
percussion de la stratégie régionale
saoudienne, l’Afghanistan et l’Irak, les
deux anciens alliés de l’axe saoudo
américain.
Un scénario
identique s’est reproduit quinze ans
plus tard, en 2009, avec le prince
héritier le prince Sultan Ben Abdel
Aziz, désertant son poste de ministre de
la défense et le royaume pour une
convalescence prolongée au Maroc de plus
d’un an exerçant ses lourdes
responsabilités de prince héritier, vice
premier ministre, ministre de la défense
et inspecteur général des forces armées
royales, de manière fantomatique dans
une zone particulièrement tourmentée en
plein bras de fer américano iranien sur
le dossier nucléaire iranien.
6- L’Irak et le
Yémen, les deux balises stratégiques de
l’Arabie, les deux manches d’une même
tenaille
Le Yémen et l’Irak,
les deux pays frontaliers de l’Arabie
saoudite, auront constitué les deux
balises stratégiques de la défense du
Royaume, le premier au sud, le second au
nord de l’Arabie.
C’est dans ces deux
pays que l’Arabie saoudite a engagé le
combat pour assurer la pérennité de la
dynastie, à deux reprises au cours des
dernières décennies, le Yémen servant de
champ d’affrontement inter arabe entre
Républicains et Monarchistes du temps de
la rivalité Nasser Faysal dans la
décennie 1960, et, l’Irak, le théâtre de
la confrontation entre le Chiisme
révolutionnaire et le sunnisme
conservateur du temps de la rivalité
Saddam Hussein Khomeiny dans la décennie
1980.
Ces deux pays
constituent désormais une source de
périls, l’Irak avec l’élimination du
leadership sunnite et le Yémen avec la
réinsertion d’Al Qaida dans le jeu
régional.
L’implantation d’Al
Qaida pour la péninsule arabique au
Yémen apparaît dans ce contexte un défi
d’une importance majeure. L’ancrage
d’une organisation essentiellement
sunnite, excroissance du rigorisme
wahhabite, sur le flanc sud de l’Arabie
saoudite, porte la marque d’un défi
personnel de Ben Laden à ses anciens
maîtres en ce qu’elle transporte sur le
lieu même de leur ancienne alliance la
querelle de légitimité qui oppose la
monarchie à son ancien serviteur. Elle
pourrait avoir un effet déstabilisateur
sur le royaume. Si la dynastie devait
s’embourber durablement dans ces
conflits périphériques, le Yémen et
l’Irak pourraient se refermer sur elle
comme les deux manches d’une même
tenaille.
A propos des défis
de l’Arabie saoudite au Yémen.
7- For Whom the
bell tolls? Pour qui sonne le glas?
L’Arabie saoudite
aura réussi le tour de force de gagner
le respect du monde musulman, sans tirer
un seul coup de feu contre Israël, sans
obtenir la moindre concession des
Américains sur la question
palestinienne, en s’appliquant
méthodiquement à détruire les vestiges
du nationalisme arabe.
L’alliance exclusive de l’Islam sunnite
avec l’Amérique, si elle a assuré la
tranquillité du trône wahhabite au cours
d’un demi siècle tumultueux, n’a pas
pour autant assuré sa pérennité.
A l’apogée de la
diplomatie saoudienne, dans la foulée de
l’invasion de l’Irak, en 2003, deux
dirigeants arabes, Rafic Hariri (Liban)
et Ghazi Al Yaour (Irak) se sont
retrouvés simultanément au pouvoir dans
leur pays respectif, porteurs de la
nationalité saoudienne.
Treize ans après, défiée sur son flanc
sud, au Yémen, par la principale
organisation intégriste sunnite du monde
musulman de dimension planétaire,
Al-Qaida, excroissance rebelle du modèle
wahhabite, la dynastie saoudienne est de
surcroît mise au défi de l’équation que
représente le glorieux palmarès
militaire du Hezbollah, la principale
formation paramilitaire du tiers monde,
d’obédience chiite.
A l’épicentre de
conflits qu’il n’a cessé d’attiser, le
royaume saoudien apparaît
rétrospectivement comme l’apprenti
sorcier d’un enjeu qui le dépasse,
démiurge d’enjeux qui le surpassent tant
en Irak, qu’en Syrie, qu’au Liban, qu’au
Yémen comme auparavant en Afghanistan.
Sur fond d’une
tension larvée au sein de la famille
royale, exacerbée par l’élimination du
pouvoir des autres composantes de la
dynastie, à l’arrière plan d’une sévère
crise économique, d’un enlisement au
Yémen, de revers en Syrie, et d’une
guerre par procuration avec l’Iran sur
l’ensemble de la zone, la dynastie
wahhabite est à un moment charnière de
son histoire:
«N’envoie jamais
demander pour qui sonne le glas: Il
sonne pour toi.»
«And therefore never send to know for
whom the bell tolls, it tolls for thee».
«For Whom the bell tolls» -Ernest
Hemingway
Note
Ode du New York
Times à la gloire du Royaume d’Arabie
saoudite : Soixante dix ans de
prosternation
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
Le
dossier Arabie saoudite
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