Opinion
L’équation chiite dans la problématique
du jeu des puissances régionales et
internationales 1/2
René Naba
Vendredi 10 octobre 2014
En hommage à Abdel
Mohsen Saadoune (1879-1929) ancien
premier ministre d’Irak sous la
monarchie, durant la période du mandat
britannique, qui se suicidera après
avoir ratifié, sur ordre du Roi, le
traité anglo-irakien, qu’il jugeait
contraire aux intérêts de son pays. «
Saadoune street », l’artère populeuse et
commerçante de Bagdad, a été baptisée de
son nom en hommage à son patriotisme.
« Les religieux chiites reçoivent une
éducation beaucoup plus rigoureuse que
les clercs sunnites. Ils ont une solide
formation dans les sciences
théologiques. Ils apprennent la logique
aristotélicienne avant le Coran…. « La
théologie est beaucoup plus vivante dans
la communauté chiite.… Les Chiites sont
plus théologiques, les sunnites sont
légalistes. Et les chiites ont leur «
histoire de passion » avec Hussein et
Ali. C’est une invitation à réfléchir
sur la nécessité de la justice »,
soutient un universitaire sunnite
palestinien, Cheikh Tarif Al Khalidi
(universitaire palestinien sunnite).
Une nouvelle
coalition internationale a été mise sur
pied pour mener une nouvelle « guerre
contre le terrorisme » en Syrie et en
Irak, les anciens fiefs des régimes
laïcs bassistes, contre les anciens
pupilles du bloc atlantiste et de son
relais régional, le syndicat des
pétro-monarchies du Golfe.
Cette coalition, mise sur pied le 11
septembre 2014, à la date anniversaire
des raids djihadistes contre le symboles
de l’hyperpuissance américaine est la
4me du genre en trois décennies. Elle
pose, de manière sous jacente, le
problème des relations conflictuelles
entre l’alliance islamo-atlantiste et
les Chiites, le segment minoritaire de
l’Islam.
La première armada occidental s’est
déployée au Liban, en 1982, pour
superviser le dégagement de l’OLP. La
deuxième s’est constituée face à l’Irak,
en 1990, à la suite de l’invasion
irakienne du Koweït. La troisième,
toujours contre l’Irak, en 2003, dommage
collatéral des raids du 11 septembre
2001. La quatrième coalition, enfin, dix
ans plus tard, en 2014, pour une
nouvelle guerre contre les excroissances
djihadistes de l’alliance entre le bloc
Atlantique et les pétro-monarchies
sunnites.
I. La thématique du
martyr et le postulat inhérent de la «
défense des opprimés »
Une analyse
sommaire tendrait à attribuer au martyr
d’Hussein la dynamique sinon
vindicative, à tout le moins
revendicative, en tout cas
contestataire, du chiisme. Au-delà de
cette approche rudimentaire,
l’assassinat du petit-fils du prophète
constitue un sacrilège absolu à nul
autre pareil dans toute autre religion
monothéiste. Au-delà aussi de sa faculté
mobilisatrice, le « martyr d’Hussein »
demeure l’acte fondateur d’un schisme
porteur d’une dynamique centripète du
Monde musulman, dont les conséquences se
répercutent encore de nos jours. Plutôt
que de s’appliquer à purger ce passif
par son dépassement, la guerre des
religions est entretenue, au mépris des
enseignements des guerres de religion de
l’Europe médiévale
(Catholiques/protestants en France et en
Irlande, Catholiques/Orthodoxes en
Orient) pour des raisons de pérennité
idéologique et de survie dynastique.
Les prescriptions
coraniques enjoignant l’unité des
croyants sont nombreuses : « Cramponnez
vous à la corde de Dieu et ne vous
dispersez pas »/ « Ne distinguez pas
entre un Perse et un Arabe que par la
piété ». Elles paraissent de peu de
poids face aux conflits de puissance.
Depuis la fondation de l’Islam, quatre
califats se sont succédés à la tête du
Monde musulman : califat Omeyyade de
Damas (exilé à Cordoue) ; califat
Abbasside de Bagdad ; califat Fatimide
du Caire, chiite, est il besoin de le
rappeler, comme l’Université Al Azhar
l’est aussi ; Enfin, califat Ottoman.
Durant les trois premiers siècles de la
conquête (VII au Xme), 39 califes se
sont succédés à la direction du Monde
musulman. Quatre Rachidoun, 14 omeyyades
et 21 abbassides ont gouverné durant 308
ans, soit une durée moyenne de règne de
7,9 ans. Treize des 39 califes ont péri
de mort violente. C’est dire l’âpreté de
la lutte.
La défense des
opprimés ne relève toutefois pas
exclusivement de l’imaginaire chiite,
mais d’un vécu bien réel. Ainsi le
statut de minoritaire du chiite tant
dans le Monde arabe que dans le Monde
musulman est un fait prégnant des
rapports entre gouvernants et gouvernés.
Un fait indubitable sous tendant un
vecteur revendicatif, non du fait de
l’imaginaire chiite que des analystes en
mal de formule choc attribuent à sa
nature tourmentée, mais généré par une
situation de sujétion, qu’il importe de
prendre en considération dans tout
développement de la notion de « défense
des opprimés ».
Les chiites ont ainsi été la communauté
la plus méprisée et la plus maltraitée
au Liban. Longtemps désignés du terme «
Moutawlé », ils étaient les véritables «
déshérités » du Liban tant au niveau des
investissements des pouvoirs publics sur
le plan des infrastructures des zones
chiites, que dans leur positionnement au
sein de la fonction publique étatique
libanaise. À la décharge des autres
communautés libanaises, il conviendrait
d’admettre que ce fait était
partiellement imputable au leadership
chiite féodal et narcotrafiquant, de
surcroît discrédité par ses alliances
contre nature avec les milices
chrétiennes durant la guerre civile
libanaise, le clan Sabri Hamadé-Kamel
Al-Assad, lequel monopolisera le pouvoir
chiite dans le quart de siècle qui a
suivi l’indépendance, que le Hezbollah
dégagera de la scène à son avènement,
dans la décennie 1980.
Dans le Monde
arabe, quand bien même les Chiites
étaient majoritaires en Irak et au
Bahreïn, le pouvoir a été détenu par les
Sunnites en ce que le pouvoir colonial
britannique a préféré confier le pouvoir
au courant majoritaire de l’Islam, en
contradiction avec les règles de la
démocratie démographique. En Irak, par
la dynastie hachémite (Faysal II), puis
le Baas avec Saddam Hussein. A Bahreïn,
par la dynastie Al Khalifa. Les chiites
ont pris le pouvoir à Bagdad, non de
leur fait, mais par effet d’aubaine de
l’invasion américaine de l’Irak qui a
sapé les fondements sunnites du pouvoir
Baasiste. En Arabie saoudite, ils ne
sont pas considérés comme des citoyens
de plein droit et de plein exercice.
Leur accès aux grades supérieurs de
l’armée, de même qu’au sein de la très
haute administration et aux postes de
direction des grands services publics
leur est refusé. Un fait
discriminatoire, contraire à la fonction
universelle du Royaume, terre de la
prophétie musulmane.
II. Le
positionnement géostratégique du
déploiement démographique chiite
A – Le chiisme
dans le Monde
Les Chiites
représentent près de 15 pour cent de
l’ensemble de la population musulmane,
soit près de 200 millions de personnes,
soit presque autant que la seule
Indonésie, répartis dans quatorze pays,
dont quatre où ses adeptes sont
majoritaires : Iran (90% religion
d’État), Azerbaïdjan (85%), Irak (64%),
Bahreïn (75%) et dix pays dans lesquels
les chiites sont minoritaires : Yémen
(45%), Turquie (20%), Syrie (15%),
Koweït (20%), Émirats Arabes Unis (13%),
Afghanistan (20%), Qatar (5%), Égypte
(1%), Arabie saoudite (5%), Pakistan
(20%).
Minoritaire,
certes, mais de par son déploiement
géographique et démographique, il
constitue une minorité stratégique qui
explique la focalisation israélo
américaine. Le chiisme contrôle, en
effet, par l’Iran la totalité d’une des
deux rives du Golfe arabo-persique, la
veine jugulaire du système énergétique
internationale. De par son déploiement
démographique, la branche rivale du
sunnisme est présente dans toutes les
zones pétrolifères du Moyen orient :
Dans la région orientale du Royaume
saoudien (Dhahran), dans le sud de
l’Irak (Bassora) et le Nord du Koweït.
Dernier et non le moindre des éléments :
les Chiites sont en outre massivement
déployés au Sud Liban, l’ultime zone de
confrontation avec Israël, avec
l’enclave palestinienne de Gaza, ainsi
qu’en Afrique occidentale.
B – Son
déploiement géostratégique sous l’effet
du pouvoir colonial
La politique
ségrégationniste de la France coloniale
affectant à l’Afrique le trop plein
chiite du Liban pour favoriser un
duumvirat maronite sunnite sur le Liban
a donné de surcroît du relief à cette
communauté et une profondeur
stratégique, au-delà des océans, au-delà
de toute attente.
En un curieux
retournement de situation, le fief
chiite constitué en Afrique, dans le pré
carré français, ne résulte pas, là
aussi, d’une décision souveraine d’une
communauté encore moins d’un état dans
une politique de grignotage, mais de
l’effet conjugué d’un machiavélisme
colonial et de contraintes économiques
d’une population déshéritée, en
déshérence à l’époque. À cela s’ajoute
la politique de dépeuplement de la
région frontalière israélo libanaise
pratiquée par Israël par le pilonnage
quasi quotidien du secteur en vue d’en
faire un no-man’s land stratégique.
Enfin le glacis pétro monarchique.
Au-delà des clichés
éculés et des effets de propagande, un
fait demeure, incontestable. Si les
pétro-monarchies ont été une source
d’enrichissement de leurs
coreligionnaires sunnites arabes,
particulièrement la confrérie des Frères
Musulmans, l’Afrique et dans un degré
moindre l’Amérique latine, auront été
celle des Chiites, une communauté
généralement perçue par l’opinion
occidentale comme hostile aux intérêts
du camp atlantiste, contrairement aux
sunnites, en dépit des coups de butoir
répétitifs d’Al Qaida. Observée sinon
avec condescendance à tout le moins avec
une bienveillance paternaliste du temps
où le Chah d’Iran présidait aux
destinées de l’Iran, elle sera perçue
avec suspicion sous le régime de la
République Islamique.
Le passage de
l’immigré libanais en Afrique du statut
de supplétif des rouages du pouvoir
colonial à celui de concurrent des
entreprises occidentales dans l’Afrique
post indépendance, l’établissement de
surcroît d’un partenariat entre les
Libanais chiites avec les élites
nationales africaines, notamment par le
financement des campagnes électorales
des décideurs politiques va exacerber
les antagonismes sociaux,
particulièrement à l’égard des Chiites,
d’autant plus vivement qu’ils
sous-tendent des objectifs économiques.
L’assassinat de Laurent Désiré Kabila,
en janvier 2001, passe ainsi pour avoir
été financé par des libanais furieux que
le président congolais ait confié à la
société israélienne IDI, le monopole de
l’achat des diamants.
Par effet d’aubaine
des erreurs de la stratégie
israélo-occidentale, la militarisation
des chiites libanais dans la foulée de
la liquidation de leur chef
charismatique, l’Imam Moussa Sadr, en
1978, en Libye, et du démantèlement du
sanctuaire de l’OLP au Liban (1982),
feront de cette communauté, jadis la
plus méprisée du Liban, par l’effet
magique de ses exploits guerriers contre
Israël (2000, 2006), l’équation
incontournable du Moyen-Orient. Sa
nouvelle puissance économique sera alors
perçue comme une source nuisance, une
évolution amplifiée par l’exacerbation
des antagonismes interconfessionnels au
Moyen Orient, sur fond de bras de fer
entre l’Iran et les Occidentaux à propos
du nucléaire iranien et de guerre
régionale sunnites chiites attisée par
la dynastie wahhabite.
Sa mutation
sociologique modifiera la perception de
son rôle, selon le processus classique
de « la fabrication de l’ennemi ».
http://www.diploweb.com/La-fabrication-de-l-ennemi-ou.html (1)
Le basculement de l’Iran, l’ancien super
gendarme américain dans le Golfe, dans
le camp hostile au camp atlantiste sous
l’égide de l’Imam Ruhollah Khomeiny
(1979) et son rapprochement stratégique
avec les pays latino-américains,
contestataires de l’ordre américain
(Cuba, Venezuela, Bolivie, Brésil,
Chili) a achevé de criminaliser tant
l’Iran que le Hezbollah que les Chiites
d’une manière potentielle. La diaspora
libanaise, atout pour le Liban, devient
un traquenard tant pour les libanais que
pour le pays d’origine. Les pays
d’accueil, principalement l’Afrique et
l’Amérique latine, deviennent le terrain
privilégié de la guerre souterraine
planétaire entre Israël et le Hezbollah.
Les exemples abondent d’articles de la
presse locale et internationale
mentionnant « Le trésor des
Libanais-Africains », son « opacité du
fait de la déliquescence de
l’administration fiscale nationale, de
la fluidité du système bancaire et des
innombrables tuyaux du circuit de
blanchiment de l’ancienne « Suisse du
Moyen-Orient »».
III. L’imaginaire et
son carburant
L’imaginaire se
nourrit des privations et des
frustrations. Dans le cas d’espèce,
l’agresseur à l’époque contemporaine a
été le sunnite. Les années 1978 1979
constituent à cet égard des années
charnières.
1978 – La première fois, au
Liban, avec l’assassinat de l’Imam
Moussa Sadr, chef spirituel de la
communauté chiite libanaise et artisan
de son redressement, par le Colonel
Mouammar Kadhafi de Libye en 1978, en
pleine guerre civile libanaise alors que
les chiites constituaient le gros des
troupes de la coalition palestino
progressiste. Pur acte gratuit s’il en
est. Auparavant, il n’existait pas uns
spécificité politique chiite propre. Les
chiites constituaient le gros des
troupes des Baasistes ou des Nassériens.
1979 – La deuxième fois, un an
après, en Irak : avec la guerre lancée
par Saddam Hussein contre l’Iran
Khomeiniste alors que l’irakien avait
hébergé l’Ayatollah Ruhollah Khomeiny
pendant quinze ans dans le sanctuaire
chiite de Nadjaf.
Saddam Hussein y
perdra ainsi le bénéfice de
l’hospitalité accordée au guide de la
révolution islamique, le tombeur de son
ennemi déclaré, le chah d’Iran. Une
guerre anti iranienne doublée, de
surcroît, de l’assassinat des deux
grands chefs religieux chiites de la
famille Baqr al Hakim, dont Mouqtada
Sadr en est l’héritier spirituel et
politique, frappé de ce fait d’un double
sceau de légitimité : La légitimité du
martyrologe et la légitimité politique
tirée de son opposition à un tyran
(Saddam), en même temps qu’aux
envahisseurs de son pays (les États
Unis).
Rétrospectivement, il n’est pas
indifférent de noter que tant Mouammar
Al-Kadhafi que Saddam Hussein ont été
éliminés par des interventions du camp
atlantiste. Au vu de cette double et
tragique expérience, il est à espérer
que les dirigeants arabes intégreront
dans leur schéma mental qu’un certificat
de bonne conduite américaine ne vaut
jamais garantie de survie et que la
sécurité du Monde arabe n’est pas
réductible à la sécurité du
ravitaillement énergétique des États
Unis, encore moins à la sanctuarisation
d’Israël.
L’élimination
subliminale de la dynastie chiite des
Bhutto au Pakistan
Le panorama serait moins incomplet avec
la mention de l’élimination subliminale
au Pakistan de la dynastie politique
chiite des Bhutto, Zulficar Ali Bhutto
et sa fille Benazir, deux des rares
civils à avoir dirigé le gouvernement de
l’unique puissance nucléaire d’un pays
musulman qui plus est sunnite ; un pays
qui fut par ailleurs le refuge d’Oussama
Ben Laden, le fondateur d’Al Qaida. Deux
farouches nationalistes certes, mais des
chiites. Circonstance aggravante pour
Zulficar, le fait d’avoir épousé une
iranienne, la Béguin Nusrat, et pour
Benazir, d’avoir eu pour interface Peter
Galbraith, le sous-traitant pour l’Asie
de la CIA, le concepteur de la théorie
du « combat des chiens » (la théorie de
la dissension sociale) et fils de
l’économiste James Kenneth Galbraith,
insupportables tares pour ce fief du
wahhabisme en Asie.
Sous couvert de
lutte entre civils et militaires, de
lutte contre la corruption et pour
l’avènement de la démocratie, il était
en effet difficile à un pays gagné par
le rigorisme religieux de tolérer la
présence d’un chiite à la tête de
l’unique puissance militaire nucléaire
musulmane, en charge pendant trois
décennies de la protection de l’espace
aérien saoudien. Un risque intolérable
en ce qu’il portait également sur la
fiabilité de la coopération souterraine
nucléaire entre le Pakistan et les pays
musulmans sunnites (Arabie Saoudite,
Égypte, Libye) et les suspicions
inhérentes que pouvait générer la
présence d’un renégat (takfiriste) à la
tête d’un état, qui constitue tout à la
fois la base arrière des Talibans et le
champ d’expérimentation du djihadisme
erratique sous égide saoudienne.
Au-delà de la caste militaire, l’Arabie
saoudite dispose au Pakistan d’un homme
lige, Nawaz Charif, rival de la famille
Bhutto, qui assume une fonction
identique au clan Hariri au Liban. C’est
d’ailleurs Rafic Hariri, l’ancien
premier ministre assassiné, qui a servi
de caution à l’arrangement conclu entre
Nawaz Charif et les militaires à son
éviction du pouvoir et l’héritier Saad
Hariri, qui remplira la même fonction
pour son retour d’exil au Pakistan. Le
sunnite Hariri aura droit à un tribunal
spécial international pour le jugement
de ses assassins présumés, la chiite
Bhutto, pas, quand bien même les deux
victimes disposaient du même statut,
d’ancien premier ministre de leur pays
respectif.
IV. De la notion de
« Révolution islamique », du « seuil
nucléaire » et de la « dissuasion
asymétrique »
A – Des dangers
d’une révolution islamique en zone pétro
monarchique
Les impératifs
stratégiques sont des faits
incontournables qu’il importe de ne
jamais occulter : L’idée même de «
révolution islamique », surtout
lorsqu’elle est le fait d’un pays
chiite, l’Iran, porte en elle les germes
de dépérissement des pétromonarchies de
son environnement.
Surtout s’il s’agit d’une révolution
populaire, et non d’un coup d’état
militaire, surtout si cette révolution
islamique est d’essence chiite, et
qu’elle constitue de ce fait une menace
de bouleversement révolutionnaire pour
le camp sunnite ; surtout enfin si elle
fonctionne selon le principe de
l’élection alors que les pétromonarchies
fonctionnent selon le principe de la
transmission héréditaire du pouvoir.
Mohamad Morsi, en
Égypte, premier président néo islamiste
démocratiquement élu dans le plus grand
pays arabe, en a payé le prix. Du fait
même qu’il se réclame de l’idéologie
islamiste, surtout sunnite, et qu’il ait
été choisi par la voie de l’élection.
B – Le nucléaire
iranien, l’Iran un cas d‘école
L’accession de
l’Iran au rang de « puissance du seuil
nucléaire », en dépit d’un embargo de
trente ans doublé d’une guerre de près
de dix ans imposée à l’Iran par Irak
interposé, a suscité l’admiration de
larges fractions de l’opinion de
l’hémisphère sud qui ont vu dans cet
exploit technologique incontestable la
preuve parfaite d’une politique
d’indépendance, en ce qu’il débouche sur
la possibilité pour l’Iran de se doter
d’une dissuasion militaire en même temps
que de maintenir son rôle de fer de
lance de la révolution islamique.
Par extension pour tout pays du tiers
monde, musulman ou non, de pouvoir se
doter de la technologie de pointe, hors
imprimatur occidentale. Dans une zone de
soumission à l’ordre israélo américain,
le cas iranien est devenu de ce fait un
cas d’école, une référence en la
matière, et, l’Iran, depuis lors, est
devenu le point de mire d’Israël, sa
bête noire, dans la foulée de la
destruction de l’Irak, en 2003 et de la
destruction de la Syrie, dix ans plus
tard. Depuis la venue au pouvoir du
premier ministre israélien ultra
droitier, Benyamin Netanyahu, il y a six
ans, Israël a lancé trois attaques virus
visant le champ informatique iranien en
vue de neutraliser, sinon retarder le
programme nucléaire de la République
islamique. Doublée d’une campagne
d’assassinats de savants iraniens, la
triple campagne virale, Stuxnet, Duqu et
Flame, a visé tout autant le système
nucléaire iranien que le système
bancaire libanais, supposé servir de
plate forme de blanchiment au trésor de
guerre du régime syrien et du Hezbollah
libanais.
Près de trente
mille ordinateurs auraient été infectés
par ce virus malicieux qui recherchait
dans les ordinateurs le système de
supervision de la firme allemande
Siemens Win-CC, en charge du contrôle
des oléoducs, des plate formes
pétrolières et des centrales
électriques.
En pleine bataille de Syrie, à trois
mois des élections présidentielles
américaines, en septembre 2012, Israël a
même envisagé de lancer contre l’Iran
une impulsion électromagnétique (IEM),
afin de paralyser l’ensemble des réseaux
de transport et de communications, en
vue de briser le développement de son
programme nucléaire. L’impulsion devait
prendre la forme d’une explosion
nucléaire en haute altitude destinée à
perturber le parc informatique du pays.
L’explosion ne devait produire ni
souffle, ni radiation au sol, mais
provoquer une paralysie des
communications et un tarissement du
ravitaillement alimentaire, selon des
indications fournies le 29 Août 2012 par
Bill Gertz sur sa chronique vidéo sur le
site conservateur américain « The
Washington Beacon ».
En contrepoint l’Iran a réussi a
détourné, en décembre 2011, un drone
ultra sophistiqué américain qui
surveillait les sites nucléaires
iraniens, via le Baloutchistan,
atténuant quelque peu les
contre-performances israéliennes.
Drone furtif et
secret, le RQ-170 se présente comme un
butin inestimable en ce qu’il a démontré
la capacité iranienne à prendre le
contrôle du plus sophistiqué des drones
d’observation américain, apportant la
démonstration de la capacité
d’électroniciens hors pairs de ses
savants. En disposant désormais d’un
prototype pour reproduire l’arme
secrète, l’Iran parait avoir réussi à se
prémunir des attaques de ce genre
d’engins, se propulsant au 2ème rang
mondial dans ce secteur d’armement.
Références
1 – L’Achoura est
un événement religieux qui revêt une
importance particulière pour les
chiites, qui y commémore le massacre de
l’imam Hossein et de 72 membres de sa
famille et partisans par le califat
omeyyade à Kerbala en Irak. L’Achoura
symbolise la lutte contre l’oppression
et les injustices dans le chiisme par
référence à cet événement historique. La
célébration a lieu le 10e jour du mois
musulman de Mouharram et le deuil se
poursuit pendant 40 jours jusqu’à
l’Arbaïn (quarante).
Pour se rappeler
des douleurs subies par Hussein,
certains pèlerins se flagellent
collectivement L’Achoura est l’occasion
pour les fidèles chiites d’expier les
fautes de leurs ancêtres. En Irak,
certains hommes se frappent le dos
jusqu’au sang à l’aide de chaînes, au
son des tambours et des chants
religieux. Dans d’autres pays comme en
Inde, ils se martèlent la poitrine.
C’est à Kerbala en Irak qu’a lieu le
pèlerinage principal.
Publié le 18 octobre avec l'aimable
autorisation de René Naba
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