MADANIYA
Liban-Mémoires de guerre 2/3 :
Le pacte national
René Naba

Mardi 10 avril 2018
Le Pacte
national, un mensonge dont la composante
musulmane de la population libanaise en
a été la victime.
Le discours
souverainiste du leadership maronite
masque en fait une posture d’allégeance
vis à vis des pays occidentaux et de
connivence vis à vis d’Israël et cela
bien avant la proclamation unilatérale
d’indépendance de l’État Hébreu avec la
conclusion d’un pacte secret entre
l’Église maronite et l’entité juive.
…«Le Pacte
National, arrangement tacite conclu en
1943, entre les dirigeants chrétiens et
musulmans pour une répartition
confessionnelle du pouvoir, a constitué
un «mensonge» dont la composante
musulmane de la population en a été la
victime».
…«Tous les
Présidents de la République Libanaise
(maronite) qui sont succédé au pouvoir
depuis l’indépendance, en 1943, ont
collaboré dans le plus grand secret avec
Israël, incitant régulièrement les
États-Unis, la France voire Israël même
à une intervention militaire directe au
Liban en leur faveur.
La guerre du Liban
n’a fait que confirmer cette lourde
tendance comme le révèle l’équipée
suicidaire des milices chrétiennes et
leur alliance contre-nature avec un état
le plus antinomique à la composition du
système politique libanais, fondé sur le
pluralisme et la diversité, quand bien
même les chrétiens arabes auront le plus
pâti des menées occidentales contre le
Monde arabe.
En 1969, le
président Charles Hélou adressait un
message secret aux dirigeants israéliens
les assurant en ces termes à propos de
la présence des Fedayine sur le sol
libanais: «Je comprends parfaitement les
problèmes que posent pour Israël les
Fedayine, mais le gouvernement libanais
n’est pas en mesure de stopper leurs
infiltrations vers l’État hébreu.
Dans un deuxième
message, Charles Hélou consentait aux
raids israéliens contre les Palestiniens
au Liban sous réserve que les Israéliens
observent certaines règles. Une attitude
identique a été observée lors de la
guerre destructrice israélienne contre
le Liban, en 2006, où le ministre de la
défense Elias El Murr, recommandait aux
Israéliens d’épargner les zones
chrétiennes afin de ne pas dresser la
population contre eux et de les
contraindre à rallier par solidarité le
Hezbollah.
Pour prix de sa
forfaiture, M. El Murr sera propulsé au
poste de Président d’Interpol. Pour
aller plus loin sur Elias El Murr
2- Les Phalanges
Libanaises (Hizb Al Kataeb): Bachir
Gemayel, un «voyou».
Les Phalanges
libanaises symbolisent mieux que tout
cette tendance. Si ce parti a réussi à
propulser deux de ses membres, les deux
fils du fondateur, Bachir et Amine
Gemayel, à la Présidence de la
République, il a eu à déplorer
l’assassinat de deux membres du clan
Gemayel.
L’alliance
contrainte avec Israël, un «gros
mensonge» de la guerre.
«Le parti
phalangiste entretenait avec les États
Unis des liens extrêmement étroits.
L’idée que le parti a été contraint de
s’allier avec le diable, Israël, du fait
de son isolement politique constitue une
fable, un des gros mensonges de la
guerre du Liban».
…«Les phalangistes
bénéficiaient du soutien collectif de la
Jordanie, des États Unis et des pétro
monarchies du golfe.
…«Le leadership
maronite (Camille Chamoun, Pierre
Gemayel, Raymond Eddé) ont fait pression
sur le Président de la République
Charles Hélou afin qu’il ne rompt pas
les relations diplomatiques du Liban
avec les pays occidentaux, en signe de
solidarité avec les pays arabes, à la
suite de la défaite de juin 1967
…«Grand vainqueur
des élections législatives de 1968, au
lendemain de la défaite arabe, le trio
maronite a bénéficié de l’aide
financière directe américaine.
…«Dans la foulée du
triomphe électoral du trio, toute une
littérature politique prônant la
neutralité du Liban et sa garantie par
une protection internationale a fleuri
dans le discours politique des
dirigeants chrétiens», ajoute James
Sotcker dans son ouvrage. Une rengaine
reprise au cours de la guerre à chaque
fois que le camp chrétien était en
difficulté.
Dans un excès de
zèle, destiné à s’attirer les bonnes
grâces américaines, les dirigeants
phalangistes ont proposé à l’ambassade
américaine d’assurer sa protection par
les miliciens du parti, de même que le
quartier juif de Wadi Abou Jamil, où le
parti faisait le plein des voix des
libanais de confession juive à chaque
élection législative. La proposition de
déployer la milice phalangiste autour du
quartier juif du centre de Beyrouth a
été faite alors qu’aucun incident anti
sémite n’avait été déploré.
Les dirigeants
phalangistes ont fait valoir à leurs
interlocuteurs américains qu’ils
disposaient à l’époque d’une milice de
5.000 membres, doublée d’une troupe de
choc de 50 à 70 membres.
Refusant d’armer
directement le Parti Phalangiste, Henry
Kissinger, secrétaire d’état de Richard
Nixon a préconisé de renforcer
l’équipement militaire de l’armée
libanaise: «L’équipement de l’armée
libanaise équivaut à l’armement de la
milice phalangiste, car les officiers de
l’armée libanaise sont des sympathisants
des phalangistes», a-il fait valoir.
Parti politique
essentiellement chrétien fondé en 1936
par Pierre Gemayel, Georges Naccache,
fondateur du journal l’Orient, et
Charles Hélou, futur Président de la
République, les phalanges libanaises est
un parti fortement nationaliste et
militarisé depuis 1975.
Longtemps opposées
à d’autres courants chrétiens, notamment
au Parti National Libéral du Président
maronite Camille Chamoun, ils concluront
néanmoins des alliances ponctuelles avec
leurs rivaux, notamment au sein des
Forces Libanaises, lors de la guerre
civile.
Les Phalanges ont
été impliquées dans de très nombreux
actes de guerre et massacres pendant
cette période, notamment les massacre
les camps palestiniens de la
Quarantaine, janvier 1976, et celui des
camps palestiniens de Sabra-Chatila,
Août 1976. Le parti a connu des
dissensions internes sur le rôle à
accorder à la Syrie (rivalités entre
Elias Hobeika et Samir Geagea, les deux
lieutenant de Bachir Gémayal). Il en est
sorti affaibli.
Richard Murphy,
ambassadeur des Etats Unis en Syrie, en
poste dans la zone à la fin de la
décennie 1970 jugeait Bachir Gemayel,
chef militaire des phalangistes et
fondateur des «Forces Libanaises», comme
un «voyou».
Le tropisme
pro-israélien n’est pas l’apanage du
leadership maronite. Le clan Hariri a
témoigné de la même sollicitude à
l’égard de l’«ennemi officiel du Monde
arabe». Ainsi le ministre sunnite de
l’intérieur Ahmad Fatfat ordonnera à la
caserne de gendarmerie de Marjeyoun
(Sud-Liban) d’offrir l’hospitalité à des
soldats israéliens pourchassés par le
Hezbollah, lors de la guerre de
destruction du Liban, en 2006 et le
ministre druze des télécommunications,
Marwane Hamadé, dévoilera au ministre
français des Affaires étrangères Bernard
Kouchner, un philo sioniste avéré, le
réseau de télécommunications du
Hezbollah afin qu’il soit procédé à son
démantèlement au cours de cette
offensive.
Version arabe
sur ce lien
3 – La stratégie
de la tension
A – Les milices
chrétiennes ont reçu des armes des Etats
Unis, d’Israël, de la Jordanie, et de
l’Iran du Chah d’Iran. Le leadership
maronite était déterminé à précipiter le
pays dans une confrontation généralisée
avec ses adversaires, alors que la
gauche libanaise et les Palestiniens
temporisaient, faisant de leur mieux
pour éviter de projet et le Liban dans
le précipice.
B- La France et la
Jordanie ont plaidé tant auprès des
Etats Unis que d’Israël en faveur d’une
intervention militaire syrienne au Liban
en vue de stabiliser la situation.
C- L’OLP a assuré
la protection de l’ambassade des
États-Unis durant cette période via
l’Armée Arabe du Liban, commandée alors
par le lieutenant Ahmad Al Khatib et
veillera à assurer l’évacuation des
ressortissants américains. La centrale
palestinienne n’engagera véritablement
ses troupes dans la guerre qu’en
septembre 1976, après la chute du camp
palestinien de Tall Al Zaatar, soit 17
mois après le début de la guerre.
D – Pour emporter
l’adhésion de leurs interlocuteurs à
leur cause, les dirigeants maronites ont
initié une stratégie de la tension,
multipliant les embuscades contre les
palestiniens, dont l’une des plus
sanglantes, aura été l’embuscade de
Dekouaneh, dans la banlieue industrielle
de Beyrouth, l’été 1974, suivie en
Février 1975, de l’assassinat de Maarouf
Saad, député nationaliste pro nassérien
de Saida (Sud- Liban), qui se trouvait à
la tête d’une manifestation de pêcheurs
protestant contre la gestion de la firme
«protéine», chargée de recycler les
produits de la pêche, dont le président
du Conseil d’administration n’était
autre que Camille Chamoun, le chef du
Parti National Libéral et de la milice
des «tigres».
1- L’incendie du
Centre ville
L’incendie du
centre ville (juin 1975) a résulté d’une
«épreuve de force» entre Camille
Chamoun, à l’époque ministre de
l’intérieur, et ses rivaux au sein du
leadership maronite. En élargissant
délibérément le conflit au centre ville
qui abritait les fameux souks, à
l’intersection des zones chrétienne et
musulmane de la capitale, M. Chamoun
voulait «forcer l’armée à intervenir et
à prendre position dans la guerre».
2- La bataille
des Hôtels
En portant la
bataille dans le quartier des grands
hôtels (Hôtel Saint Georges, Holliday
Inn) notamment, en Septembre 1975, les
Phalangistes visaient en fait à
s’emparer de la Banque Centrale, le nerf
de la guerre.
Sur l’importance
stratégique et la fonction de l’Hôtel
Saint Georges, sur ce lien
Version arabe de
cette séquence sur ce lien
Pour aller plus
loin sur la problématique des chrétiens
arabes, leur équipée suicidaire durant
la guerre, l’instrumentalisation du
martyrologe, sur ces liens
Le martyrologe
libanais entre culte de la mémoire et
rente de situation ½
La famille Gemayel,
Samir Geagea, Nayla Mouawad
Walid Joumblatt et
le Clan Hariri
L’équipée
suicidaire des phalangistes et de leurs
alliés
La version arabe de
ces extraits sur ces liens
Illustration
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