MADANIYA
Tandem Arabie saoudite Abou Dhabi:
Objectif commun le 10ème rang des
puissances économiques mondiales
René Naba
Samedi 7 novembre 2020 1 – Une « sortie
par le haut » du bourbier généré par
l’assassinat de Jamal Khashoggi.
« Les Saoud sont
bien des fils de pute, mais ce sont nos
fils de pute » Franklin D. Roosevelt. in
« L’Arabie Séoudite – La dictature
protégée » – Éditions Albin Michel par
Jean-Michel Foulquier.
L’Arabie saoudite
et Les Émirats Arabes Unis,les deux
pétromonarchies les plus riches du
golfe, ont décidé de faire « cause
commune » en fondant une « caisse
commune » en vue de hisser ce duo
belliqueux de la 16 me place à la 10 me
place des puissances économiques
mondiales. Une décision prise dans une
conjoncture aléatoire marquée notamment
par une crise économique mondiale du
fait de la pandémie du Covid, et la
baisse corrélative de la consommation du
brut, et, dernier et non le moindre des
facteurs, la perte de leur parrain,
artisan du Muslim Ban, le sulfureux
Donald Trump, sans doute le pire
président de l’histoire américaine,
vaincu aux élections présidentielles
américaines de 2020,
Dans une démarche
symbolique scellant ce « partenariat
stratégique », le prince héritier
saoudien Mohamad Ben Salmane, a invité
son homologue d’Abou Dhabi MBZ à se
joindre au sommet du G20 VIRTUEL qui
doit se tenir, sauf rebondissement, les
21 et 22 novembre à Ryad.
Deux ans après
l’assassinat de Jamal Khashoggi, ce
premier sommet économique mondial se
tenant dans une capitale arabe, de
surcroît en Arabie saoudite, devrait,
dans l’esprit de ces concepteurs, gommer
l’effet désastreux laissé dans l’opinion
internationale par l’équarrissage du
journaliste saoudien au consulat
saoudien à Istanbul, le 2 octobre 2018,
et sacrifier sur l’autel de la
realpolitik ce crime hideux, en le
passant par pertes et profits.
Le royaume saoudien
a d’ailleurs prestement évacué ce sujet
par une sorte de justice lapidaire: Cinq
Saoudiens ont été condamnés à mort pour
l’assassinat du journaliste Jamal
Khashoggi; Un verdict qui a curieusement
épargné les ordonnateurs de cet
équarrissage, ses principaux
protagonistes.
Et les fils de Jamal Khashoggi ont
pratiqué le «pardon des offenses»
épargnant aux assassins le châtiment
suprême.
Toutefois, en
récidiviste impénitent, le prince
hériter saoudien est soupçonné par la
justice américaine d’avoir cherché à
éliminer un autre opposant saoudien,
Saad Al Jabery, ancien directeur de
cabinet de l’ancien prince héritier
Mohamad Ben Nayef, évincé lui aussi par
MBS au point que le coup médiatique
représenté par la constitution de ce
géant économique pourrait avoir été
neutralisé par l’impétuosité sanguinaire
de l’héritier du trône wahhabite,
faisant peser de lourdes suspicions sur
sa capacité à gouverner.
«Faute de preuves»,
aucune accusation n’a été retenue contre
Saoud Al-Qahtani, un proche conseiller
du prince héritier Mohammed Ben Salman,
a déclaré, le 23 décembre 2019, le
procureur général d’Arabie saoudite,
précisant que l’ancien numéro deux du
renseignement, le général Ahmed
Al-Assiri, a été acquitté. Ce dernier
était soupçonné d’avoir supervisé
l’assassinat du chroniqueur du
Washington Post au consulat saoudien à
Istanbul en octobre 2018 et d’avoir été
conseillé par Saoud Al-Qahtani,
confident du prince héritier et
conseiller royal.
Sur les onze
personnes qui ont été inculpées dans
cette affaire, trois ont, par ailleurs,
été condamnées à des peines de prison
totalisant vingt-quatre ans. Les autres
ont été acquittées. «Nous avons conclu
que le meurtre de Khashoggi n’a pas été
prémédité», ajoute le communiqué du
tribunal de Riyad. Le procès du
journaliste saoudien n’a pas respecté
«les principes internationalement
reconnus de la justice», a constaté
Reporters sans frontières.
L’objectif sous-jacent de la
constitution d’un nouveau géant
économique est d’opérer une “sortie par
le haut” du bourbier généré par ce crime
crapuleux en ce que l’Arabie saoudite a
choisi pour partenaire, Abou Dhabi,
désormais le meilleur allié des États
Unis parmi les pétromonarchies depuis la
disparition du chroniqueur du Washington
Post et sa normalisation forcenée avec
Israël, en Août 2020.
Ce partenariat
devrait en outre conjurer les prévisions
pessimistes du FMI (Fonds Monétaire
International) prédisant une faillite
des pétromonarchies à l’horizon 2034, du
fait de leurs dépenses excessives
d’armement. Avec en perspective, le
risque d’un lâchage occidental des
roitelets du Golfe et la fin de leur
impunité.
Depuis 2015, coïncidant avec le coup de
force de Mohamad Ben Salman contre le
prince héritier en titre Mohamad Ben
Nayef, la dette extérieure totale de
l’Arabie saoudite a explosé passant de
moins de 12 milliards de dollars en 2014
à 183 milliards de dollars fin 2019.
En cinq ans, ses
réserves de liquidités ont chuté de 732
milliards de dollars à 499 milliards de
dollars, soit une perte de 233 milliards
de dollars. En octobre 2018, MBS a
annoncé que son principal fonds
souverain, le fonds public
d’investissement, «approch[ait]» les 400
milliards de dollars d’actifs et
dépasserait les 600 milliards de dollars
à l’horizon 2020. Aujourd’hui, il ne
vaut plus que 320 milliards de dollars.
Lors du krach boursier du 2008, le
message subliminal envoyé par les pays
occidentaux au reste du monde ne
souffrait aucune ambiguïté: Oui aux
capitaux exotiques, non à l’immigration
basanée.
Les avatars
militaires des États-Unis et la faillite
du néo-capitalisme de l’ère
post-soviétique signent la fin de six
siècles de domination absolue de
l’Occident sur le reste du monde.
Pour aller plus
loin sur ce thème, cf:
https://www.renenaba.com/geo-economie-mondiale-un-basculement-strategique/
Le partenariat
stratégique saoudo abou dhabien a été
scellé le 27 novembre 2018, à l’occasion
de la visite officielle aux Émirats
arabes Unis du Prince héritier saoudien.
Cette visite a été marquée par la
signature de 4 mémorandums d’entente et
de sept initiatives stratégiques visant
à “parfaire la complémentarité de leur
partenariat stratégique dans le domaine
militaire, économique, scientifique et
celui du développement”.
– Une Raffinerie géante en Inde doublée
d’un complexe pétrochimique.
Parmi les grands projets prévus figure
la construction d’une raffinerie géante
En Inde d’une capacité de raffinage de
1,2 millions de barils par jour, soit
l’équivalent de la production
quotidienne de la Norvège.
En connexion avec
un complexe pétrochimique dont le coût
d’investissement s’élèverait à 70
milliards de dollars, la raffinerie
géante devrait être édifiée dans la
province du Maharashtra (Ouest de
l’Inde), d’une capacité de 600.000
barils par jour, en vue de pouvoir aux
besoins énergétiques de l’Inde.
Au delà des considérations tenant à la
rentabilité économique du projet dans un
marché de près de 1,7 milliards de
consommateurs et à la réduction des
coûts, l’investissement saoudo abou
dhabien en Inde parait destiné, d’une
part, à compenser, dans l’ordre
subliminal, la destruction des Bouddhas
de Bamyane par les Talibans protégés des
Saoudiens et à faire pièce à
l’investissement de la Chine au
Pakistan, dans le port de Gwadar, de
l’ordre de 50 milliards de dollars en
vue d’en faire le terminal pétrolier
chinois en Asie dans le cadre du projet
OBOR.
Les deux pays sont
convenus en outre de délivrer des visas
touristiques communs, de même que des
formalités de douanes communes.
Le détail de ce partenariat publié par
le site de grande audience Ar Al Yom se
trouve
sur ce lien pour le lectorat arabophone.
2- La
neutralisation de la prééminence des
Fonds souverains occidentaux.
Au delà de l’effet
d’annonce, le partenariat des deux plus
riches pétromonarchies du Golfe répond à
des considérations stratégiques: Le fait
de sinon de neutraliser la prééminence
de Fonds Souverains Occidentaux sur le
marché des investissements mondiaux,
notamment Le Fonds Souverain de Norvère,
à tout le moins de faire jeu égal, et
surtout, le besoin de compenser la fonte
de la trésorerie de ces deux pays du
Golfe par suite de leurs dépenses
inconsidérées dans la guerre tout azimut
qu’ils ont déclenché sur l’ensemble du
Monde arabe, en leur qualité de chef de
file de la contre révolution arabe.
Le pot commun
saoudo abou dhabien répond au défi du
« Fonds Souverain Norvégien » ou
Government Pension Fund-Global.
A- Fonds
Souverain Norvégien” ou Government
Pension Fund-Global
Le Fonds Souverain Norvégien a réussi
l’exploit de se hisser au premier rang
des Fonds Souverains dans le monde en
dépit de la modicité de sa production
pétrolière de l’ordre d’1,2 millions de
barils par jour, alors que l’Arabie
saoudite un géant pétrolier en produit
dix fois plus depuis un demi siècle,
10,5 millions de barils/jour.
Mieux, Le fonds
norvégien se maintient en tête du
peloton depuis 2014 par l’importance de
sa capitalisation de l’ordre de 1,09
Trillions de dollars, distançant
largement son rival saoudien, le Fonds
public d’investissement d’Arabie
saoudite (Public Investment Fund ou PIF)
qui se classe au 11e rang des grands
fonds souverain au monde par la taille
de ses actifs.
Communément appelé
“le fonds pétrolier”, –de son vrai nom
« Government Pension Fund-Global »
(Statens pensjonsfond Utland en
norvégien, Fonds de pension
gouvernemental-Étranger en français)–,
il constitue avec le Government Pension
Fund-Norway (Statens pensjonsfond Norge
en norvégien, Fonds de pension
gouvernemental-Norvège)- l’un des deux
fonds souverains de la Norvège.
En juillet 2014, il
s’est hissé au premier rang des fonds
souverain au monde par montant de
capitalisation, comprenant des actifs
pour un montant estimé à 878 milliards
de dollars, passant à 850 milliards
d’euros en 2016. Il contrôle 1,3 % de la
capitalisation boursière mondiale avec
des participations dans près de 9 000
entreprises. Le nouveau record a été
atteint en 2019 avec 1,09 trillions de
dollars.
Le fonds norvégien reçoit l’ensemble des
profits de la Norvège liés au pétrole
via les impôts, les permis
d’exploitation de gisement,
d’exploration et les participations dans
les sociétés comme Statoil ou Norsk
Hydro.
Ce fonds est géré
par la banque centrale norvégienne, mais
une partie de cette gestion est déléguée
à une cinquantaine de sociétés
norvégiennes et étrangères. La politique
de gestion est prudente avec un profil à
la fois défensif et diversifié, limitant
les participations à moins de 5 %. Le
fonds obéit à des règles, formalisées en
2004, relativement strictes en termes
d’éthique.
Les investissements en Europe
représentent la majorité des
investissements. Le Government Pension
Fund-Global est le premier actionnaire
de deux tiers des entreprises de la cote
parisienne, parmi lesquels Axa,
Carrefour, Capgemini, Renault, Sanofi,
Gemalto ou encore la Société générale.
B – Fonds public
d’investissement d’Arabie saoudite
Le Fonds public d’investissement
d’Arabie saoudite (Public Investment
Fund ou PIF) est un fonds
d’investissement détenu par le Royaume
d’Arabie saoudite. En 2017, il est
classé 11e plus grand fonds souverain au
monde par la taille de ses actifs. Son
portefeuille d’investissement est
constitué d’environ 200 investissements.
Créé en 1971 pour
faciliter le développement de l’économie
nationale saoudienne, le PIF tient le
rôle de premier organe d’investissement
du Royaume, finançant des projets liés à
la raffinerie, aux fertilisants, ainsi
qu’à l’industrie pétrochimique et
électrique. En juillet 2014, le conseil
des ministres saoudiens accorde au PIF
le droit d’ouvrir son portefeuille à
l’international, lui permettant de
prendre des participations au sein
d’entreprises et de projets publics
nationaux ou internationaux sans accord
préalable du conseil.
En 2017, alors que
près de 90% des investissements du PIF
sont effectués au sein de l’Arabie
saoudite, le fonds accélère sa
diversification sur les marchés
étrangers, avec plusieurs
investissements réalisés dans la
nouvelle économie, les infrastructures,
l’aérospatiale, et l’industrie
culturelle. En octobre 2017, le PIF
annonce son intention de porter ses
actifs de 230 milliards en 2017 à 400
milliards en 2020.
Le plan Vision 2030 prévoit, à terme, de
porter les actifs du PIF à 2 000
milliards de dollars. Le PIF acquiert en
juillet 2015 38% des parts de la société
sud-coréenne POSCO.
En juin 2016, le
PIF investit 3,5 milliards de dollars
dans Uber, soit l’équivalent de 5% des
parts de la société. Yasir Al Rumayyan,
le dirigeant du PIF, intègre le conseil
d’administration d’Uber, après avoir
signé un mémorandum d’entente en 2016
avec le japonais SoftBank en vue de la
création d’un nouveau fonds dédié aux
nouvelles technologies.
C – L’Abu Dhabi
Investment Authority (ADIA) est le plus
important Fonds Souverain au monde en
termes d’actifs sous gestion.
Créé par Zayed Ben Sultan Al Nahyane, le
24 Février 1977, l’ADIA est basée à Abou
Dhabi, le plus important des sept
émirats de la Fédération des Emirats
Arabes Unis. Chargé d’investir les
revenus pétroliers de l’émirats d’Abou
Dhabi, à travers le monde pour les faire
fructifier, ADIA est entièrement détenu
et gouverné par le gouvernement d’Abu
Dhabi et présidé par cheikh Khalifa Ben
Zayed Al Nahyane. Bien que le montant
exact de ses actifs n’ait jamais été
publié par ADIA, le fond gèrerait plus
de 875 milliards de dollars US d’actifs.
Le 26 novembre 2007, il a acheté, pour
7,5 milliards de dollars, 4,9 % de
Citigroup, la première banque américaine
et en devient le premier actionnaire
devant la Kingdom Holding Company du
prince Walid Ben Talal, qui en détient
4,3 %.
4 – Abou Dhabi,
en tête du peloton arabe pour l’énergie
atomique.
Contre toute
attente, les Émirats Arabes Unis se sont
hissés en tête du peloton pour
l’exploitation de l’énergie nucléaire
dans le Monde arabe. La centrale
nucléaire de Barakah, la première du
monde arabe, a en effet reçu le feu vert
pour son exploitation le 17 Février
2020.
«L’Autorité fédérale de régulation
nucléaire (FANR) a approuvé la
délivrance à l’entreprise Nawah de la
licence d’exploitation du réacteur 1 de
la centrale», a déclaré le représentant
permanent des Emirats à l’Agence
internationale de l’énergie atomique
(AIEA), Hamad Alkaabi, lors d’une
conférence de presse à Abou Dhabi.
Fondée en 2016,
Nawah Energy Company exploitera et
entretiendra, à terme, les quatre
réacteurs de la centrale de Barakah,
dans le nord-ouest du pays.
L’installation a été construite par un
consortium mené par Emirates Nuclear
Energy Corporation (ENEC) et le coréen
Korea Electric Power Corporation
(KEPCO), pour un coût estimé à
24,4 milliards de dollars
(22,5 milliards d’euros).
Le premier des quatre réacteurs devait
être mis en service fin 2017, mais la
date de démarrage a été reportée à
plusieurs reprises pour satisfaire,
d’après les responsables, aux conditions
légales de sécurité.
Lorsqu’ils seront pleinement
opérationnels, les quatre réacteurs
auront la capacité de produire 5.600
mégawatts d’électricité, soit environ 25
% des besoins des Emirats arabes unis,
qui compte une population de 9,3
millions d’habitants, dont environ 80 %
d’expatriés.
5 – Abou Dhabi:
Une nouvelle sparte en carton pâte.
Abou Dhabi qui se
veut une puissance spatiale et une
puissance atomique est en fait une
nouvelle sparte en carton pâte,
enregistrant revers sur revers tant en
Libye qu’au Yémen, au point de pratiquer
la fuite en avant comme mode de
gouvernement,comme en témoigne la
normalisation de ses relations
diplomatiques avec Israël, première
pétromonarchie du golfe à accomplir
cette démarche.
Abou Dhabi a
présenté cette décision comme étant la
contrepartie de la renonciation par
Israël à son annexion de la Cisjordanie,
mais intervenant le 13 Aout 2020, le
lendemain de la constitution du ticket
démocrate Joe Biden Kamala Harris à la
compétition présidentielle américaine,
la reconnaissance d’Israël par Abou
Dhabi est apparu comme une forme de
grenouillage diplomatique, une magouille
empaquetées avec de grosses ficelles
destinée à donner un coup de pouce à
Donald Trump, en perte de vitesse dans
les sondages à moins de trois mois des
élections présidentielles américaines.
Le plus riche des
sept émirats constituant la Fédération
des Emirats Arabes Unis (Abou Dhabi,
Doubai, Charjah, Ajmane, Foujeirah, Oum
el Gowein, Ras El Kheyma), Abou Dhabi
s’étend sur 82.888 km2 le long de la
péninsule arabique, sur le Golfe.
Abu Dhabi
Investment Authority dispose d’un
portefeuille d’actif dont la valeur est
estimé à 700 milliards de dollars, qui
le place parmi l’un des plus grands
fonds du Monde. Son sous-sol récèle 6
pour cent des réserves prouvées de
pétrole (98 milliards de barils) Il se
situe au 7eme rang pour les réserves de
gaz au monde avec 6.100 mètres cubes).
Depuis l’assassinat
de Jamal Khashoggi, il est considéré
comme le meilleur allié des Etats Unis
au sein des pétromonarchies du Golfe. Il
est engagé dans une grande coopération
avec la France tant sur le plan
militaire avec l’amenagement d’une base
aéro-terrestre à Abou Dhabi, que sur le
plan culturel (Louvre Abou Dhabi).
En superposition,
le Fonds souverain d’Abou Dhabi,
Mubadala, a décidé d’investir, en
Février 2020, un milliard d’euros dans
le nouveau fonds d’investissement
français, ainsi doté au total de 4
milliards d’euros.
Crée sous
l’autorité de la Banque d’investissement
française, Bpifrance, ce fonds devrait
garantir aux grandes entreprises
françaises cotées un actionnariat stable
et de long terme.
A – Une
cyberpuissance
Un des deux chefs de file de la contre
révolution arabe, Abou Dhabi s’emploie à
se doter d’un empire maritime avec la
possessions d’un chapelet de ports dans
la zone du Golfe (Doubai, Charjah) et
depuis la guerre du Yémen, Aden et l’Île
de Socotra.
L’Emirat d’Abou
Dabi s’est «fermement établi en tant que
cyber-puissance, utilisant ses
cyber-capacités non seulement à des fins
de sabotage et d’espionnage, mais aussi,
de plus en plus, à des fins de
subversion – c’est-à-dire en
transformant les récits en armes afin de
nuire à la société civile du
Moyen-Orient et d’Afrique du Nord»,
soutient Andreas Krieg.
Ainsi,
contrairement à la croyance populaire,
la politique étrangère des Émirats est
loin d’être laïque.
Son méta-récit de
«tolérance» et de «coexistence
religieuse» n’est pas seulement un outil
de soft power visant à dépolitiser
l’islam et à éroder l’islamisme dans la
région, mais sert également de coquille
– bien qu’intellectuellement vide– pour
promouvoir une forme d’islam
politiquement quiétiste.
Les Émirats arabes unis (EAU) ont
parfaitement saisi le pouvoir de la
religion et de l’idéologie pour
mobiliser ou démobiliser la société
civile dans le monde arabe. Leur
promotion du soufisme est tout sauf
laïque: elle sert de fondement
idéologique et religieux à leur
politique étrangère agressive dans la
région, estime par ailleurs cet
universitaire, professeur assistant au
département d’études de la défense du
King’s College de Londres et consultant
spécialisé dans les risques stratégiques
pour des gouvernements et des
entreprises au Moyen-Orient. Il a
récemment publié un livre intitulé
Socio-Political Order and Security in
the Arab World.
Pour aller plus
loin sur ce thème, cf: «les sinistres
objectifs de la croisade d’Abou Dhabi
contre l’Islam politique»
https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/les-sinistres-objectifs-de-la-croisade-dabou-dabi-contre-lislam-politique
B- Somaliland et
Puntland
Les Émirats arabes unis mènent une
diplomatie des ports et de la
canonnière, du Yémen à la Corne de
l’Afrique, cherchant à étendre leur
emprise jusque dans l’océan Indien.
Abou Dhabi a ainsi jeté son dévolu sur
la Somalie «état failli», dont plusieurs
provinces échappent au pouvoir central
de Mogadiscio. Le Somaliland est ainsi
devenu un partenaire extrêmement fort
des Émirats et plus récemment le
Puntland est entré dans son giron.
Les Émirats y
installent des bases militaires,
construisent des ports, s’implantent
économiquement et militairement dans ces
zones, ce qui irrite le gouvernement
central à Mogadiscio, proche du Qatar, à
l’arrière plan de la rivalité qataro-abou
dhabien.
Les Émirats sont
donc présents en Érythrée, à Djibouti,
au Soudan, dans une sorte de ruée sur la
Corne de l’Afrique, dont la Somalie est
le terrain de jeu de ces rivalités.
Mais ce micro
émirat qui se veut le Sparte du Monde
arabe, essuie défaite sur défaite,
malgré l’important soutien logistique de
la France, qui dispose à Abou Dhabi
d’une importante base aéroterrestre, et
l’appui des États-Unis, dont la marine
organise le blocus des ports yéménites
en vue de couper le ravitaillement
houthiste. En vain. Tant en Libye, où
Abou Dhabi soutient l’incompétent
général Khalifa Haftar, qu’au Yémen, où
il a accumulé les revers.
Au point de devenir
la risée des stratèges mondiaux, mais
une manne pour ses pourvoyeurs d’armes,
notamment les trois pays occidentaux
membres permanents du Conseil de
Sécurité de l’ONU (États Unis, Royaume
Uni et France).
Pour aller plus
loin sur Abou Dhabi
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