MADANIYA
Charlie Hebdo, un an après
René Naba
Mardi 5 janvier 2016
Le télescopage tragique
d’une double fuite : La fuite de la
République et la fuite des paumés de
l’Islam.
Paris – Le carnage de Charlie Hebdo a
fait l’effet d’un électrochoc tragique
et induit une réflexion de la France sur
elle-même, en ce que ce crime odieux est
la résultante d’un télescopage tragique
d’une double fuite :
- La fuite de la République
- La fuite des paumés de l’Islam
Paris-Bataclan, 13 novembre 2015,
11 mois plus tard est venu en
confirmation de cette lourde tendance.
Pour que le travail d’introspection
soit salutaire, il importe que les
composantes de la société française se
livrent à un devoir de vérité et ne se
limitent pas à un exercice de
flagellation ou d’autosatisfaction. Et
pour la caste relevant de la pensée
dominante de renoncer, particulièrement,
à une vision hémiplégique des choses, à
son discours disjonctif, variable en
fonction de ses intérêts qui ne
sauraient se confondre avec l’intérêt
national.
Les fuites de la
République
Une stratégie d’évitement
pédagogique
Le débat est cyclique sur une
thématique unique dans ses diverses
déclinaisons : le voile, la burqa, les
minarets, le rôle positif de la
colonisation. Comme une fuite en avant,
comme pour occulter l’essentiel, la
dette d’honneur de la France à l’égard
de ses immigrés, tant pour la défense de
son indépendance, -à deux reprises au
cours d’un même siècle, durant les deux
guerres mondiales, fait rarissime dans
l’histoire-, que pour leur contribution
au rayonnement de la France à travers le
Monde.
L’œuvre salutaire qu’il est prioritaire
d’initier est non un travail
d’exaltation chauvine propice à tous les
débordements, mais un travail de
«déconstruction» des mythes fondateurs
de la grandeur française, une lecture
fractale de l’histoire de France, afin
de fonder l’identité nationale sur une
connaissance concrète et non sublimée de
l’histoire nationale et de cimenter
l’unité nationale par la prise en compte
des diverses composantes de la
population nationale et non sur la
stigmatisation du métèque.
Là réside la racine du mal. Dans cette
stratégie d’évitement pédagogique qui
fait que l’enseignement de l’histoire
est biaisé et vise à magnifier les pages
glorieuses et à en gommer les pages
hideuses.
L’HISTOIRE D’UN PAYS EST L’ADN DE SA
NATION. Il serait absolument contre
productif d’en occulter les faits, si
hideux soient-ils, sous peine de
falsification et partant de
mystification et de fabulation.
Enseigner à minima l’épisode de la
répression sanglante de la commune de
Pairs 1870, œuvre de la République, mais
magnifier la Révolution française
(contre la Monarchie), malgré
l’épouvantable séquence de «La Terreur»
est immanquablement générateur d’un état
d’autosatisfaction permanente, d’un état
de lévitation intellectuelle
contre-productif. Un enseignement
générateur de chauvinisme en ce que «La
Commune de Paris» (17.000 tués, 43.522
arrestations et déportation, dont la
légendaire Louise Michel), exaltait
l’esprit de la Résistance et le refus de
la capitulation.
La capitulation qui est le trait
majeur des campagnes militaires
françaises du XIX et XX me siècle face
aux Anglais à Waterloo, en 1815, face à
l’Allemagne, en 1870, à Sedan, de
nouveau face à l’Allemagne nazie en Mai
1940, face au Vietnamiens, quinze ans
plus tard, Dien Bien Phu en 1955, soit
quatre capitulations en deux siècles. Du
jamais vu dans les annales de la
stratégie miliaire mondiale.
La promotion d’un Islam
d’inspiration wahhabite au détriment
d’un Islam consulaire
Au paroxysme de la guerre froide
américano-soviétique (1945-1990), en
pleine phase de décolonisation de
l’Afrique francophone, majoritairement
musulman, le bloc atlantiste a favorisé
la promotion d’un islam wahhabite au
détriment d’un islam consulaire, d’un
islam domestique. Le bloc atlantiste a
ainsi instrumentalisé l’Islam comme
frein à l’adhésion des jeunes
générations issues de l’immigration aux
structures contestataires de l’ordre
capitaliste (partis communistes,
syndicats) partant du faux principe
autocratique que l’Islam remplit une
fonction d’obéissance collective au
Prince qu’il soit juste ou injuste.
Levons l’ambiguïté : L’Islam n’a pas
conquis la France, c’est la France qui
s’est lancée à la conquête des pays
arabes et africains majoritairement
musulmans. L’Islam n’est donc pas un
produit du terroir français, à l‘instar
du christianisme, mais la conséquence
résiduelle du reflux d’empire. Le
produit dérivé de la turgescence
coloniale française et de son
excroissance ultra marine. Sans
colonisation, point de «burnous à faire
suer», ni de «bougnoule», ni «y a bon
banaia», ni de «chairs à canon». Pas de
«bicot», ni de «ratonnades», ni de
«délits de faciès», pas de «Code de
l’indigénat» ni de «Code noir», pas plus
que de «Venus callipyge», ni «Sétif», ni
«Thiaroye», ni «Sanaga», encore moins de
«territoires perdus de la République».
Et point d’Islam, à tout le moins dans
cette densité. «Le beurre l’argent du
beurre en plus du sourire de la
crémière», cela relève de la fable. Ou
d’un merveilleux contes de fée. De même
que le «fardeau de l’homme banc et sa
charge d’aînesse», un alibi destiné à
masquer la mégalomanie prédatrice.
Pour aller plus loin sur ce sujet, voir
à ce propos:
Dans le même ordre d’idées, levons
une autre ambiguïté: Ce n’est pas la
Syrie qui a déclaré la guerre à la
France et ce ne sont pas des Syriens qui
combattent la France par ailleurs
artisan du démembrement de la Syrie du
temps de son mandat sur le Levant.
Ceux qui combattent la France sont
des citoyens français expatriés en Syrie
par la campagne incitative médiatique
anti-Assad de la caste
politico-médiatique, et formatés au
djihadisme par les alliés objectifs de
la France.
Dans ce contexte, il eût été avisé de
placer cette nouvelle religion de France
en régime concordataire, plutôt que de
la laisser en jachère, à la merci du
borborygme du premier bédouin
pétrodollarisé. D’accompagner son
développement dans un sens adapté aux
réalités françaises. De surcroît, les
pays occidentaux auraient dû ne pas
omettre le fait que le donneur d’ordre
des prédicateurs de l’Islam européen
était formaté dans le moule wahhabite en
ce que l’Islam, pour leur clientèle
pétromonarchique et les autocraties pro
occidentales, fait office de repoussoir
au modèle démocratique en même temps
qu’un pourvoyeur d’une rente
sécuritaire.
Sous l’aile protectrice américaine,
avec le consentement européen, l’Arabie
saoudite a déployé la plus grande ONG
caritative du monde à des fins
prosélytes, à la conquête de nouvelles
terres de mission, dans la décennie
1970-1980, particulièrement l’Europe, à
la faveur du boom pétrolier et de la
guerre d’Afghanistan. Ce déploiement
arachnéen s’est développé par un usage
intensif de la politique du chéquier.
Le Royaume saoudien a ainsi dépensé
87 milliards de dollars au cours des
deux dernières décennies pour financer
le prosélytisme religieux selon le rite
wahhabite à travers le Monde, ciblant en
priorité le Pakistan, la puissance
atomique sunnite, officiellement pour
contrer l’accession de l’Iran au rang de
«puissance du seul nucléaire», précise
la revue «Middle East Monitor» dans son
édition de décembre 2015, dont la
version arabe est publiée par le journal
libanais «Al Akhbar». Pour un coût de
cinq millions de dollars, le royaume
saoudien a édifié des centres religieux
en Europe pour une superficie de 3.848
m2 à Melilla et Madrid (Epagne),
Lisbonne, Rome, Londres, Vienne, Genève
ainsi que Mantes La Jolie (région
parisienne), sans oublier l’acquisition
de chaires universitaires dans des
établissements de renommée
internationale:
- Chaire du Roi Fahd pour les
Etudes (Institut des Etudes
Orientales et Africaines à
l’Université de Londres.
- Chaire du Roi Abdel Aziz pour
les Études Islamiques à l’Université
de Californie.
- Chaire du Roi Fahd pour les
études de législation islamique à la
Faculté de droit de l’Université de
Harvard.
À lui seul, le Roi Fahd, l’homme par
excellence des Américains, avait alloué
une quote-part des royalties pétroliers
au financement du prosélytisme à travers
le Monde, de l’ordre de 1,8 milliards de
dollars par an, pendant vingt ans.
Pour aller plus loin sur ce
sujet :
La dévalorisation de l’enseignement
de la langue arabe
Une autre racine du mal réside dans
la dévalorisation de l’enseignement de
la langue arabe en France, où l’on ne
dénombre plus, depuis la décennie 1990,
qu’un seul Lycée dispensant cette langue
dans la région parisienne, le Lycée
Voltaire, dans le 10 me arrondissement
de Paris.
180 milliards de dollars de
capitalisation boursière des grandes
fortunes françaises se sont volatilisés
lors du krach boursier américain de 2008
du fait de leurs placements dans des
fonds spéculatifs (Maddof and Co) et 80
milliards d’euros prennent annuellement
le chemin des paradis fiscaux, soit
l’équivalent du budget de l’éducation
nationale. Un pactole soustrait ainsi à
la formation pédagogique citoyenne, à la
création d’emplois, à la réduction du
chômage endémique et à la fluidité
sociale. Des éléments qui constituent
autant de contre-feux à la frustration
sociale et au prosélytisme religieux. En
un mot à la tentation intégriste.
La réduction de l’enseignement
officiel de la langue arabe a conduit
bon nombre de Français d’origine arabe à
se réfugier dans les mosquées, les
instituts islamiques et les écoles
coraniques pour l’apprentissage de leur
langue maternelle et la «réappropriation
de la culture d’origine» par
l’acquisition du savoir de la religion
musulmane. Conséquence de cet ostracisme
la Mosquée et les clubs de sports sont
devenus le refuge ultime des
«ostracisés».
Le sport avec les pratiques nouvelle,
boxe thaï, et surtout les MMA pour
«Mixed Martial Arts», un sport tellement
violent qu’il est interdit par le
ministère des Sports, mais très infiltré
par les fondamentalistes religieux. Au
point que les clubs de sport font
désormais office de classes
préparatoires au djihadisme.
Pour aller plus loin sur ce sujet,
Cf. à ce propos: «L’implantation de
l’Islam en France, un champ religieux
fragmenté» par Haoues Séniguer, Maître
de conférences en Sciences Politiques
(Lyon), membre de l’ISERT (Institut
Supérieur d’Etudes des Religions et de
la Laïcité). Cahiers Français N° 389.
Il existe, certes, en période de
crise un affaissement du sens moral.
Mais ce phénomène s’est accentué en
France avec la disparition des grandes
matrices formatrices de la conscience
nationale, l’armée et l’école. L’armée
avec la suppression du service militaire
obligatoire; l’école avec la
multiplication des écoles privées, des
grandes écoles et autres instituts
spécialisés. De surcroît, la suppression
des grands débats télévisés, qui
constituaient une forme déguisée de
pédagogie politique, s’est accompagnée,
parallèlement, de la prolifération de
programmes développant une forme
d’individualisme basée sur la délation.
Loin d’inciter à la solidarité, Loft
Story, Koh Lanta développent une forme
d’individualisme effréné, du chacun pour
soi (chacun son beefsteak, selon la
formule consacrée). Et la délation, un
travers quasi national, avec la
traditionnelle existence des corbeaux
dans les provinces de France et la
délation du fait juif sous la France
vichyste.
L’instauration d’une forme déguisée de
service civique répondrait, dans le
contexte de l’après Charlie Hebdo, au
souci des pouvoirs publics de restaurer
une forme d’engagement collectif à
l’échelle nationale.
La France peut à juste titre magnifier
ses pages glorieuses, sans pour autant
occulter ses pages honteuses: La «Patrie
des Droits de l’Homme» est aussi la
Patrie du «Code Noir» de l’esclavage et
du «Code l’Indigénat».
Le pays du Code civil est aussi le
pays de la codification selon les
critères du Gobineau darwinisme, le pays
des expositions ethnologiques, les
fameux «zoos humains», de la Venus
Callipyge, de la cristallisation des
retraites des anciens combattants de
l’outre-mer et de la notation des
travailleurs coloniaux. Le pays de la
révolution, un soulèvement populaire
contre la monarchie, est aussi le pays
de la Commune de Paris, un soulèvement
populaire contre la République, ce
dernier épisode occulté de
l’enseignement de l’histoire car
s’agissant d’une révolte populaire
contre la République.
Les fuites des
paumés de l’Islam
Le bilan est éloquent: Les six «sales
guerres» de l’époque contemporaine sont
situés dans la sphère de l’Organisation
de la Conférence Islamique (Syrie, Irak,
Afghanistan, Somalie Yémen et Libye)
générant 600 millions d’enfants
musulmans pâtissant de la pauvreté, de
la maladie, des privations et de
l’absence d’éducation, alors que 12 pays
musulmans comptent le taux le plus élevé
de mortalité infantile et que 60 % des
enfants n’accèdent pas à la scolarité
dans 17 pays musulmans. (Cf à ce propos
Haytham Manna, président de l’Institut
Scandinave des Droits de l’Homme dans
son ouvrage «La Résistance civile,
contribution à l’auto-immunisation des
sociétés» -SIHR 2 ème édition 2015).
Le panorama se passe de commentaires:
La précarité économique avec son cortège
de marginalisation, de réclusion
sociale, de délit de faciès, de
délinquance, de récupération religieuse,
à l’arrière-plan d’une dynamique de
groupe sur des êtres fragilisés dans un
univers carcéral constituent autant de
facteurs de trébuchement, voire de
basculement.
En superposition avec une
infantilisation religieuse, sur fond de
démagogie et d’instrumentalisation de
l’islam comme arme de combat contre
l’athéisme soviétique (Afghanistan
1980-1989), puis contre les pays arabes
laïcs (Libye, Syrie) avec la complicité
des pays occidentaux (2011-2014) ces
facteurs ont fini par générer, au terme
d’une séquence houleuse d’un quart de
siècle, un être hybride, paumé de
l’Islam et paumé de la République,
djihadiste par filière de la
délinquance, un fou de Dieu, un zombie
criminogène.
En résonance avec une sournoise
campagne d’Islamophobie relayée au plus
haut niveau de l’état par des
expressions qui ont fait flores:-«bruits
et odeurs» (Jacques Chirac); «les
banlieues au karcher et les moutons dans
les baignoires» (Nicolas Sarkozy); Ou
encore, «l’équipe de France black black
black risée de l’Europe» (Alain
Finkielkraut), voire même «les Musulmans
tètent l’antisémitisme à leur
naissance», du même académicien
compulsif.
Avec son prolongement sur le versant
arabe de la Méditerranée, sur fond
d’autoritarisme absolu du pouvoir
politique, d’une forme de religiosité
niaise à soubassement démagogique, avec
son cortège de misère et le chômage de
masse de larges couches de la sphère
arabo musulmane, une conjonction qui en
fait des terreaux de l’islamisme.
35% des jeunes pâtissent du chômage et
le salaire mensuel d’un travailleur dans
le monde arabe est de l’ordre 150
dollars/mois, soit le salaire quotidien
d’un combattant de Da’ech (État
islamique).
Soit 30 fois plus avec une prime de
50 dollars pour chacune des 4 épouses et
de 30 dollars pour chaque enfant. De
quoi faire rêver, avec tous les
attributs de la puissance qui s’est
souvent confondue avec le machisme.
La guerre enrichit, avec son cortège de
rapine, et, constitue un puissant
propulseur de récit historique avec sa
dynamique d’exaltation, d’impunité, dont
l’apogée se concrétise dans l’immunité
de la puissance machique et sa
traduction concrète: le repos du
guerrier plus connu sous le vocable de
Djihad al Nikah.
Le fait musulman en
France et en Europe
Au-delà du débat récurrent sur la
compatibilité de l’Islam et de la
République, un fait s’impose, patent:
Les arabo-musulmans d’Europe constituent
le premier groupement ethnico
identitaire d’importance sédimenté hors
de la sphère européo centriste et judéo
chrétienne.
Socle principal de la population
immigrée malgré son hétérogénéité
linguistique et ethnique, -avec 20
millions de personnes, dont 6 millions
en France-, la communauté
arabo-musulmane d’Europe occidentale
apparaît en raison de son bouillonnement
-boutade qui masque néanmoins une
réalité- comme le 28 me État de l’Union
européenne.
Premier pays européen par l’importance
de sa communauté musulmane, la France
est aussi, proportionnellement à sa
superficie et à sa population, le plus
important foyer musulman du monde
occidental. Avec près de 7 millions de
musulmans, dont les 2/3 de nationalité
française, elle compte davantage de
musulmans que pas moins de huit pays
membres de la Ligue arabe (Liban,
Koweït, Qatar, Bahreïn, Émirats Arabes
Unis, Palestine, Îles Comores et
Djibouti). Elle pourrait, à ce titre,
justifier d’une adhésion à
l’Organisation de la Conférence
Islamique (OCI), le forum politique
panislamique regroupant cinquante-deux
États de divers continents ou à tout le
moins disposer d’un siège d’observateur.
La spécificité de
l’immigration en France : une
immigration de créance
N’en déplaise aux nostalgiques de
l’empire, là aussi, la vérité s’impose:
l’immigration basanée en France est une
immigration de créance, résultant d’un
tribut de sang, sans pareil dans les
annales, qui fait qu’à ce titre les
immigrés en France se doivent d’être
accueillis par la grande porte alors que
les instances du pays d’accueil veillent
constamment à leur faire prendre la
porte de service.
Qu’on en juge. La contribution
globale de colonies à l’effort de guerre
français pour la 1ère Guerre Mondiale
(1914-1918) s’est élevée à 555.491
soldats, dont 78.116 ont été tués et
183.903 affectés à l’arrière à l’effort
de guerre économique en vue de compenser
l’enrôlement de soldats français sur le
front.
Pour la Deuxième Guerre mondiale
(1939-1945): La première armée d’Afrique
qui débarqua en Provence (sud de la
France), le 15 août 1944, avait permis
d’ouvrir un deuxième front en France
après le débarquement du 6 juin 1944 en
Normandie.
Cette armée de 400.000 hommes, comptait
173 000 arabes et africains dans ses
rangs. De juin 1940 à mai 1945,
cinquante-cinq (55 000) Algériens,
Marocains, Tunisiens et combattants
d’Afrique noire furent tués. 25 000
d’entre eux servaient dans les rangs de
l’armée d’Afrique.
Durant la campagne d’Italie, marquée
par la célèbre bataille de Monte
Cassino, qui fit sauter le verrou vers
Rome, et, à ce titre, célébrer comme la
grande victoire française de la II me
guerre mondiale, sur les 6.255 soldats
français tués, 4.000, soit les deux
tiers, étaient originaires du Maghreb et
parmi les 23.5000 blessés, 15.600, soit
le tiers, étaient du Maghreb.
Ainsi donc, cinq siècles de
colonisation intensive à travers le
monde n’ont pas encore banalisé la
présence des «basanés» sur le sol
français. De même treize siècles de
présence continue matérialisée par cinq
vagues d’émigration n’ont pas conféré à
l’Islam le statut de religion autochtone
en France où le débat, depuis un
demi-siècle, porte sur la compatibilité
de l’Islam et de la République, comme
pour conjurer l’idée d’une agrégation
inéluctable aux peuples de France de ce
groupement ethnico-identitaire, le
premier d’une telle importance sédimenté
hors de la sphère européocentriste et
judéo-chrétienne
La France, le seul
grand pays européen à l’articulation
majeure des deux grands fléaux de
l’Occident de l’époque contemporaine, la
traite négrière et l’extermination des
Juifs
«La politique arabe de la France» que
Nicolas Sarkozy a cherché à déconstruire
avec le soutien actif des transfuges
atlantistes, notamment Dominique Strauss
Khan, l’ancien Directeur du Fonds
Monétaire International et Bernard
Kouchner, l’ancien urgentiste des zones
pétrolifères (Biafra, Kurdistan,
Darfour, Gabon et Birmanie), a surtout
consisté pour les pays arabes à voler au
secours de la France, à deux reprises,
au cours du XX me siècle.
Pour l’aider à vaincre ses ennemis,
notamment en 1939-1945, en l’aidant à se
débarrasser du joug nazi dont une
fraction importante de la communauté
nationale de confession juive en a
lourdement pâti.
En contrepoint et pour prix de la
contribution arabe à la libération de
l’Alsace-Lorraine, la France a amputé la
Syrie du district d’ Alexandrette pour
le céder à la Turquie, son ennemi de la
Première Guerre Mondiale (1914-1918).
Récidiviste, elle carbonisera au napalm
les habitants de Sétif, en Algérie,
(1945), après la deuxième Guerre
Mondiale (1939-1945) fournissant dans la
foulée à Israël la technologie nucléaire
du centre de Dimona (Néguev).
Si Nicolas Sarkozy a pu présider un
pays se rangeant dans le camp de la
Démocratie, il le doit certes aux «Croix
Blanches» des cimetières américains de
Normandie, mais au sacrifice aussi des
quelques cinq cent mille combattants du
Monde arabe et africain qui ont aidé la
France à se libérer du joug nazi, alors
qu’une large fraction de la population
française pratiquait la collaboration
avec l’ennemi.
Cinq cent mille combattants pour la
Première Guerre mondiale (1914-1918),
autant sinon plus pour la Deuxième
Guerre mondiale (1939-1945), il n’était
pas question alors de pistage génétique,
de «test ADN» ou d’ «immigration
choisie» pour leur enrôlement, de «seuil
de tolérance», mais de sang versé à
profusion pour une guerre qui se
présentait pour eux comme «une querelle
de blanc».
Justifier le refus de se livrer à un
«devoir de vérité» -les Algériens n’ont
jamais parlé de repentance-, au prétexte
qu’il y avait des Français qui avaient
aimé l’Algérie et qui y ont fait de
belles choses, constitue sinon de
l’ignorance, à tout le moins de la
mauvaise foi, ou, plus grave, une
monstruosité.
S’il est vrai que des Français ont
aimé l’Algérie, ils n’ont pas pour
autant nécessairement aimé les
Algériens. Pour preuve le Code de
l’Indigénat qui s’est appliqué pendant
cent ans à la population autochtone,
c’est à dire à la population originelle
du pays. De même que le «Code Noir» pour
l’Afrique, le «Code de l’indigénat» la
plaçait en état de servilité.
Du jamais vu dans l’histoire
coloniale mondiale. Certes les colons
ont aussi fait de belles choses en
Algérie. D’abord pour eux-mêmes,
rarement pour la population autochtone
qui n’y a eu accès que d’une manière
parcimonieuse. Quant aux belles
réalisations: tous les dictateurs en
comptent à leur actif. Hitler de même
que Mussolini ont lancé de grands
projets d’infrastructure, sans pour
autant que cela ne les exonèrent de
leurs turpitudes, tant sur le plan moral
que politique ou juridique.
L’argumentaire sarkoziste n’est donc pas
recevable.
N’en déplaise aux intellectuels de
cour, les trois grandes figures
tutélaires du XX me siècle pour leur
contribution à la morale universelle
auront été, faut-il le rappeler, trois
personnalités du tiers monde colonisé,
le Mahatma Gandhi (Inde), Nelson Mandela
(Afrique du Sud), et, pour l’espace
francophone, le Martiniquais Aimé
Césaire, trois apôtres de la
non-violence, une consécration qui
retentit comme un camouflet pour les
pays occidentaux avec leur cortège de
nazisme, de fascisme, de totalitarisme
et d’esclavagisme.
Et, pour douloureuse qu’elle puisse
être pour notre amour propre national,
force nous est de relever que la France,
en contrechamps, aura été le seul grand
pays européen à l’articulation majeure
des deux grands fléaux de l’Occident de
l’époque contemporaine, «les penchants
criminels de l’Europe démocratique», la
traite négrière et l’extermination des
Juifs. Contrairement à la Grande
Bretagne qui a pratiqué la traite
négrière exclusivement, sans aucunement
participé à l’extermination des Juifs,
contrairement même à l’Allemagne qui a
conçu et réalisé, elle, la solution
finale de la question juive, mais sans
participation à la traite négrière.
Le devoir de vérité ne constitue donc
pas, selon une analyse chauvine, une
pantalonnade assimilable «aux sanglots
de l’homme blanc», mais un devoir de
courage moral.
Dans ce contexte, il convient
d’admettre que si la question juive
revêt une importance particulière en
Europe, c’est principalement en raison
du fait que les deux pays qui passaient
pour les plus civilisés de l’époque
-l’Allemagne et la France- ont massacré
leurs propres concitoyens du fait de
leur origine ethnico-religieuse. Osons
l’affirmation : Si les Juifs avaient été
des Iroquois d’Amérique du Nord, des
Aztèques, des Incas, des Guaranis
d’Amérique latine, ou encore des
Zoulous, des Bassas-Bamilékés, des
Songhaïs ou des Soninkés d’Afrique voire
même des Arabes, particulièrement des
Palestiniens, gageons que l’Occident
n’aurait jamais sanctuarisé ce problème.
L’orchestration d’une concurrence
mémorielle sur des sujets de grandes
souffrances ne relève pas de la
victimologie. Elle révèle la pathologie
de son auteur.
Ne pas transposer le
conflit israélo palestinien en France
Machiavélisme éhonté, Nicolas
Sarkozy, du temps où il était ministre
de l’intérieur, choisira comme
conseiller exclusif pour la
neutralisation des troubles des
banlieues françaises, en 2005, non son
collègue américain, habitué des
violences des ghettos noirs d’Amérique,
mais Avi Dichter, ministre israélien de
la Sécurité publique, celui-là même qui
est en charge de la répression de
l’Intifada palestinienne dans les
territoires sous occupation israélienne,
transposant dans l’ordre symbolique,
volontairement, le conflit
israélo-palestinien sur le territoire
national.
Dans une démarche à portée
démagogique, à connotation
électoraliste, il s’assurera, en
récidiviste, la collaboration d’un
ancien réserviste de l’armée
israélienne, Arno Klarsfeld, en tant que
conseiller, tant sur la définition du
«rôle positif» de la colonisation que
pour la régularisation des sans-papiers.
Curieuse façon de promouvoir la
laïcité, un des principes cardinaux de
la République française, en assurant la
promotion d’un homme ayant réclamé une
nationalité étrangère, en l’occurrence
israélienne, par conviction religieuse.
Non moins curieuse façon d’assurer la
visibilité et la crédibilité de la
diplomatie française en s’assurant les
services de réserviste israélien, un
pays en guerre contre des pays amis de
la France, le Liban et la Palestine.
Sans parler de DSK, «je m’interroge
tous les jours sur ce que je peux faire
pour la grandeur d’Israël» (et non de la
France), ni de Manuel Valls, lié de
«manière éternelle à Israël» et non à la
France, ce qui pose le problème de la
dualité d’allégeance des dirigeants
français. Curieuse façon de promouvoir
la démocratie et l’égalité lorsque l’on
songe à la connivence honteuse de la
France tant dans sa branche
néo-gaulliste que socialiste avec la
frange la plus extrême de
l’obscurantisme régressif des pays parmi
les plus répressifs de la planète.
Les interrogations sont réelles et
fondées, mais par leur déclinaison
répétitive (problème de la compatibilité
de l’Islam et de la Modernité,
compatibilité de l’Islam et de la
Laïcité, identité et serment
d’allégeance au drapeau), les variations
sur ce thème paraissent surtout renvoyer
au vieux débat colonial sur
l’assimilation des indigènes, comme pour
démontrer le caractère inassimilable de
l’Islam dans l’imaginaire européen.
Comme pour masquer les antiques
phobies chauvines, malgré les
copulations ancillaires de l’outre-mer
colonial; malgré le brassage survenu en
Afrique du Nord et sur le continent
noir, Malgré le mixage démographique
survenu notamment au sein des anciennes
puissances coloniales (Royaume-Uni,
France, Espagne, Portugal et Pays Bas)
du fait des vagues successives des
réfugiés du XX me siècle d’Afrique,
d’Asie, d’Indochine, du Moyen-Orient et
d’ailleurs malgré les vacances
paradisiaques des dirigeants français à
l’ombre des tropiques dictatoriaux.
Comme pour dénier la contribution des
Arabes à la Libération de la France; Le
rôle de la Libye et de l’Irak de soupape
de sûreté à l’expansion du complexe
militaro-industriel français avec leurs
«contrats du siècle», en compensation du
renchérissement du pétrole consécutif à
la guerre d’octobre (1973). Comme pour
dénier le rôle supplétif des djihadistes
islamistes sous tutelle occidentale en
tant que fer de lance du combat dans
l’implosion de l’Union soviétique, dans
la décennie 1980, en Afghanistan, puis
dans l’implosion de la Yougoslavie
(Bosnie et Kosovo), dans la décennie
1990, enfin dans l’implosion de la Libye
et le démembrement du Soudan, de la
Syrie et du Yémen, dans la décennie
2010.
Un douloureux
travail d’adaptation au principe de
réalité : L’Afrique, le fardeau de
l’homme blanc ? Ou plutôt La France,
fardeau de l’homme noir ?
En ces temps de cicatrisation post
Charlie Hebdo, Télé-université s’est
livré à un sondage insolite portant sur
le quotient intellectuel des peuples de
la planète. Un sondage établi selon des
critères exclusivement ethno-centristes,
sans tenir compte des expériences de
l’histoire.
Une posture de mépris qui nous
renvoie à la hideuse pratique de la
notation des travailleurs coloniaux de
l’entre deux guerre mondiale, où le
glorieux Ho Chi Minh (indochinois à
l’époque) a eu droit à une note de 3 sur
20, avant d’infliger une lourde défaite
à la France à Dien Bien Phu, tout comme
les Algériens dans leur guerre
d’indépendance (1) (1954-1960)
Purger les non-dits de la conscience
française, purger les scories de la
mémoire française, telles pourraient
être les missions prioritaires des
Français. D’’admettre, en un mot, que la
France a aussi été le fardeau de l’homme
Noir (2); Que l’immigration basanée est
une immigration de créance à l’égard de
la France; Que les bienfaits de sa
civilisation comportait aussi une part
de méfait, afin d’opérer enfin un
douloureux travail d’adaptation au
principe de réalité et de mettre un
terme à sa lévitation permanente si
préjudiciable à son renom.
La France s’affiche volontiers
révolutionnaire, mais se révèle, en
fait, profondément conservatrice. Alliée
des deux grands plus colonisateurs de la
planète, Israël et l’Arabie saoudite,
deux pays, de surcroît, à soubassement
théocratique, en contradiction avec la
laïcité française, cette France-là du
«triptyque républicain» se doit d’opérer
un retour sur soi pour purger la
schizothymie qui l’habite.
La politique occidentale en direction
du Moyen orient a généré une virulente
islamophobie doublée d’une arabophobie
provoquant un épouvantable et dramatique
chassé-croisé: 10.000 djihadistes
d’Europe ont rallié les groupements
djihadistes pour des combats en Syrie et
en Irak, alors que, parallèlement plus
d’un million de Syriens et d’Irakiens
ont cherché à gagner l’Europe pour y
trouver refuge.
Pour aller plus loin sur ce
thème:
La capitulation de Sedan face à
l’Allemagne en 1870-71 a donné naissance
à la III me République, la capitulation
de Montoir face à Hitler en 1940 à la IV
me République (1946), celle de Dien Bien
Phu et d’Algérie en 1955, à la V me
République (1958), avec leurs cortèges
de grandes institutions: Sedan à la
création de «sciences po», l’Institut
des Études Politiques de Paris et
Montoir à la fondation de l’ENA, l’École
Nationale d’Administration (1945).
Le pays des «grandes écoles», des
concours pépinières des élites, des
scribes et des clercs, ne tolère pas de
retour sur son passé. Il ne conçoit que
les perspectives d’avenir. Jamais de
rétrospectives, toujours des
prospectives. Une fuite en avant ? La
fuite comme mode de gouvernement ?
Jusqu’à quand ? Jusqu’où ?
«Si une France de 45 millions
d’habitants s’ouvrait largement, sur la
base de l’égalité des droits, pour
admettre 25 millions de citoyens
musulmans, même en grande proportion
illettrés, elle n’entreprendrait pas une
démarche plus audacieuse que celle à
quoi l’Amérique dut de ne pas rester une
petite province du monde anglo-saxon»,
prophétisait, déjà, en 1955, Claude
Lévi-Strauss (Tristes tropiques) en un
saisissant résumé de la problématique
post coloniale dans laquelle se débat la
société française depuis un demi-siècle.
Du désastre de Suez
au désastre de Damas ou du bon usage de
«Munich et des sudètes de
Tchécoslovaquie»: «Le changement, c’est
maintenant» ?
Munich
Damas est en fait le vieux remake du
mauvais film de Suez. MUNICH: Seul pays
au Monde à faire un usage intensif de ce
terme pour stigmatiser ce qu’il
considère être «le défaitisme» des
adversaires de sa politique, «Munich» et
par extension «Munichois», est en fait
l’apanage du socialisme français. Son
arme de destruction massive pour
neutraliser toute critique à son égard.
Harlem Désir, en la matière, n’est en
fait que le piètre successeur de Guy
Mollet, le dernier premier ministre
socialiste de la IV République, l’homme
de Suez et d’Alger, -beau palmarès-, qui
avait brandi cet argument pour
disqualifier les opposants à l’agression
tripartite de Suez, en 1956, contre
Nasser. 57 ans après, Harlem Désir nous
ressert la même rengaine. Le changement,
c’est maintenant. Vraiment ?
Dans la terminologie de l’époque,
l’«expédition punitive» anglo-franco-israélienne,
-menée, faut-il le souligner, par les
deux puissances coloniales de l’époque
en association avec leur pupille
israélien-, devait châtier le
«Bikbachi». Terme de l’ordonnancement
militaire ottoman équivalant au grade de
Colonel, le Bikbachi Nasser sera ainsi
désigné à la vindicte publique comme le
nouvel Hitler de l’après-guerre, sous le
vocable de Rayïss, que l’on faisait
rimer dans le subconscient européen avec
le Reich. Le 2eme Hitler arabe sera
naturellement Yasser Arafat, le chef de
l’Organisation de Libération de la
Palestine. Figure de croquemitaine dans
l’imaginaire occidental, l’Arabe,
surtout lorsqu’il est porteur d’une
revendication nationaliste, est un
Hitler en puissance, quand bien même les
Arabes et les Africains (chrétiens et
musulmans) ont été parmi les principaux
pourvoyeurs de «chairs à canon» pour la
libération de la France, à deux reprises
en un même siècle, phénomène rarissime
dans l‘Histoire.
De Gamal Abdel Nasser (Égypte) à
Mohammad Mossadegh, à l’Ayatollah
Ruhollah Khomeiny et Mahmoud Ahmadinejad
(Iran) en passant par Yasser Arafat et
Cheikh Ahmad Yassine (Palestine), à
Moqtada Sadr (Irak) et Hassan Nasrallah
(Liban), tous ont eu l’honneur d’assumer
cette fonction sans que jamais personne
n’ait songé à établir un lien entre
l’arrogance occidentale et la
radicalisation des contestataires de sa
suprématie.
De la Guerre d’Espagne, dans la décennie
1930, où les brigades internationales
ont été le fait des communistes, à
l’Algérie où les ratonnades de Robert
Lacoste résonnent encore dans les
mémoires, à l’Égypte où les canonnades
de Guy Mollet prétendaient «punir» comme
de juste Nasser pour avoir récupéré le
canal de Suez, en soustrayant au grand
capital l’unique richesse nationale de
l’Égypte. Munich, spécialité française,
est d’autant plus vigoureusement brandie
que les socialistes, plutôt répressifs
en ce domaine, qu’ils n’ont jamais
apporté le moindre soutien aux guerres
de libération du tiers-monde.
Alors Harlem Désir ? Munichoise, la
Chambre des Communes qui a infligé une
retentissante leçon de démocratie à la
France en refusant de bombarder la Syrie
? Munich, Barack Obama, qui a jugé plus
conforme à l’éthique démocratique de
prendre l’avis des représentants de la
nation ?
Munich, l’Inde qui a vaincu le
colonialisme par la non-violence ?
Munich, l’Afrique du Sud qui triomphé de
la ségrégation raciale par une
réconciliation nationale et non par la
stigmatisation ?
Munich, le Pape François qui prie pour
la paix en Syrie quand le Mufti de
l’Otan, le prédicateur millionnaire du
Qatar, Youssef Al Qaradawi, supplie que
la Syrie soit bombardée par ces anciens
colonisateurs ?
Munich à la manière de Guy Mollet, comme
en 1956… Le changement, c’est maintenant
? Ou tout bonnement Harlem Désir, tête
brûlée pour une politique de terre
brûlée ?
Les Palestiniens,
Les Sudètes du XXI me siècle
Dans sa démarche vis-à-vis de la
Syrie, François Hollande, nous avait
chuchoté le quotidien Le Monde jamais
avare de confidence dès lors qu’il
s’agit d’épauler le pouvoir socialiste
au point de lui servir d’amplificateur
médiatique et de relais diplomatique,
est hanté par le précédent de la
Tchécoslovaquie et le sort des Sudètes
(1938) qu’Hitler absorba sans crier gare
du fait de la passivité européenne,
résultante des accords de Munich.
Le conditionnement idéologique est tel,
la servitude intellectuelle si forte que
les ravages de la pensée socialiste
paraissent incommensurables.
Ainsi Laurent Fabius, qui passe pour
être l’un des esprits les plus brillants
de la République, a préconisé avec
morgue et suffisance d’armer
l’opposition syrienne pour établir une
parité militaire et créer les conditions
équilibrées à une négociation avec le
pouvoir syrien. Il suggère de même une
action énergique en vue de favoriser le
retour des réfugiés syriens dans leur
pays.
Préoccupation humanitaire légitime qui
aurait pu honorer son auteur si elle
s’était accompagnée d’une requête
similaire concernant les Palestiniens,
dépouillés, exilés et déplacés, eux,
depuis soixante ans… Les Sudètes du XXI
è siècle.
En filiation directe avec le socialiste
Guy Mollet et son expédition de Suez de
sinistre mémoire (octobre 1956), le
pouvoir français, un demi-siècle plus
tard, sans tenir compte des
enseignements de sa folle équipée, s’est
placé en pointe dans la campagne
médiatique incitative contre le
président syrien Bachar Al Assad,
faisant preuve en la matière d’une
appétence extraordinairement aiguisée
envers des équipées punitives à
l’encontre du Monde arabe. Un véritable
prurit belligène irrépressible.
Pour un 1% de croissance le
pouvoir français dans sa double
composante sarko hollandaise a vendu son
âme au diable, les régimes les plus
antinomiques de la démocratie.
Se positionnant en allié objectif des
djihadistes, il a transformé Paris en un
vaste cimetière, et, par son laxisme
moral, la France en passoire djihadiste.
En toute impunité pour les dirigeants.
Cette politique aberrante a révélé, par
contrecoup, la déliquescence morale de
ses élites, la désagrégation
intellectuelle de sa caste
politico-médiatique vénale,
particulièrement l’inconsistance
palpable de ses islamophilistes, un
chancre de la pensée stratégique
française.
Illustration des dérives mentales de
la classe politique française, sur fond
de présupposés idéologiques, la France,
qui a compté le plus grand nombre
d’otages au Monde détenus par le
djihadisme sunnite -et non chiite- qui
compte par ailleurs le plus grand nombre
de victimes du djihadisme sunnite, -et
non chiite- s’appliquera à obtenir,
paradoxalement, l’inscription de la
branche militaire du Hezbollah sur la
liste noire de l’Union Européenne, en
juin 2013. Elle veillera soigneusement
en revanche, à éviter l’inscription sur
la liste Jabhat An Nosra, la filiale
syrienne d’Al Qaida «qui fait du bon
boulot en Syrie», selon l’expression de
Laurent Fabius, diplomate en chef des
socialistes néo conservateurs français.
Une incohérence due sans doute à l’effet
de la «rationalité cartésienne».
Une guerre de civilisation, selon
l’expression du premier ministre Manuel
Valls, se mène et se gagne dans la
clarté. Elle présuppose, au préalable,
de mener sa propre guerre contre sa
propre duplicité et ses propres
turpitudes.
Références
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Reçu de René Naba pour publication
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