Vu du Droit
La magistrature à Emmanuel Macron :
« qui t’a fait roi ? »
Régis de Castelnau

Lundi 26 octobre 2020 Le travail
entrepris cet été afin de rédiger un
livre exposant et documentant l’analyse
que j’ai fait du fonctionnement du
système judiciaire français au service
d’Emmanuel Macron, s’est révélé être
beaucoup plus important que ce que
j’imaginais au début. L’ouvrage paraîtra
d’ici trois semaines et sera copieux
puisqu’il approchera me dit l’éditeur
les 600 pages…
Nous allons
pouvoir reprendre des publications plus
régulières qu’elles soient d’ailleurs
écrites ou en vidéo. Autour des
problématiques étudiées dans le livre,
mais pas seulement.
Nous publions
aujourd’hui quelques réflexions sur des
événements qui se sont produits il y a
quelques jours et qui montrent nous
semble-t-il que la magistrature
française politisée apporte un soutien,
moins à la personne d’Emmanuel Macron,
qu’au système qu’il l’incarne.
« Qui t’a fait roi
? »
Les deux derniers
attentats terroristes, celui perpétré
par un ressortissant pakistanais devant
les anciens locaux de Charlie hebdo, et
la décapitation du malheureux Samuel
Paty ont encore posé avec crudité la
question de l’attitude globale de la
magistrature dans le traitement d’un
certain nombre d’affaires. Concernant le
ressortissant pakistanais, celui-ci agit
de plus de 25 ans prétendant être mineur
avait sollicité d’être pris en charge
par les services départementaux de
l’Aide Sociale à l’Enfance. Les services
ayant refusé cette prise en charge
compte-tenu de l’âge évident du
demandeur, elles y furent contraintes
par une décision d’un juge refusant
d’ordonner le test osseux qui aurait
permis de dévoiler l’escroquerie.
Adoptant en cela la position du Syndicat
de la Magistrature qui a pris position
contre le principe même de ces mesures
permettant d’éviter ce qui s’apparente
tout de même à un détournement de fonds
publics. Concernant l’assassinat de
Samuel Paty, c’est la décision du juge
délivrant, contre l’avis de la
commission, le statut de réfugié
politique au père du futur djihadiste.
Chacune de ses deux décisions n’a pas de
lien direct avec le passage à des
criminels mais caractérise une attitude
générale où un certain nombre de
magistrats rende leurs décisions sur la
base de leurs préjugés politiques.
Cette situation
n’est malheureusement pas nouvelle. Il y
a unetrentaine d’années, le pouvoir
judiciaire a décidé de s’émanciper du
pouvoir exécutif et d’acquérir une
indépendance dont pour des raisons
historiques il ne disposait pas. Les
épisodes de l’occupation et de la guerre
d’Algérie en étant la démonstration. Ce
fut d’abord un combat contre les
politiques dans une alliance avec la
presse. Puis, cette émancipation, cette
obtention de l’indépendance a de façon
très paradoxale abouti au contraire de
ce que cette indépendance doit apporter.
Celle-ci est en effet le levier
permettant d’obtenir l’impartialité du
juge du siège. Cette culture de
l’impartialité est faible dans notre
magistrature, comme l’a illustré la
lamentable affaire du « mur des cons ».
Je dirais même que la partialité est
quasiment revendiquée dans certaines
circonstances. Depuis une quinzaine
d’années Il est difficilement
contestable que le corps des magistrats
penche politiquement du côté du parti
socialiste d’abord puis de celui
d’Emmanuel Macron.
Et force est de
constater que depuis l’arrivée de
celui-ci au pouvoir, le soutien de la
magistrature ne lui a pas été compté.
Mais ne faut pas se
tromper, le nouveau président de la
république n’a pas eu besoin
d’instrumentaliser lui-même directement
la justice à des fins politique, le
corps des magistrats s’est mis
spontanément à son service pour des
raisons d’intérêt de classe sociale et
d’intérêt de corps. Il l’a fait, d’abord
en liquidant judiciairement François
Fillon, favori de la présidentielle.
Ensuite, une fois Emmanuel Macron
installé au pouvoir, en poursuivant ses
adversaires politiques, en ménageant
soigneusement ses amis, et en assurant
une répression de masse sans précédent
contre les gilets jaunes et les autres
mouvements sociaux.
Alors
l’affrontement violent auquel on assiste
cet automne, entre Éric Dupond Moretti
et la magistrature pourrait-il faire
penser que Macron aurait-il commis une
erreur tactique en le nommant des Sceaux
?
L’image de la
magistrature dans l’opinion étant
calamiteuse, peut-être a pensé
nécessaire en nommant EDM de prétendre
qu’on allait remettre un peu d’ordre.
Mauvaise pioche, puisque cette
nomination en forme de provocation
s’apparentait au rappel à l’ordre que
lança Hugues Capet à Adalbert de
Périgord qui refusait de lever le siège
de Tours : « qui t’a fait Comte ? » Ce à
quoi le Comte insolent répondit : « qui
t’a fait roi ? ». C’est exactement ce
que la magistrature française, ulcérée
de la nomination de Dupond Moretti place
Vendôme, a fait à deux reprises la
semaine dernière au président de la
république.
Il y a eu d’abord
le rodéo judiciaire géant avec les cinq
perquisitions simultanées des ministres
de Macron à leur domicile. La
perquisition qui est un acte
d’instruction particulièrement violent,
était en la circonstance techniquement
inutile dans ces dossiers, et n’a pu
être organisée et réalisée que par la
haute fonction publique judiciaire.
Celle qui dirige la révolte de
l’ensemble du corps des magistrats
contre la nomination d’Eric Dupond
Moretti et sa volonté de voir certains
magistrats dévoyés rendre des comptes.
Il y a ensuite, ,
la nouvelle mise en examen de Nicolas
Sarkozy dans un dossier parfaitement
creux, et qui dure depuis neuf ans.
Le message est
clair, la magistrature dit au pouvoir
exécutif que c’est elle qui tient le
manche de la violence légitime, qu’elle
n’a de compte à rendre à personne, et
qu’il a intérêt à filer doux.
Car il faut bien
comprendre que le ralliement de ce corps
particulier s’est fait au profit système
Macron et non particulièrement à sa
personne.
Cette politisation
assumée, voire revendiquée est
particulièrement grave par la menace que
tout cela fait peser sur le
fonctionnement démocratique des
institutions de la République. En effet,
on peut légitimement craindre que le
poids politique dont dispose désormais
la justice pénale soit utilisé pour
fausser la prochaine élection
présidentielle. Le précédent de
l’affaire Fillon, est là pour en
rappeler la possibilité. Et personne ne
devrait être surpris si pendant la
période qui conduit au scrutin, des
candidats dangereux en termes électoraux
pour Emmanuel Macron et son système, se
trouvaient brutalement confrontés à des
procédures pénales médiatisées.
On connaît la
citation attribuée à Richelieu : «
Donnez-moi six lignes écrites de la main
du plus honnête homme, j’y trouverai de
quoi le faire pendre. » Sans aller
jusque-là, mises en cause
spectaculaires, violations répétées du
secret de l’instruction, utilisation des
médias moutonniers, François Fillon et
les Français sont bien placés pour
savoir que cela peut arriver, et fausser
une élection. Il y a également la
crainte d’interventions judiciaires
postérieures à une victoire électorale
qui aurait vu l’arrivée au pouvoir d’un
camp considéré comme néfaste à ses
intérêts de classe et de corps par la
magistrature. Qui, ayant tourné le dos à
ses devoirs d’impartialité et de
neutralité, céderait la tentation de
regagner dans les prétoires ce qui
aurait été perdu dans les urnes.
N’y aurait-il pas
là un lourd danger pour la démocratie ?

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