Vu du Droit
Système Macron : quand tombent les
masques
Régis de Castelnau

Mercredi 5 février 2020
Natacha Polony a raison qui nous dit
que l’affaire Mila est un assez
extraordinaire révélateur. Sans revenir
en détail sur les faits, on va quand
même rappeler que la jeune fille a été
victime d’agressions sexistes,
homophobes et racistes de la part
d’internautes se plaçant pour l’insulter
sous l’autorité d’Allah. Dès ce
moment-là, une rafale d’infractions
pénales suscitant en réponse, l’usage
justifié d’une liberté fondamentale.
Rappelons au passage qu’elle a été moins
vulgaire qu’un des pitres de France
Inter, radio de service public payée par
les citoyens, chantant que « Jésus étant
pédé, il fallait l’enculer ». L’usage de
cette liberté fondamentale entraînant un
massif et terrifiant lynchage comportant
à nouveau sexisme, homophobie et racisme
et surtout, nouvelle délinquance de
masse avec des menaces de mort dont on
sait que s’agissant de l’islam il ne
faut pas les prendre à la légère. Tout
le monde sait les conséquences,
déscolarisation, protection policière
pour la famille de Mila, vie bouleversée
et saccagée.
Force est de
constater à quel point, dans ces
quelques jours les masques sont tombés.
Tout d’abord à tout seigneur tout
honneur l’État qui envoie sur les
plateaux sa Garde des Sceaux socialiste
qui en profite pour rétablir le délit de
blasphème. Après avoir demandé à un
procureur d’ouvrir une enquête
préliminaire scandaleuse contre la
victime. Un État qui s’avère incapable
de faire respecter la loi et d’apporter
aux citoyens de ce pays la sécurité à
laquelle ils ont droit. Incapable
d’assurer à la jeune Mila une
scolarisation pourtant obligatoire,
incapable d’assurer sa sécurité et celle
de sa famille autrement qu’en
l’entourant de gardes armés (!).
Incapable d’assurer une répression sans
faiblesse des centaines d’infractions
commises puisqu’encore aujourd’hui,
alors qu’il faut ne faudrait que
quelques minutes pour identifier les
auteurs, il n’y a eu aucune arrestation,
aucune garde à vue, aucun déferrement,
aucune comparution immédiate. La justice
est autrement diligente dès lors qu’il
s’agit de réprimer férocement le
mouvement social.
Le masque de la
fausse gauche qui va des gros bataillons
socialistes qui entourent Macron
jusqu’aux gardes rouges du capital à la
Poutou en passant par les associations
LBGT et antiracistes a été lui aussi
arraché. Leur silence de mort en dit
long sur leur lâcheté et sur la valeur
de leurs pseudos engagements. On tirera
quand même sur quelques ambulances qu’il
faudrait aiguiller sur la route de la
décharge où l’on vide les poubelles de
l’histoire. Ségolène Royal insultante et
méprisante avec Mila en raison de son
jeune âge après avoir elle-même portée
Greta Thunberg au pinacle, Fabien
Roussel macroniste en diable, avec son «
en même temps » et son accord avec
Belloubet pour rétablir le délit de
blasphème, Caroline de Haas muette sur
le cas de Mila et pleurnichant sur son
propre sort sur Twitter. Arrêtons-nous
là, il y en aurait tant.
Mais lorsque l’on y
regarde de plus près, il n’y a pas que
l’affaire Mila. Force est de constater
que le macronisme est globalement un
étonnant outil de dévoilement de ce que
sont devenus l’État et la société
française. Le peuple français sait bien
qu’il a été défaillant après le
référendum trahi de 2005. La victoire du
non fut obtenue à l’encontre d’un
invraisemblable déferlement de
propagande de la France d’en haut. Et
cependant, il a accepté ensuite la
forfaiture conduite par Nicolas Sarkozy
et surtout François Hollande qui alors
dans l’opposition apporta les voix du
parti socialiste pour modifier la
constitution et permettre la
ratification du traité de Lisbonne. Et
malgré cela, le peuple français dans le
souci de se débarrasser de Sarkozy a
porté à la présidence de la république
(!) l’improbable ectoplasme qui a encore
tout trahi et permis sinon organisé
l’avènement au pouvoir d’Emmanuel
Macron. Dès le printemps 2017,
l’invraisemblable et illégale
manipulation s’apparentant à une forme
de coup d’État était évidente,
et l’illégitimité de Macron était là dès
le premier jour.
À partir de là, le
peuple français fait son expérience, et
constate tous les jours
l’impasse démocratique dans laquelle
il a laissé notre pays s’engager. Depuis
deux ans, les masques tombent les uns
après les autres. C’est la police qui
accepte d’être transformée en milice de
nervis au service d’un pouvoir
minoritaire. C’est la justice dont les
membres du corps des magistrats ont
massivement rallié Emmanuel Macron et
lui apporte la « violence légitime »
dont celui-ci a besoin pour la
démocratie limitée et autoritaire
indispensable à la mise en œuvre de la
destruction de l’État-providence
français. C’est la haute fonction
publique qui montre à quel point la
notion d’intérêt général, et de service
de l’État ont laissé la place
à une avidité financière proprement
écœurante. Plus aucune des décisions
prises aujourd’hui par le haut niveau de
l’État n’obéit à des impératifs
d’intérêt public national. Démembrer la
sphère publique au profit de
l’oligarchie en se servant au passage,
voilà la feuille de route. Le niveau de
corruption de l’État au sein duquel la
notion d’intérêt public a quasiment
disparu est probablement sans exemple
dans l’histoire de la république.
C’est la
bourgeoisie française, montrant ainsi la
prégnance de ses gènes versaillais, qui
entre l’argent et la Nation choisit
comme toujours l’argent.
Avec ses belles et grandes âmes qui
prétendent défendre principes et
valeurs, alors que leurs seuls soucis
sont leurs intérêts de classe. Et
maintenant avec l’affaire Mila, c’est la
fausse « gauche », macroniste ou pas,
qui affiche son néant politique.
Et puis il y a
Macron, avec lequel tout se voit. Sa
bande et lui n’ont d’ailleurs aucun
complexe et ne s’embarrassent d’aucune
vergogne. Ils sont là pour se gaver, et
ne se cachent pas, ventes à la découpe
des biens publics aux amis, pantouflage,
aller-retours public-privé, le tout sur
fond de multiples infractions au
chapitre des « atteintes à la probité »
du Code pénal sans que cela arrache un
soupir au PNF ou au parquet de Paris. Et
puis il y a bien sûr l’adoption sur
ordre par un parlement croupion d’une
succession de lois scélérates qui n’ont
pas grand-chose à craindre du Conseil
constitutionnel Fabius/Juppé.
Et c’est cette
visibilité-là qui provoque le rejet
tumultueux dont ce régime fait l’objet.
La destruction du système politique
français empêche qu’apparaisse
clairement une perspective démocratique
pour se débarrasser de cette imposture.
Toutes les études démontrent l’ampleur
du rejet, et le refus massif d’une
réélection de Macron, mais force est de
constater que l’absence d’une solution
politique claire jette les Français dans
une rage plongeant la société française
dans une sorte de guerre civile froide.
Jérôme Sainte-Marie y voit le retour
d’un conflit de classes, et
Emmanuel Todd celui d’une forme nouvelle
de lutte des classes.
Ceux qui au sein du
bloc élitaire et en particulier les
organes de contrôle qui ont fait le
choix du ralliement sans condition au
système Macron seraient bien avisés de
réfléchir à leurs responsabilités. Il
n’est pas envisageable que le moment
venu il ne leur soit pas demandé des
comptes.
Il semble que le Conseil d’État l’ait
saisi, les autres devraient
comprendre qu’il n’est que temps.
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