Algérie
patriotique
Acharnement contre l'Iran : pour qui
roule Mokri ?
R. Mahmoudi

Mokri a la
tête ailleurs ? New Press
Jeudi 28 janvier 2016
Au moment où les membres de la CLTD,
dont il fait partie, sont concentrés sur
la préparation du prochain congrès de
l’opposition, le chef du MSP, Abderrezak
Mokri, semble plus préoccupé par le
conflit entre le bloc sunnite et le bloc
chiite qui fait rage en ce moment au
Moyen-Orient, et se sent comme le devoir
de se positionner et d’en rendre compte.
C’est ce qui ressort d’une série
d’articles publiés sur son blog
personnel et sur le site officiel de son
parti, où il use de toutes ses capacités
rhétoriques pour vouer aux gémonies les
chiites et le régime iranien. D’entrée,
il lance cette curieuse définition de la
politique, mais qui en dit long sur ses
accointances suspectes : «Notre
engagement dans l’action politique nous
impose de nous opposer aux politiques
iraniennes dans la région arabe, que ce
soit pour ce qui concerne la position
négative (de l’Iran) par rapport à la
question égyptienne ou pour ses actes
criminels en Syrie, en Irak, son soutien
aux milices criminelles chiites et son
prosélytisme dans le monde.» Mokri
est-il missionné pour relayer ce
discours aujourd’hui en vogue dans les
pays du Golfe ? Il demande aux
gouvernements arabes d’intervenir
«énergiquement pour stopper
l’expansionnisme iranien et les
tentatives d’infiltration des sociétés
arabes». Pour montrer sa «mansuétude» et
sa preuve de «tolérance», il suggère à
ces gouvernements de le faire par les
moyens diplomatiques, c’est-à-dire en
essayant de dialoguer avec «les
agresseurs» chiites et de les convaincre
de l’intérêt de la coopération. Plus
sournois, le leader du MSP met sur un
pied d’égalité l’«extrémisme sunnite» et
l’«extrémisme chiite», certainement pour
mieux voiler la démission des partis
islamistes, dits modérés, et leur
responsabilité dans la radicalisation
accrue de la mouvance islamiste. Pour
rester dans les canons islamiques, Mokri
se plaît à se référer à Ibn Taymiya pour
nuancer un paradigme répandu par les
plus orthodoxes sur la «réalité» du
chiisme dans l’islam. Mokri confirme que
le célèbre théologien, qui est considéré
aujourd’hui comme la principale source
dogmatique, des salafistes, ne juge pas
les chiites (dits aussi les rafidha)
comme «apostats», mais juste «des
égarés, des incultes et des ennemis
jurés des musulmans» (sic). Plus
pernicieux encore, Mokri s’appuie sur
les mêmes sources pour circonscrire
«toute guerre contre les chiites» comme
une guerre contre «une secte
réfractaire», et non comme «une guerre
religieuse». Dans le même topo, le
président du MSP se dit surpris de
découvrir l’étendue du discours
extrémiste en Algérie à travers le
prêche incendiaire d’un imam salafiste
auquel il a lui-même assisté, mais ne
conteste pas le fond de sa pensée sur
cette propagande dite sunnite, distillée
par les relais wahhabites dans le monde
arabe et qui va en s’intensifiant depuis
le déclenchement de la guerre contre le
Yémen. Connu jusque-là pour sa proximité
avec la confrérie des Frères musulmans,
et notamment du parti de Recep Erdogan,
le MSP semble vouloir réorienter sa
filiation, en s’approchant
ostensiblement du wahhabisme.
R. Mahmoudi
Le
dossier Iran
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