Opinion
Bernard-Henri Lévy cherche-t-il à
saborder le dialogue interlibyen
parrainé par l’Algérie ?
R. Mahmoudi
Photo:
D.R.
Dimanche 2 novembre 2014
L’écrivain pro-israélien français
Bernard-Henri Levy a avoué dans une
interview à l’hebdomadaire Le Point
qu’il était choqué de s’apercevoir à
quel point il était indésirable là où il
foule les pieds, après l’accueil qui lui
a été réservé à son arrivée samedi à
Tunis. Il tente de relativiser
l’événement, en parlant de «quelques
dizaines d'islamistes ou, peut-être,
d'exilés kadhafistes qui (l)'attendaient
à l'aéroport», alors que les images ont
montré des Tunisiens et des Tunisiennes
d’un tout autre bord. Tous pour lui ne
sont que des «antisémites fanatisés» ou
des «biberonnés au conspirationnisme».
Ce qui intrigue davantage BHL, c’est la
campagne qui a suivi sur les réseaux
sociaux. «En quelques heures, dit-il,
j'étais devenu, dans le meilleur des
cas, je veux dire dans les journaux
convenables, un “intellectuel juif”, ou
un “agent sioniste”, venu semer le
désordre et déstabiliser, à moi tout
seul, la jeune démocratie tunisienne.
Dans le pire des cas, c'est-à-dire sur
certains blogs, j'étais un “chien”, une
“vermine”, un “vampire qui se nourrit du
sang arabe”, un type qu'il fallait
“lyncher” si on le rencontrait».
Interrogé sur l’objet de sa visite, il
reconnaît qu’il s’est rendu à Tunis pour
rencontrer «des amis libyens afin de
poursuivre en terrain neutre et, avec
moi, le dialogue de réconciliation
nationale». Il ne dit pas en quelle
qualité il organise de telles réunions
et pour le compte de qui, et n’explique
pas non plus qui réconcilier avec qui
dans cette histoire libyenne qu’il gère
décidément comme un missi dominici
agissant pour le compte de forces
occultes. Or, on sait qu’un dialogue
interlibyen a été engagé par l’Algérie
depuis quelques semaines pour aboutir à
une réconciliation nationale, dans un
cadre transparent et légal. Alors, il y
a lieu de s’interroger si l’émissaire
secret des Français n’a pas pour mission
de court-circuiter ce processus et de
saborder ainsi tout effort algérien de
conduire un processus de paix dans ce
pays voisin livré au chaos depuis
l’invasion occidentale pensée et mise en
œuvre par ce même Bernard-Henri Lévy, il
y a trois ans. Autant d’interrogations
qui justifient bien toutes les
suspicions qui entourent ses
déplacements dans la région. Il se
contente alors, comme seule réponse, de
tourner en dérision ceux qui l’accusent
d’incarner «de noirs desseins de
l'étranger» et d’être «un agitateur
professionnel». Content d’avoir mené sa
mission à terme en Tunisie, l’écrivain
pestiféré a évité de révéler comment et
quand il en est ressorti.
R. Mahmoudi
Les dernières mises à jour
|