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Planète non violence

Campagne de Propagande US Contre l'Iran
Jeremy R. Hammond

Photo Planète non violence

A bien des égards, cette propagande américaine contre l'Iran ressemble à celle qui a précédé l'attaque et l'invasion de l'Irak, d'où la nécessité de la dénoncer pour ce qu'elle est : un tissu de mensonges visant à couvrir un futur crime, « le crime suprême international » selon la définition du Traité de Nuremberg.

Le gouvernement US a amplifié sa rhétorique contre l'Iran cette semaine par une présentation faite à la presse à Bagdad pour soutenir l'affirmation que, selon les termes du président Bush le mois dernier, « l'Iran fournit un soutien matériel pour les attaques contre les troupes US. « (1)

Des officiers US ont dit que des armes avaient été passées clandestinement en Irak par une unité d'élite de la Garde Révolutionnaire iranienne connue sous le nom de Quds Force sur les ordres « venant des plus hauts échelons du gouvernement iranien » (2). Mais, comme la fait observé le Washington Post ; « les officiers n'ont offert aucune preuve pour justifier ces allégations que les « plus hautes autorités » du gouvernement iranien ont donné leur accord pour soutenir des attaques contre les troupes US » (3). Cette conclusion était, comme admis, une « déduction » et l'analyste de la défense présent a reconnu qu'il n'y avait pas de preuve permettant de conclure dans ce sens, disant : « le prétexte d'un iranien pointant son fusil sur un américain, cela n'aura jamais lieu. »

La raison de tout ce brouhaha, comme le Post (Washington Post quotidien US ndlt) l'a aussi noté avec précision, c'était que « bien que l'administration ait fait de nombreuses estimations sur le programme nucléaire iranien, son rôle en Irak et ses liens avec des groupes sur la liste terroriste du département d'état, le gouvernement US n'a jamais offert publiquement de preuve soutenant ses allégations ». La présentation était la première tentative par le gouvernement pour offrir ce qu'il considère comme une preuve pour soutenir les affirmations faites.

Sous les feux de la rampe il y avait « le pénétrateur explosif » ou EFP fait d'un cylindre de tuyau PVC. Le EFP quand il explose projette une volée de métal et possède des composants qui nécessitent un mécanisme de précision qui, selon les officiers, lie ces armes à l'Iran car «nous n'avons aucune preuve que cela a déjà été fait en Irak. » (5) Ils n'ont fourni aucune preuve non plus que cela avait été fait en Iran, même si nous pouvons pensé que les iraniens en seraient capables.

Bien sûr, de même les irakiens le peuvent aussi. Un article de la revue de renseignements Jane du mois dernier a rapporté que les outils nécessaires à la fabrication d'un tel engin «peuvent être facilement trouvés dans des boutiques de métaux et dans des garages ». L'auteur de l'article, Michael Knights a dit à APS : « je suis surpris qu'ils n'aient pas trouvé de preuve de la fabrication des EFP en Irak. Pour moi, cela sonne faux «. (6)

L'administration actuelle a convaincu le public de la nécessité d'une guerre contre l'Irak en invoquant des images de « nuage nucléaire » et dit que l'Irak était prêt à développer une bombe nucléaire. Patrick Cockburn a noté, non sans ironie, dans The Independent (quotidien britannique ndlt) que « Washington est actuellement entrain de dire que les irakiens sont en fait trop arriérés pour produire des bombes, posées en bordure de route, efficaces, et doivent rechercher l'aide des iraniens ». (7)

Comme preuve ils ont aussi montré des mortiers et des grenades propulsées par des lances roquettes soi disant venues d'Iran. L'argument que les composants des EFP et d'autres armes étaient fabriqués apparemment en Iran et constitue une preuve de l'implication du gouvernement iranien laisse supposer qu'ils ne peuvent être achetés au marché noir. Ceci est une supposition douteuse. Le Général Peter Pace directeur des chefs d'état major, a reconnu auprès des reporters que « cela ne veut pas dire que sûrement, le gouvernement iranien, lui-même, est directement impliqué là dedans ». (9)

L'Iran a constamment nié les accusations qu'il soutient des attaques contre les troupes US. En réponse à ces efforts récents (pour accuser l'Iran ndlt) le ministre des affaires étrangères Mohammed Ali Hosseini a observé que « les US ont un long passé de fabrication de preuve ». Les allégations rappellent, inutile de le dire, les affirmations du gouvernement selon lesquelles l'Irak possédaient des armes de destruction massive et avait l'intention de collaborer avec l'organisation terroriste d'al Qaeda pour les utiliser contre les US.

Dans la présentation PowerPoint faite aux journalistes intitulée « Soutien Iranien à des Activités Létales en Irak » des références sont faites à des « groupes extrémistes » plutôt que de spécifier si ces groupes supposés être armés par l'Iran sont sunnites ou shi'ites.(10). Les US combattent un mouvement de résistance à prédominance sunnite en Irak. L'Iran est un pays shi'ite proche de la majorité de la population d'Irak avec laquelle il partage sa foi. Le gouvernement mis en place par les US est à dominante shi'ite et les escadrons de la mort ciblent principalement les sunnites. Comme l'ont noté les dirigeants iraniens, c'est dans le plus grand intérêt de l'Iran de promouvoir un gouvernement irakien stable dominé par les shi'ites en Irak. Comme l'a noté Patrick Cokburn, la preuve présentée « implique que les shi'ites soient en guerre contre les US, quand en fait ils sont contrôlés par des partis qui forment le gouvernement irakien. »(11)

Ce qui est intéressant sur cette trame de discussion concernant le soutien iranien aux attaques sur les troupes US en Irak, c'est le présupposé sous jacent que ce serait particulièrement haineux de la part de l'Iran de s'impliquer chez son proche voisin. Les US, d'un autre côté, ont tous les droits d'interférer, politiquement et militairement, dans les affaires du pays mésopotamien à l'autre bout du monde. Ce droit déclaré pour les US d'utiliser la violence à des fins politiques (ce qui en fait est la définition du terrorisme) n'est jamais questionné à Washington ou dans les grands medias , alors que la discussion sur l'implication de l'Iran en Irak fait rage. Un cadre de discussion alternative est possible. On pourrait exiger que les mêmes normes soient appliquées aux US et à l'Iran. Mais ce serait impensable. Les US sont décrits de façon absurde comme les défenseurs de l'Irak, luttant pour empêcher d'autres parties de déstabiliser le pays. L'Irak est ridiculeusement considérée comme « la ligne de front » dans la guerre « contre le terrorisme » résultant de « la guerre contre le terrorisme » menée contre l'Irak.

Mis à part les affirmations sur le soutien iranien aux attaques contre les troupes US en Irak, le gouvernement a aussi accusé l'Iran de produire des armes nucléaires et le président a déclaré que « toutes les options sont sur la table » pour s'occuper de cette supposée menace, y compris l'utilisation de la force militaire, sous la forme présumée d'attaques aériennes contre des cibles en Iran . (12).

La preuve que l'Iran a des intentions militaires concernant sont programme nucléaire est cependant maigre. Quand Mohammed ElBaradei chef de l'AIEA s'est rendu en Belgique cette semaine, les medias occidentaux ont largement repris son commentaire qu'on exigeait de l'Iran « une transparence totale ». D'autres remarques qu'il a aussi faites ont été ignorées comme la plus récente réitération par l'AIEA du manque de preuve soutenant les allégations du gouvernement US. « Je ne vois pas de solution militaire au problème iranien. D'abord, d'après tout ce que nous savons, ce que l'Iran a aujourd'hui c'est un savoir. Nous n'avons pas connaissance que l'Iran ait la capacité industrielle d'enrichir l'uranium. Nous n'avons pas connaissance, nous n'avons vu aucune indication ou preuve concrète d'un programme d'armes nucléaires. Donc je ne vois pas pourquoi les gens parlent d'une solution militaire. Je ne sais pas ce qu'ils veulent dire par là. Vous ne pouvez pas bombarder le savoir comme je l'ai déjà dit. Je pense que ce serait complètement contre productif. » (13)

Mais les conséquences prévues à l'époque n'ont pas empêché le gouvernement US d'envahir l'Irak, et nous ne devrions pas présumer qu'une attaque contre l'Iran n'est pas sur la table, tout particulièrement lorsqu'on nous rappelle le contraire. Et une telle attaque serait certainement contre productive. Un résultat prévisible serait le retrait de l'Iran de l'AIEA et la sortie de l'Iran du TNP. Et si l'Iran n'a pas actuellement l'intention de fabriquer la bombe, une attaque garantirait sûrement que des efforts dans ce sens seraient entrepris, clandestinement et sans contrôle international, comme cela s'est passé après le bombardement d'Israël sur le réacteur d'Osirak en Irak en 1981.

Mais en dehors d'être « contre productif » comme l'invasion de l ‘Irak, ce serait aussi un crime. En fait, comme défini à Nuremberg « le crime suprême international, qui se différencie seulement d'autres crimes de guerre parce qu'il contient en lui-même tout le mal accumulé dans les autres ». Mais c'est une vérité dérangeante que beaucoup rechignent à inclure dans la trame du discours accepté.

Jeremy R. Hammond 16/02/07 Spinwatch (site anglais dénonçant la propagande dans les médias anglo américains).

Notes
[1] President's Address to the Nation, The White House, January 10, 2007
[2] James Glanz, “U.S. Says Arms Link Iranians to Iraqi Shiites,” New York Times, February 12, 2007
[3] Joshua Partlow, “Military Ties Iran To Arms In Iraq,” Washington Post, February 12, 2007; A01
[4] Partlow
[5] Glanz
[6] Gareth Porter, “U.S. Briefing on Iran Discredits the Official Line,” Inter Press Service, February 13, 2007
[7] Patrick Cockburn, “U.S. heats up rhetoric against Iran,” The Independent, February 12, 2007
[8] Porter
[9] Chris Brummitt, “U.S. general: No evidence of Iran giving arms to Iraqis,” Associated Press, February 13, 2007
[10] The PowerPoint presentation was posted online at TPMmuckraker.com
[11] Cockburn
[12] “Bush: ‘All options are on the table' regarding Iran's nuclear aspirations,” USA Today, August 13, 2005
[13] Democracy Now!, February 13, 2007


http://www.spinwatch.org/content/view/4017/9/

Complément d'Information

Dans un article qui vient de paraître en ligne sur le site de The New Yorker, « A strategic Shift « le journaliste d'investigation Seymour Hersh confirme effectivement la campagne de propagande des US contre l'Iran.

Selon Hersh :

« Le 11 février, on a montré aux reporters des explosifs sophistiqués, capturés en Irak dont l'Administration affirme qu'ils proviennent d'Iran. Le message de l'Administration était, par essence, que la sinistre situation en Irak était le résultat, non de ses propres échecs dans la planification et l'exécution, mais de l'interférence de l'Iran.

L'armée US a aussi arrêté et interrogé des centaines d'iraniens en Irak. « Le mot a été transmis au mois d'août dernier à l'armée de capturer autant d'iraniens en Irak qu'elle le pouvait « selon un ancien haut officier des renseignements. « Ils en ont bouclé 500 à un moment donné. Nous travaillons sur ces types et nous tirons des informations d'eux. Le but de la Maison Blanche c'est de monter une affaire comme quoi les iraniens ont fomenté l'insurrection et qu'ils l'ont fait depuis le début – Que l'Iran, en fait, soutient le massacre d'américains ». Le consultant du Pentagon a confirmé que des centaines d'iraniens avaient été capturés par les forces américaines ces derniers mois. Mais il m'a dit que parmi eux un bon nombre étaient des travailleurs humanitaires iraniens qui ont été « pris et relâchés peu de temps après », après avoir été interrogés. »


Introduction et traduction bénévole Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org

Planetenonviolence pour usage non commercial

 


Source : Planète non violence
http://www.planetenonviolence.org/...


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