Iran
Chronologie des manifestations
iraniennes,
le gouvernement encore une fois :
gagnant !
Philippe Rousseau
La Tour
Azadi à Téhéran
Samedi 6 janvier 2018
Chronologie des manifestations en Iran
Selon le "United
States Institute of Peace", le 28
décembre 2017, une manifestation est
organisée à Mashhad, deuxième ville
d'Iran, à cause de l'augmentation de 40%
du prix des aliments de base, comme les
œufs et la volaille. La
manifestation s'est transformée en
manifestation anti-gouvernementale et s'est étendue à
plus de 80 villes à travers le pays. Ces
manifestations étaient les plus
grandes depuis la révolte du mouvement
vert en 2009. Ce qui suit est une
chronologie de ces manifestations.
Source :
Les militants des droits de l'homme en
Iran
28 décembre -
Dans le nord-est du pays, une
manifestation est organisée via les
médias sociaux à Mashhad, deux millions
d'habitants. Les manifestants scandent «
Mort à Rouhani » et « Mort au dictateur
». La police utilise les canons à eau
pour disperser la foule. Selon BBC News,
52 personnes y
sont arrêtées. D'autres manifestations
plus modestes celles-là,
sont signalées dans la même région à Neyshabour
et Kashmar.
29 décembre -
Les villes de Rasht, Qom, Ispahan,
Zahedan et Kermanshah suivent. Les
protestations sont de taille modeste, de
100 personnes à 1 000.
30 décembre -
Des manifestations se forment dans neuf
autres villes, dont Téhéran, Chiraz,
Kohrramabad, Zanjan, Ahvaz et Najafabad. Ça
dégénère à Dorud, dans l'ouest du pays,
où les manifestants deviennent violents.
Deux y auraient été tués.
Des manifestations
imposantes pro-gouvernementales
ont lieu dans 1 200 villes, y compris
Téhéran et Mashhad.
31 décembre -
Les violences continuent pour la
quatrième nuit d'affilée. 200 personnes
sont arrêtées à Téhéran et 80 à
Arak. Des manifestations
sont signalées à Sanadaj, Kermanshah,
Shahin Shahr, Chabahar, Ilam et Izeh. Il
s'agit toujours de casseurs. Dans Shahin
Shahr, des vidéos montrent clairement
des manifestants attaquant la
police. Les forces de l'ordre déclarent
: "Si les gens manifestent dans la
rue contre les prix élevés, ils n'ont
pas à brûler les biens publics."
Le président Hassan
Rouhani tente de calmer le jeu. il
déclare : « Nous sommes une nation
libre, et sur la base de la Constitution
et des droits de la citoyenneté, les
gens sont complètement libres d'exprimer
leurs critiques et même leurs
protestations. La résolution de certains
problèmes n'est pas facile et demande du
temps. » Il déclare également
que le gouvernement ne fera preuve
d'aucune tolérance envers ceux qui
endommagent les propriétés publiques.
Les autorités restreignent l'accès d'Instagram
et de Telegram, utilisés par les
manifestants.
1er janvier -
Dix personnes auraient été tuées pendant
la nuit lors des manifestations
anti-gouvernementales violentes, portant
le nombre de morts à 12. Les tirs ont
été responsables de huit morts. Dans la
ville centrale de Najafabad, un
manifestant a ouvert le feu sur la
police, tuant un officier et en blessant
trois autres. D'autres affrontements
avec la police et des attaques contre
des postes de police ont
été signalés dans la ville centrale de
Qahderijan et dans la ville occidentale
de Kermanshah.
2 janvier -
Des manifestations violentes éclatent à
Tabriz, Gohardasht et Eslamabad-e-Gharb.
La police utilise les gaz lacrymogènes
pour disperser les manifestants à
Ahvaz. Des vidéos montrent des bombes
flash et des grenades lancées dans les
villes de Rasht et Karaj. Depuis le 31
décembre, plus de 450 personnes ont été
arrêtées.
Le guide suprême,
l'ayatollah Khamenei accuse
les ennemis de l'Iran de provoquer
les troubles. « Les ennemis de
l'Iran utilisent divers moyens, y
compris l'argent et les armes pour
troubler la République
islamique. L'ennemi est toujours à la
recherche d'une opportunité et d'une
crevasse pour infiltrer et frapper la
nation iranienne. »
Lors d'un appel
téléphonique avec le président
français, le président Rouhani affirme
que le groupe Mujahedeen-e-Khalq
(MEK) est responsable de l'incitation à
la violence et appelle la France à
cesser d'accueillir la faction
exilée. Le procureur général iranien Montazeri déclare
que la CIA et le Mossad sont derrière
les émeutes. « Les ennemis utilisent les
dollars alloués par les Saoudiens. »
3 janvier -
Les émeutes bien que toujours modestes
en nombre de manifestants continuent
à Téhéran, Ahwaz, Hamadan, Ispahan
et Lorestan. Les rassemblements les plus
importants ont atteint un maximum de 1
500 personnes. Par contre, plusieurs
centaines de milliers
d'Iraniens participent aux
rassemblements pro-gouvernementaux,
notamment à Kermanshah, Ilam, Ahvaz,
Gorgan et Qom.
Dans une lettre
adressée aux Nations Unies,
l'Iran accuse les États-Unis d'ingérence
grotesque dans les affaires intérieures
de la République islamique.
4 janvier. -
Après une semaine de casse, les émeutes
anti-gouvernementales diminuent
ostensiblement. Les forces de
l'ordre suffisent à la tâche. L'armée
n'a pas été obligée d'intervenir. Au
total, 50 000 personnes ont participé à
ces manifestations
anti-gouvernementales. Par contre, des
centaines de milliers
d'Iraniens se rassemblent en soutien au
gouvernement pour la deuxième journée
consécutive dans de nombreuses villes à
travers le pays, y compris Mashhad.
Le procureur
général iranien, dénonce
l'Américain Michael D'Andrea, ancien
chef du Counter Terrorism Center de la
CIA. Il serait en charge d'une salle
d'opération composée d'Américains,
d'Israéliens et de Saoudiens dont le but
serait de fomenter les troubles. Les
Etats-Unis nient toute implication.
5 janvier -
Le dernier test. Selon Associated Press,
les anti-gouvernementaux n'ont sorti que
faiblement après les prières du vendredi
dans les rues de Téhéran. Tandis que les
pro-gouvernementaux sont sortis encore
une fois en masse. Khatami, figure
politique importante du clan
progressiste en Iran, affirme que
le peuple a été trompé par les émeutiers
soutenus par les États-Unis, mais a
également appelé le gouvernement iranien
à accorder plus d'attention aux
problèmes économiques des gens.
D'ailleurs pour
calmer le jeu, le gouvernement a
suspendu ses plans visant à réduire les
subventions en espèces et à augmenter
les prix du carburant.
Des dizaines de
milliers de personnes sont descendues
dans la rue après les prières du
vendredi pour manifester leur soutien au
gouvernement pour une troisième journée
consécutive. À New York, le Conseil de
sécurité des Nations Unies a tenu une
réunion d'urgence, convoquée par les
États-Unis.
Au 5 janvier, 22
personnes auraient été tuées et plus
de 1000 manifestants arrêtés.
Publié avec l'aimable autorisation
de l'auteur.
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