Arrêt sur Info
Charlie Hebdo et le procès de Tsarnaev :
Cui bono?
Paul Craig Roberts

Photo:
D.R.
Vendredi 9 janvier 2015
La presse traditionnelle c’est
fini. Les mensonges répétés cela
suffit. Ceux qui veulent comprendre,
se faire leur propre opinion, vont
chercher l’information sur les
nouveaux médias libres. Au sujet
de l’attentat qui a frappé Charlie
Hebdo on y trouve de nombreuses
analyses et interprétations. Parmi
elles la thèse d’analystes
affirmant avec certitude qu’il
s’agit d’une action sous
faux-drapeau. Nous ne pouvons pas
donner comme acquis ce que nous ne
pouvons prouver. Nous allons
néanmoins reproduire
des billets d’opinion développant,
avec force arguments, ce point de
vue.[Arrêt sur Info]
Il y a deux façons de voir le
soi-disant attentat terroriste contre le
journal satirique français, Charlie
Hebdo. La première est que dans le monde
anglophone, ou dans sa majeure partie,
ces satires auraient été considérées
comme « discours de haine » et leurs
auteurs arrêtés. Mais en France, les
musulmans sont exclus de la catégorie
des privilégiés, ils ont donc eux-mêmes
puni ceux qui les avaient offensés.
Pourquoi les musulmans se
fâchent-ils ? Ils devraient, depuis
longtemps, être habitués à l’hypocrisie
occidentale et à son « deux poids, deux
mesures ». À n’en pas douter, ils sont
contrariés de ne pas jouir de la
protection dont bénéficient d’autres
minorités, mais pourquoi exercer des
représailles contre la satire et non
contre la participation aux guerres que
Washington fait aux musulmans, et qui
causent des centaines de milliers de
victimes ? La mort n’est-elle pas plus
grave que la satire ?
Une autre façon de voir cet attentat
est de le considérer comme un rappel à
l’ordre du vassal France par Washington.
Les suspects peuvent être à la fois
coupables et boucs émissaires. Il suffit
de se souvenir des complots terroristes
qui ont été montés de toutes pièces par
le FBI dans le but de convaincre les
Américains que la menace du terrorisme
était bien réelle. [1]
La France souffre des sanctions
imposées à la Russie par Washington. Les
chantiers navals sont en difficulté, car
ils ne peuvent livrer les commandes
russes en raison de la soumission de la
France à Washington. D’autres secteurs
de l’économie française sont durement
affectés par les sanctions que les États
marionnettes de l’OTAN sont
contraints d’appliquer à la Russie, sur
ordre de Washington.
Cette semaine, le président français
a dit qu’il fallait mettre fin aux
sanctions contre la Russie (idem pour le
vice-chancelier allemand).
C’est, pour Washington, la preuve de
trop d’indépendance politique de la part
de la France. Les USA ont-ils ressuscité
« l’Opération Gladio » de la période
suivant la Seconde Guerre mondiale,
quand la CIA perpétrait des attentats à
la bombe contre les Européens, pour
qu’ensuite Washington accuse les
communistes d’en être les auteurs, afin
de détruire leur influence dans les
élections en Europe ? De même que l’on a
fait croire au monde que les communistes
étaient responsables des attentats
terroristes de l’Opération Gladio, les
musulmans sont aujourd’hui accusés des
attentats contre le journal satirique
français.
La question est toujours : à qui
profite le crime ? La réponse est : pas
à la France, pas aux musulmans, mais à
l’hégémonie mondiale des États-Unis.
L’hégémonie étatsunienne, c’est ce que
la CIA renforce. L’hégémonie
étatsunienne, c’est la politique
étrangère néoconservatrice imposée par
les USA.
Selon la National Public Radio,
l’attentat contre Charlie Hebdo
est une question de liberté
d’expression. Les États-Unis jouissent
de la liberté d’expression, annoncent
les gurus de NPR, mais les terroristes
en ont privé les Français.
Mais comment peut-on dire que les
États-Unis ont la liberté d’expression,
quand le reporter du NY Times James
Risen a été mis sur le grill pour lui
faire révéler ses sources d’information
en dépit de la protection qu’est sensée
offrir la constitution des USA, à Risen,
à ses sources et à tout lanceur
d’alerte. Il est clair qu’aux
États-Unis, tout est maintenant soumis
au pouvoir absolu de la « National
Security ».
La « National Security » n’a rien à
voir avec la sécurité nationale. Elle ne
sert qu’à protéger les criminels au sein
du gouvernement et à leur éviter d’avoir
à rendre des comptes pour leurs crimes.
Chaque fois que vous entendez Washington
invoquer la « National Security », vous
pouvez être sûrs à 100% que le
gouvernement a commis un nouveau crime.
La « National Security » est le
camouflage pour les opérations
criminelles de Washington. Elle permet
d’empêcher que les crimes du
gouvernement soient exposés en pleine
lumière et d’empêcher ainsi que les
responsables soient inculpés.
Certains se demandent quel est le
rôle que la « National Security » va
jouer dans le procès du poseur de bombe
présumé au marathon de Boston, Dzhokhar
Tsarnaev. Ce dernier est en prison
depuis avril 2013 après avoir été
formellement accusé le 22 avril 2013.
Mais la sélection des membres du jury
n’a commencé qu’en ce mois de janvier
2015. Pourquoi un aussi long délai ? La
garantie d’un procès rapide ne signifie
plus rien, mais vu les multiples
accusations qui viennent s’ajouter à
celle de l’attentat à la bombe pour
lequel le gouvernement fait appel à des
témoins oculaires et à des confessions,
et étant donné que les frères Tsarnaev
sont déjà tenus pour coupables par les
médias, un délai aussi long laisse
perplexe. Nous n’avons toujours pas
entendu ce que Dzhokhar Tsarnaey avait à
dire. Il est tentant de penser que si le
procès de Dzhokhar Tsarnaey a été autant
repoussé dans le temps, c’est pour
parachever son conditionnement et
l’acceptation de sa culpabilité, et pour
laisser le temps à toutes les questions
posées dans les médias alternatifs
d’être oubliées.
Les journaux et les télévisions nous
ont servi les explications du
gouvernement sans faire aucune enquête.
Pourtant, des questions cruciales
ont été soulevées dans les médias
alternatifs pour chacun des aspects de
cette affaire. Comme le gouvernement US
nous l’a lui-même appris depuis la
période « Clinton », le plus sage est de
considérer que tout ce que dit le
gouvernement est un mensonge.
Le côté le plus trouble de cette
affaire est la rapidité avec laquelle
pas moins de 10 000 soldats lourdement
armés constitués d’agents de police de
différentes provenances et de soldats de
la Garde nationale portant la tenue
militaire et équipés de tanks et de
gilets pare-balles se sont déployés dans
les rues de Boston. Jamais auparavant
une telle force armée dotée
d’équipements militaires n’avait été
utilisée dans le cadre d’une chasse à
l’homme, encore moins pour traquer un
jeune homme de 19 ans blessé et désarmé.
Pour rassembler une telle troupe et
la déployer aussi rapidement, il faut
que cela ait été prévu à l’avance. Ce
qui nous a été présenté comme une chasse
à l’homme, la poursuite d’un homme
gravement blessé ressemble plus à un
test en vue de créer un précédent pour
verrouiller l’une des plus grandes
villes des USA, avec des escouades de
soldats expulsant des citoyens
américains de leur domicile sous la
menace d’une arme et la fouille
systématique de ces logements qui ne
contribuait en rien à la capture du
prétendu suspect. Les chances étaient
nulles de voir j’importe quel habitant
cacher chez lui un fugitif désarmé
gravement blessé, en train de mourir
faute de soins médicaux.
Non seulement Boston et sa banlieue
étaient en état de siège, mais la
Federal Aviation Administration (FAA)
fermait l’espace aérien au-dessus de la
ville et émettait un ordre de « rester
au sol » pour l’aéroport de Logan.
Pourquoi ? De nombreuses autres villes
du Massachusetts et même certains autres
États ont mis leur police en état
d’alerte. Pourquoi ?
Sur les lieux se trouvaient le FBI,
le Bureau of Alcohol, Tobacco Firearms
and Explosives, la CIA, la Drug
Enforcement Administration (lutte contre
la drogue), le National Counter
terrorism Center (lutte antiterrorisme).
Le procureur général (US Attorney
General) a donné tous les moyens au
Ministère de la Justice US. Pourquoi ?
La seule explication plausible est
[la volonté] d’accroître le sentiment de
peur de manière à faire accepter le
verrouillage de la ville de Boston et
l’invasion des domiciles par la police.
Cela n’a aucun sens de considérer que le
danger représenté par un jeune homme de
19 ans désarmé et blessé peut justifier
un tel déploiement de force et une telle
violation des droits constitutionnels
des citoyens.
Toute personne sensée doit se poser
la question de savoir si cet attentat à
la bombe n’était pas finalement un
événement orchestré dans le cadre d’une
opération visant à coordonner les
gouvernements locaux et fédéraux pour
verrouiller l’une des principales villes
américaines. Un sondage fait parmi les
citoyens de Boston en juillet dernier a
montré que 42% d’entre eux avaient des
doutes sur la version officielle des
événements. [2]
Les plus naïfs disent toujours que
s’il y avait eu conspiration, quelqu’un
aurait parlé. Mais cela s’est
effectivement produit, sans avoir pour
autant aucun effet. Par exemple, pendant
le premier mandat de George W. Bush, un
lanceur d’alerte de la NSA a divulgué au
New York Times l’information
selon laquelle cette agence
court-circuitait la FISA Court [cour
de surveillance supervisant les demandes
de mandats autorisant la surveillance,
par les agences fédérales judiciaires
américaines (FBI,
NSA), de présumés
agents de renseignement étrangers sur le
sol américain] et espionnait sans
mandat des citoyens américains. Selon la
loi américaine, la NSA complotait avec
le régime de Bush pour commettre des
crimes graves (peut-être dans un but de
chantage), mais le New York Times
a bloqué l’information pendant un an
jusqu’à ce que George W. Bush soit réélu
et que le régime ait eu le temps de
légaliser les crimes, a posteriori.
L’opération Gladio a consisté en une
conspiration secrète pendant des
décennies, jusqu’à ce qu’un président
italien en révèle l’existence.
L’opération Northwoods a été gardée
secrète jusqu’à ce que la seconde
Commission Kennedy la révèle, des années
après.
Plus d’une centaine de secouristes,
de policiers et de pompiers ont rapporté
avoir entendu, ou été personnellement
témoins de multiples explosions, étage
après étage, et même dans les sous-sols
des Tours Jumelles du World Trade
Center. Ces témoignages n’ont pas
suscité le moindre intérêt.
Il a suffi d’un seul professeur de
physique d’école secondaire pour mettre
en pièces le compte-rendu par le NIST de
l’effondrement de la tour 7 du WTC. Il a
été prouvé de manière irréfutable que
cet immeuble s’est effondré dans le
cadre d’une démolition contrôlée, mais
cela n’a eu aucun effet sur l’histoire
officielle.
Les co-présidents et conseillers
juridiques de la Commission sur le 11/9
ont publié des livres dans lesquels ils
affirment que des informations ont été
dissimulées à la commission, que les
forces armées américaines leur
mentaient, et que la commission « était
vouée à l’échec ». Ni le Congrès, ni les
médias, ni même l’opinion publique
américaine n’ont montré le moindre
intérêt pour savoir pourquoi ces
informations étaient restées cachées,
pourquoi les militaires avaient menti et
pourquoi la Commission était « vouée à
l’échec ». Ces déclarations stupéfiantes
des responsables de l’enquête officielle
n’ont eu absolument aucun impact.
Même aujourd’hui, une majorité de la
population américaine croit à la
propagande de Washington affirmant que
la Russie a envahi l’Ukraine et en a
annexé plusieurs provinces. L’opinion
publique et les jurys américains ne se
distinguent pas par leur capacité de
jugement ni par leur intelligence.
Le gouvernement raconte aux
Américains n’importe quelle histoire
qu’il a lui-même fabriquée et profite de
la crédulité des gens.
Aujourd’hui, l’opinion publique
américaine est divisée entre ceux qui
font confiance aux médias grands publics
et ceux qui font confiance aux médias
alternatifs sur Internet. Seuls ces
derniers ont une petite idée de ce qui
se passe réellement.
Les histoires de Charlie Hebdo et des
frères Tsarnaev ne seront pas basées sur
des faits, mais sur les intérêts du
gouvernement. Comme par le passé, les
intérêts du gouvernement prendront le
pas sur les faits.
Paul Craig Roberts
| Janvier 8,
2015
http://www.paulcraigroberts.org/2015/01/08/charlie-hebdo-tsarnaevs-trial-qui-bono/ (Traduit
de l’anglais par Diane Gilliard, Chris,
Christophe pour Il fatto quotidiano
et Arrêt sur Info.)
Notes
[1]
http://reason.com/blog/2014/07/22/human-rights-watch-all-of-the-high-profi
[2]
http://www.globalresearch.ca/four-in-ten-bostonians-skeptical-of-official-marathon-bombing-account/5390848
Ancien vice-ministre des finances de
Reagan et ancien Rédacteur en chef
adjoint du Wall Street Journal, Paul
Craig Roberts, a pris ses
distances avec la dérégulation
néolibérale. Il est devenu
ensuite un adversaire de l’entrée en
guerre de George W. Bush contre
l’Irak. Il considère que
la politique étrangère belliciste
de Clinton, Bush et Obama a trahi le
contenu fondamentalement libéral et
pacifique de la Constitution
américaine de 1787. Dans son blog il
dénonce les dangers que
l’hégémonisme, le militarisme et
l’arrogance de Washington font
courir à la paix mondiale.
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