Opinion
L'histoire en version intégrale
Norbert Jacquet
Jeudi 9 janvier 2014
En exergue : le faux,
spécialité aéronautique française, avec
les
fausses licences (!)
J'étais pilote de Boeing 747 à Air
France. Après l'accident d'un Airbus
A 320 de cette compagnie à Habsheim, en
Alsace, le 26 juin 1988, j'ai créé un
syndicat qui a pris position sur cet
accident, remettant en cause la version
officielle (presse).
J'avais 38 ans.
On m'a déclaré fou. J'ai été suspendu
de vol. L'administration m'a retiré ma
licence de pilote. J'ai été viré d'Air
France sans indemnités, alors que tous
les psychiatres consultés, même ceux qui
m'avaient été imposés, ont constaté
l'absence de troubles. Parmi eux, trois
professeurs de renommée internationale
(Brion, Allilaire, Loo). Les
attestations sont sans appel.
J'ai ensuite été victime d'un rare
acharnement de la part des institutions.
L'accident d'un autre A 320, toujours en
Alsace, au Mont Sainte-Odile, le 20
janvier 1992, a vu la répétition du
scénario de Habsheim : le mensonge
d'Etat... que j'ai également dénoncé.
[Update mai 2008 : pour cette
première période, on trouve
ici des articles de presse et,
surtout, des vidéos d'émissions TV]
J'ai publié un
livre en septembre 1994, qui raconte
tout cela. Simple et limpide. Peut-être
un peu trop à rebrousse-poil. Mais tout
était authentique. Et tout reposait sur
des documents clairement identifiés,
dont certains étaient reproduits en
annexe. Mais ce n'était pas toute la
vérité. Toute la vérité, ç'aurait été
trop gros ! Malgré cela, certains ont
préféré fermer les yeux. Le poids de la
raison d'Etat... Il faut dire que
d'immenses pressions ont été exercées.
Par exemple dans les circuits de
distribution du livre. Le réseau Relay,
à l'époque Relais H (c'est-à-dire
Hachette, Matra, Lagardère... et
maintenant Airbus !), qui a le monopole
dans toutes les gares et aérogares et
qui touche donc la clientèle la plus
intéressée par mon bouquin, a refusé
d'entrée de jeu de diffuser celui-ci. Ce
livre a par ailleurs été très rapidement
retiré des gros réseaux de distribution
et de vente (80 % des ventes de livre
sont dans les mains de quatre ou cinq
gros réseaux). Anecdote. Une vingtaine
de jours après la parution, j'appelle
anonymement un des Relais H de
l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Je
déclare que je suis en ville avec des
amis, que nous prenons l'avion dans une
heure et que nous voulons acheter cinq
ou six exemplaires du « livre qui vient
de sortir sur Airbus ». Y'en a-t-il
suffisamment en stock ? Réponse : « Ah,
monsieur, on n'arrête pas de nous le
demander, je l'ai réclamé à plusieurs
reprises au fournisseur, mais il n'y a
pas moyen de l'avoir ». J'indique à ce
moment qui je suis et j'émets
l'hypothèse d'une «censure». Réponse :
« c'est bien ce que nous pensions ».
Profil bas
Après cette publication j'ai adopté
un profil bas, me contentant de me
défendre des agressions à mon encontre
(lourde campagne de discrédit, actions
judiciaires... et même une agression
physique, j'y reviendrai). La bonne
politique était de subir les attaques
pour mieux démontrer les faits par la
suite.
Voici quelques-uns des éléments que
j'ai engrangés après la parution du
livre.
• En 1992, bien avant la parution
du bouquin, j'avais accusé dans la
presse alsacienne le ministre Mermaz
d'être intervenu personnellement
dans les manipulations frauduleuses
des enregistreurs de vol de l'Airbus
de Habsheim. Mermaz, à titre
personnel, m'a fait un procès. C'est
un autre ministre, Vauzelles, Garde
des Sceaux, qui a saisi le parquet
et demandé des poursuites. Mermaz a
perdu en première instance. Il a
fait appel. Dans mon livre je
reviens sur le procès en cours en
maintenant mes accusations contre le
ministre, et même en les développant
et en les renforçant. L'affaire
arrive en appel au moment de la
parution du livre. Et Mermaz
capitule. Il se désiste (presse
et arrêt de la Cour d'appel de
Colmar). L'Agence France-presse
(AFP) a passé sous silence l'issue
du procès Mermaz et la sortie du
bouquin, qui pourtant a fait plier
un ministre. Par la suite, malgré
les deux procès engagés contre ce
livre sur plaintes signées de
ministres, l'AFP passera toujours
sous silence son existence. Quant à
Mermaz, après son désistement, il a
continué à se faire petit. Une vraie
carpette (échange
de lettres avec Mermaz).
• Et Mermaz ne fut pas le seul.
Un autre procès, visant cette fois
mon livre, s'est terminé par une
capitulation de l'administration.
J'avais pourtant cité les noms des
faussaires dans le livre, précisant
le rôle de chacun. Tout ce beau
monde a fini par s'écraser (presse).
Tout cela malgré les handicaps de la
défense dans les procès en
diffamation et malgré ma situation
(chômage, pas de moyens financiers,
isolement, absence d'avocat,
campagne acharnée de
dénigrement...). Mes dossiers sont
vraiment en béton. Simples, limpides
et compréhensibles par tous. Des
murs contre lesquels même la France
socialiste du haut se casse la
tête !
• L'Institut de police
scientifique et de criminologie de
Lausanne (IPSC), une institution
reconnue internationalement, a
confirmé que j'avais raison depuis
le début. Il y a bien eu trafic de
faux enregistreurs de vol (presse).
• S'agissant de l'accident de
l'Airbus A 320 du Mont Sainte-Odile,
l'évolution du dossier me donnait
également raison. Peu après
l'accident, j'avais indiqué (VSD,
France 3) que les enquêteurs
mentaient en mettant l'avion hors de
cause et j'ai donné toutes les
explications techniques sur les
véritables raisons du crash. J'ai
informé des familles de victimes (presse).
J'ai repris ces analyses dans mon
livre (chapitre 7 et aussi page 104
et pages 107 à 111). Les expertises
ultérieures ont validé mes analyses
(documents
sur l'évolution des expertises - NB :
certaines pièces sont assez récentes
mais j'avais déjà, antérieurement,
des informations sur les travaux
d'expertise).
• On peut aussi ajouter
l'histoire des fausses licences de
pilote de ligne. C'est gros. A deux
reprises l'administration a remis
une fausse licence à Asseline, aux
commandes de l'Airbus accidenté à
Habsheim. Les fac-similés de ces
licences ont été publiés, avec les
signatures et les noms des
faussaires (presse).
C'est énorme. J'ai transmis cela,
avec quelques commentaires, au juge
Guichard, chargé des deux enquêtes
sur les deux accidents, toujours en
cours à ce moment, ainsi qu'au
parquet de Colmar, au parquet de
Paris et en plus haut lieu. Silence
général. Les faussaires sont bien
protégés. Et c'est même moi qu'on
enfermera ensuite pour les
protéger ! J'y viendrai plus loin.
• Le juge Guichard a engagé un
procès en diffamation visant
plusieurs passages de mon livre. Au
moment où s'ouvre le délai de dix
jours pour constituer et notifier
l'offre de preuve, en février 1995,
je suis agressé une nuit, rue du
Château d'Eau, avec menaces de mort.
Trois balèzes me coincent par terre
dans une encoignure de porte, me
menacent avec une arme sur la tête.
Gros calibre et bruit de culasse
correspondant à l'introduction d'une
balle dans la chambre. Ils me
déclarent « avertissement, on aurait
pu te descendre, alors tu arrêtes
tout et tu pars à l'étranger » et
tournent le coin de la rue.
J'entends le bruit d'une voiture qui
démarre rapidement. J'étais resté
assez discret sur cette agression,
faute de preuves, sachant en outre
qu'on voulait absolument me faire
passer pour dérangé/parano. Et je
voulais aussi éviter de voir ceux
qui m'aident et me soutiennent
prendre peur.
¤ Quelques
précisions sur cette volonté de me
faire partir « à l'étranger ». Avant
la parution de mon livre, on m'a
fait comprendre par la rumeur que je
devrais signer l'acceptation de mon
départ d'Air France sans indemnités
en acceptant de déclarer que
j'aurais raconté un peu n'importe
quoi sur les accidents d'Airbus, et
ce en échange d'une vague promesse
d'un emploi en Afrique, mais sans
garanties sérieuses sur l'emploi ni,
surtout, sur ma licence de pilote.
Bien sûr, je n'ai pas mis le doigt
dans un tel engrenage, d'autant plus
qu'en Afrique je n'aurais pas donné
cher de ma peau : une disparition,
un suicide, une agression fatale par
un cambrioleur qu'on ne retrouve
jamais... ce sont des choses qui
arrivent dans ces pays. Je sais de
quoi je parle, j'ai vécu un an et
demi en Afrique en 1976 et 1977 et
j'avais des exemples précis. Il
paraît d'ailleurs que même un juge
français, pourtant officiellement
détaché, y a été retrouvé
bizarrement suicidé. En France, le
risque de me faire liquider était
assez limité. Le fait qu'on ait
procédé à un simulacre l'a
ultérieurement confirmé (si on veut
supprimer quelqu'un, on le supprime
en silence, sans organisation
préalable d'une répétition). Il
était donc hors de question que je
parte en Afrique et l'agression ne
m'aura pas fait changer d'avis. Au
contraire.
• S'agissant de cette agression,
un
non lieu rendu par le juge
Nguyen, qui a eu tout le dossier,
est assez significatif (il
m'arrivait d'être armé, je l'ai
confirmé au juge Nguyen, saisi pour
détention d'armes, en lui
fournissant toutes les raisons qui
justifiaient mon choix, notamment
quelques déclarations du parquet qui
a prétendu mensongèrement -noté par
greffier- que je bénéficierais d'une
protection policière).
Un nouveau livre était prêt
Avec tout cela, j'étais paré pour une
contre offensive. Début 1998, un nouveau
livre est prêt. Fin prêt. Il n'y a plus
qu'à flasher à la photocomposition et à
imprimer. J'avais été très discret, mais
il fallait bien à ce moment sortir du
bois. J'avais eu l'expérience du premier
livre. La voici en quelques mots.
• En 1993 et 1994, durant plus
d'un an j'avais eu des contacts avec
quelques éditeurs, tout feu tout
flamme au vu du synopsis et des
documents présentés... mais qui,
très curieusement, ont ensuite fait
demi-tour pour des raisons assez
vaseuses. L'un d'eux a quand même eu
le courage de m'indiquer, par
l'intermédiaire d'un journaliste qui
faisait le lien, qu'il ne voulait
pas être impliqué dans cette
affaire. Dans mes démarches, j'ai
même été trahi par une dénommée
Irène Barki, travaillant à France
Loisirs et qui avait déjà publié un
livre. Une amie d'une bonne bande de
copains dont les familles ont été
victimes des camps de la mort et qui
m'ont toujours aidé et soutenu. Et
qui sont toujours mes amis, malgré
les ragots qu'on répand sur ma
prétendue appartenance au Front
national. Cette personne m'a mené en
bateau durant plusieurs mois,
faisant croire qu'elle retravaillait
mon manuscrit en relation avec des
éditeurs. Et, début juillet 1994,
elle a fini par me planter sans
autre forme de procès, alors qu'elle
avait insisté pour prendre en charge
la publication afin de ne pas la
laisser dans les mains de la
« droite non parlementaire ». Le
hasard a fait qu'en ce début juillet
1994 j'ai trouvé un éditeur de
moyenne surface par l'intermédiaire
d'un autre journaliste. L'identité
de l'employeur de ce dernier peut
déplaire... mais basta ! J'avais un
livre à publier, un point c'est
tout. Cet éditeur a donc décidé de
procéder au plus vite et de profiter
du mois d'août pour prendre de
vitesse les malfrats de l'ombre. Et
mon premier livre est sorti
d'imprimerie, un peu par surprise,
dans les tout premiers jours de
septembre 1994 pour une mise en
place dans la semaine du 12. Je
revois encore la tête du
fonctionnaire des Renseignements
généraux, débarquant en catastrophe
chez l'éditeur pour tenter d'en
savoir plus (pour gagner du temps,
il n'avait pas finassé et avait
indiqué ses fonctions).
Fort de cette première expérience,
j'ai donc fait preuve, en ce début 1998,
pour mon nouveau livre, de la plus
grande discrétion jusqu'au dernier
moment. Alors, en face, quand ils ont
découvert qu'un nouveau livre était prêt
à rouler, panique générale. Compte tenu
de ma résistance, ils n'avaient que deux
solutions. Me supprimer -ou bien
m'enlever discrètement, ce qui revient
au même s'agissant des effets externes-,
mais, on l'a vu, en France c'est
délicat. Ou bien m'enfermer en prison ou
chez les fous. C'est ce qu'ils ont
décidé.
Le Pavillon des Cancéreux
Il fallait aussi me retrouver. Après
mon agression j'étais devenu discret sur
mes domiciles successifs. Alors Airbus,
le juge Guichard et le bâtonnier de
Paris, Dominique de la Garanderie, ont
monté une accusation bidon de prétendues
menaces. Le juge Valat, celui qui
s'endort sur le dossier des écoutes de
l'Elysée, a été saisi. Cinq jours de
recherches par six inspecteurs de la
brigade criminelle. Rien que ça ! Garde
à vue. Présenté au juge. Réquisitions de
placement en détention signées de
Jean-Pierre Dintilhac, procureur de
Paris, en personne. Ses adjoints et ses
substituts ont-ils refusé de signer une
pareille forfaiture ? Devant le juge, la
représentante du parquet, le substitut
Anne Chemin, une jeunette, était au bord
des larmes. Elle regardait le bout de
ses chaussures. Elle n'a invoqué aucun
argument. J'ai souligné son silence. Je
l'ai accusée d'agir dans le seul but de
tenter de faire taire par l'enfermement
en prison celui qui dérange, comme dans
les républiques bananières. Elle n'a pas
contesté. J'ai souligné que cette
absence de contestation constituait un
aveu. Aucune réaction. Et j'ai fait
enregistrer tout ce qui précède par le
greffier ! Cela figure dans le PV qui
m'a été remis. J'ai été envoyé à la
prison de Fresnes, six mois au total,
sans aucun acte d'instruction malgré mes
demandes. Et aucune condamnation n'est
intervenue par la suite. Il était en
effet impossible pour eux d'amener cette
affaire en audience publique, en
première instance puis en appel,
tellement elle était foireuse.
J'ai donc « bénéficié » d'un non-lieu
pour de prétendus troubles mentaux et
j'ai été expédié en unité psychiatrique
pour malades difficiles (UMD) à
Villejuif. Il y avait à l'époque quatre
centres en France (moins de 500 places),
c'est vraiment réservé aux 0,000008 %
les plus critiques de la population
française ! Mais, pas de chance pour les
réseaux parisiens, leurs ateliers et
leurs fraternelles, je n'ai pas été
admis en raison d'une grève des
infirmiers. Après quatre jours par terre
sur un matelas dans un cagibi, réduit à
l'état de poireau par les drogues (je ne
pouvais plus écrire et je pouvais à
peine parler), j'ai été envoyé à l'UMD
de Sarreguemines, en Lorraine, où les
psychiatres qui m'ont examiné et qui ont
pris connaissance des éléments du
dossier et des raisons de l'acharnement
dont j'étais l'objet, ont immédiatement
arrêté tout traitement et m'ont trouvé
normal malgré ce qu'on m'avait fait
endurer (neuf psychiatres au total). Ils
m'ont fait sortir en battant un record
de vitesse dans une telle procédure (je
suis resté enfermé deux mois). Des
interventions extérieures auprès du
préfet de la Moselle ont également joué
(c'est le préfet qui prend les décisions
relatives aux internements). Les
psychiatres de Fresnes m'avaient
auparavant, eux aussi, déjà trouvé
normal, ce qui n'avait pas empêché le
juge Valat -beuark- et son expert
véreux, Bricout, dont la renommée n'est
plus à faire, de me déclarer paranoïaque
incurable et de m'expédier en UMD. Alors
que, de plus, l'expertise de l'IPSC de
Lausanne, déjà évoquée, était intervenue
peu après mon incarcération et que je
l'avais adressée au juge depuis ma
cellule, et plusieurs fois rappelée (je
lui avais envoyé les articles de presse
à ce sujet et aussi le rapport
d'expertise de l'IPSC, qu'on m'avait
fait parvenir en prison).
Le gouvernement Jospin a été tenu
informé de tout cela (Justice,
Transports, Matignon).
Des journalistes courageux, qui ont
eu tout le dossier, n'ont pas manqué de
mettre très sévèrement en cause le juge
Valat et son expert pour leurs méthodes
soviétiques (presse).
Et les avocats ? On pourra lire, sur
ce point, une
lettre ultérieure, du 14 juin 2002,
qui semble très gênante pour le conseil
de l'ordre des avocats. Il faut dire que
l'un des leurs, Jean-Paul Baduel, avait
fait fort dans la crapulerie. Alors que
j'étais en prison, il m'a adressé des
lettres révoltantes. Des amis lui
avaient pourtant versé vingt mille
francs d'honoraires en mon nom (on voit
que cet avocat reconnaît avoir travaillé
en relation avec un certain Jean-Charles
Corbet, dont je reparlerai plus loin).
Cet avocat a tout mis en œuvre,
profitant de ce qu'il estimait être une
situation de faiblesse, pour m'enfoncer,
en me racontant n'importe quoi, et pour
tenter de me faire avouer une prétendue
fragilité émotionnelle (« un système de
défense consisterait à admettre cette
fragilité émotionnelle »). C'est digne
du procès Ochoa à Cuba, dans la grande
tradition des procès de Moscou : faire
croire à celui qu'on a emprisonné pour
des motifs inavouables que la
reconnaissance des faits bidon dont il
est accusé lui permettra de sortir...
alors qu'ainsi il signe son arrêt de
mort, ou, dans le meilleur des cas, sa
déportation (lettres
de Baduel).
La Cour européenne des droits de
l'homme (Strasbourg)
Je suis sorti d'UMD et j'ai retrouvé
la liberté début janvier 1999. Et
pendant quelques temps je suis resté
discret. Le temps de préparer la suite.
En février 2000, je me réfugie en
Autriche, où j'ai de la famille, pour
pouvoir me défendre. Je mets en cause la
Cour européenne des droits de l'homme
(CEDH), saisie en 1996 mais qui traînait
les pieds et qui a couvert, en toute
connaissance de cause, ce qui précède,
alors qu'elle était déjà saisie. L'acte
de saisine de septembre 1996 est en
béton au regard des textes et de la
jurisprudence de la CEDH, tant au fond
(violation de plusieurs articles de la
Convention de sauvegarde des droits de
l'homme), que sur la recevabilité (refus
des avocats de me répondre,
impossibilité d'entreprendre des
procédures internes « effectives,
adéquates, équitables », qui seraient
susceptibles de mettre fin aux
violations de la convention et de
réparer le préjudice subi, etc.).
A ce moment la CEDH s'est associée à
la France pour monter une nouvelle
accusation bidon de prétendues menaces.
Interpol a été saisi (oui, oui !).
Alors, plutôt que jouer à cache-cache
avec Interpol dans une fuite hasardeuse
et stérile et prendre le risque de me
retrouver emprisonné à l'étranger pour
un temps indéterminé, j'ai préféré
crever l'abcès. J'ai donc décidé de
revenir en Alsace pour reprendre contact
avec ceux qui sont concernés par les
accidents de Habsheim et Sainte-Odile,
ou qui suivent tout cela pour diverses
raisons, et, sachant parfaitement que je
n'avais rien à me reprocher (j'insiste
sur ce dernier point, la conclusion de
cet épisode le confirmera avec éclat),
je me suis rendu à Strasbourg, à la
CEDH, pour formaliser une nouvelle
requête contre la France. C'est une
procédure normale, des guichets sont
prévus pour cela. Que fit la CEDH ?
(« DH » pour Droits de l'Homme, faut-il
le rappeler ?) Elle a appelé la police
pour me faire arrêter dans ses locaux et
me faire enfermer (si, si, elle est
quand même assez géniale celle-là !).
Et on a à nouveau tenté la
psychiatrie. Mais l'échec fut cinglant
et total d'entrée de jeu. Echec sur la
psychiatrie. Quatre experts renommés
m'ont déclaré sain, en soulignant mon
équilibre psychique face aux agressions
subies (rapports
d'expertise). Echec sur
l'accusation. Les enregistrements
téléphoniques effectués par la CEDH, par
ailleurs incomplets et présentant des
blancs, ce qui a été constaté par le
juge et figure dans la procédure,
montraient non seulement que
l'accusation de menaces ne tenait pas,
mais aussi, et surtout, que la CEDH
était d'une parfaire malhonnêteté ! Sans
parler du parquet.
Panique chez mes accusateurs qui,
devant l'effet boomerang, ne savaient
plus comment s'en sortir. Et comment me
sortir du goulag sans faire de vagues,
puisque j'ai finalement passé cinq mois
en prison à Strasbourg et Epinal (le
gouvernement Jospin avait été tenu
informé de tout cela). Bref, l'affaire
est venue discrètement à l'audience un
27 juillet. Depuis ma prison je pouvais
difficilement organiser ma défense et
prévenir victimes, journalistes et
autres. Et, sachant ce que j'avais en
main, j'ai estimé inutile de sortir le
grand jeu du premier coup. Malgré cela,
mes accusateurs se sont pris une bonne
fessée. Tant la CEDH que le parquet.
J'avais cité un seul témoin, l'employée
de la CEDH qui m'avait dénoncé, Caroline
Ravaud, pour qu'elle s'explique sur la
déformation de mes propos. Elle a refusé
de venir. J'ai donc déclaré, en
ouverture « c'est comme en quarante, on
dénonce, on dénonce, mais après il n'y a
plus personne ». Le procureur a bondi
mais je lui ai indiqué qu'il pourrait y
avoir pire. Et il y eut ! A la fin de
mon exposé, le désignant du doigt, je me
suis permis de le qualifier de
« délinquant ». L'expression carpe
sur le gazon a trouvé tout son sens
pour décrire la réaction de l'intéressé.
Mais il n'a pas contesté, n'a fait
valoir aucun outrage... Finalement, pour
mes prétendues menaces, sur lesquelles
je ne m'étais pas défendu pour ne pas
perdre de temps en explications
sémantiques et en dénonciation de la
construction intellectuelle malhonnête
de l'accusation, je n'ai pris que six
mois avec sursis, malgré cinq mois de
détention provisoire. Le quotidien « Les
Dernières Nouvelles d'Alsace » a
fidèlement rapporté les faits.
Croustillant n'est-il pas ?
Et j'ai interjeté appel pour passer
la deuxième couche. Le parquet, qui est
maître de l'audiencement, a préféré ne
pas sombrer dans le ridicule en appel et
il a refusé de faire venir l'affaire
devant la cour à Colmar, malgré mes
lettres de relance. Il laissera
finalement passer le délai de
prescription de trois ans, à l'échéance
du 26 juillet 2003. La condamnation de
première instance est donc
définitivement nulle, et je suis
définitivement blanchi.
Mais le pouvoir socialiste entendait
ne pas en rester là. Il a la rancune
tenace.
Le Pavillon des Cancéreux (bis)
On vient de le voir, j'ai été libéré
le 27 juillet 2000. Je passe le mois
d'août en vacances en Bretagne, chez un
ami pilote, sans intervenir de quelque
manière que ce soit. Vacances totales.
Plage, coquillages et crustacés. Et
voile. J'avais d'ailleurs fait savoir à
qui voulait l'entendre, entre autres à
quelques connaissances ayant l'oreille
du gouvernement socialiste, que je
laissais le mois d'août comme temps de
réflexion, après avoir rappelé qu'à
Strasbourg je m'étais abstenu de
prévenir les journalistes, notamment
étrangers, nombreux dans la région en
raison de la proximité des frontières
et, surtout, de l'implantation du
Parlement européen dans cette ville.
Ayant montré mon sens de la modération
et mon souci de la conciliation,
j'espérais que du coté de mes agresseurs
on calmerait un peu le jeu. Tu parles...
Avec un ministre des Transports
communiste et un Premier ministre
ex-trotskyste, il ne sert à rien
d'espérer !
Dans les derniers jours d'août, je
rentre à Paris. Pas de travail,
multirécidiviste de la prison. En lutte
quotidienne pour ne pas être à la rue.
C'est ce que voulaient ceux qui
s'acharnent contre moi, alors autant
assumer pleinement ma situation, parce
que le « camping » chez les uns et les
autres, cela ne pouvait plus durer. Je
fais donc la manche, pendant trois jours
(pas à temps plein, il ne faut pas
exagérer) devant l'AFP, en uniforme avec
quelques documents que je distribue. J'y
rencontre pas mal de monde. On me dit
parfois que l'AFP c'est un peu l'agence
Tass, mais qu'on commence à parler de
mon affaire dans les bureaux. Certains
m'indiquent avoir rencontré Jean-Edern
Hallier à l'AFP et me déclarent que mon
affaire présente des similitudes, mais
que les méthodes utilisées contre moi
sont pires et que rien ne les justifie
dans la mesure où on ne peut invoquer un
quelconque prétexte de prétendue vie
privée de Mitterrand. Ils m'informent
aussi : « revenez la semaine prochaine,
tout le monde sera rentré de vacances,
et on sera quelques-uns à agir de
l'intérieur sur votre affaire ». Faut-il
préciser que la direction de l'AFP a
pris soin d'informer le gouvernement de
tout cela ?
Le vendredi 1er septembre
2000, je ne vais donc pas à l'AFP.
Inutile d'en rajouter, je reviendrai le
lundi, quand tout le monde sera rentré.
Mais, au soutien de ma démarche et en
vue de la publication d'un nouveau
livre, je décide de faire une photo du
pilote en uniforme faisant la manche
devant Matignon. Les lieux étaient
déserts. Dix secondes au total. Aucun
trouble à l'ordre public. Qu'advint-il ?
Tiens, pardi : enfermé chez les fous sur
décision administrative, alors que j'ai
présenté les expertises Merzougui/Thernier
et Coutanceau/Bornstein, qui viennent
d'être évoquées et trois ou quatre
documents significatifs, notamment « Les
Dernières Nouvelles d'Alsace » du 28
juillet 2000, avec AFP du même jour et
commentaires. Le commissaire de police
du 7ème arrondissement, très
gêné devant un tel dossier, notamment la
presse toute récente et les expertises
psychiatriques tout aussi récentes, a
reconnu agir sur ordre et m'a fait
interner après trois heures passées dans
son commissariat et de nombreux appels
téléphoniques. Je me suis retrouvé à
Perray-Vaucluse, au sud de Paris (presse).
Quelques interventions extérieures
sont restées sans effets. Puis on a
voulu commencer à me droguer de force.
Je me suis évadé dans la nuit du 12 au
13 septembre. Branle bas de combat chez
les officiels. Enquête de police chez
tous mes amis connus, et autres, à
Paris, en Alsace et en Bretagne. Six
mois d'enquête policière avec
interrogatoires de journalistes (même un
retraité, Jo Laengy !), d'avocats, en
violation de la loi, et même d'enfants
de quinze ans en l'absence de leurs
parents ! (Courriel
de Maître Lefebvre, avocat à Strasbourg
et communiqué à l'AFP.) Pourtant,
n'ayant jamais enfreint la loi, j'avais
installé ma base arrière dans la Nièvre,
en famille, sans trop me cacher.
Une superbe forfaiture judiciaire
Les recherches, dont je suivais tout
le déroulement en tenant le gouvernement
Jospin et la CEDH informés (qui savaient
donc parfaitement de quoi il
retournait), sont restées vaines. Il a
donc fallu que la belle justice
française commette une nouvelle
forfaiture. Il a été mensongèrement
prétendu par le parquet et par un juge
d'instruction que je n'aurais pas
respecté les obligations d'un contrôle
judiciaire qui, en fait, n'existait
plus. Cette forfaiture (crime) avait
pour objet de violer le secret des
correspondances dans le but de procéder
à des écoutes téléphoniques à grande
échelle pour me retrouver, m'enfermer à
nouveau chez les fous sans motif (crime
d'enlèvement et séquestration), et me
droguer de force (crime ou délit, selon
la gravité). Les écoutes téléphoniques
n'ont rien donné. C'est finalement par
l'Internet, après des recherches assez
lourdes que j'ai été retrouvé (enquêtes
chez les constructeurs de logiciels et
gestionnaires de la Toile pour, à partir
des numéros TCP/IP des protocoles
Internet, connaître l'identité des
acheteurs des logiciels utilisés, et,
comme j'utilisais souvent Cyberposte,
enquête à La Poste pour savoir où
avaient été installés certains des
terminaux recherchés). Et tout cela,
officiellement, parce que j'ai osé faire
une photo devant Matignon et alors que
tous les intervenants savaient
parfaitement que je ne suis pas atteint
de troubles mentaux. Quel délire ! Dans
le même temps, Yvan Colonna courait
tranquille.
Et le 14 mars 2001 j'ai donc été
arrêté au bureau de poste de Corbigny
(Nièvre) par les gendarmes. Ceux-ci
surveillaient les lieux depuis plusieurs
jours. Les pouvoirs publics ont vraiment
mis le paquet ! Les gendarmes de
Corbigny ont été plus que surpris quant
ils ont découvert le pot aux roses et
quand le parquet a annulé la procédure
relative au prétendu non-respect d'un
contrôle judiciaire. Ils ont même été un
peu écœurés. Mais j'ai été ramené à
Paris et à nouveau interné et j'ai été
drogué de force. Toutefois, durant ma
cavale, j'avais pris certaines
dispositions qui ont payé. Des
interventions extérieures, multiples et
très fermes, coordonnées notamment par
ma famille, ont entraîné les pouvoirs
publics à la modération. Des
journalistes sont intervenus (mais pas
l'AFP). Des médecins ont refusé cette
psychiatrie totalitaire malgré le poids
des réseaux parisiens. J'ai été libéré
le 13 août 2001.
Quant aux avocats, voici ce qu'il en
fut. Quand j'ai été repris par les
gendarmes ma famille a pris un avocat,
tenant à sa disposition les honoraires
qu'il réclamait. Elle s'est déplacée à
Paris pour le rencontrer. J'étais de mon
coté un peu assommé par les drogues et
je pouvais difficilement intervenir
sérieusement. Cet avocat nous a menés en
bateau, nous laissant croire qu'il
agissait mais restant les bras croisés.
Puis il a fait le mort. Nous attendons
toujours de ses nouvelles. Il savait
pourtant l'importance de l'affaire. Et
ce n'était pas n'importe qui. C'était
Morad Falek... qui avait un lien
familial direct avec un pilier du
conseil de l'ordre des avocats, le
bâtonnier Jean-René Farthouat (cet
avocat a été vraiment mal choisi, mais
j'étais quelque peu neutralisé par les
drogues, donc incapable d'intervenir
utilement, et c'est ma famille, peu au
fait de certaines connivences et
n'imaginant pas que des avocats puissent
être à ce point véreux, qui a fait
toutes les démarches ; je ne découvrirai
le pot aux roses qu'après ma
libération).
Le gouvernement Jospin et la CEDH ont
été informés de tout ce qui précède.
Pousser les pions malgré tout
A ce moment, en août 2001, j'ai donc
subi, au total, dans cette affaire,
dix-neuf mois de captivité depuis mai
1998, dont deux mois de quasi-torture en
UMD à Sarreguemines (les psychiatres ne
m'y avaient rien trouvé, mais je suis
resté en observation près de deux mois
dans un enfer ; les psy m'avaient
d'ailleurs déclaré : « si vous avez tenu
en UMD sans médicaments, on ne se pose
aucune question à votre sujet »). Et
j'ai dû aussi passer six mois en cavale,
dans la clandestinité, traqué par la
police et la justice aux ordres (c'est
surtout -les mots sont pesés- le collabo
gestapiste Dintilhac, à l'époque
procureur de Paris et exécuteur avéré
des basses œuvres du gouvernement
Jospin, qui est en cause).
Je suis donc libre le 13 août 2001.
Il est évident que, pour le moins, Paris
et sa région m'étaient interdits en
raison des capacités de nuisance des
réseaux parisiens. Je suis donc retourné
au vert, dans la Nièvre.
Et j'ai continué à pousser mes pions,
dans la mesure de mes moyens. Il me
fallait exploiter les faiblesses des
voyous qui s'acharnent contre moi,
c'est-à-dire l'aspect de plus en plus
caricatural de cette affaire. Je suis
devenu très prudent, afin de ne pas
donner prise à mes agresseurs. Je peux
exposer cette politique par l'histoire
suivante, complétée. C'est celle de
Coluche. L'Arabe jeté en prison pour
corruption de fonctionnaire. Il avait
donné un sucre à un chien policier ! Un
jour, donc, j'avais donné un sucre à un
chien policier. Crac, au trou. Pourtant,
cela ne tient pas en droit. Je n'ai donc
plus donné de sucre. Mais je suis passé
devant un chien policier. Crac, au trou.
On m'a accusé d'avoir à nouveau donné un
sucre. Ce qui ne tient, ni en fait, ni
en droit. Alors maintenant, quand je
passe devant un chien policier, un ami
filme en vidéo. Et quand je suis
convoqué par les gendarmes, à la demande
du parquet, sous l'accusation d'avoir
commis le délit de remise d'un sucre à
un chien policier, je sors la vidéo. Le
parquet de Paris s'est ainsi planté à
deux reprises en 2002. Les gendarmes
étaient partagés entre le sourire et la
lassitude, parce qu'ils ont vraiment
autre chose à faire.
En langage moins métaphorique, voici
les faits. J'ai été convoqué par les
gendarmes de Corbigny à la demande du
parquet de Paris le 12 juin 2002 à la
suite de certains de mes écrits, qu'on a
voulu une nouvelle fois interpréter.
Mais, en raison de ma prudence et parce
que dans la Nièvre j'étais mieux protégé
des réseaux nauséabonds de la capitale,
la manœuvre a échoué (lettre
du 13 juin 2002). Nouvelle tentative
avec nouvelle convocation au début août,
toujours à la demande du parquet de
Paris (mais le dossier, comme pour la
première fois, transite par le parquet
de Nevers, ce qui permet d'impliquer
celui-ci ; on verra ultérieurement cette
incidence). Nouvel échec ! (lettre
du 13 août 2002). Bref, au parquet
de Paris, alors que Dintilhac était sur
le départ après le changement politique
du mois de mai, il semblerait qu'on ait
commencé à comprendre que tout cela
pourrait être inutile. Et même provoquer
des effets boomerang qui pourraient
devenir dévastateurs.
Et à la CEDH, ça commençait à jaser
(ce sont surtout Wildhaber, président,
et Jean-Paul Costa, vice-président et
président de la section II, qui sont en
cause).
La Nomenklatura de l'aviation civile
Malgré l'accalmie du coté du parquet
de Paris, le directeur général de
l'aviation civile adresse, fin août, un
dossier tronqué, donc peu
compréhensible, au parquet de Nevers et
au préfet de la Nièvre (c'est le préfet
qui prend les décisions d'internement
psychiatrique). Le but de cette démarche
était, bien sûr, de tenter une nouvelle
fois de me faire retourner chez les
fous. Les gendarmes sont à nouveau
saisis ! Tout cela commençait à bien
faire. Un contact nivernais, ayant un
pied (discret) dans la magistrature, m'a
conseillé d'écrire au parquet de Nevers
et au préfet pour tenter de contrer
l'attaque puis de prendre le large.
C'est ce que j'ai fait. Et je suis passé
à nouveau dans la clandestinité à la fin
du mois de septembre 2002. J'avais
d'ailleurs informé dès les premiers
jours de septembre quelques observateurs
et journalistes que je risquais d'être
contraint de me cacher (il m'arrive
d'être informé des saloperies qu'on me
prépare).
Durant cette nouvelle période de
clandestinité, certains se sont même
inquiétés pour ma vie (pas moi). Il est
vrai qu'on trouve dans les hauts lieux
de l'aviation civile quelques excités
maladifs totalement dominés par leur
ego, entre autres quelques
polytechniciens qui ont échoué au
concours de pilote de ligne et qui, nous
jalousant et voyant en nous le symbole
de leur échec, ont une fâcheuse tendance
à nous détester, et même plus, la
jalousie et la haine étant cousines
(j'ai des noms !). Il est tout aussi
vrai que je dérange beaucoup et que
certains réseaux peuvent être dangereux.
L'affaire de la Loge P 2, et d'autres,
sont là pour le montrer. Mais bof...
De mon coté, j'ai toujours indiqué
que je ne faisais que me défendre et que
je ne rejetais aucune solution
acceptable (je peux très largement le
prouver : j'avais fini par le confirmer
par recommandé à qui de droit peu de
temps après le début de cette affaire et
je n'ai cessé de le répéter depuis).
J'ai commencé à ce moment, en 2002, à
enfoncer le clou du côté des avocats
pour les raisons suivantes. Mes avocats,
qui ne m'ont jamais défendu et qui
parfois m'ont même ouvertement enfoncé,
refusaient de me répondre. Il en était
de même du bâtonnier. J'ai écrit à tous
les membres du conseil de l'ordre, à
leurs cabinets professionnels pour
éviter tout risque d'interception. La
plupart des documents intéressants leur
ont été transmis. Rien n'y a fait. J'ai
commencé à dénoncer cet aspect de
l'affaire, que tout le monde peut
comprendre. Même un criminel a droit à
un avocat. Même le collabo Papon,
criminel contre l'humanité. Et ce
dernier est bien défendu par ses
avocats. Pour ma part, je n'ai rien à me
reprocher. Malgré cela, j'en prends
plein la tronche. L'attitude de mes
avocats et du conseil de l'ordre est mon
meilleur argument pour montrer de quoi
il retourne, notamment auprès de ceux
qui n'auraient pas lu le dossier où qui
ne connaîtraient rien à l'affaire. Ou
qui veulent à tout prix faire semblant
de ne pas comprendre ! Dans ce pays, il
y a quelques adeptes de l'Airbus über
alles et même du Heil Airbus.
N'est-ce pas, Francis !
Dans cette période j'ai écrit à
plusieurs reprises au bâtonnier et à
chaque membre du conseil de l'ordre. Mon
adresse électronique restait en service
et mes courriels y étaient relevés avec
précaution. Il est intéressant de
constater que le conseil de l'ordre des
avocats n'a même pas cherché à savoir
l'identité de mes avocats, qui refusent
de me répondre. Quel aveu de
malhonnêteté !
Anecdote, qui tombe à ce moment :
l'ex-trotskyste Jospin a-t-il été acheté
par Airbus ? (presse.)
Où sont les disparus ?
Que devient Guichard, juge des Airbus
comme il l'a lui-même déclaré, en fait
juge à mi-temps et également maire
adjoint socialiste de Strasbourg à
l'époque de Trautmann -il n'y a qu'en
France qu'on voit ça- puis devenu membre
d'une commission municipale de Paris
après l'arrivée de Delanoë ? Ce même
Guichard qui, alors qu'il était toujours
en charge des deux accidents alsaciens,
avait annoncé publiquement -pas malin !-
qu'il envisageait de quitter la
magistrature pour devenir avocat dans
l'aéronautique, avec son épouse déjà
avocate. Peut-être l'avocat d'Airbus ou
d'une société associée ?
Et quelle fut l'issue du procès en
diffamation qu'il m'a intenté ? Inutile
de parler des débats de première
instance : un simulacre de procès, les
témoins cités ayant refusé de se
présenter sans que cela émeuve le
tribunal. Par souci de modération,
j'avais laissé faire mon avocat, Antoine
Beauquier, qui, bien sûr, ne m'a pas
défendu. J'ai interjeté appel avec
l'intention de faire valoir les bons
arguments. Et on voit qu'ils ne manquent
pas. Tout cela en informant des familles
de victimes et divers intervenants et
observateurs, notamment des journalistes
alsaciens. Mais l'audience d'appel s'est
tenue en juin 1998... durant mon séjour
à Fresnes, une des plus charmantes
prisons françaises. Traîné à l'audience
avec les menottes, après avoir été dans
l'incapacité de préparer ma défense, ce
que j'ai souligné devant la cour, je
n'ai pu que déclarer maintenir mes
accusations contre Guichard. Mes
avocats, Beauquier et Jean-Yves Le
Borgne, n'ont pipé mot. J'ai été
condamné à verser à Guichard un franc
symbolique de dommages et intérêts,
alors qu'il en réclamait cent mille. Les
habitués du palais considèrent que c'est
un désaveu pour lui, surtout quand on
voit ce que j'avais écrit sur son
compte. Mais cela reste inacceptable
pour moi, dans la mesure où, si on
n'avait pas rendu ma défense impossible,
j'aurai gagné ce procès haut la main.
Et qu'est devenu Asseline, le
commandant de l'Airbus accidenté à
Habsheim ? A l'été 2002 on a de nouveau
parlé de lui. Employé par Air Lib à un
très haut poste, chef pilote responsable
de la formation, il bénéficiait d'un
gros revenu. Pas mal pour un pilote
officiellement accusé d'avoir planté son
avion en faisant le clown avec 136
passagers (trois morts, une cinquantaine
de blessés). Ce volet du scénario était
clairement annoncé dans mon livre et ses
raisons étaient tout aussi clairement
indiquées. Ainsi, je suis le seul à
avoir été vraiment sanctionné à la suite
du crash de Habsheim : interdit de
travail à l'âge de 38 ans, séquestré à
plusieurs reprises pour délit d'activité
syndicale et délit d'opinion, obligé, à
cette époque, de vivre dans la
clandestinité... ! Ceci complète la
caricature. En outre, le patron d'Air
Lib, Jean-Charles Corbet, qui employait
Asseline et le soutenait publiquement
(il encense ce dernier dans « Le
Nouvel Observateur » du 9 janvier
2003), est un récent président de la
section Air France du Syndicat national
des pilotes de ligne (majoritaire). Il
occupait ces fonctions quand on a
commencé à m'enfermer, en 1998, et ce
sont des membres du bureau de son
syndicat qui sont venus me voir en
prison à Fresnes pour me demander ce que
je pensais de lui. J'ai répondu que
j'attendais, mais qu'il risquait de
battre un record de compromission. Et
bien Corbet a finalement reconnu avoir
obtenu Air Lib par « relation » avec le
ministre des Transports Gayssot
(France 2, JT de 13 heures, 12 janvier
2003). Pour un Franc symbolique. Faut-il
faire un dessin, s'agissant des
magouilles ?
Naïveté
Mais, Air Lib, c'est fini. Qu'est
devenu Asseline ? Quelles participations
a-t-il dans les sociétés de Corbet ? On
a commencé à s'interroger publiquement
sur Holco, la holding de ce dernier, qui
contrôlait Air Lib et des filiales non
liquidées, et sur les avantages qu'il
aurait pu tirer de tout cela. Je connais
Corbet depuis longtemps. Il est
peut-être un peu « illuminé » -ce n'est
pas péjoratif, j'évoque ainsi la part de
rêve ou d'ambition qui habite chacun-,
malhonnête et magouilleur, mais je ne le
crois pas vénal et encore moins escroc
patenté. Je pense qu'il fut, dans les
mains du ministre Gayssot, un idiot
utile, pour reprendre l'expression que
Lénine réservait à certains de ses amis.
Je peux toutefois me tromper. Je suis un
peu naïf, ce qui me joue parfois des
tours. Et puis, les gens peuvent
changer. En tout état de cause, l'avenir
de Corbet s'est assombri. On en saura
plus au moment de son procès. A moins
qu'il ne bénéficie d'un non lieu pour
éviter certains déballages publics.
A propos de naïveté. On me reproche
parfois un certain esprit critique. Et
bien, en fait, je dois en manquer ! En
effet, je n'imaginais pas que la justice
française était à ce point soumise (même
si on trouve aussi des magistrats
honnêtes et courageux, ce qui a parfois
bloqué mes agresseurs dans leurs
attaques). Et je n'imaginais pas que
certains médias pouvaient être quelque
peu aveugles, pour ne pas dire plus. La
distribution de billets d'avion
gratuits, à la tête du client et en
fonction de la teneur des articles ou
reportages, en serait-elle la cause ? Et
que penser de l'opinion des journalistes
étrangers sur leurs collègues français
(les expressions sont tirées d'un débat
télévisé conduit par Arlette Chabot) :
« la presse française est une presse
d'éditorialistes », « les journalistes
français sont des lèche-cul »... ? Et
bien, ils n'ont peut-être pas
entièrement tort.
Et, puisque je parle des médias
français, voici un bel exemple. Une
dizaine de jours après la parution de
mon livre, un incident survient à un
Airbus en approche à Orly, le samedi 24
juin. Un début de vrille, enregistré par
coïncidence en vidéo. Je suis
interviewé, le 28 vers 16 heures, par le
correspondant de la deuxième chaîne
allemande, ZDF. Il est fait référence à
mon livre. On me dit que cela doit
passer au JT du soir. A cette époque,
France 3 reprenait chaque soir, vers
23 heures 30, minuit, les JT du soir de
plusieurs pays européens, toujours les
mêmes chaînes et, pour l'Allemagne, la
ZDF. Ce soir là, le présentateur de la
Trois annonce : « en raison d'un
problème technique nous n'avons pas pu
obtenir le journal de la deuxième chaîne
allemande, alors nous passons celui de
la première chaîne, ARD ». Ouarf !
Quiconque connaît un peu les techniques
et les usages dans le milieu de la
télévision sait que l'argument est
ridicule. Cela ne tient pas. Alors, le
lendemain après-midi, j'appelle le
correspondant de la ZDF à Paris, qui
m'avait interviewé. Je commence par me
présenter à la personne qui décroche.
Immédiatement mon interlocutrice me
coupe et me répond : « Ah, M. Jacquet,
ne quittez pas, je vous passe notre
directeur ». Elle devait s'attendre à
mon appel, avec des consignes. Et le
directeur m'a dit ce qu'il pensait des
médias français. Je préfère ne pas
répéter. Et il a ajouté qu'il
m'enverrait la cassette du JT dans les
jours suivants. Ce qu'il a fait. Elle
est versée au dossier.
Un bilan... provisoire
Tout ce qui précède a fait l'objet
d'une note de synthèse au printemps
2003. Largement diffusée (CEDH,
gouvernement Raffarin, chancellerie,
présidents de la cour d'appel et du
tribunal de Paris, présidents des
tribunaux de Strasbourg et Mulhouse et
de la cour d'appel de Colmar, procureurs
généraux de ces juridictions, avocats,
bâtonnier de Paris, tous les membres du
conseil de l'ordre, nombreux
journalistes...). La plupart des
documents cités étaient annexés ou bien
avaient été préalablement transmis aux
différents destinataires. En conclusion
de cette note, je donnais quelques
informations sur mes intentions,
parfaitement légales et, usant d'une
métaphore, j'annonçais une Opération
Hiroshima (j'avais souvent précisé
que j'avais toujours respecté la loi et
que je poursuivrai dans la même voie, ce
qui ressortait aussi de la note).
On ne sait pourquoi, certains ont
cru, ou ont fait semblant de croire, que
j'aurais eu l'intention d'abattre le
président de la République à l'occasion
de l'inauguration du salon aéronautique
du Bourget, le samedi 14 juin 2003 !
Alerte au préfet de la
Seine-Saint-Denis. Surveillance du
domicile de ma famille nivernaise durant
24 heures, du vendredi après-midi au
samedi après-midi (deux véhicules de
gendarmerie et deux voitures des
Renseignements généraux !). Filature des
véhicules qui en sortaient. Recherches
pour me retrouver. J'ai été arrêté dans
la Nièvre le mercredi 18 en fin de
journée et amené à la gendarmerie de
Corbigny, gardé à vue sous des motifs
foireux, puis transféré à Paris. Après
plus de 48 heures de garde à vue, j'ai
été présenté au juge parisien Baudoin
Thouvenot, qui, tombant des nues et
surchargé de travail le vendredi vers
20 heures, m'a envoyé, à la demande du
parquet, devant le juge des libertés et
de la détention, Philippe Boussand.
Raffarin sur les traces de Jospin ?
Par lettres des mois d'avril, mai et
début juin 2003 adressées au Premier
ministre, locataire de Matignon depuis
mai 2002, j'avais porté à la
connaissance du nouveau gouvernement
l'essentiel de l'affaire, ma situation,
ses raisons et ma volonté de me
défendre. J'avais pris soin de préciser
que je respecterai la loi, qu'il n'y
aura pas de violences etc. Malgré cela,
le cabinet du Premier ministre a porté
plainte, au moment de l'ouverture du
salon du Bourget, pour « menaces et
actes d'intimidation » sur la personne
de Monsieur Raffarin (art. 433-3 du code
pénal) sans qu'on sache quels auraient
été les actes illégaux constitutifs
d'une menace ou d'une intimidation, ni
les faveurs que j'aurais réclamées
(cette seconde condition doit être
également remplie pour que soit
constitué le délit prévu à l'article
433-3).
Le parquet m'a poursuivi, attribuant
à certains mots et formules de mes
écrits un sens opposé à celui des
dictionnaires ! Ceci, pour tenter de
justifier les recherches dont j'ai été
l'objet, mon arrestation, etc.
Tout cela ne tient pas debout. On a
manifestement voulu m'empêcher de
rencontrer des journalistes étrangers en
marge du salon aéronautique du Bourget,
avec annonce d'une demande d'asile
politique à l'étranger, projet que, par
principe, j'avais fini par porter à la
connaissance de Matignon, n'écartant pas
des actions symboliques mais légales et
soulignant que je n'aurai pas d'états
d'âme à faire sauter la République. Mes
lettres sont claires sur ce point. Les
originaux ont été recherchés à Matignon
et versés sous scellés à la procédure.
Il y est bien précisé que mes actions se
feront « avec le sourire et dans la
bonne humeur, sans atteintes aux
personnes » etc.
L'ordonnance de mise en détention
reflète bien, finalement, ce qu'il en
est. Elle constitue même un superbe aveu
du fait qu'on m'a enfermé pour
m'empêcher de mettre mes projets,
parfaitement légaux, à exécution. Elle
est même risible.
Après examen du dossier et enquête,
et après un mois de détention à Fresnes,
le juge m'a remis en liberté, malgré les
interventions particulièrement
malhonnêtes du bâtonnier Iweins visant à
m'enfoncer (ce dernier a adressé au juge
Thouvenot, alors que celui-ci n'avait
rien demandé, un dossier tronqué,
excluant les documents qui rappelaient
mon souci de respecter la loi et de ne
recourir qu'à des actions symboliques
mais légales).
La Cour européenne des droits de
l'homme a été informée de ces
événements, documents à l'appui.
Tout cela a eu pour conséquence ma
déchéance totale. Au début octobre 2003
je me suis retrouvé clochard et je le
suis toujours. Des organismes tels
Emmaüs, le Samu social, les Amis de la
rue, la Mie de pain, les Camions du
cœur, le Centre d'action sociale
protestant, les Petites sœurs des
pauvres, etc. en sont les témoins. Ainsi
que, rencontrés par hasard, quelques
journalistes venus faire des reportages
en ces lieux (France 3, France info...).
A 54 ans, avec plus de quatre-vingt
mille euros de dettes à des organismes
publics ou assimilés (impôts,
banques...), sans parler des dettes
privées, mon avenir n'est pas des plus
roses. Seule consolation : le psychiatre
désigné par le juge Thouvenot a
confirmé, comme les dizaines de ses
prédécesseurs, l'absence de troubles
mentaux.
Un nouvel avocat est entré en jeu.
Maître Carbon de Seze
Maître de Seze a été commis d'office
dans la procédure devant le juge
Thouvenot. Il est parfaitement informé
de ma situation. Et il m'a, lui aussi,
soigneusement mené en bateau. Il n'a
rien fait pour me défendre et il a même
magouillé pour tenter de m'enfoncer au
maximum.
Dans un premier temps, il m'a laissé
croire qu'il intervenait auprès du
bâtonnier, me laissant miroiter
l'ouverture d'un dialogue. Je n'étais
pas dupe, mais je ne pouvais rien faire
d'autre qu'attendre. Et j'ai pour
principe de toujours « laisser une
chance ». Je lui ai quand même rappelé
qu'il fallait me défendre devant le
juge. Mais il n'a strictement rien fait.
Il m'a laissé mijoter dans ma situation
de déchéance durant près de huit mois,
inutilement. Nos échanges de courriels
sont édifiants.
Alors qu'il sait très bien qu'il
s'agit d'une grosse affaire d'Etat et
qu'il en connaît parfaitement les
enjeux, cet avocat prend souvent un
temps infini pour me répondre. Ou, plus
exactement, pour « répondre à coté ».
J'ai donc commencé, fin mai 2004 à
mettre la pression pour qu'il soit plus
clair sur certaines questions
essentielles dans le déroulement de la
procédure. A ce moment, il a commencé à
me mentir grossièrement, me faisant
croire, par exemple, qu'une lettre
recommandée qui m'était destinée, mais
que je n'ai pu récupérer en raison de
problèmes de domiciliation, n'aurait pas
eu le juge pour origine. C'est grave
dans la mesure où cette lettre ouvrait
un délai pour prendre certaines
dispositions. Il a ensuite prétendu
qu'il n'y aurait eu aucun délai, ce qui
est mensonger. Certains
messages échangés avec lui
sont sans équivoque sur sa volonté de me
mentir dans le but de me conduire à ma
perte. Maître de Seze a pris la première
place sur la liste des avocats véreux.
Oserais-je ajouter que, pour agir ainsi,
c'est-à-dire briser définitivement la
vie de quelqu'un alors qu'on a mission
de le défendre, il faut être une belle
ordure ?
J'ai informé le bâtonnier Burguburu
et l'ensemble du conseil de l'ordre de
cet état de fait (mon
dernier message à eux). Silence
général. J'ai demandé au président du
Conseil national des barreaux, au
président de la Conférence des
bâtonniers, à la Confédération nationale
des avocats, au Syndicat des avocats de
France et à l'Union des jeunes avocats
d'intervenir afin qu'on me réponde en
soulignant que la réputation de la
corporation était en cause. Rien n'y a
fait. Ainsi, j'ignore totalement ce que
devient la procédure devant le juge
Thouvenot. J'ignore ce qu'elle me
réserve et je crains un nouvel
enfermement au vu de l'acharnement des
avocats à mon encontre. La droiture du
juge Thouvenot n'est pas en cause. Mais,
avec un dossier complètement
déséquilibré où les avocats s'associent
à l'accusation pour m'enfoncer, rien
n'est garanti. Et puis, à force
d'attendre, le dossier peut aussi
changer de juge et tomber dans les mains
de quelqu'un de « compréhensif » à
l'égard de la raison d'Etat. On m'a déjà
fait le coup (cf. mon livre).
De toute façon, l'issue de cette
procédure a peu d'importance. Mon seul
avenir, à 54 ans, c'est clochard à vie !
Paris, le 23 août 2004
Addenda :
Addenda des 16 juin et 15 et 16 décembre
2005 relatifs aux quatre derniers
paragraphes : regroupement des nouveaux
documents et de la suite de la procédure
dans un dossier complet
ici.
Addendum du 28 février 2006 : la justice
refuse de me répondre sur ma situation,
mais elle multiplie les
attaques.
Addendum du 10 novembre 2006 :
lettre d'un créancier
(octobre 2006) qui permet de bien
mesurer ma situation.
30
septembre 2013 : la messe est dite.
N'oubliez pas...
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