Accueil Actualité IRIB Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour Les rapports du CPI Le Hamas Les vidéos BDS Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité


 
Centre Palestinien
d'Information



 
Invitation à lire





BDS



Solidarité



Produits palestiniens



Eurasie-Afrique


 
En direct d'Iran




Agence syrienne



Agence Russe


 
Radio Chine

Internationale
 
Palestine Solidarité
sur Facebook



 


   


Opinion

Déchéance de nationalité :
que cache la révision de la Constitution ?

Nicolas Bourgoin

Lundi 4 janvier 2016

Depuis les attentats de janvier, et plus encore depuis ceux de novembre, la fenêtre est grande ouverte à toutes les régressions liberticides. Le phénomène n’est pas nouveau : la présidence Sarkozy s’était faite une spécialité de promulguer une loi sécuritaire en réponse à chaque fait divers violent et médiatisé. Mais il atteint depuis un an une ampleur inédite à tel point que les garde-fous constitutionnels constituent désormais des obstacles à lever. Si les réformes de la Constitution se poursuivent dans l’indifférence générale, elles sont pourtant lourdes de conséquences. Il s’agit de normaliser et pérenniser des mesures relevant du droit d’exception avec un objectif clair : renforcer le pouvoir exécutif au détriment du pouvoir judiciaire tout en fabriquant des inégalités juridiques entre « Français de souche » et personnes d’origine étrangère. Derrière ce qui est présenté comme une simple mesure technique (faciliter la déchéance de nationalité des « bi-nationaux ») se cache en réalité un coup d’État juridique.

État d’urgence, état d’exception.

La majorité des lois antiterroristes promulguées depuis 1986 l’ont été après un attentat. Si aucune d’elles n’a empêché la tragédie de se reproduire, elles ont en revanche permis au pouvoir de reprendre la main face à une situation de désordre. Décréter que le droit existant ne suffit pas à répondre à une situation définie comme exceptionnelle est le fait du Prince d’après Carl Schmitt : « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle ». Et à situation exceptionnelle, droit d’exception. Les attentats de 2015 ont ouvert la porte à de telles aventures où l’enjeu réel est de restaurer un pouvoir politique mis à mal. Le résultat est bien là puisque la manipulation a fait regagner quelques points à un exécutif totalement discrédité. Mais les dégâts collatéraux sont considérables : la réforme de la Constitution qui pérennise l’état d’urgence a déjà permis au pouvoir de museler la contestation sociale en laminant les garde-fous juridiques et la réforme à venir de la déchéance de la nationalité, qui constitue le « volet législatif » du plan contre le terrorisme, est de la même veine.

La déchéance de la nationalité, pas une réforme utile (Juppé)

Le droit existant permet de déchoir un individu ayant acquis la nationalité française (par droit du sol, mariage ou naturalisation) s’il est condamné pour certains crimes ou délits : avoir porté atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou s’être livré au profit d’un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité de Français et préjudiciables aux intérêts de la France, notamment. Il est prévu que seules les personnes françaises depuis moins de dix ans peuvent être privées de la nationalité. Le délai est étendu à quinze ans si elles ont commis un crime ou un délit constituant « une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». La loi permet même de déchoir un Français né Français s’il « se comporte en fait comme le national d’un pays étranger » (article 23-7 du Code Civil) afin de sanctionner les faits d’espionnage ou de collaboration avec l’ennemi.

La réforme de la Constitution a pour objectif d’étendre la déchéance de leur nationalité aux Français binationaux nés Français, et non plus seulement à ceux ayant acquis cette nationalité après leur naissance. Il nécessite la révision de l’article 34 de la Constitution qui définit la loi et délimite son domaine. Quand la mesure sera votée, il reviendra ensuite au Parlement de définir le champ des infractions concernées. La loi pourra même avoir un effet rétroactif (concerner des personnes déjà condamnées) au cas où elle serait inscrite dans le Code Civil.

De l’aveu même du Premier Ministre, « l’efficacité de cette réforme n’est pas l’enjeu premier ». On s’en doute un peu : la déchéance  de sa nationalité est sans doute le cadet des soucis d’un terroriste prêt à se faire exploser ! Il ajoute : « c’est une mesure à caractère hautement symbolique ». Symbolique de quoi ? D’une dérive autoritaire destinée à redonner du crédit à un exécutif mis en échec sur le front économique et social. L’enjeu est bien d’asseoir François Hollande en chef de guerre  contre le terrorisme. et contre le djihadisme sur le territoire syrien (entre autres), les deux étant respectivement le front intérieur et extérieur d’une même guerre de civilisation.

La discrimination ethnico-religieuse au service de l’Empire.

Comme ce fut le cas des lois discriminatoires anti-voiles promulguées sous couvert de défense de la laïcité, l’enjeu de cette réforme est de créer deux catégories de Français : ceux à qui on peut retirer la nationalité (les binationaux qu’ils soient naturalisés ou nés Français) et les autres dont la nationalité française est définitivement acquise. Avec en ligne de mire, les éternels boucs émissaires du pouvoir socialiste : les binationaux de confession musulmane. Stigmatiser encore un peu plus l’Islam en associant binationalité et terrorisme, le tout au profit de la guerre de civilisation, afin de préparer l’opinion à une guerre militarisée de longue durée semble bien être l’objectif premier de la réforme.

Un retour assumé au pétainisme ?

Comme le disait Marx, « les grands événements se produisent toujours deux fois, la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce. » Bien sûr, François Hollande n’est pas le Maréchal Pétain mais force est de constater que la seule fois où la France a dénaturalisé des Français, c’était … par loi du 22 juillet 1940, sous le régime de Vichy, juste avant de voter une loi sur le statut des juifs. Une mesure similaire prévue en Belgique a provoqué la charge d’un Ministre rappelant que la déchéance de la nationalité était l’arme de régimes autoritaires. Les mêmes causes produisent-elles les mêmes effets ? L’aggravation continue de la crise économique face à laquelle l’exécutif semble totalement impuissant n’est sans doute pas étrangère à la fuite en avant liberticide de la présidence Hollande critiquée même à droite par Alain Juppé. La réponse, dès lors, ne peut qu’être politique : appeler à l’unité nationale contre le terrorisme pour resserrer les rangs et mettre en suspens les revendications sociales, faire du musulman une victime de substitution pour faire diversion face aux problèmes réels, donner à l’exécutif les moyens de repérer, traquer et museler les opposants, tout en préparant l’opinion aux inévitables sacrifices de la « guerre contre le terrorisme ».

 

 

   

Le sommaire de Nicolas Bourgoin
Le dossier politique française
Les dernières mises à jour



Source: Nicolas Bourgoin
https://bourgoinblog.wordpress.com/...

Abonnement newsletter: Quotidienne - Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Parrainage :

Rentabilisez efficacement votre site

 


Ziad Medoukh

Analyses et poèmes
 
Silvia Cattori

Analyses

René Naba

Analyses
 
Manuel de Diéguez

Analyses

Fadwa Nassar

Analyses et traductions

Alexandre Latsa

Un autre regard sur la Russie

Chems Eddine Chitour

Analyses

Mikhaïl
Gamandiy-Egorov

Afrique-Russie
 
Luc Michel

Analyses

Robert Bibeau

Analyses
 
Salim Lamrani

Analyses
 
Manlio Dinucci



Analyses
 
Mohsen Abdelmoumen

Analyses