Opinion
Raids US en coordination avec la
Syrie...
mensonges et secrets !
Nasser Kandil
Jeudi 25 septembre 2014
Les raids aériens US sur les sites
occupés par les terroristes de Daech, de
Jabhat al-Nosra et apparentés, dans les
provinces syriennes de Raqqa, Hassaka,
Deir ez-zor et Idleb hier matin [23
septembre], constituent une timide
inflexion de la part des États-Unis qui,
pour autant, ne sont pas allés jusqu’à
admettre l’urgente nécessité de
réajuster leur politique anti-syrienne
et abandonner leurs mensonges
tonitruants, notamment celui concernant
leur pari sur ceux que le président
Obama qualifie maintenant d’opposants
« modérés », oubliant qu’il avait
lui-même déclaré qu’un tel pari serait
pure fantaisie [1] !
Mais, il faut croire
que sa « Guerre contre Daech » a ouvert
une brèche permettant
aux États-Unis et à leurs alliés
de reconsidérer ce pari fantaisiste,
puisque dès son annonce elle s’est
accompagnée du rejet de toute
collaboration avec la Syrie et de la
reprise du refrain invitant à armer et à
entraîner une prétendue « opposition
syrienne modérée » [2][3].
L’escalade verbale
contre la Syrie a donc repris de plus
belle. La Russie est alors intervenue
pour conseiller aux autorités syriennes
de se déclarer prêtes à participer à
toute alliance internationale
sérieusement déterminée à combattre le
terrorisme tout en alertant sur les
dangers d’une quelconque action menée
sur le territoire syrien sans
coordination avec l'État syrien, ceci
pour permettre à Moscou de négocier avec
Washington dans de meilleures
conditions.
Le ministre syrien
des Affaires étrangères, M. Walid al-Mouallem,
a tenu une conférence de presse où il a
précisé clairement et fermement les
conditions requises pour une telle
collaboration [4], précisions qui
n’ont pas empêché les États-Unis de
continuer sur le même refrain. En
conséquence de quoi, Moscou et Téhéran
ont déclaré soutenir la position
syrienne et ont condamné toute velléité
de violation de la souveraineté de
l'État syrien.
La chaîne CNN a
accordé un entretien à Mme Bouthaïna
Chaabane, conseillère politique du
Président Bachar al-Assad [5].
Mme Chaabane a rappelé les positions de
son gouvernement, mais les médias US ont
fait en sorte que son message se
transforme en menace pour justifier le
discours ultérieur de M. Obama ; lequel
a réellement menacé de frapper les
forces de défense aérienne syriennes si
jamais elles osaient riposter à ses
attaques [6].
Les raids US ont eu
lieu et le Pentagone a conseillé à
François Hollande, l’allié le plus
enthousiaste pour participer à
l’agression contre la Syrie, de ne pas
s'approcher de la Syrie, de son espace
aérien et de son territoire. Illico
presto, ce dernier a déclaré qu'il
n'avait pas l'intention d'envoyer son
aviation sur la Syrie, mais qu’il
limiterait ses mouvements à l’Irak [7].
Que s’est-il donc
passé pour que Washington prévienne les
autorités syriennes des détails de ses
opérations aériennes et que la Syrie
accepte de considérer ce préavis comme
une coordination, même ponctuelle ?
Une source irakienne
très bien informée a confié à Al-Binaa
que les Services de renseignement
irakiens ont recoupé une série
d’informations de la plus haute
importance avec leurs collègues des
services occidentaux. Les Services US
ont pu vérifier leur bien-fondé en
Turquie et des consultations ont eu lieu
avec la Syrie.
Ces informations se
résument à dire que des armes
sophistiquées et des formations
combattantes, dirigées par des chefs
notoirement connus, sont arrivées dans
les zones syriennes contrôlées par Daech,
via la Turquie.
Selon cette même
source irakienne, l'Iran étant
parfaitement au courant de ce qui se
passait a considéré que l’énormité de ce
qui se tramait méritait de dépasser les
réserves des uns et des autres et de
réduire le niveau de tension entre les
USA et la Syrie. Les événements du Yémen
ayant entraîné un rapprochement forcé de
ses points de vue avec les USA, l’Iran a
exigé des garanties les engageant à ne
pas cibler des positions syriennes, ni
cette fois-ci, ni plus tard, sous le
prétexte des frappes contre les
positions de Daech. Ce que l’Iran a
obtenu.
De son côté, la
Russie a exigé que les USA
préviennent à l'avance le gouvernement
syrien des frappes aériennes sur les
cibles spécifiques de Daech et lui
fournissent les notifications concernant
les couloirs aériens et les horaires
d'entrée et de sortie de l'espace aérien
syrien, pour que le tout soit programmé
sur les réseaux de la
défense aérienne syrienne,
modernes et de fabrication russe.
Quant à la Syrie,
elle a insisté sur deux points. Le
premier consistant à ce que les
États-Unis prouvent leur sérieuse
volonté de combattre Daech en amenant la
Turquie à rejoindre officiellement
l’alliance internationale de lutte
contre le terrorisme, dirigée par les
USA, et à arrêter l’afflux d’armes et de
combattants vers la Syrie. Le second
consistant à ce que les États-Unis
livrent leurs données par
l’intermédiaire du délégué permanent de
la Syrie auprès des Nations Unies à New
York, le Docteur Bachar al-Jaafari, pour
que la coordination se fasse dans un
cadre diplomatique.
Toujours selon la
source irakienne, Washington a répondu
favorablement à ces deux conditions
mises en avant par la Syrie, en posant
deux conditions à son tour : les
États-Unis ne cesseront pas de clamer
leur rejet de toute collaboration avec
le gouvernement syrien, ni ne cesseront
de soutenir l’opposition qu’ils
qualifient de « modérée ».
Et cette source
d’ajouter que l’opération US,
méticuleusement préparée pendant des
jours et qui a usé de missiles Tomahawk,
a ciblé et intégralement détruit les
entrepôts souterrains d’une usine
fabricant des armes chimiques ainsi que
les camions transportant les matières
nécessaires à leur fabrication, lesquels
auraient posé un problème insoluble
militairement s’ils étaient restés aux
mains de Daech un mois de plus !
Cette même source a
nié que des pays arabes, et notamment
l’Arabie saoudite, aient participé aux
raids aériens, contrairement à ce que
racontent les médias [9][10].
Et la source
irakienne de conclure : « Si les USA
mentent en prétendant qu’ils n'ont
pas prévenu à l'avance le gouvernement
syrien des
frappes
aériennes sur
des positions de Daech, leurs alliés
arabes mentent encore plus lorsqu’ils
prétendent y avoir participé ! ».
Nasser Kandil
24/09/2014
Source :
Al-binaa
http://al-binaa.com/albinaa/?article=16023
Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Notes
[1] Obama: Notion that Syrian opposition
could overthrow Assad a “fantasy”
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=4BwgRgRT4MY
« Il n’y a pas d’opposition syrienne qui
soit en mesure de vaincre Al-Assad… Je
pense que l’idée selon laquelle il y
aurait actuellement une force
d’opposition modérée capable de vaincre
Al-Assad n’est tout simplement pas
vraie… Nous avons passé beaucoup de
temps à essayer de travailler avec
l’opposition modérée en Syrie… l’idée
qu’ils puissent tout à coup renverser
non seulement Assad, mais aussi les
impitoyables djihadistes hautement
entraînés, si nous envoyons quelques
bras [ou armes], relève du fantasme… Je
pense qu’il est très important que le
peuple américain, et sans doute encore
plus important, que Washington et les
services de presse comprennent cela ! »
[4] Conférence de
presse de M. Walid al-Mouallem : la
Syrie est disposée à collaborer à la
lutte anti-terroriste [25/08/2014]
http://www.sana.sy/fr/?p=9435
[5] Syria:
Bouthaina Shaaban, adviser to Syrian
President al Assad on CNN - Sept 11,
2014
http://www.youtube.com/watch?v=k-kHNves-tk
“We are ready to be part of any
coalition against terrorism, and any
strike on Syria without coordination
with the Syrian government is considered
an aggression against Syria,” she said”
[6] Obama
threatens to oust Assad if US planes
downed in Syrian airspace
http://www.presstv.ir/detail/2014/09/15/378792/us-to-assad-down-planes-youll-be-out/
“If he [Assad] dared to do that, Mr.
Obama said he would order American
forces to wipe out Syria’s air defense
system, which he noted would be easier
than striking ISIS (or ISIL) because its
locations are better known,” the
newspaper said.
“He went on to say that such an action
by Mr. Assad would lead to his
overthrow, according to one account,”
the Times said”.
[7] Hollande annonce
des frappes aériennes en Irak et défend
son action
http://www.lejdc.fr/page-15/france-monde/actualites/a-la-une/national/2014/09/18/hollande-grave-et-combatif-annonce-un-appui-militaire-en-irak_11149055.html
[8] Washington n'a
pas prévenu Damas du déclenchement des
frappes
http://www.lepoint.fr/monde/washington-n-a-pas-prevenu-damas-du-declenchement-des-frappes-23-09-2014-1865836_24.php
« Les États-Unis n'ont
pas prévenu à l'avance le régime syrien
des
frappes aériennes sur
des positions des djihadistes de l'État
islamique, a indiqué mardi le
département d'État américain. "Nous
n'avons pas demandé la permission du
régime. Nous n'avons pas coordonné nos
actions avec le gouvernement
syrien.
Nous n'avons pas donné de notification à
l'avance aux Syriens, ni donné
d'indication sur le moment des frappes
ni sur les cibles spécifiques", a
déclaré la porte-parole du département
d'État, Jennifer Psaki…Nous avons
informé directement le régime syrien par
la voix de notre ambassadeur aux Nations
unies (Samantha Power) qui en a informé
le représentant permanent syrien à
l'ONU", a précisé Jennifer Psaki. "Nous
avons averti la Syrie de ne pas s'en
prendre à un avion américain. »
[9]
Les jihadistes
bombardés en Syrie «étaient proches
d'une attaque aux Etats-Unis»
http://www.liberation.fr/monde/2014/09/23/en-direct-etat-islamique-la-coalition-frappe-la-syrie_1106565
[10] Les pilotes
saoudiens ayant participé aux raids US ?
Monsieur Nasser Kandil est
libanais, ancien député, Directeur de
TopNews-nasser-kandil, et Rédacteur en
chef du quotidien libanais Al-Binaa
Le sommaire de Mouna Alna-Nakhal
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