La chronique du
Tocard
Le Bougnoule
Nadir Dendoune
Jeudi 29 septembre 2016
Moi, je trouve, vu le niveau
actuel, que le terme Bougnoule nous va
comme un smoking halal taillé sur
mesure. En 30 ans, en France, « nous »
avons très peu changé. Ou évolué. Au
choix.
Avec la nouvelle génération, on s'était
dit que les choses allaient s’améliorer.
Mais, au final, c'est du pareil au même
et le système le sait. Et il en profite.
Tous les ans, ils nous sortent un
Bougnoule de service du chapeau de la
laïcité et on se demande toujours où ils
ont bien pu le trouver tellement il nous
épate de filsdeputerie. Il est présent,
entre autres, pour valider les clichés
sur l'islam, l'immigration, les
banlieues etc. Faire le sale boulot.
Mais pas seulement. Il est surtout là
pour nous rappeler à quel point,
« nous » valons rien collectivement donc
individuellement, dans cette République
qui promet, pourtant, une égalité pour
tous ses citoyens.
Le Bougnoule de base a encore les
travers des minorités. Il a beau faire
partie d'une « communauté » d’au moins
six millions, il se comporte encore
comme s'il n'était pas chez lui en
France. Pour déjouer les rouages d'un
système qui lui est défavorable, il use
de multitudes ruses et est souvent prêt
à tout pour arriver à ses fins. S'il
arrive en « haut », après tant
d'efforts, il trouve normal de tout
verrouiller puisque personne ne l'a
aidé. Il n'aimerait pas qu'un autre
Bougnoule, qui aurait moins enduré
que lui, le dépasse par sa droite et lui
vole la vedette. Il ne se dit jamais
« Être à plusieurs permet à long terme
d'inverser la tendance ».
Mais celui-ci n’est pas le pire. La pire
des sales races, ce sont les
« Bougnoules loosers », capables des
crasses les plus minables. Les frustrés
de la vie. Ceux qui, malheureusement,
sont coincés au sous-sol. Au lieu d'être
en colère contre le système, ils vont
cracher leur haine contre « leurs
semblables », ceux qui « réussissent ».
Peu importe si ces derniers ont su
rester intègres jusqu'au bout. Comme ils
sont quand même lâches par essence, ils
sont deux fois plus impitoyables avec
les femmes Bougnoules qui réussissent.
Moi, par exemple, qui suis un cas parmi
tant d'autres, à mon retour de l'Everest
en 2008, beaucoup ont cru que j'avais
inventé cette histoire. Que je n'étais
pas vraiment monté tout en haut, à
8848m, là où les avions circulent. C'est
un peu normal : sans aucune expérience,
sans aucun entraînement spécifique, j'ai
réussi à atteindre le Toit du monde du
premier coup, là où l'immense majorité
des alpinistes se préparent plusieurs
années. Parfois, en vain. Sans surprise
et je m'en contrefous royalement, les
alpinistes professionnels, « 100%
Blanc », m'ont détesté : un vulgaire
basané-banlieusard du 93 au sommet de
l'Everest, c'est un peu « leur mythe »
qui s'effondrait. Ça m'a fait même
marrer sur le coup. Un brin
revanchard...
Mais mes plus virulents détracteurs ont
surtout été ces fameux Bougnoules
loosers. Au lieu d'être fiers de ce que
j'avais accompli, ils ont haï ma
« victoire », pourtant arrachée à la
seule force de mes mollets et à une
envie herculéenne d'arriver au sommet.
Ce succès, ils l'ont raillé. Méprisé.
Jalousé. Remis en cause. Vomi. Sali. Et
le meilleur est sans doute à venir !
avec la sortie prochaine du film adapté
de mon ascension, qui doit déjà les
rendre fou de rage. Imagine alors si le
long métrage cartonne...
Ma réussite les renvoie de fait à leurs
propres échecs. Comme un miroir de la
réalité avec lequel ils doivent se
réveiller avec douleur chaque matin. Ils
ne peuvent plus alors se réfugier dans
leur éternelle position de victime,
confortable, puisqu'elle ne les oblige
pas à se bouger le fion. Si un Blanc
avait gravi l'Everest sans aucune
expérience en montagne, ils auraient été
les premiers à le féliciter, voire à
s'en inspirer.
Le Bougnoule n'aime donc pas rendre
hommage à un autre Bougnoule qui excelle
dans le même domaine que le sien, parce
qu'il pense que dans le « système
blanc », il n'y a de la place que pour
un seul bronzé. Il voit encore le Blanc
comme son maître : il doit réussir pour
Lui. Lui plaire d'abord à lui. Colonisé
un jour...
La même chose existe dans la
littérature. Zéro Bougnoule écrivain ne
mettra en valeur le travail d'un autre
confrère Bougnoule. Idem pour le cinéma,
la musique... Tous préfèreront mille
fois rendre hommage à un « Blanc »,
moins dangereux pour leur « carrière »,
leur « reconnaissance ». La
reconnaissance par la France….
Elle est capitale chez le Bougnoule.
Il en a jamais assez. On dirait qu'il
aimerait s'étouffer avec. Même à deux
doigts de mourir, même après avoir
remporté tous les honneurs et le fric
avec, il se sent obligé de se faire bien
voir par la France. A lui lécher le
derche. Et lui rappeler qu'il l'aime
tant ce pays. Lui rappeler qu'il lui
doit tant.
Mais ducon, c'est la France qui
devrait te remercier ! Pour ce qu'ont
apporté tes ancêtres à ce pays : la
chair à canon pendant les deux guerres
mondiales, l'Indochine, la
reconstruction du pays, les boulots
difficiles et mal payés qu'aucun
Français ne veut occuper aujourd'hui,
etc, etc. Si on doit entrer dans le jeu
des fachos, tu es 10000% fois plus
légitime à vivre dans ce pays que la
plupart des 65 millions de Français !
Alors, arrête de dire merci. Est-ce que
les Blancs passent leurs vies à dire
merci ?
Il y a 30 ans, peu de Bougnoules étaient
au sommet. Aujourd'hui, vous êtes
nombreux. Oui, vous êtes nombreux. Dans
tous les domaines : politique, cinéma,
journalisme, sport, etc et etc. Et en
soi, ça fait chier le communautariste
Blanc bourgeois mâle de plus de 50 ans.
Mais à part ça, vous faites pitié.
Parfois, je me dis « C'était mieux
avant: y avait personne mais, au moins,
on n'avait pas honte ».
Vous êtes tellement discrets. Pardon,
dociles. On ne vous entend tellement pas
qu'on n'en peut plus d'entendre Eric
Cantona ou Edwy Plenel prendre notre
défense ! Quelle honte. Oui, quelle
honte. Vous donnez la nausée. Vous avez
tellement peur que le « Blanc » vous
traite de communautariste que vous
courbez l'échine, comme si BHL, Pascal
Bruckner ou Alain Finkielkraut se
cachaient de défendre les « leurs »...
En même temps, votre bouffonnerie est
parfois récompensée: ça peut vous
valoir un prix au festival de Cannes,
une sélection pour le Goncourt ou un
dîner en tête à tête avec deux
conseillers du président Hollande, en
vous faisant passer pour le porte-parole
de la banlieue... Pitoyable !
De temps en temps, il m'arrive de vous
demander les raisons de votre silence.
Pour justifier votre lâcheté, vous vous
cachez derrière l'oppression du système
blanc (« si vous l'ouvrez, on vous
foutera à la porte »), qui est réelle,
mais jamais pour des gens de votre
espèce, que le système a justement
laissé grimper.
Au moins avec le PIR (Parti des
Indigènes de la République), le CCIF
(Collectif Contre l'Islamophobie), ou le
CRI (Coordination Contre
l'Islamophobie), comme quoi, je ne suis
pas rancunier !, et les autres, enfin
tous ces Bougnoules décomplexés, que
vous n'oserez jamais soutenir, le
Bourgeois Blanc vous l'a interdit, on
est sûr, qu'on soit d'accord ou pas avec
eux, qu'ils garderont toujours le
pantalon là où il faut. C'est au moins
ça ! Parce que vous, que proposez-vous,
à part être des faire-valoir ? A part
protéger votre jolie place au soleil ?
Rendons hommage aussi aux militants du
MIB (Mouvement Immigration Banlieue) et
associés, restés intègres jusqu'au bout,
aujourd'hui écoeurés par des décennies
de filsdeputerie militantes. Et aussi à
mes amis de la Journée Sans Immigrés qui
ont résisté aux sirènes de la célébrité
crasse.
Alors, parfois, je me mets à rêver. Je
vous vois vous révolter. Dire ça suffit.
Sortir un peu de votre confort.
Pensez à ceux qui galèrent, qui
reçoivent en pleine poire les portes de
la discrimination. Je vous vois crier
votre indignation. Vous rassembler.
Ouvrez les yeux : tous les autres le
font, bordel ! Pour équilibrer les
rapports de forces. Pour être craints.
Seule solution, malheureusement, et j'en
suis le premier écoeuré, pour bénéficier
du même respect que bénéficient les
autres « communautés ». Pour que nos
gamins puissent rêver de nouveau. Parce
que croyez-moi, ils vous regardent. Eux
aussi, n'en peuvent plus et ils
aimeraient être enfin fiers de leur
élite. Peut-être, seraient-ils alors
moins en colère contre cette République.
Malheureusement, je rêve en vain. Parce
qu'en vérité, le Bougnoule est un enculé
comme les autres. Il est à l'image de ce
qu'il se passe en ce moment. Un truc
universel gerbant où le syndicaliste
vend son âme pour des privilèges, où le
journaliste est prêt à mettre de côté sa
déontologie pour gravir les échelons, où
le politicien n'hésite pas à trahir ses
valeurs pour un poste ministériel, où
l'artiste se vend au marché pour
quelques euros, etc, etc. Seulement
voilà : aujourd'hui, avec ce qu'on se
prend dans la tronche, le Bougnoule n'a
plus le choix que de penser collectif.
Nadir Dendoune
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