Syrie
Nos droits ne sont soumis ni aux
négociations
ni aux renonciations
Bachar al-Jaafari
Jeudi 27 juillet 2017
Le 25 juillet s’est tenue une
énième réunion du Conseil de sécurité
sur la situation au Moyen-Orient. Le
lecteur pourra y revenir sur le site des
[Nations
Unies] en langue française, qui
précise qu’il s’agit d’un document non
officiel, à l’intention des organes
d’information [1].
Une
information qui réduit à quelques lignes
le discours du délégué syrien en donnant
la part belle à la déléguée des
États-Unis, laquelle s’empresse de
dévier le sujet pour imputer la tragédie
palestinienne au Hezbollah libanais,
traité d’organisation terroriste aux
niveaux militaire et politique.
Ceci au
moment même où la grande majorité du
peuple libanais, soudée sous le slogan
« Peuple - Armée - Résistance », bénit
ces combattants qui sacrifient leur vie
en luttant contre tous les terrorismes
et offrent leurs victoires au Liban et
en Syrie « à
tous les Libanais et aux peuples de la
région » [2].
Pour mémoire, voici le texte intégral de
l’intervention du Dr Bachar al-Jaafari [NdT].
Mesdames et
Messieurs,
La délégation
de mon pays réaffirme la constante
position de principe de la République
arabe syrienne quant au soutien du droit
du peuple palestinien à
l'auto-détermination et à
l’établissement d’un État indépendant
sur l'ensemble de son territoire
national, avec Jérusalem pour capitale
et la garantie du droit au retour des
réfugiés dans leurs foyers, conformément
à la Résolution 194/1948.
C’est un
droit non soumis à négociation ou
renonciation, et c’est un droit
imprescriptible malgré la colonisation
ou l’usage de la barbarie ciblant le
peuple palestinien sans défense.
Ce que nous
voyons aujourd’hui dans la ville de
Jérusalem et la sainte Mosquée Al-Aqsa
occupées, que ce soit les violations des
forces d'occupation israéliennes, que ce
soit les profanations des meutes de
colons armés jouissant de la protection
de ces forces, exige plus que jamais de
ce Conseil d’aller au-delà des
communiqués se contentant d’exprimer ses
condamnations ou ses inquiétudes, pour
prendre ses responsabilités en veillant
à l’application immédiate de toutes ses
résolutions concernant la fin de
l'occupation israélienne des territoires
arabes, dont la résolution 2334/2016 [3]
concernant l’illégitimité des colonies
israéliennes dans les territoires
palestiniens occupés, y compris
Jérusalem.
Quant à
l'exposé de ce matin, présenté devant ce
Conseil par l’envoyé spécial des Nations
Unies Nikolaï Mladenov, le gouvernement
syrien ne voit aucune justification à sa
volonté délibérée de continuer à ignorer
la nature et les limites de son mandat
et de sa mission en tant que
« coordonnateur spécial de l’ONU pour le
processus de paix au Moyen-Orient ».
Son approche
demeure inacceptable professionnellement
et moralement lorsqu’il évite d’aborder
les violations et les pratiques
illégales permanentes d’Israël au Golan
syrien occupé, en plus de passer sous
silence le positionnement des Nations
Unies à l’égard de l’occupation du Golan
depuis juin 1967. Ceci, malgré les
dizaines de résolutions émises par cette
organisation internationale et notamment
par le Conseil de sécurité.
Sous cette
épouvantable occupation raciste qui dure
depuis près d’un demi-siècle, les
citoyens syriens du Golan occupé
souffrent toujours des crimes les plus
odieux en raison de la politique
israélienne faite de répressions, de
discriminations, de détentions, de
tortures, de simulacres de procès, ainsi
que des privations de leurs ressources
naturelles, de leur droit aux études
selon le programme de l'éducation
nationale syrienne, de leur droit de
porter l'identité de leur mère patrie,
de leur droit de construire leurs
propres hôpitaux… Plus d’un demi-siècle
de campagnes colonisatrices et de
confiscation de leurs terres et de leurs
biens !
Monsieur le
Président,
Il semble que
le coordonnateur spécial ne se soit pas
contenté d’ignorer qu’Israël soutient
directement les groupes armés
terroristes dans la zone de séparation
du Golan syrien occupé, y compris ceux
appartenant aux deux organisations Daech
et le Front al-Nosra, et facilite le
passage de leurs éléments à travers la
ligne de cessez-le-feu, mais a décidé,
au mépris de toute objectivité, de
justifier les agressions des forces
d’occupation israéliennes contre les
positions de l’Armée arabe syrienne en
disant, comme vous l’avez entendu ce
matin, qu’elles venaient en réponse à
« la chute d’obus du côté syrien sur le
côté israélien ».
Que Monsieur
le coordonnateur spécial me permette de
commencer par préciser :
-
que ce qu’il désigne par « le
côté israélien » correspond à des
terres syriennes sous occupation
israélienne,
-
que l’armée israélienne
d’occupation offre son soutien
logistique aux groupes armés
terroristes à partir de ces mêmes
territoires occupés et s’empresse de
frapper les positions de l’Armée
syrienne à chaque fois qu’elle
remporte une victoire contre ces
groupes armés dans la zone de
séparation des deux forces,
-
que l’aviation militaire
israélienne a frappé des positions
de l’Armée syrienne en train de se
battre contre l’organisation
terroriste Daech dans la ville de
Palmyre, laquelle est fort éloignée
du Golan occupé !
La question
est : M. Mladenov, est-il désormais
déterminé à justifier le soutien
d’Israël au terrorisme et ses attaques
contre l’Armée syrienne qui le combat ?
Vu sa
fonction, M. Mladenov aurait été mieux
inspiré d’exprimer l’inquiétude des
Nations Unies suite au rejet de l’accord
de désescalade -conclu dernièrement
entre les Présidents russe et américain
à Hambourg- par le chef du gouvernement
de l’occupation israélienne. Un accord
qui vise la cessation des hostilités
dans les régions sud de la République
arabe syrienne en prélude à
l’élimination des groupes armés
terroristes, ces mêmes groupes protégés
par Israël !
Pour preuve
et pour l’Histoire, j’invite M. le
coordonnateur spécial à prendre
connaissance des documents et rapports
successifs préparés par sa compatriote
bulgare, la journaliste Dilyana
Gaytandzhieva, et publiés par le
quotidien bulgare « Trud » [4].
Ils témoignent d’achats continus d’armes
pour des centaines de millions de
dollars en Bulgarie, destinés aux
groupes armés terroristes en Syrie et
précisément aux groupes sévissant dans
le sud de la Syrie.
Des armes
acheminées de Bulgarie jusqu’au port
saoudien de Jeddah, à bord de bateaux
portant pavillon d’États Membres de
cette organisation internationale qu’est
l’ONU, ou à bord d’avions civils
appartenant à des gouvernements d’États
Membres et sous couvert de valises
diplomatiques pour certains d’entre
eux ; le financement étant assuré par
des États du Golfe.
Je reviendrai
en détails sur ce sujet, Monsieur le
Président, lorsque nous discuterons des
problèmes concernant la lutte contre le
terrorisme dans une prochaine session.
Monsieur le
Président,
Il semble
aussi que le coordonnateur n'a pas
entendu parler de la décision illégale,
prise récemment par les autorités
d'occupation israéliennes, d'organiser
des élections de « conseils locaux »
dans les villages du Golan syrien
occupé, conformément à la loi
israélienne.
Une décision
qui constitue une violation flagrante de
la Charte des Nations Unies, du droit
international humanitaire, des
conventions de Genève relatives à la
protection des personnes civiles en
temps de guerre, des résolutions du
Conseil de sécurité, en particulier la
résolution 497 adoptée à l'unanimité le
17 décembre 1981, laquelle rejette la
décision d'Israël d'annexer le Golan
syrien occupé, et considère que sa
décision d'imposer ses lois, sa
juridiction et son administration dans
le territoire syrien des hauteurs du
Golan est nulle et non avenue, sans
effet juridique sur le plan
international.
Non seulement
la République arabe syrienne rejette
catégoriquement cette décision
israélienne, mais réaffirme :
-
que le Golan restera une
partie indivisible du territoire
syrien,
-
que le Golan reviendra à la
mère patrie,
-
que le droit souverain de la
Syrie sur le Golan jusqu'à la ligne
du 4 juin 1967 n’est pas négociable
et ne supporte aucune renonciation
de la part de qui que ce soit,
-
que notre terre usurpée
reviendra à ses propriétaires
légitimes et que les colons
israéliens la quitteront tôt ou
tard.
Et dans ce
même contexte, le gouvernement de mon
pays demande au Conseil de sécurité de
faire pression sur Israël pour la
libération immédiate des prisonniers
syriens, notamment le « Mandela
syrien » : Soudki al-Makt. Après avoir
passé 27 ans dans les prisons de
l'occupation, ce résistant syrien vient
d’être condamné à 14 ans de détention
parce qu'il a révélé, par le son et
l'image, le soutien logistique des
forces d'occupation israéliennes aux
groupes armés terroristes dans la zone
de séparation au Golan et dans le sud de
la Syrie.
Monsieur le
Président,
La Syrie
estime que le Conseil de sécurité est
aujourd'hui face à la responsabilité
historique de corriger la trajectoire
pour ramener les choses à leur juste
place, car ce qui nous réunit ici depuis
des décennies est d’essayer de mettre
fin à l’odieuse occupation israélienne,
non de discuter périodiquement et
inutilement, certains en profitant pour
intercaler des sujets essentiellement
éloignés de ce but.
Souvenez-vous, Mesdames et Messieurs,
qu’Israël s’est fondé sur la
falsification de l'Histoire, les
massacres et la colonisation de terres
appartenant au peuple palestinien.
Souvenez-vous
aussi qu’Israël est le seul pays du
Moyen-Orient disposant d'un arsenal
d'armes nucléaires, biologiques et
chimiques.
Souvenez-vous
enfin que le terrorisme et les
destructions vécus par notre région,
lesquels sont sans précédent en ce
monde, vont de pair avec les tentatives
répétées de certains membres de ce
Conseil de dévier l’objectif de ces
séances intitulées « la situation au
Moyen-Orient », afin de continuer à
protéger et couvrir l’odieuse occupation
israélienne.
Merci
Monsieur le Président.
Dr Bachar
al-Jaafari
Délégué
permanent de la Syrie auprès des Nations
Unies
25/07/2017
Source :
Vidéo Al-Akhbariya (Syrie)
https://www.facebook.com/Alikhbaria.Sy/videos/1504644082891939/
Transcription et Traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Notes :
[1]
Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial
appelle au respect du statu quo à
Jérusalem-Est pour éviter une « guerre
de religion »
http://www.un.org/press/fr/2017/cs12927.doc.htm
[2]
S.Nasrallah : Nous avons accompli à
Ersal une grande victoire, le Hezbollah
prêt à livrer les régions libérées à
l’armée
https://french.almanar.com.lb/506508
[3] Palestine : Le texte de la
résolution 2334 (2016) du 23 décembre
2016
http://reseauinternational.net/palestine-le-texte-de-la-resolution-2334-2016-du-23-decembre-2016/
[4] 350
diplomatic flights carry weapons for
terrorists…
https://trud.bg/350-diplomatic-flights-carry-weapons-for-terrorists/
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|