Syrie
Messages du président Bachar al-Assad
en visite surprise sur le front d’Idleb
Texte intégral / Vidéo
Mercredi 23 octobre 2019
Merci, à vous tous.
Merci aux
officiers, aux soldats, aux techniciens
quelles que soient leurs spécialités.
Merci pour les
énormes sacrifices consentis et que vous
continuez à consentir face à cette
guerre féroce dont vous vous êtes
montrés à la hauteur.
Il est vrai que si
vous rencontriez n’importe lequel de vos
concitoyens, n’importe où, son premier
mot serait « Mabrouk » ! [Félicitations
doublées de bénédiction, NdT]. Mabrouk
pour la victoire, surtout si cette
rencontre a lieu ici, à « Al-Habit »,
région limitrophe de Khan Cheikoun
récemment libérée.
Mais moi, je ne
dirai pas mabrouk pour la victoire, car
il s’agit d’une série de victoires,
étant donné que telle fut la progression
de nos Forces armées tout au long de ces
neuf années de guerre. En revanche, si
nous devons vous féliciter, nous vous
féliciterons pour l’essentiel et le
fondamental : la « victoire de la
volonté », tant il est vrai que sans
cette volonté, il n’y aurait pas eu de
victoires militaires. C’est cette
volonté, la volonté du peuple, qui a
remporté cette victoire et les Forces
armées l’ont concrétisée de la meilleure
façon qui soit. La vérité est
qu’actuellement nous vivons une étape
que je qualifierai de « mise en scène ».
Une mise en scène magistrale, en
plusieurs actes, d’un même auteur, d’un
même réalisateur et d’un même
producteur. Chacune des étapes que nous
avons vécues correspond à l’un des actes
de la scénographie :
l’auteur-réalisateur-producteur étant
l’Américain, tous les autres n’étant que
des acteurs avec pour chaque acte son
héros, Erdogan étant celui qui a le plus
souvent joué le premier rôle.
Je dis cela car
nous assistons à un changement de la
situation militaire et politique dans la
région nord. Évidemment, Erdogan y joue
son rôle d’acteur et nous, en Syrie,
nous y avons aussi nos acteurs et notre
art. Cependant, nous, nous offrons un
art respectable, tandis qu’Erdogan est
certes une star mais, à notre grand
regret, d’un art en déclin, au point où
il ne peut même plus convaincre de sa
sincérité les plus proches de lui, au
sein de son régime, quelle que soit
l’action entreprise.
Dans la dernière
mise en scène, il a déclaré : « Nous
avons décidé d’entrer en Syrie », alors
que cela fait neuf ans qu’il le dit,
mais qu’il ne le peut pas, parce que
cela lui était interdit. Il ajoute :
« Nous avons prévenu les Américains que
nous allions entrer en Syrie ». Par
conséquent, toi Erdogan, tu préviens les
Américains ; ce qui signifie que tu es
un esclave. Ils t’ont dit : « Entre ! ».
Et les forces
américaines se sont retirées, avant
qu’il n’entre quelques heures après leur
retrait. Puis, il a déclaré : « Je ne
rencontrerai pas le vice-président
américain et ceux qui l’accompagnent ».
Moins d’une heure après, la présidence
turque faisait savoir que la rencontre
avec Erdogan aura lieu. Autrement dit,
il a en reçu l’ordre et il les
rencontrera.
Cette mise en scène
que nous, nous vivons, est parfaitement
claire depuis longtemps. Ce que je veux
souligner ici est que lorsque nous
traitons Erdogan de « voleur », nous
disons qu’il a volé les usines, le blé,
le pétrole avec la collaboration de
Daech, etc. et que maintenant, il vole
la terre. Devant ce constat d’un voleur
qui circule en toute liberté dans notre
quartier, nous les enfants d’une même
famille, que devons-nous faire, sinon
collaborer tous ensemble ?
Malheureusement
certains Syriens ne l’ont pas fait,
notamment les premières années [de cette
guerre]. Nous leurs disions : « Pariez
uniquement sur l’Armée syrienne. Pariez
sur le peuple syrien. Pariez sur la
Patrie et restez dans son giron », mais
ils sont restés sourds à nos appels. Je
parle de certains groupes du nord que
nous connaissons tous.
Et dans une
deuxième étape, après 2014, le pari
s’est déplacé vers les Américains. Nous
avons répété les mêmes recommandations :
« Ne pariez pas sur les Américains, ils
vous vendront un des ces jours. ». Nous
l’avons dit et répété en public et en
privé lors de nos rencontres à huis
clos. Mais, ils sont restés aussi
sourds.
Puis est arrivé ce
qui est arrivé. En dépit de toutes leurs
rodomontades du style : « Nous nous
battrons… Nous nous défendrons… », il
n’a fallu que 4 jours pour que le Turc
occupe en grande partie la région qui
leur était destinée selon les plans des
Américains.
Mais, ce n’est pas
le moment de blâmer autrui. Nous sommes
maintenant au cœur de la bataille et le
seul vrai travail consiste à rassembler
les efforts pour atténuer les dommages
de l’invasion et expulser l’envahisseur,
tôt ou tard.
C’est pourquoi
notre premier acte, dès le moment où les
forces [d’invasion] ont pénétré le nord
du pays, a été la promulgation d’une
sorte d’amnistie dans le but de régler
certaines situations, comme vous le
savez, afin que tous soient prêts à
résister à l’agression, en tenant compte
du fait que le plus grand nombre de ceux
qui se sont retrouvés en immersion avec
les terroristes ou les groupes
séparatistes n’avaient pas les capacités
d’agir autrement. Tel fut le premier
pas.
Le deuxième pas fut
de nous entretenir avec les diverses
forces présentes sur le terrain
militaire et le terrain politique, pour
décider des actions possibles face à
cette agression. Et, nous sommes prêts à
soutenir toute formation décidée à mener
une « résistance populaire » contre
l’agression turque. Ici, il ne s’agit
naturellement pas d’une décision
politique.
En cela, nous ne
prenons pas une décision politique, car
c’est un devoir constitutionnel et un
devoir national. Nous n’avons pas besoin
de discuter pour nous demander si nous
devons, ou non, soutenir n’importe
quelle formation qui résiste contre
n’importe quel agresseur. Si nous ne le
faisons pas, nous ne mériterions pas
d’être présents en tant qu’État. Et si
nous ne le faisons pas en tant que
Syriens, si nous ne résistons pas à
l’agression, nous ne mériterions pas
notre patrie.
Par conséquent,
notre priorité du moment est la
résistance contre cette agression. Mais
aujourd’hui, je suis venu à Idleb pour
vous affirmer que ce front [du
nord-ouest] est d’une grande importance
et qu’il représente la même priorité
[que le front du nord-est].
En effet, j’ai déjà
dit que toutes les régions de Syrie sont
d’une égale importance. Il n’y a pas une
région plus importante qu’une autre.
Néanmoins, ce qui ordonne les priorités
est en premier lieu la situation
militaire. Ce sont nos préparatifs, la
distribution de nos forces, la nature de
l’ennemi, la nature des actions que
l’ennemi est susceptible de mener, et
d’autres facteurs en rapport avec la
scène des opérations qui nous nous
permettent de définir l’importance d’une
bataille. Mais nous savons tous qu’Idleb
est, à leurs yeux, un avant-poste en
première ligne.
Or, habituellement,
un tel avant-poste est dirigé dans le
sens des opérations militaires. Mais
dans ce cas, la bataille se déroulait à
l’Est tandis que l’avant poste se
situait à l’Ouest, dans le but de
disperser les forces de l’Armée arabe
syrienne.
C’est pourquoi nous
disions, bien avant les évolutions dans
le nord et la région du nord-est, que
résoudre la bataille d’Idleb est
essentiel pour mettre fin au chaos et au
terrorisme dans toutes les régions
syriennes. Et c’est pourquoi, je suis
venu vous dire que toutes les dernières
évolutions ayant accaparé l’attention de
la planète d’est en ouest, et en Syrie
évidemment, ne détournent pas notre
attention quant à l’importance du front
d’Idleb.
De votre côté, vous
vous prépariez très sérieusement, ce que
je suis dans les moindres détails. Vous
êtes désormais prêts à recevoir l’ordre
et à l’exécuter au moment opportun.
Dr Bachar al-Assad,
Président de la
République arabe syrienne
22/10/ 2019
Transcription et
traduction par Mouna Alno-Nakhal
Source :
Vidéo [site
de la Présidence syrienne]
Écoutez aussi :
Dans l’après midi de ce même jour, [M.
Poutine et M. Erdogan ont tenu une
conférence de presse à Sotchi] à
l’issue de leur rencontre programmée
depuis quelque temps. L’opération turque
en Syrie était au menu des discussions.
La déclaration finale lue par M. Lavrov
est traduite en français. Que
signifie-t-elle exactement ? Des cartes
commencent à circuler. Demain il fera
jour…
Et puis vers 21H30,
heure française, la présidence syrienne
publiait le communiqué suivant :
Communication
téléphonique entre le président Al-Assad
et le président Poutine :
La communication a
porté sur la situation dans le nord
syrien, M. Poutine ayant réaffirmé la
souveraineté et l’unité territoriale de
la Syrie et de son peuple, que tout
accord entre la Russie et la Turquie se
concentrera sur le combat contre toutes
les sortes de terrorisme et sur la
dissociation de tout agenda séparatiste
en territoire syrien.
De son côté, le
président Al-Assad a affirmé le refus
total de toute invasion du territoire
syrien, sous n’importe quelle étiquette
ou quelque prétexte que ce soit ; que
ceux qui ont des projets séparatistes
portent la responsabilité de la
situation actuelle ; que le retour des
Syriens chez eux doit se faire pour
mettre fin à toute les tentatives déjà
entreprises par certains pour imposer un
changement démographique ; insistant sur
le fait que la Syrie continuera à lutter
contre le terrorisme et l'occupation du
moindre empan du territoire syrien, par
tous les moyens légitimes.
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