Palestine
ONU : La situation au Moyen-Orient et la
question palestinienne ? Parlons-en en
toute transparence !
Bachar al-Jaafari
Lundi 23 octobre 2017
Il y a bientôt cent ans et, plus
exactement le 2 novembre 1917, une
décision unilatérale de l’Empire
colonial britannique, connue sous le nom
de « Déclaration Balfour », était
adoptée par la Société des Nations
[SDN]. Une promesse faite sans
consultation des Palestiniens,
propriétaires de la terre, promesse que
la SDN a tenté de légitimer en mettant
la Palestine sous ledit « mandat
britannique » en 1922.
Et ce matin, nous
avons tous entendu mon collègue, délégué
de la Grande Bretagne, exprimer sa
fierté d’appartenir au gouvernement d’un
pays qui, d’un point de vue légal et
international, a fait promesse de ce qui
ne lui appartenait pas à celui qui ne le
méritait pas.
À l’époque, la SDN
s’est donc comportée telle une société
d’implantation coloniale en
reproduisant, en Palestine, les
expériences britanniques de la Compagnie
des Indes orientales et de la Compagnie
d’Afrique du Sud en Rhodésie du Sud,
lesquelles ont engendré des régimes
d’apartheid.
Par la suite,
l’Organisation des Nations Unies [ONU]
n’a pas cherché à rectifier l’erreur de
la SDN comme elle l’a fait pour d’autres
cas. Au contraire, la résolution
181/1947 [1] ayant recommandé le partage
de la Palestine et la création de
l’entité israélienne, cette dernière est
devenue membre de l’ONU sous la pression
des grandes puissances.
Depuis, le soutien
et la protection accordés à Israël par
certains pays, y compris des pays
Membres permanents du Conseil de
sécurité, ainsi que l'obstruction
systématique et délibérée des dizaines
de résolutions visant à mettre fin à
cette cruelle occupation, ont conforté
l’arrogance d’Israël dans la région et
dans cette salle, lui ont permis de
s’étendre en avalant encore plus de
territoires palestiniens et arabes,
l’ont autorisé à commettre ses
agressions caractérisées et documentées
en violation du droit international et
du droit humain… Autant d’infractions
qui constituent des crimes de guerre et
des crimes contre l'humanité.
Mesdames et
Messieurs,
La résolution
273/1949 de l’admission d’Israël à l’ONU
[2] précise que cette admission est liée
au respect de la résolution 181/1947
ayant décidé de la création d’un État
palestinien, ainsi qu’au respect de la
résolution 194/1948 ayant décidé du
retour des réfugiés palestiniens sur
leur terre [3].
Mais,
malheureusement, l’ONU n’a mis à
exécution que la moitié de la résolution
181 puisqu’elle a uniquement veillé à la
création de l’entité israélienne en
Palestine et a dénigré aux Palestiniens
leur droit à leur État. Quant à la
résolution 194, l’ONU l’a complètement
abandonnée. Ce qui a doublement pénalisé
le peuple palestinien et l’a laissé à la
merci d’une occupation colonialiste et
raciste sans précédent dans l’Histoire
moderne.
Mesdames et
Messieurs,
Mon pays étant,
comme vous le savez, un facteur
fondamental de la situation au
Moyen-Orient, nous affirmons, une fois
de plus, que le droit souverain de la
Syrie sur le Golan occupé jusqu’à la
ligne du 4 juin 1967 ne supporte ni
négociation, ni renonciation, que nos
territoires occupés ainsi que nos droits
usurpés reviendront entiers à leurs
propriétaires légitimes, et que les
colons israéliens devront quitter notre
terre tôt ou tard.
Nous ne renoncerons
pas à notre droit de récupérer notre
terre occupée et de libérer nos
concitoyens sous occupation israélienne
au Golan syrien, par tous les moyens,
conformément à la charte et principes du
droit international et à vos propres
résolutions.
Le silence suspect,
continuellement adopté au niveau
international et onusien sur les
politiques et les pratiques d’Israël,
l’a encouragé à violer l’accord de
désengagement [des forces israéliennes
et syriennes du Golan ; résolution
350/1974 [4]] et les résolutions du
Conseil de sécurité. Outrepassant les
limites, il a prodigué toutes sortes de
soutien aux organisations terroristes
armées, dont Daech et Al-Nosra, dans la
région du Golan syrien, jusqu’à leur
faciliter l’occupation des positions de
la FNUOD [Forces des Nations Unies
chargée d’Observer le Désengagement
suite à la résolution 350] mettant en
danger la vie des unités fidjiennes et
philippines, comme vous vous en
souvenez.
De même, Israël a
poussé ses crimes au-delà du soutien
direct ou indirect des organisations
terroristes en lançant des raids aériens
répétés sur les territoires de la
République arabe syrienne. Autrement
dit, Israël ne se contente pas de
soutenir les organisations terroristes,
tel que Daech, dans le Golan syrien
occupé, mais les soutient aussi à
l’intérieur du territoire syrien.
Mesdames et
Messieurs,
La Syrie pense
qu’il revient toujours au Conseil de
sécurité d’assumer sa responsabilité
historique de rectifier le cap vers la
juste situation. Mais s’il tient
vraiment à rétablir la paix et la
prospérité en nous réunissant ici tous
les mois, depuis des années, il faut
qu’il prenne des mesures immédiates pour
mettre fin à l'occupation israélienne
des territoires arabes en Palestine, au
Golan syrien et au Liban, jusqu’aux
lignes du 4 juin 1967. Il faut aussi
qu’il veille à l’application de ses
autres résolutions : 242/1967, 338/1973,
497/1981.
Merci, Monsieur le
Président
Dr. Bachar
al-Jaafari
Délégué permanent
de la Syrie auprès des Nations Unies
18/10/2017
Transcription et
traduction par Mouna Alno-Nakhal
Source : (Part 2)
The situation in the Middle East,
Including the Palestine question -
Security Council, 8072nd meeting [de la
47ème à la 53ème minute]
http://webtv.un.org/watch/part-2-the-situation-in-the-middle-east-including-the-palestine-question-security-council-8072nd-meeting/5612837225001/?lan=original
Notes :
[1] Résolution
181/1947 [Adoption du plan de partition
de la Palestine]
« It divided
Palestine into seven cantons,
constituting a Jewish state, an Arab
state and an internationally-administered
corpus separatum in Jerusalem, forming
an economic union between them… ».
https://ecf.org.il/issues/issue/102
https://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/reso181
[2] Résolution
273/1949
« A resolution
adopted by the United Nations General
Assembly on 11 May 1949 by a vote of 37
For, 12 Against, 9 Abstaining. Based on
the recommendation of the Security
Council, and taking into account
Resolutions 181 and 194, the resolution
expressed the decision of the General
Assembly to admit Israel as a member
state of the United Nations ».
https://ecf.org.il/issues/issue/104
http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/273(III)
[3] Résolution
194/1948 [adoptée par l’AG, permet aux
réfugiés qui le désirent de rentrer dans
leurs foyers le plus tôt possible et,
sinon, de recevoir des indemnités à
titre de compensation pour tout bien
perdu ou endommagé…]
https://ecf.org.il/issues/issue/103
https://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/reso194
[4] Résolution
350/1974 http://unscr.com/en/resolutions/350
http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/350(1974)
[5] Résolution
242/1967 [Demande le retrait d’Israël
des territoires occupés en des termes
considérés comme ambigus, avec une
certaine discordance entre les versions
anglaise et française…]
https://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/reso242
[6] Résolution
338/1973 [Demande, entre autre, aux
parties en cause de commencer
immédiatement après le cessez-le-feu
l’application de la résolution 242…]
http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/338(1973)
[7] Résolution
497/1981 [la décision d’Israël d’imposer
ses lois, sa juridiction et son
administration, sur le Golan syrien est
nulle et non avenue, sans effet
juridique sur le plan international…]
http://unscr.com/en/resolutions/497
http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/497(1981)
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