Syrie
ONU / Syrie : Quand l’Arabie
saoudite, le Qatar, la Turquie et Israël
deviennent les prétendus garants des
droits humains et de la lutte contre le
terrorisme, il ne faut plus s’étonner de
rien...
Bachar al-Jaafari
Jeudi 23 juin 2016
Intervention du Docteur Bachar
al-Jaafari suite à la lecture du rapport
du Secrétaire général adjoint de l’ONU [*]
sur la situation humanitaire en Syrie le
21 juin 2016.
Monsieur le Président,
Un proverbe
populaire dit : « Découvrir la raison
dissipe l’étonnement ». Tout ce que je
souhaite par mon intervention est de
vous éclairer sur la raison de ce qui se
passe en Syrie, qu’il s’agisse de la
crise humanitaire oppressante et
extrêmement douloureuse ou de la crise
politique, laquelle n’aura échappé à
nulle personne ici présente.
Monsieur le
Président,
Me voici, une
fois de plus, devant une énième réunion
concernant « la situation humanitaire »
dans mon pays. Des réunions ordinaires
ou extraordinaires devenues
hebdomadaires et parfois
quasi-quotidiennes au sein du Conseil de
sécurité ou de l’Assemblée générale des
Nations ; des réunions officielles ou
officieuses lors de séances parallèles
organisées ici ou là ; des réunions avec
ou sans motif valable, juste pour que
certains États continuent leurs
présentations théâtrales des événements
et marquent des points au niveau des
médias ; des réunions à répétition qui
n’aboutissent à rien dans la majorité
des cas, sinon à en conclure que leur
seul objectif est la réunionite et non
la recherche des moyens susceptibles
d’aider réellement le peuple syrien à
sortir de la crise, en respectant aussi
bien l'intelligence des diplomates que
de l’opinion publique, et conformément
aux dispositions du Droit international
ainsi que de la Résolution 46/182 qui
sert de cadre à l’aide humanitaire en
cas d’urgence et en fixe les principes
directeurs.
Certains
pourraient croire, à tort, que nous
sommes contre de telles réunions
focalisées sur la situation en notre
pays, à l'intérieur ou à l’extérieur des
Nations Unies. La réponse est Non ! Non…
mais nous sommes les premiers concernés
par cette souffrance et nous voudrions
que leur but soit d’aider la Syrie à
résoudre la crise d’une manière honnête
et efficace loin de toute politisation,
désormais flagrante.
Nous
voudrions que ces réunions ne soient pas
exploitées par des gouvernements
responsables de l’effusion du sang
syrien et de la violation de notre
territoire par le terrorisme
international et transfrontalier,
terrorisme qu’ils ont instrumentalisé
pour outrepasser les lois et la Charte
des Nations Unies, diaboliser les
autorités syriennes, en plus de
transformer une situation humanitaire
préméditée en propagande spectaculaire
destinée à exercer leur pression
politique sur le gouvernement de mon
pays.
Et comme l’on
dit, Monsieur le Président, le comble du
comble est que ces réunions se tiennent
à la demande de pays entièrement engagés
dans le soutien du terrorisme en Syrie
et dont nul n’ignore qu’ils sont la
cause première de la crise et des
souffrances des Syriens.
En effet,
Mesdames et Messieurs, observez avec moi
ce spectacle surréaliste d’une Arabie
saoudite ayant poussé à la tenue de
cette dernière réunion pour juger de la
situation humanitaire et politique,
ainsi que du respect des droits humains
en Syrie !
Cette même
Arabie saoudite qui a usé de pressions
financières pour exercer son chantage
sur le Secrétaire général des Nations
Unies, afin qu’il la retire de sa liste
des pays portant atteinte aux droits des
enfants dans les conflits armés.
Cette même
Arabie Saoudite qui se sert du
terrorisme pour concrétiser ses agendas
politiques, qui finance et arme
ouvertement les terroristes.
Cette même
Arabie saoudite dont le monde a
désormais pris conscience qu’elle est la
source et la racine de l’idéologie
extrémiste wahhabite terroriste,
laquelle se répand tel un cancer sur
toute la planète en nous donnant à
supporter toutes sortes de phénomènes
répugnants, comme Daech, Al-Qaïda, le
Front al-Nosra, Boko haram, lesdits
Chebab, la Jamaa al-Isalmiya et bien
d’autres.
Cette même
Arabie saoudite qui possède le pire des
bilans en matière de droits humains et
qui bombarde le Yémen depuis plus d’un
an, tuant des civils, assiégeant tout un
peuple, sans que la Communauté
internationale ne bouge.
Naturellement, Monsieur le Président,
lorsque cette même Arabie saoudite est
choisie comme État membre du Conseil des
droits de l’Homme de l’ONU, dont
Monsieur Simonovic est si fier, et
préside le Centre des Nations
Unies pour la lutte contre le
terrorisme, alors que la présidence du
Forum de l’Alliance des Civilisations
est confiée au Qatar, que la Turquie
s’est trouvée gratifiée par l’accueil du
premier Sommet humanitaire mondial de
l’ONU, tandis qu’Israël est élu à la
tête du Comité juridique de l’ONU, cela
signifie que cette organisation
internationale, qu’est l’ONU, a
entrepris de travailler contre elle-même
et contre sa propre charte.
Monsieur le
Président,
Avec le
gouvernement de la République arabe
syrienne, nous ne nions pas qu'il y ait
une crise humanitaire dans le pays avec
des personnes déplacées et sinistrées.
Nous déplorons la manière incorrecte de
l’aborder depuis son tout début
jusqu’aujourd’hui. Nous sommes étonnés
du regard superficiel qu’elle suscite
sans prêter attention aux ingérences
extérieures politiques, militaires et
économiques sur la scène syrienne, sans
tenter de remédier à sa cause principale
qui n’est rien d’autre que la résultante
des actions terroristes de divers
groupes armés soutenus par l’étranger,
sans tenir compte de l'impact négatif
des mesures coercitives unilatérales
imposées par l'Union européenne, les
États-Unis et d'autres pays sur le
peuple syrien.
Monsieur le
Président,
Il est
désormais très clair que l'amélioration
concrète, réelle et durable de la
situation humanitaire en Syrie exige que
ces gouvernements abandonnent leur
mauvaise approche qui n’a cessé d’aller
d’échec en échec depuis bientôt cinq
années. La crise humanitaire ne se règle
pas par des annonces de contributions
financières par-ci, par-là, à la faveur
de congrès ostentatoires, d’autant plus
que Monsieur O’Brien sait fort bien que
seulement 19% de ces promesses ont été
tenues ; 19% seulement, plus d’un an
après toutes les promesses avancées lors
du Congrès de Londres !
Qui veut
mettre fin à la crise humanitaire en
Syrie n’organise pas un Sommet
humanitaire mondial à Istanbul sous les
auspices du régime d’Erdogan, lequel a
empêché notre délégation de participer
aux travaux de ce sommet. Ce même régime
qui utilise les passages frontaliers
humanitaires pour continuer à fournir
les terroristes en armes et munitions.
Qui veut
mettre fin à la crise humanitaire en
Syrie ne ferme pas les yeux sur le
soutien d’Israël aux terroristes,
notamment aux éléments du Front al-Nosra
dans la zone de séparation du Golan
syrien occupé, dont il soigne
ouvertement les blessés dans ses
hôpitaux aux frais du régime qatari.
Monsieur le
Président,
Le
gouvernement de mon pays est le plus
sincèrement engagé à fournir toutes
sortes d'aides à tous les Syriens
touchés par la crise où qu'ils se
trouvent sur l'ensemble du territoire
syrien. C’est notre devoir et nous
sommes déterminés à l’accomplir. C’est
pourquoi nous avons tenu à nous
coordonner et à coopérer avec l'ONU et
17 autres organisations internationales
travaillant en Syrie.
En effet, à
l’inverse de la propagande de ceux qui
prétendent que le gouvernement syrien
empêche l’accès à l'aide humanitaire,
les faits sur le terrain prouvent qu’il
a récemment consenti et s’est associé à
16 sur 17 demandes d’autorisation
formulées par l’ONU pour le passage de
convois humanitaires vers les points
chauds. Il est déterminé à poursuivre
cette coopération tant que les lignes
directrices de l'ONU resteront conformes
à Résolution de l’Assemblée générale
n°46/182, tant qu’il pourra assurer la
sécurité des travailleurs humanitaires
et tant qu’il s’agira d’acheminer l’aide
vers ceux qui la méritent, non vers les
terroristes et les mercenaires.
Pour
conclure, Monsieur le Président, malgré
l’engagement du gouvernement syrien dans
la lutte contre le terrorisme considérée
comme la condition fondamentale d’une
amélioration durable de la situation
dans le pays, il reste toujours engagé à
faire progresser le processus
politique ; témoin en est la volonté
permanente et manifeste de la délégation
de la République arabe syrienne de
participer efficacement aux pourparlers
de Genève. Sauf que dernièrement encore,
le problème fût que certains pays ont
imposé ladite « délégation de Riyad »
comme interlocuteur unique, laquelle
arriva en posant des conditions
préalables conçues dans le seul but de
faire échouer ces pourparlers ; ce qui
est désormais une évidence étant donné
qu’elle s’est retirée plus d’une fois
sur les instructions directes de ses
donneurs d’ordres étrangers.
Monsieur le
Président,
Le
gouvernement syrien se bat contre le
terrorisme takfiriste wahhabite à la
place de tous les pays du monde ; des
amis et des alliés conscients de cette
réalité se tenant à ses côtés. Si vous
permettez au terrorisme d'imposer sa
voix en Syrie, les terroristes se
rendront dans vos capitales et tous vos
pays. Citez-moi un seul gouvernement des
États membres qui considérerait la lutte
contre le terrorisme, sévissant sur son
territoire, comme une question purement
humanitaire.
Merci,
Monsieur le Président.
Docteur
Bachar al-Jaafari
Envoyé permanent de la
Syrie auprès des Nations Unies
21/06/2016
Source :
Vidéo Al-Fadaiya TV [Syrie]
https://www.facebook.com/seyasi/videos/1066306560112027/
[*] Syrie :
l'ONU appelle à faire preuve de
leadership pour mettre fin aux
souffrances indicibles de la population
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=37506#.V2pcbaJSH6k
Transcription
et traduction par Mouna Alno-Nakhal
***
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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dossier Syrie
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