Liban
Liban : Compétition turco-émiratie
pour le contrôle du port de Tripoli ...
Nidal Hamade

Lundi 10 août 2020 La tragédie d’un
peuple frappé par le malheur mobilise,
parfois mais pas toujours, les
sentiments humains, la générosité et la
sincère compassion d’autres peuples mais
constitue, en même temps, une aubaine
pour les gouvernements qui cherchent à
exploiter l’occasion humanitaire pour
retrouver une grandeur perdue, étendre
leur influence ou défendre leurs
intérêts. Une évidence qui n’échappe pas
aux Libanais soumis à toutes sortes
d’exigences par ceux-là mêmes qui leur
offrent leur aide après leur avoir
infligé d’iniques sanctions directes et
surtout indirectes. Souhaitons-leur de
panser leurs blessures et de rester unis
en dépit de toutes les manœuvres
malintentionnées d’où qu’elles viennent.
[NdT].

Le port
de Beyrouth, l’un des ports les
plus importants de la Méditerranée
orientale et la grande porte pour
l’importation de tous les besoins des
libanais en plus de son énorme activité
de transit, est désormais hors service,
suite à la terrible explosion du mardi 4
août 2020. Laquelle explosion a de
surcroit détruit et dévasté les
quartiers alentours et dont les effets
ont été ressentis jusqu’au Mont Liban et
atteint l'île de Chypre, à 240
kilomètres de distance.
Un désastre
qui impose le transfert de son activité
vers le port de Tripoli. Mais l’intérêt
logique et réaliste des Libanais pour ce
port n’excluent pas d’autres intérêts à
mille lieux des intérêts du peuple
libanais, car liés aux conflits
régionaux et internationaux actuels sur
les mers et les océans. Des conflits
menés notamment pour le contrôle des
ports donnant sur les détroits et les
routes du commerce maritime, comme c’est
particulièrement le cas de la guerre
contre le Yémen et des altercations
irano-américaines dans le golfe
Persique.
À ce sujet, les informations indiquent
que le grand intérêt des Émirats arabes
unis date de plusieurs années, les
États-Unis leur ayant confié la tâche de
contrôler les ports menant au golfe
Arabique, à commencer par une mainmise
sur le port d'Aden et le port de Socotra
au Yémen, puis par la location du port
d’Assab en Érythrée, pour une période de
35 ans, et du Port-Soudan au Soudan, par
la « Dubai Ports Company ».
Les informations indiquent aussi que
l'intérêt des Émirats arabes unis pour
le port de Tripoli est dû à sa proximité
avec la Syrie et les côtes turques,
ainsi qu'à sa proximité avec Chypre et
les eaux internationales à l’origine du
conflit entre la Turquie d’une part, la
Grèce et Chypre d’autre part.
Conflit
portant plus précisément sur les eaux
territoriales libyennes contenant de
grandes réserves de pétrole et de gaz.
Ce n’est plus un secret pour quiconque
que les Émirats arabes unis et la
Turquie mènent, par procuration, une
guerre féroce en Libye.
Le port de Tripoli, destiné à devenir
l'artère maritime du Liban pour les
années à venir, risque donc de devenir
le théâtre d’une lutte d’influence
régionale et/ou internationale, comme
c'est le cas pour tout le Liban. La
hausse de la livre libanaise d’hier soir
peut s’interpréter sous cet angle,
notamment suite aux rumeurs qui
circulent dans Paris à propos de la
reconstruction du port de Beyrouth par
des entreprises françaises.
Nidal
Hamade
08/08/2020
Journaliste
libanais (Paris)
Traduit de
l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source :
Al-Binaa (quotidien
libanais)
https://www.al-binaa.com/archives/261030
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