Syrie
Syrie / Quelles sont les
concessions exigées
par les États-Unis et refusées par la
Russie ?
Ghaleb Kandil
Jeudi 8 septembre 2016
Le 5 septembre 2016, l’agence
syrienne d’informations SANA titrait :
« 40 martyrs et des dizaines de blessés
dans 6 attentats terroristes survenus à
Homs et Hassaké et dans les deux
banlieues de Tartous et Damas ; les
trois dernières villes ayant été
frappées simultanément » à 08H:15. Le 6
septembre, SANA titrait : « 10 martyrs
dans des attaques terroristes aux
roquettes contre Alep et Deir Ezzor ».
Aux dernières nouvelles, le nombre total
de civils syriens tués ces trois
derniers jours par des attentats
terroristes s’élève à 84, le nombre de
blessés n’étant pas précisé.
Des attaques terroristes
synchronisées par des factions qui
s’étripent et sur l’ensemble du
territoire syrien, le lendemain du
« Sommet du G20 » qui s’est tenu à
Hangzhou les 4 et 5 septembre, ne
peuvent être le fait du hasard. Leur
message dépend de la région convoitée
par l’un ou l’autre des États
agresseurs, mais le message dominant est
leur folie furieuse devant la résistance
de tout un peuple qui refuse de plier
malgré les trahisons, l’horreur, la
douleur et le sang. Il le démontre tous
les jours depuis plus de cinq ans et… le
monde change [NdT].
L’accord de
« cessation des hostilités » concernant
toutes les parties du conflit, à
l’exception des groupes terroristes
Daech [EI] et Front al-Nosra, négocié
par John Kerry et Sergueï Lavrov, début
2016, avec pour objectif déclaré
d’aboutir à une entente sur une solution
globale en Syrie, s’est soldé par une
succession de tergiversations et
d’impostures de la part des États-Unis ;
lesquels, face à la détermination de
l’Armée arabe syrienne et de ses alliés
russe, iranien et du Hezbollah, de
mettre à exécution les termes de cet
accord, ont mobilisé les gouvernements
de leurs alliés afin de rameuter des
dizaines de factions terroristes et de
leur fournir d’énormes quantités
d’armes, dont des armes qualitatives
achetées par l’Arabie saoudite et le
Qatar et acheminées à travers la
frontière turque.
C’est ainsi
que les gangs terroristes ont pu mener
leurs attaques sur la plupart des fronts
syriens du fait d’un soutien
américano-turco-saoudo-qatari, les
États-Unis prétextant être incapables de
séparer ceux qu’ils désignent par
« groupes armés modérés » des groupes
armés inféodés à Al-Qaïda ; un mensonge
scandaleux auquel ils continuent de
s’accrocher.
Il est
désormais évident que l’accord
américano-russe est caduc et que les
États-Unis, qui n’ont cessé d’empêcher
depuis des mois tout travail sérieux
pour le concrétiser, continuent à lui
faire obstacle en préférant s’en
remettre aux forces takfiristes. Comme
il est désormais très clair que leur
manœuvre, ratée, de changement de nom du
Front al-Nosra [en Front Fatah al-Cham]
avait pour but de le contourner en
faisant passer cette organisation
terroriste, et ses sœurs, pour des
« opposants modérés » et non pour ce
qu’ils sont en réalité : des groupes
terroristes liés à Washington !
Il est tout
aussi clair que la Russie a refusé
d’obtempérer aux concessions exigées par
les États-Unis en rapport avec une
« nouvelle trêve » pour de prétendues
raisons humanitaires ; slogan de
couverture porté par Obama, le
commandant en chef de la guerre « sur »
la Syrie et le véritable responsable des
tragédies vécues par le peuple syrien
depuis qu’il a consenti à la mise en
œuvre du plan de « guerre par
procuration » concocté par le Directeur
de la CIA, David Petraeus, en
association avec Bandar bin Sultan le
Saoudien, la Turquie et le Qatar.
De nombreux
observateurs pensent que ces concessions
refusées par la Russie se retrouvent
dans le message de Michael Ratney [1],
le vrai responsable de la gestion des
bandes de terroristes en Syrie [Il
s’agit de l’ambassadeur virtuel des
États-Unis en Syrie, lequel a remplacé
Daniel Rubinstein, lui-même « successeur
exceptionnel » du dernier ambassadeur
réel Robert Ford selon les termes de
John Kerry [2], et dont nous
rappelons le message vidéo sur You Tube
et Facebook [3] adressé, dès sa
nomination, à son public de prétendus
révolutionnaires syriens, à l’occasion
du troisième anniversaire de leur
soi-disant révolution pour la liberté et
la dignité ; NdT].
Ce message de
Michael Ratney [à l’opposition syrienne]
concerne les dispositions
opérationnelles afin d’aboutir à un «
gel militaire de la géographie des
combats », exigé par les États-Unis,
pour protéger les bastions des groupes
terroristes et se soustraire à leur
engagement de trier entre les factions
terroristes extrémistes et les groupes
armés prétendument modérés.
Un message
qui a été suivi par les assauts
terroristes, inspirés et organisés par
les États-Unis et l’Arabie saoudite, au
nord de Hama pour sortir du pétrin les
factions terroristes assiégées par
l’Armée arabe syrienne au sud-est d’Alep
[mais en vain, aux dernières nouvelles ;
NdT] et ainsi compenser les pertes
subies par les factions terroristes dans
la Ghouta de Damas [notamment à Daraya ;
NdT].
Par
conséquent et alors que le secret
entoure toujours les négociations entre
les Russes et les États-Unis sur le
déroulement du processus politique en
Syrie, nombre de signes indiquent que la
Russie a refusé de plier devant les
conditions américaines, considérant
qu’elles revenaient à une ingérence dans
les affaires intérieures d’un État
souverain et à une violation flagrante
des « Accords de Vienne » ; des
conditions toujours adoptées par
l’Administration américaine, bien
qu’elle ait été obligée, du fait des
défaites subies et de l’équilibre des
forces sur le terrain, de renoncer à
réclamer la démission immédiate du
Président Bachar al-Assad en acceptant
que son mandat se prolonge le temps de
ladite « période transitoire » telle
qu’elle la conçoit.
En effet,
depuis les accords de Vienne, il n’est
plus question de refuser les
négociations à l’ombre du Président
syrien, mais malgré cette résignation de
Washington et de l’ensemble des
capitales coalisées dans la guerre
« sur » la Syrie :
-
Les États-Unis,
l’Arabie saoudite, le Qatar et la
Turquie, continuent d’exiger que le
Président syrien ne soit pas candidat
pour un nouveau mandat, ce que la Russie
aurait refusé de cautionner pour les
raisons évoquées plus haut, les
« Accords de Vienne » affirmant que
c’est au peuple syrien de décider de
l'avenir de son pays et de choisir ses
dirigeants par la voie des urnes ; des
sources diplomatiques ayant affirmé que
ce refus russe était ferme et une ligne
rouge qui ne tolèrait ni compromis, ni
discussion.
-
Les États-Unis et
l’Arabie saoudite ne ménagent aucun
effort pour aboutir à un règlement qui
disloquerait l’unité nationale et
torpillerait le principe d’un État
syrien laïc, consacré par ces mêmes «
Accords de Vienne » ; là aussi, des
sources diplomatiques ont révélé que les
États-Unis proposent des formules
copiées sur les systèmes politiques du
Liban avec les « Accords de Taëf » et de
l’Irak [système sectaire mis en place
sous la houlette de l’administrateur
civil américain Paul Bremer ; NdT] pour
y installer un système confessionnel
dans le but de prolonger l'agitation
interne et les ingérences étrangères,
internationales et régionales; ce qui
est, avant tout, l’objectif d’Israël.
-
Et parallèlement
à leur plan de « gel militaire de la
géographie des combats » par la trêve,
les États-Unis travaillent à transformer
les lignes de démarcation qui en
résulteraient en frontières
géographiques séparant des zones
contrôlées par les terroristes, ou leurs
agents, et des zones contrôlées par
l’Armée syrienne, dans le but de saper
la souveraineté de l’État syrien et de
contrôler les ressources et le mouvement
du marché et des marchandises ; ce qui
correspond à une formule US de
prédilection consistant en la
fabrication de cantons pour ébranler les
structures de l’État central. Ainsi, les
États-Unis persistent à tenter
d’appliquer leur propre recette de
fédéralisation, en dépit des réserves de
leur allié turc quant au soutien du
projet fédéral des Kurdes de l’YPG
[Unités de protection du peuple].
Restent
beaucoup d’autres questions sur ce que
préparent les planificateurs US pour les
zones contrôlées par Daech, afin
d’empêcher l'Armée arabe syrienne et
l’État syrien de les récupérer, lorsque
l’heure de les frapper aura sonné…
Ghaleb
Kandil
06/09/2016
Source :
New orient news
http://www.neworientnews.com/index.php/news-analysis/35443-2016-09-06-08-04-23
Article
traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] On en
sait plus sur ce qu'Obama attend de
Moscou dans le dossier syrien
https://fr.sputniknews.com/international/201609041027605928-obama-concessions-russie-syrie/
[2] Un Juif arabophone, nouvel
ambassadeur américain en Syrie
http://fr.timesofisrael.com/un-juif-arabophone-nouvel-ambassadeur-americain-en-syrie/
[3] Vidéo :
message de Daniel Rubinstein aux
prétendus révolutionnaires syriens
https://youtu.be/EzJx0uArtyw
Monsieur
Ghaleb kandil est le
Directeur du Centre New Orient News (Liban)
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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