Opinion
L’étrange affaire Hervé Gourdel
Mohsen Abdelmoumen
François
Hollande, le président français. D.R.
Jeudi 25 septembre 2014
Trop de coïncidences, trop de zones
d’ombre entourent l’assassinat d’Hervé
Gourdel, le randonneur français, dans
les montagnes du Djurdjura en Algérie,
pour que cette mort ne soit pas louche.
Tout d’abord, le dernier tweet plus
qu’intrigant de ce Français qui disait «
si jamais je reviens », soulignant le
fait qu’il pourrait ne pas revenir de ce
voyage en Algérie. Ensuite, le groupe
non identifié qui parvient en un temps
record à rallier Daech-ISIS, à prendre
un otage sans réclamer de rançon alors
que les Français sont réputés pour être
de bons payeurs, à exécuter leur
prisonnier en moins de temps qu’il ne
faut pour le dire, et en postant une
vidéo depuis le fin fond des montagnes
de Kabylie. Enfin, le timing de
l’exécution qui arrive juste à temps
pour l’allocution de François Hollande à
la 69 assemblée générale de l’ONU où le
président français a justifié la
participation de la France à la
coalition contre Daech-ISIS. Il y a trop
d’éléments nébuleux pour nous convaincre
que cet enlèvement n’est pas le fruit
d’un travail précis, notamment des
services français et leur implication
dans ce qui ne peut être qu’une
opération sous fausse bannière. Le
choix de l’Algérie n’est certes pas
anodin et l’on peut se demander si le
champ d’intervention souhaité par la
France ne s’étend pas désormais du Moyen
Orient vers le Maghreb. Les enchères
sont ouvertes. Il est étrange que ce
groupe terroriste, Djound Al-Khilafa
(aucune des sources spécialisées dans
les renseignements que nous avons
consultées ne nous a confirmé
l’existence réelle de ce groupe
jusqu’ici inconnu), et qui a jailli de
nulle part, ait repris une appellation
qui nous renvoie au label d’un autre
groupe activant sur le sol égyptien, en
l’occurrence Djound Misr, organisation
qui réapparaît au gré de la conjoncture.
Aucune information n’existe à propos de
ce groupe qui vient de signer son
premier attentat pour le moins
spectaculaire et qui soulève plusieurs
questions, à savoir la fourniture
inespérée d’un parfait prétexte pour
justifier les frappes qui se déroulent
en Syrie et la participation française
aux côtés des Américains. La
méthodologie n’est pas étrangère à la
barbouzerie française, loin s’en faut.
Rappelons que les Français qui nous ont
gavés avec le « qui tue qui » pendant
des années, accusant l’armée algérienne
de tous les maux de la terre, essaient
de nous vendre à présent une
intervention qui ne s’apparente
nullement à la lutte antiterroriste que
les services et l’armée algérienne
maîtrisent parfaitement, pendant que les
Occidentaux avec leurs frappes aériennes
semblent tirer sur des mouches à coup de
canons. On ne peut pas déclarer une
guerre conventionnelle à des terroristes
rompus à la guérilla, une guerre de ce
type restant asymétrique. Bien au
contraire, les forces engagées doivent
s’appuyer sur le renseignement,
l’infiltration et la présence sur le
terrain plutôt qu’en ayant recours à des
missiles tirés à des milliers de
kilomètres ou des frappes de drones. La
France et le gouvernement Hollande
veulent justifier leur implication dans
les frappes actuelles qui ne peuvent en
aucune manière anéantir le terrorisme,
et utilisent la « com. » destinée à la
consommation pour les concierges.
Hollande n’hésite pas à faire de la
récupération politique avec l’affaire
Hervé Gourdel en jouant sur l’émotion de
la plèbe : aux larmes citoyens, sortez
vos mouchoirs, vos bougies, mettez vos
drapeaux en berne et réunissez-vous
derrière votre chef de guerre qui a
toujours financé les terroristes avec
courage et abnégation ! En effet, quand
on entend les discours des différents
responsables français nous affirmant
qu’ils n’ont pas peur du terrorisme,
qu’ils ne céderont pas, qu’il y va de
l’honneur de la France, allant même
jusqu’à jouer de leur chauvinisme
légendaire en prétendant que Gourdel est
mort parce qu’il était français, ouvrant
ainsi la boîte de Pandore de la peur,
alors que la France a toujours payé les
rançons rubis sur l’ongle à tous les
groupes terroristes de la planète, on se
demande de quel courage et de quel
honneur ils parlent. Il est pourtant
notoire que les otages français ont
toujours été considérés comme du pain
béni pour les terroristes, puisqu’ils
permettent de renflouer leurs caisses.
Mais bon dieu ! Y a-t-il pire ennemi de
la France que son système politique
calamiteux qui ne produit que chômage et
austérité ? Et qui se cache derrière
l’affaire Gourdel qui permet de
détourner l’attention des nombreux
problèmes quotidiens des citoyens
français ? Venus à la rescousse comme à
leur habitude, les prétendus experts à
quatre balles, les chiens de garde
spécialistes en tous genres, défilent
sur les plateaux de télévision pour, en
définitive, ne rien nous dire, si ce
n’est nous offrir un concert de
gémissements sponsorisés par Bouygues et
Cie.
Quand la France affirme qu’elle a
toujours combattu le terrorisme, on en
reste pantois. Rappelons que pendant que
l’Algérie et son armée combattaient le
terrorisme, la France nous sortait le «
qui tue qui » sur toutes les chaînes de
télévision qu’elle nous présentait comme
un plateau de cacahuètes. Souvenons-nous
de l’embargo subi par l’armée algérienne
qui, bien avant tout le monde, faisait
face, seule, au terrorisme qui
massacrait notre peuple dans
l’indifférence générale. De nombreux
pays occidentaux ont offert l’exil à des
chefs terroristes qui revendiquaient des
attentats à l’intérieur de l’Algérie
depuis les capitales où ils avaient
trouvé refuge. L’armée algérienne n’a
pas besoin d’affirmer sa compétence et
son endurance par des mots, comme les
Français passés maîtres dans la
rhétorique savent si bien le faire,
c’est sans doute inscrit dans leurs
gènes d’être de beaux parleurs qui
cependant n’assument aucun acte, notre
armée combat le terrorisme
quotidiennement par les actes en
produisant des résultats et son
efficacité est reconnue dans le monde
entier. Arrêtez de nous prendre pour des
imbéciles, messieurs Hollande et
consorts ! Vous pouvez placer la valeur
émotion à Wall Street ou à la City, mais
ne jouez surtout pas avec nos vieux
démons, car l’Algérie a souffert toute
seule du terrorisme, et notre armée, nos
services de renseignements et nos
différents corps sécuritaires maîtrisent
le sujet par le fait que nous en avons
souffert durant des années. Ce n’est
certainement pas la France de Hollande
incapable de cueillir trois terroristes
à l’aéroport qui peut se vanter d’être
efficiente en matière de lutte
antiterroriste. Le périple à la Louis de
Funès de ce trio de djihadistes de
retour de Syrie nous donne en effet un
aperçu de la méthode utilisée par les
Français pour lutter contre le
terrorisme. Rappelons les faits : le
ministère de l’Intérieur avait annoncé
mardi dernier qu’il attendait de pied
ferme à l’aéroport d’Orly trois
djihadistes français de retour de Syrie
via la Turquie. L’avion a été investi
dès l’atterrissage, mais nos trois
compères ne s’y trouvaient pas. Ils
avaient pris un autre vol qui les a
débarqués à Marseille, où ils ont passé
la douane le plus tranquillement du
monde, une panne d’ordinateur leur
permettant de présenter leurs passeports
sans éveiller le moindre soupçon alors
qu’ils sont fichés comme personnes
recherchées. Libres comme l’air, nos
trois lascars en goguette se sont
baladés dans les rues de Marseille et,
étonnés eux-mêmes de n’avoir pas été
interpelés, ont finalement décidé
d’appeler leur avocat qui leur a
conseillé de se présenter à la
gendarmerie. Ce qu’ils ont fait illico,
mais, pas de chance, le poste de
gendarmerie était fermé. Ils ont dû
sonner à l’interphone relié à la
centrale pour avertir les gendarmes de
leur présence. Décidément, les
Américains doivent être fous pour
s’associer avec la France dans leur
fichue croisade.
La mort d’Hervé Gourdel, énième
affaire française qui vise l’Algérie,
n’est pas fortuite et est en train de
prendre des proportions démesurées au
niveau mondial. S’il y a bien un échec
dans la gestion de cette crise fabriquée
de toutes pièces, il incombe au
gouvernement français qui a merdé une
fois de plus en entrant en guerre sans
prévenir ses ressortissants des dangers
qui pèsent sur eux dans une trentaine de
pays, d’après la liste que le Quai
d’Orsay a fournie après les faits.
Dommage qu’ils n’aient pas pensé à
divulguer la liste des pays à risques
avant que les évènements se déroulent.
C’est une spécialité française de
recevoir un coup et d’avertir ensuite de
la probabilité d’une douleur. Les
Français seraient-ils sado-masos ? C’est
une question à poser à Monsieur
Hollande, dit Flamby l’amateur de
croissants, l’homme au scooter, qui est
le seul à se prendre au sérieux et qui,
dès qu’il le fait, entraîne une série de
catastrophes. La France qui, par son
aventurisme irresponsable, cumule les
échecs de la Libye au Mali n’a aucune
crédibilité et a besoin d’étendre ses
opérations jusqu’au Sahel parce qu’elle
est incapable de régler la question du
Sahel toute seule. Quoi qu’il en soit,
le risque sur l’Algérie se confirme de
jour en jour car si Daech-ISIS est le
cheval de Troie pour anéantir des
nations comme la Syrie et l’Irak, le
même scénario peut se reproduire en
Algérie, et ce n’est pas un hasard si
l’on a donné la parole dans les médias
français à des séparatistes de Kabylie.
Il s’agit sans doute un scénario
préétabli et bien étudié qui nous
rappelle le plan kurde. Cette nouvelle
opération participe à la mise en place
d’un dossier bien ficelé des services
occidentaux qui ciblent autre chose que
ce qui est annoncé via cet événement.
L’Algérie est-elle la prochaine cible ?
C’est une question qui reste en suspens
et la vigilance est de mise. La menace
est dans la maison Algérie et les
Occidentaux, avec à leur tête la France,
lorgnent vers le territoire algérien.
Pourquoi diable les français ne
réinventeraient-ils pas une autre
affaire des moines de Tibhirine en
envoyant leur juge Trévidic ou un autre
sur place à des fins inscrites dans un
projet que personne n’ose avouer mais
qui existe bel et bien et qui vise au
dépeçage de l’Algérie ? Quant à Hervé
Gourdel, cet autre mort de Tibhirine,
dont le corps s’est évaporé dans la
nature comme se sont évanouis ses
ravisseurs, il n’est qu’un alibi
s’inscrivant dans un agenda
d’intervention en Algérie.
Mohsen Abdelmoumen
Publié sur Oximity le 25/09/2014
Publié le 25 septembre 2014 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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