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Interview

Prof. Abderrahmane Mebtoul : « Nous avons assisté à une véritable hécatombe planétaire et le monde ne sera plus jamais comme avant. »

Mohsen Abdelmoumen


Professeur A. Mebtoul. DR.

Vendredi 24 avril 2020

English version here

Mohsen Abdelmoumen : Quel est votre constat sur l’épidémie du coronavirus en Algérie ?

Prof. Abderrahmane Mebtoul : En Algérie, l’épidémie se combine avec un facteur plus structurel qui est l’augmentation du risque géopolitique. L’épidémie de coronavirus touche tous les continents où la population totale par zone géographique en 2019 est répartie de la façon suivante : l’Asie (59,7%) avec 4 504 428 000 d’habitants, l’Afrique (16,6%) avec 1 256 268 000 d’habitants, l’Europe (9,8%) avec 742 074 000 d’habitants, l’Amérique du Sud (5,3%) plus l’Amérique du Nord (4,7%) et l’Océanie (0,5%) avec 645 593 000 d’habitants. Cette épidémie entraîne une crise économique irréversible pour 2020, dont les répercussions risquent de durer avec des ondes de choc pour 2021, si la maladie est circonscrite avant septembre/octobre 2020, la majorité des experts prévoyant une seconde vague, voire une troisième vague en cas ou le confinement ne serait pas respecté. D’où dans l’urgence, de nombreux pays ont mis en place ou élargi les dispositifs de chômage et les aides sociales, certains économistes et politiques préconisant un revenu minimum universel. C’est que la crise actuelle de 2020 a montré toute la vulnérabilité des économies mondiales face à des chocs externes imprévisibles, surtout des pays reposant sur une ressource éphémère dont le prix dépend de facteurs exogènes échappant aux décisions internes. Comparable à une guerre avec un ennemi sans visage, l’épidémie du coronavirus a un impact sur l’économie mondiale qui connaîtra trois chocs en 2020, un choc de l’offre avec la récession de l’économie mondiale, un choc de la demande du fait de la psychose des ménages, et un choc de liquidité. Cette crise aura à l’avenir un impact sur toute l’architecture des relations internationales. Mais si les impacts de l’épidémie du coronavirus sont un danger pour le présent, elles sont porteuses d’espoir pour l’avenir de l’humanité, une opportunité par notre capacité à innover par une autre gouvernance et pour un monde plus juste et solidaire. Reconnaissons avec objectivité que la Présidence de la République et le gouvernement algérien ont su gérer cette épidémie malgré les conditions difficiles, épidémie qui touche de grandes puissances économiques comme les USA, l’Europe et la Chine. Comme je viens de le rapporter en français à la télévision France24 ce 20/04/2020, le gouvernement algérien n’est pas responsable de la situation actuelle provenant d’un lourd passif, alors que selon les données internationales, l’Algérie a engrangé une recette en devises de plus de 1000 milliards de dollars entre 2000 et fin 2019 avec une sortie de devises de plus de 935 milliards de dollars, la différence étant le solde des réserves de change au 31/12/2019 d’environ 62 milliards de dollars avec en moyenne annuelle un taux de croissance modique de 2,5-3% alors qu’il aurait dû être de 8/9% par an pour éviter les tensions sociales et permettre une économie durable hors hydrocarbures si l’on avait changé la trajectoire économique.

Qu’en est-il de l’emploi à travers cette crise ?

Il existe une loi universelle pour tous les pays, le taux d’emploi étant fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. L’Algérie est fortement connectée à l’économie mondiale, notamment à travers ses exportations d’hydrocarbures, plus de 98% des recettes en devises avec les dérivés provenant des hydrocarbures et important une grande partie des besoins des ménages et des entreprises, et toute récession de l’économie mondiale impacte l’économie algérienne. Ainsi le rapport du FMI du 14 avril 2020 montre que l’année 2020 sera une année de récession avec une légère reprise en 2021 si l’épidémie est circonscrite en septembre 2020.  Précisons que le taux de croissance se calcule toujours par rapport à la période antérieure T1 – T0. Ainsi, dans le cadre d’un scénario favorable, en précisant qu’une croissance faible en 2020 soit T0, donne globalement une croissance relativement faible en 2021 – T1, l’économie mondiale aura moins de 3,0% de taux de croissance en 2020 et 5,0% en 2021 et, en moyenne, les pays avancés moins de 6,1% en 2020 et 4,5% en 2021, avec la répartition suivante : Etats Unis moins 5,9% en 2020 et 4,7% en 2021 ; Zone euro moins 7,5% en 2020 et 4,7% en 2021 ; Allemagne moins 7% en 2020 et 5,2% en 2021 ; France moins 7,2% en 2020 et 4,5% en 2021 ; Italie moins 9,1% en 2020 et 4,8% en 2021 ; Espagne moins 8% en 2020 et 4,3% en 2021 ; Japon moins 5,2% et 3,0% en 2021 ; Royaume Uni moins 6,5% en 2021 et 4,0% en 2021 ; Canada moins 4,6% en 2020 et 4,2% en 2021 ; autres pays avancés moins 4,6% en 2020 et 4,5% en 2021. Pour les pays émergents et les pays en voie de développement, la moyenne générale est de moins 1,0% en 2020 et 6,6% en 2021 répartis comme suit : Chine 1,2% en 2020 et 8,5% en 2021 ; Inde 1,9% en 2020 et 9,2% en 2021 ; ASEANS 1,9% en 2020 et 7,4% en 2021 ; pays émergents et pays en voie de développement en Europe moins 5,2% en 2020 et 4,2% en 2021 ; Russie moins 5,3% en 2020 et 3,5% en 2021. Quant aux autres espaces régionaux, nous avons :  Amérique Latine – Caraïbes  moins 5,2%  en 2020 et 3,4% en 2021 ; Brésil moins 5,3% en 2020 et 2,9% en 2021 ; Mexique moins 6,6% en 2020 et 2,9% en 2021 ; Moyen Orient et Asie centrale moins 2,8% en 2020 et 4,0% en 2021 ; Arabie Saoudite moins 2,3% en 2020 et 2,9% en 2021 ; Afrique subsaharienne moins 1,6% en 2020 et 4,1% en 2021 ; Nigeria  moins 3,4% en 2020 et 2,4% en 2021 ; Afrique du Sud moins 5,8% en 2020 et 4,0% en 2021 ; Pays en voie de développement à faible revenu 0,4% en 2020 et 5,6% en 2021. Pour le FMI et les organismes internationaux, si la pandémie ne se résorbe au cours du second semestre de l’année 2020 par un prolongement des mesures d’endiguement, nous assisterions à une détérioration des conditions financières et à de nouvelles ruptures des chaînes d’approvisionnement mondiales et dans ce cas, le PIB mondial chuterait encore davantage : de 3 % supplémentaires en 2020 par rapport au scénario de référence si la pandémie se prolonge en 2020, et de 8 % supplémentaires en 2021 si la pandémie se prolonge jusqu’en 2021.

Les mesures prises par les pays sont-elles appropriées face à cet endettement croissant ?

Le FMI et l’IIF (Institute of International Finance) évaluaient respectivement la dette globale mondiale à 184.000 milliards de dollars (fin 2017) et à 244.000 milliards de dollars (estimation à l’issue du troisième trimestre 2017). Le montant, avant que les pays n’accroissent cet endettement durant le premier trimestre 2020, se chiffrait fin 2019 à 250.000 milliards de dollars, la taille du marché obligataire atteignant 115.000 milliards de dollars, cette dette comprenant celle des ménages, celle des entreprises et celle des Etats, représentait environ 320 % du PIB mondial. Sous l’impulsion de taux d’intérêt bas et de conditions financières déficientes, selon l’IIF, la dette mondiale totale dépassera les 257.000 milliards de dollars au premier trimestre 2020, due principalement par la dette du secteur non financier. Cette situation a un impact sur le social et donc sur l’emploi. Aussi, malgré la mobilisation de 5.000 milliards de dollars par le G20, dont 2.200 milliards de dollars pour les USA adopté par le Congrès dans le courant de mars 2020 (les dernières estimations du 15 avril 2020 donnant 2.700 milliards de dollars avec les montants spécifiques), plus de 2.200 milliards de dollars pour la zone euro, 1.000 de la BCE, 500 des institutions annexes et 500 des États selon le professeur Élie Cohen du CNRS, l’impact pour 2020 sera limité face à l’ampleur de la crise. Et tous ces montants qu’il faudra bien rembourser un jour, exigent un retour accéléré de la croissance avec la nécessaire cohésion sociale nécessitant de nouveaux mécanismes de protection sociale, surtout que l’on assiste dans la structure du PIB à l’accroissement du PIB non marchand qui réduit le PIB des activités créatrices de valeur augmentant le déficit budgétaire, faute de quoi, il faudra s’attendre à une baisse drastique des salaires.  À titre d’exemple, selon le Committee for a Responsible Federal Budget (CRFB), pour les États-Unis, et en jouant sur le dollar monnaie internationale représentant plus de 60% des transactions mondiales, le déficit pourrait atteindre 3800 milliards de dollars (3.480 milliards d’euros) en 2020, soit 18,7% du produit intérieur brut (PIB).  Selon le quotidien le Monde, en Italie, la dette s’élève actuellement à 135 % du PIB et pourrait passer à 181 % d’ici la fin 2020, selon l’hypothèse la plus pessimiste des analystes de Jefferies, ou 151 % pour la plus optimiste, le même scénario noir prévoit une récession de 15 % en 2020, la France de 101 % à 141 % du PIB, et l’Espagne à 133 %, l’objectif officiel pour la zone euro du pacte de stabilité européen qui visait une dette inférieure à 60 % du PIB n’étant plus respecté.  « Du jamais vu, selon Stefano Scarpetta, directeur de la division emploi et affaires sociales de l’OCDE… Il faut beaucoup de R&D (Recherche et développement) sur les traitements et les tests. Nous vivons une crise inédite où les politiques sociales, économiques et de santé sont liées ». Malgré le plan de sauvetage, soit plus de 9% du PIB des États-Unis où nous avons assisté à plus de 10 millions de nouvelles inscriptions fin mars 2020 en seulement une semaine, bien plus que le pic de 800.000 atteint en 2008 avec 3,3 millions de chômeurs supplémentaires, soit 2 % de la force de travail, un record historique cinq fois plus élevé que le maximum jamais enregistré, la première économie mondiale pourrait bientôt compter 10 % de chômage, selon Fitch Ratings. Idem au Canada avec 2,13 millions d’inscritsEn Europe, en Grande-Bretagne, nous avons eu 950.000 nouvelles demandes entre le 16 et le 31 mars, dix fois plus que la normale. En Allemagne, près de 500.000 entreprises ont fait la demande en mars, c’est vingt fois plus qu’après la crise de 2008, et en France, les demandes concernent 5,8 millions de travailleurs, plus d’un salarié du privé sur quatre. En Norvège, le taux de chômage est passé de 2,3 % de la population active à 10,4 % en un mois, un record depuis la seconde guerre mondiale. En Autriche, 163.000 nouveaux inscrits sont venus pointer aux services de l’emploi en dix jours, soit un bond de 40 %. En Suède, sur la seule semaine du 16 au 22 mars, 14.000 salariés ont reçu un préavis de licenciement, contre une moyenne habituelle de 3 000… par mois. La situation est plus dramatique en Espagne et en Italie.  D’où, dans l’urgence, de nombreux pays ont mis en place ou élargi les dispositifs de chômage et les aides sociales, certains économistes et politiques préconisant un revenu minimum universel.

Quel est l’impact sur le cours des hydrocarbures qui détermine le taux d’emploi via la croissance en Algérie ?

La crise actuelle de 2020 a montré toute la vulnérabilité des économies mondiales face à des chocs externes imprévisibles, surtout dans des pays reposant sur une ressource éphémère dont le prix dépend de facteurs exogènes échappant aux décisions internes. Le cours du Brent les 17-18/04/2020 est coté à 28,27 dollars et le Wit à 18,20 dollars, rendant non rentable les gisements marginaux qui sont les plus nombreux de pétrole/gaz schistes américains et préfigurant selon certains experts une nouvelle mutation énergétique mondiale reposant sur les énergies renouvelables pour éviter une catastrophe planétaire du fait du réchauffement climatique. Concernant la réunion OPEP/non OPEP, après la décision de réduire de 10 millions de barils/j, le marché n’a pas réagi favorablement pour l’instant, la production avant la crise approchant 100 millions de barils/j. Car la réduction décidée qui se tiendra du 1er mai jusqu’au 30 juin pour 9,7 millions de barils/jour (la seconde tranche de 8 millions de barils/j du mois de juillet jusqu’à fin décembre, et une troisième, d’un volume de 6 millions de baril/jour courant du 1er janvier 2021 au 1er avril de 2022) où l’Algérie verra une réduction de 240.000 barils/jour pour la première tranche, de 193.000 barils/jour pour la seconde tranche et une réduction de 145.000 barils/jour pour la dernière tranche, repose sur l’hypothèse que la demande mondiale a baissé seulement de 10-11%, alors que l’épidémie de coronavirus a provoqué une chute drastique de la demande mondiale de 33%, environ 30 millions de barils par jour (bpj), certains experts l’estimant à plus de 40 millions de barils/j, le transport pour les gros consommateurs d’hydrocarbures  étant en hibernation.

L’évolution du cours du pétrole dépendra de la durée de l’épidémie et du retour à la croissance de l’économie mondiale, sachant qu’avant la crise et seulement pour la Chine, ses importations étaient de 11 millions de barils/j.

Quel est impact du Covid-19 sur l’emploi mondial ?

Dans son rapport d’avril 2020 sur les ravages sanitaires et sociaux du Covid-19, l’OIT souligne que sur une population active de 3,3 milliards de personnes, plus de quatre sur cinq sont affectées par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail. La pandémie provoque un double choc économique d’offre et de demande, sous l’effet du confinement et de l’arrêt des chaînes de production. Le sous-emploi devrait quant à lui s’accroître de manière significative au fur et à mesure que les conséquences économiques de l’épidémie se traduiront par des réductions des horaires de travail et des salaires. Selon les différents scénarios, la crise économique provoquée par l’épidémie de coronavirus pourrait détruire des millions d’emplois dans le monde, venant grossir les rangs mondiaux des chômeurs estimés à 190 millions. Nous avons le scénario optimiste qui est de 5,3 millions de chômeurs, le scénario intermédiaire de 13,0 et le scénario pessimiste de 24,7 millions en référence au chiffre de base de 188 millions en 2019. L’OIT pointe les secteurs les plus à risque : le transport, les services d’hôtellerie et de restauration, l’industrie manufacturière et le commerce de détail, qui concernent 1,25 milliard de travailleurs exposés à des licenciements, des pertes d’activité et de revenus. La baisse du nombre d’emplois entraînera des pertes massives en matière de revenus pour les travailleurs. L’organisation appelle donc à des mesures urgentes pour la protection des travailleurs sur leur lieu de travail, la relance de l’économie et de l’emploi ainsi que le soutien aux emplois et aux revenus. Ces mesures nécessitent l’élargissement de la protection sociale, un soutien en matière de maintien des emplois (comme par exemple le travail partiel, les congés payés ou d’autres aides) ainsi qu’un allègement fiscal et financier, y compris pour les microentreprises et les petites et moyennes entreprises. L’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique dont le nombre d’emplois dans la sphère informelle est élevé seront les zones les plus touchées. Guy Ryder, le directeur général de l’OIT, estime que 6,7 % des heures de travail dans le monde pourraient disparaître au deuxième trimestre, soit 195 millions d’équivalents temps plein pour une semaine de 48 heures, dont 125 millions en Asie, 24 en Amérique et 20 en Europe. C’est la conséquence de la perturbation des chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales avec le déclin de l’activité économique et les contraintes pesant sur la circulation des personnes qui a une incidence sur le secteur des services, du tourisme, des voyages et du commerce de détail particulièrement fragiles. Une première évaluation du Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC) prévoit une chute des arrivées internationales jusqu’à 25% en 2020 qui mettrait en danger des millions d’emplois. Les pertes globales de revenu du travail devraient se situer entre 860 et 3 440 milliards de dollars. Mais ce sont surtout les couches les plus fragiles qui seront les plus touchées, certaines institutions internationales estimant qu’il y aura 8,8 millions de travailleurs pauvres de plus dans le monde contrairement à ce qui était prévu à l’origine (c’est-à-dire un recul global de 5,2 millions de travailleurs pauvres en 2020 contre un recul estimé à 14 millions avant le COVID-19). Dans le cadre des scénarios moyen et pessimiste, il y aurait entre 20,1 et 35,0 millions de travailleurs pauvres de plus que dans l’estimation faite pour 2020 avant le COVID-19. Ces études identifient plusieurs groupes : les personnes ayant des problèmes de santé sous-jacents et les personnes âgées ont le plus fort risque de développer de graves problèmes liés à la maladie, les jeunes, qui connaissent déjà de forts taux de chômage et de sous-emploi, les femmes sont surreprésentées dans les secteurs les plus touchés comme les services. L’OIT estime qu’à travers le monde, 58,6 % des femmes travaillent dans le secteur des services contre 45,4 % d’hommes, où les femmes ont moins accès à la protection sociale, les travailleurs non protégés, dont les travailleurs indépendants, les travailleurs précaires et ceux de l’économie des petits boulots, n’ayant pas accès aux dispositifs de congé maladie et de congés payés, et enfin les travailleurs migrants. Tous sont moins protégés par les mécanismes conventionnels de protection sociale et autres formes de stabilisation des revenus.

Qu’en est-il de la structure de la population et de l’emploi pour l’Algérie ?

La population algérienne est passée de 11,9 millions en 1965 à 34 591 000 le 1er juillet 2008, à 37,5 millions d’habitants en 2010, 39,5 millions d’habitants au 1er janvier 2015, à 40,4 millions au 1er janvier 2016 et à 43,9 au 01 janvier 2019. L’augmentation du volume de la population résidente totale s’explique par un accroissement relativement important du volume des naissances vivantes, passant de 500.000 vers les années 2000 à plus d’un million entre 2017/2019En mai 2019, selon une enquête de l’ONS, la population active du moment, au sens du Bureau International du Travail (BIT), est estimée à 12.730.000 personnes au niveau national, avec une hausse atteignant 267.000 par rapport à septembre 2018 et 304.000 comparativement à avril 2018. La population active féminine a atteint, pour sa part, 2.591.000, soit 20,4% de la population active totale. Le taux de participation à la force de travail de la population âgée de 15 ans et plus (ou taux d’activité économique) a atteint 42,2%, enregistrant un gain d’un demi-point (0,5), par rapport à septembre 2018. Décliné par sexe, il est estimé à 66,8% auprès des hommes et à 17,3% chez les femmes. Cette augmentation de la population active enregistrée entre septembre 2018 et Mai 2019 est la résultante d’une augmentation significative du volume de la population occupée du moment (+280.000), associée à un léger recul de la population à la recherche d’emploi au cours de cette période (-13.000). La population occupée du moment est estimée à 11.281.000 dont 2.062.000 femmes. La population féminine occupée forme 18,3% de la main d’œuvre totale.  Le taux d’emploi (ou ratio emploi population), défini comme étant le rapport de la population occupée à la population âgée de 15 ans et plus est de 37,4% au niveau national. Près de sept occupés sur dix sont salariés (67,6%). Cette part est plus importante auprès des femmes, puisqu’elle atteint 78,6%. Les résultats de l’enquête font ressortir notamment que 16,8% de la main d’œuvre totale exerce dans le secteur du BTP (construction), 16,1% dans l’administration publique hors secteur sanitaire, 15,7% dans le commerce, 14,9% dans la santé et l’action sociale et 11,5% dans le secteur des industries manufacturières. Des disparités significatives sont observées selon le sexe, puisque 77,9% de l’emploi féminin est concentré dans l’administration publique, les secteurs de la santé et l’action sociale et dans les industries manufacturières. La ventilation selon le secteur juridique fait ressortir que le secteur privé absorbe 62,2% de l’emploi total, avec un volume de 7.014.000. L’emploi féminin se démarque par une plus grande concentration dans le secteur public qui absorbe 61,1% de la main d’œuvre féminine totale. La population en chômage, au sens du BIT, est estimée à 1.449.000 personnes, le taux de chômage ayant atteint 11,4% au niveau national.  Ventilé par sexe, le taux de chômage a fléchi substantiellement chez les hommes, puisqu’il est passé de 9,9% à 9,1% entre septembre 2018 et mai 2019. En revanche, le taux de chômage féminin a connu une hausse au cours de cette période, passant de 19,4% à 20,4%. Le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) est passé de 29,1% à 26,9%, soit un recul de 2,2 points au cours de cette période. Par ailleurs, la répartition des chômeurs selon le diplôme obtenu fait ressortir que 663.000 chômeurs n’ont aucun diplôme, soit 45,8% de l’ensemble de la population en chômage. Les diplômés de l’enseignement supérieur en forment 27,8%, alors que les diplômés de la formation professionnelle en constituent 26,5%. En moyenne, plus de six chômeurs sur dix (62,9%) sont des chômeurs de longue durée cherchant un emploi depuis une année ou plus. Les chômeurs ayant déjà travaillé par le passé sont estimés à 683.000, formant ainsi 47,1% de la population en chômage constituée majoritairement d’hommes (72,6%). Près des trois quarts de cette population travaillaient comme salariés non permanents et 72,5% étaient dans le secteur privé, 41,8% exerçaient dans le secteur des services marchands, 23,2% dans l’administration et 22,4% dans le secteur de la construction. 67% ont quitté leur dernier emploi pour des raisons de fin de contrat, de cessation d’activité de l’entreprise ou de licenciement. Ce sont là les résultats de l’enquête de mai 2019, la structure n’ayant pas fondamentalement changé en avril 2020, puisque nous avons assisté à une structure constante entre les enquêtes de mai 2018 et celle de mai 2019, donc avant la crise de 2020. D’après le rapport 2020 du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives économiques pour l’Algérie 2020, la situation devrait fortement se dégrader avec une tendance inflationniste que l’on essaie de suppléer par la création d’emplois à très faible valeur ajoutée. Les enquêtes de l’Office national des statistiques (ONS) confirment la tertiarisation de l’économie, sa corrélation avec celle de l’emploi. Mais ce sont des petits commerces et services représentant 83% de la superficie économique à très faibles productivité non comparables à celles des pays développés où la tertiarisation de l’économie à travers les services des technologies de l’information et de la communication crée des opportunités de croissance économique et génère des emplois productifs et la corrélation avec celle de l’emploi. Dans ce cadre, n’oublions pas le nombre de fonctionnaires qui dépasse les deux millions et dont la réforme de la fonction publique, sujet très sensible, est un défi pour tout gouvernement. Une enquête de 2016 donnait la structure suivante : les administrations centrales de l’État 15,50%, les services déconcentrés de l’État 41,57%, l’administration territoriale 15,4%, les établissements publics à caractère administratif 22,24%, et les établissements publics à caractère scientifique et technologique 5,25%. Il y a lieu de relever la jeunesse car les moins de 30 ans représentent 274 074 agents, les 30/40 ans 735 756 agents, les 41/50 ans 668 725 agents, les 50/59 ans 92 580 et les plus de 60 ans seulement 20 944 agents. Par grands secteurs, l’Intérieur et les collectivités locales représentent 29,22%, l’Éducation nationale 29,34% avec un effectif féminin de 297 394 sur un total de 592 831 agents, la Santé publique 13,19% avec un effectif féminin de 138 581 sur un total de 266 525 agents, l’Enseignement Supérieur 8,50% avec un effectif féminin de 95 118 sur un total de 171 761 agents, les Finances 4,15%, la Formation professionnelle 2,80%, la Justice 2,16% et les autres secteurs 10,64%. En bref, il convient de se demander si les jeunes promoteurs agrées par l’ANDI, l’ANSEJ et d’autres organismes chargés de la promotion de l’emploi, ont la qualification et surtout l’expérience nécessaire pour manager les projets, à l’instar de ce qui se passe partout dans le monde, s’ils peuvent diriger une entreprise dans un cadre concurrentiel afin d’avoir des prix /coûts compétitifs, car d’une manière générale, les résultats des organismes chargés de l’emploi (ANDI l’ANSEJ, le CNAC) en référence aux projets réalisés et non en intention, sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés. Selon certaines sources, plus de 50% des projets réalisés sont abandonnés après avoir bénéficié des avantages accordés, ce qui entraîne de nombreux litiges auprès des banques pour non remboursement. Car, avant de se lancer dans une opération coûteuse à terme pour le pays, il faut faire un bilan serein qui implique de répondre à certaines questions et ce d’une manière précise et quantifiée : quel est le bilan de l’ANDI- CNAC, ANSEJ depuis leur existence dans la réalisation effective de ces projets ? quel est le temps imparti pour les projets réalisés entre le moment du dépôt et la réalisation effective sachant que le principal défi du XXIème siècle est la maîtrise du temps ? pour les projets réalisés, combien ont fait faillite selon les règles du code de commerce ? quelle est la part en devises et en dinars des projets réalisés en dressant la balance devise ? quelle est la ventilation des crédits bancaires par projets ? quel est le montant exact des avantages fiscaux accordés tant pour les projets que ceux réalisés ?  Il s’agira, en fonction des résultats quantifiés et datés, de mettre en place des stratégies d’adaptation tant sur le plan économique que social et de politique solidaire.

Quelles sont les perspectives pour l’économie algérienne avec cette crise ?

D’après le rapport du 14 avril 2020 du FMI, le produit intérieur brut réel (PIB) de l’Algérie devrait se contracter de 5,2% durant l’année 2020 et devrait se redresser en 2021 de 6,2%, taux calculé en référence à l’années 2020 (taux de croissance négatif) et donnant globalement, à taux constant, un taux de croissance entre 1 et 2%, le FMI estimant la croissance économique à 0,7% en 2019, ce taux étant inférieur au taux de pression démographique. Cela renvoie toujours à la rente des hydrocarbures qui détermine à la fois le taux d’emploi et les réserves de change estimées fin mars 2020 à environ 58/60 milliards de dollars, donnant un répit de 18 mois. En plus de la baisse de son quota entre 145.000/240.000 barils jour avec un manque à gagner en moyenne annuelle entre 3/4 milliards de dollars pour 2020, dans ce cas de récession économique, les prévisions de recettes de 35 milliards de dollars pour 2020 de Sonatrach ainsi que le montant prévu des réserves de change de 51,6 milliards de dollars fin 2020 ne seront pas atteints, le cours de pétrole et du gaz s’étant effondré de plus de 50%.  Les recettes doivent être au moins divisées par deux par rapport à 2019 dont le montant s’élevait alors à 34 milliards de dollars, montant auquel il faudra soustraire les coûts d’exploitation et la réduction du quota, lequel était initialement d’environ 1 millions barils/j. Se pose alors la problématique de l’utilité pour l’Algérie de rester ou pas dans l’OPEP. Cela a un impact négatif sur le taux de chômage en raison du ralentissement du taux de croissance dominé par l’impact de la dépense publique via la rente Sonatrach. Avant la crise, on prévoyait 12% de taux de chômage pour 2020, et toujours selon le FMI, il atteindra 15,5, les prévisions pour 2021 étant inchangées à 13,5% et ce, sous réserve, ce taux ne tenant pas compte des emplois de la rente, de faire et de refaire les trottoirs et des sureffectifs dans l’administration. La sphère informelle contrôle, selon la banque d’Algérie, plus de 33% de la masse monétaire en circulation, plus de 40/45% de l’emploi concentré dans le commerce, les services, les saisonniers dans l’agriculture, et plus de 50% de la valeur ajoutée hoirs hydrocarbures. À cela s’ajoute, selon certaines organisations patronales, plus de deux millions de pertes d’emplois dans la sphère réelle sur environ 12,5 millions de la population active comptant près de 44 millions d’habitants en mars 2020. Sur quelque 40/45% de la population active, environ 5/6 millions d’individus sont sans protection sociale, ce qui rend leur prise en charge urgente. Bon nombre qui ont cessé leurs activités sont sans revenus. Selon le porte-parole de la Confédération algérienne du patronat (CAP), le secteur du bâtiment traverse une période de crise sans précédent. En effet, après la faillite de 50.000 entreprises dans le secteur, 350.000 autres risquent de déposer le bilan, une situation ayant de lourdes répercussions sur l’emploi avec 1.700.000 postes menacés. En 2019, selon CARE et le CJD, une détérioration sans précédent de la situation économique a déjà conduit à une baisse de l’activité de 30 à 50% dans certaines filières. La faiblesse des recouvrements qui en a découlé a mis la trésorerie des entreprises dans un état catastrophique. On estime les pertes potentielles d’emplois entre 714.000 et 1.490.000, essentiellement dans le secteur privé. L’absence de statistiques économiques officielles récentes accentue le sentiment d’insécurité des opérateurs et entretient les incertitudes, rendant difficiles les effets du confinement sur l’emploi et la valeur ajoutée par secteur. Le Forum, ex-FCE, principal syndicat patronal, a aussi listé une série de propositions pour venir en aide au privé : « Il y a des mesures à mettre en place d’urgence, comme le report des échéances fiscales ou la révision des échéances des crédits bancaires ». Mais il y a aussi des mesures à prendre pour le long terme, pour mettre par exemple en place une économie plus digitalisée, car cette crise doit être l’occasion de rendre plus fluide un système très bureaucratique. En référence, par exemple, à la France qui possède des statistiques plus fiables, les fermetures administratives décidées le 14 mars ont eu pour conséquence de faire cesser le travail à 10,9 % des actifs (commerce, hébergement et restauration, transports, culture et loisirs). Le secteur du transport est le premier touché par la crise du coronavirus. Donc, les secteurs les plus sensibles sont, notamment, d’abord l’électronique et l’informatique (à la fois très techniques et où la part de marché de la Chine est très élevée), mais aussi le textile et l’habillement, l’automobile (où les chaînes d’approvisionnement sont très complexes. D’après l’ ‘Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les secteurs les plus touchés par la pandémie et les mesures de confinement en France sont l’hébergement – restauration (de loin l’activité la plus affectée), les matériels de transport, le transport, les services aux entreprises, la cokéfaction et le raffinage, ainsi que les services aux ménages, le commerce et la construction. « 7 branches, sur les 17 retenues, représentent 20 % de la consommation effective des ménages mais concentrent environ 80 % du choc (-14 points de pourcentage de contribution sur -18 % au total). La baisse de la demande et la chute de la consommation des ménages (-90% si confinement d’un mois) dans ce secteur explique l’impact pour l’hébergement – restauration notamment. Les industries agro-alimentaires, les services immobiliers et les services aux ménages sont quant à eux les secteurs les plus impactés par la fermeture des écoles. La fabrication d’autres produits industriels et la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques – fabrication de machines, font partie des secteurs moyennement impactés (entre 25 et 49%). À l’autre bout de l’échelle, l’agriculture et l’agroalimentaire, le secteur énergie/eau/déchets, l’information et la communication, ainsi que les services financiers, immobiliers et non marchands devraient beaucoup moins souffrir ».

La population algérienne, le gouvernement et la solidarité nationale

Je tiens d’abord à saluer l’immense élan de solidarité nationale en ces moments difficiles de la plus grande majorité de la population algérienne et à rendre un grand hommage au corps médical toutes catégories confondues pour son abnégation. Malgré la situation difficile, l’État algérien garantit toujours, durant le confinement et après confinement, les subventions et transferts sociaux contenus dans la loi de finances 2020 mais qui devront être ciblées à l’avenir pour ne profiter qu’aux couches les plus démunies. Sans être exhaustif, je recense les différentes formes de subventions : Les subventions du prix du pain, de la semoule et du lait, les subventions des carburants et de l’électricité, l’Algérie étant classée parmi les pays où le prix du carburant est le moins cher au monde. Mais conserver cette politique coûte de plus en plus cher, les subventions de l’eau, de la santé du transport, les subventions pour le soutien au logement social et à l’emploi, et d’autres subventions comme les bourses et la charge financière du transport des étudiants, de la restauration et de l’hébergement des étudiants internes sans distinction se répercutent sur la gestion des œuvres universitaires. Le projet de loi de finances (PLF) 2020 propose dans son article 95 d’amender l’article 109 de la Loi de Finances 2018 qui porte sur la contribution de solidarité. Ainsi, outre un impôt sur la fortune et une taxe douanière qui va passer de 1% à 2%, une taxe applicable aux opérations d’importation de marchandises mises à la consommation qui est destinée à alimenter la Caisse Nationale des retraites (CNR) en difficulté, la loi de finances 2020 a maintenu les transferts sociaux budgétisés quasiment inchangés par rapport à 2019 comme acte de sociatrie nationale. Ils s’élèvent à 1.798,4 milliards de DA, soit 8,4% du PIB, et plus de 21% de la totalité du budget de l’État, plus de 445 milliards DA destinés au soutien aux familles, tandis que près de 290 milliards DA seront attribués aux retraites, auxquels s’ajoutera une dotation d’appui de 500 milliards DA à la Caisse Nationale des Retraites (CNR) qui a connu, depuis 2014, un déficit qui ne cesse de s’accroître en passant de 155 milliards DA en 2014 à 664 milliards DA en 2019, montant qui atteindrait les 680 milliards DA en 2020, le nombre de retraités s’élevant fin 2019 à 3,2 millions avec un coût annuel de près de 1.282 milliards de DA. Ces transferts sociaux comportent également près de 336 milliards DA pour la politique publique de santé et plus de 350 milliards DA pour la politique publique de l’habitat auxquels s’ajouteront près de 300 milliards DA mobilisés pour ce secteur par le Fonds National d’Investissement.

Quelles sont les leçons de cette épidémie pour l’avenir ?

Nous devons tirer les leçons du passé pour ne pas commettre les mêmes erreurs à l’avenir. Nous avons assisté à une véritable hécatombe planétaire et le monde ne sera plus jamais comme avant. Il est en perpétuel mouvement et un ordre relatif, positif ou négatif en fonction de la gouvernance, se substitue au désordre au bout d’un certain temps. La leçon sur le plan sanitaire est l’urgence de revoir le système de santé au niveau mondial et surtout dans les régions les plus pauvres qui ont vu fuir leurs cerveaux, des compétences individuelles ayant un impact limité sans une vision globale. L’investissement dans le système de santé lié à celui de l’éducation comme le recommande le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l’indice du développement humain, n’est pas antinomique avec l’économique. Pour le politique, il s‘agira d’éviter le retour à une seconde, voire une troisième vague, qui serait catastrophique avec une pression insupportable pour les institutions de santé, l’économique en panne et le social avec les effets psychologiques des personnes confinées, surtout les plus vulnérables. La plus grande inquiétude au niveau de l’Afrique vient du fait que l’OMS et des scientifiques prévoient l’explosion des cas de contaminations par le coronavirus avec des incidences dramatiques, le système sanitaire étant déficient malgré les nombreuses compétences individuelles, mais avec un exode massif de cerveaux et pas de protection sociale. Dans certains pays, la sphère informelle représente plus de 70/80% de la population occupée. Les incidences seront donc sanitaires, sociales et économiques. Quant à l’impact dans le domaine environnement social et politique devant cette épidémie à l’échelle planétaire, nous assistons à de l’angoisse, des craintes, à l’incertitude, parfois à un narcissisme de masse tant pour de simples citoyens qu’au niveau du comportement des entreprises comme en témoigne l’affolement des bourses mondiales. Contrairement au passé, en ce XXIème siècle, les nouvelles technologies à travers les réseaux sociaux comme Facebook contribuent à refaçonner les relations sociales. Les relations entre les citoyens et l’État, par la manipulation des foules, peut être positif ou négatif lorsque qu’elle tend à vouloir faire des sociétés un Tout homogène alors qu’existent des spécificités sociales des Nations à travers leur histoire. Cela peut conduire à effacer tout esprit de citoyenneté à travers le virtuel, l’imaginaire, la dictature des mots et la diffusion d’images avec pour conséquence une méfiance accrue vis-à-vis des informations officielles, lorsque des responsables politiques formatés à l’ancienne culture ne savent pas communiquer. Mais sur le plan géostratégique, la crise de 2020 préfigure non pas la fin de la mondialisation, mais une nouvelle architecture des relations entre l’État régulateur et le Marché encadré pour certains services collectifs (santé, éducation), avec d’importants impacts sur les relations politiques et économiques internationales. La crise actuelle implique de repenser le fonctionnement de la société, et plus globalement l’économie mondiale où le confinement a montré l’inadaptation des institutions et de l’économie aux crises et aux arcanes des nouvelles technologies, malgré des efforts louables de ses acteurs. Durant cette crise exceptionnelle, il faut revoir de la société et avoir de nouveaux comportements allant vers plus de décentralisation (à ne pas confondre avec déconcentration) impliquant tous les acteurs locaux avec le primat à la société civile, et axer la sortie de crise sur un grand ministère de l’économie nationale. L’après-confinement devra se faire d’une manière progressive, et prendre en compte les effets psychosociologiques, surtout de la part de ceux qui ont été confinés dans deux à trois pièces avec de nombreux enfants. En cette période de crise, la solidarité nationale s’impose, ainsi que la compétence et l’expérience dans la gestion nouvelle du management politique et économique. Et face à la complexité de la compréhension de nos sociétés, cela pose les limites d’une analyse strictement économique. Cela renvoie à l’urgence d’intégrer les comportements au moyen d’équipes pluridisciplinaires complexes pour comprendre l’évolution de nos sociétés et agir sur elles. Le monde ne sera plus jamais comme avant. Il s’agit d’une crise sans pareille depuis celle de 1928/1929, au moment où l’interdépendance des économies était faible, et elle n’est pas assimilable à la crise de 2008. Aucun expert, pouvant seulement élaborer des scénarios, ne peut prédire si les activités de consommation et d’investissement vont pouvoir rebondir une fois que les quarantaines seront levées, l’économie mondiale connaissant un choc de la demande du fait de la psychose des ménages, un choc de l’offre et un choc de liquidité. Cette crise aura à l’avenir un impact sur toute l’architecture des relations internationales devant se préparer à affronter d’autres crises plus graves, la guerre de l’eau liée à la  guerre alimentaire, la guerre biologique, la guerre numérique  et la guerre écologique, avec d’importants flux migratoires dus au réchauffement climatique (sécheresse, inondations, vents violents, cyclones) et des recompositions territoriales, ces types de guerres ayant des incidences sanitaires, économiques et sécuritaires. Aussi, si les impacts de l’épidémie du coronavirus sont un danger pour le présent, ils sont porteurs d’espoir pour l’avenir de l’humanité, une opportunité par notre capacité à innover. Les différentes composantes de la société mondiale à travers les réseaux décentralisés de la société civile constitueront la troisième force en ce XXIème siècle, à côté des États et des Institutions internationales, et doivent transcender leurs différends afin de trouver les raisons de construire ensemble un monde plus juste et solidaire reposant sur les deux fondamentaux du XXIème siècle : la bonne gouvernance reposant sur la moralité et la valorisation du savoir.

Interview réalisée par Mohsen Abdelmoumen

 

Qui est le Professeur Abderrahmane Mebtoul ?

Le Professeur Abderrahmane Mebtoul est docteur d’État en sciences économiques et membre de plusieurs organisations internationales. Il est professeur des Universités. Il est l’auteur de 20 ouvrages sur les relations internationales et sur l’économie algérienne et de plus de 700 contributions nationales et internationales. Il a été directeur d’études au Ministère de l’Énergie – Sonatrach (de 1974 à 1979 – de 1990 à 1995 – de 2000 à 2007) et a dirigé le premier audit sur Sonatrach. Il a été Directeur général et haut magistrat à la Cour des comptes (premier Conseiller) de 1980 à 1983, expert indépendant au Conseil économique et social de 1997 à 2008, président du Conseil national des privatisations de 1996 à 1999 au rang de Ministre Délégué, expert indépendant auprès de la présidence de la République de 2007 à 2008, et expert indépendant non rémunéré auprès du Premier ministre de 2013 à 2016.  Le Professeur Mebtoul a été en charge de plusieurs dossiers importants pour le compte des gouvernements successifs algériens de 1974 à 2019 et des institutions de l’État et a été le chef de file de la délégation algérienne pour le forum de la société civile des 5+5 en 2019.

Le Pr. Mebtoul a dirigé le premier Audit sur Sonatrach entre 1974 et 1976, le bilan de l’industrialisation 1977 à 1978, le premier audit pour le comité central du FLN sur le secteur privé entre 1979 et 1980. Il a dirigé les audits sur les surestaries et les surcoûts au niveau BTPH en relation avec le Ministère de l’Intérieur, les 31 Walis et le Ministère de l’Habitat en 1982, a réalisé au sein de la Cour des Comptes, l’audit sur l’emploi et les salaires pour le compte de la présidence de la République en 2008, l’audit face aux mutations mondiales et les axes de la relance socio-économique de l’Algérie à l’horizon 2020/2030 pour le Premier ministère en février 2014, l’audit assisté des cadres de Sonatrach, d’experts indépendants et du Bureau d‘études Ernest Young « le prix des carburants dans un cadre concurrentiel »  pour le Ministère de l’Énergie à Alger en 2008, et l’audit « pétrole et gaz de schiste, opportunités et risques » pour le Premier ministère à Alger en janvier 2015.

Reçu de Mohsen Abdelmoumen pour publication

 

 

   

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Source : Mohsen Abdelmoumen
https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/...

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