Analyse
Algérie : les victoires du mouvement
populaire ou Hirak
Mohsen Abdelmoumen

Le peuple
algérien en lutte. DR.
Mercredi 22 janvier 2020
Le grand mouvement
populaire que connaît l’Algérie, le
Hirak, et qui provient du cœur du peuple
algérien, se manifeste dans pratiquement
toutes les villes et villages d’Algérie
depuis près d’une année sur fond de
blocages d’Alger, de détentions
abusives, de répression et de basses
manœuvres d’un régime qui s’est
transformé en gang. Sans faiblir depuis
le 22 février 2019, le Hirak réclame un
changement radical totalement étranger
aux forces qui nous ont conduits dans la
crise multidimensionnelle et profonde
que vit l’Algérie. Face aux exigences de
changement réclamé par le Hirak, les
forces de l’oligarchie compradore
s’activent fiévreusement. Ces forces qui
existent dans toutes les sphères
économiques, politiques et sociales,
n’ont aucun lien avec l’Algérie et ne
cherchent qu’à s’accaparer les richesses
à leur profit et à celui de l’étranger.
Elles sont la conséquence des politiques
mises en place sous Bouteflika et même
avant lui, puisque depuis le 5 octobre
1988 se pose la problématique de savoir
quel type de régime il faut pour
l’Algérie. Or, cette question n’a pas
encore été résolue à ce jour. Le système
a ouvert un multipartisme qui a prouvé
qu’il ne sert à rien et le Hirak est un
sursaut face à cet échec, il représente
la rupture avec tout ce qui s’est fait
avant le 22 février 2019. Et
aujourd’hui, nous voyons clairement
s’affronter deux dynamiques
diamétralement opposées : le mouvement
populaire qui va jusqu’au bout de
l’espoir et un gang au pouvoir qui va
jusqu’au bout de la bêtise et de la
folie. Le Hirak n’est pas
un parti politique, il est hétéroclite à
l’image du peuple algérien dans sa
diversité sociale et ethnique. Le Hirak,
c’est tout le monde, c’est l’Algérien
qui s’est soudain intéressé à son sort
et au sort de ses enfants et qui lutte
pacifiquement pour un avenir meilleur.
Il est à la fois une conséquence et une
perspective, ainsi qu’une opportunité
pour tout le monde, y compris pour le
régime dans son ensemble qui aurait pu
saisir cette chance pour se réformer.
Mais non, il fait sourde oreille et
s’accroche à ses privilèges. Pourtant,
ce régime et ses géniteurs ne
rajeunissent pas, loin de là, ils
constituent une véritable gérontocratie
et disparaissent les uns après les
autres en laissant derrière eux un legs
catastrophique pour les jeunes
générations. Le Hirak est venu en
véritable sauveur de la nation
algérienne. Le peuple algérien, qui
avait démissionné de la politique sous
l’ère Bouteflika, s’est redressé et est
venu à la rescousse du pays ravagé par
des années de nafsi nafsi,
d’égocentrisme, d’affairisme,
d’opportunisme, de népotisme, de
bricolage, d’incompétence, de
corruption, et j’en passe. Personne ne
parle du bilan catastrophique de
Bouteflika, pourtant nous en vivons les
conséquences économiques, sociales et
politiques aujourd’hui. L’opportunité
offerte par le Hirak n’est pas rejetée
que par le régime, mais aussi par les
partis politiques de l’opposition qui
n’ont pas su répondre à son appel. Tout
a été essayé pour briser ce grand
mouvement populaire au moyen de vains
subterfuges, tels qu’essayer de diviser
le peuple en vilipendant des régions
comme la grande Kabylie, en s’en prenant
aux Mzabs, aux Chaouias, aux Algériens
de l’étranger, en inventant des termes
farfelus comme Badissia Novembria
ou les « zouaves », en attaquant des
symboles de la Révolution, etc. On a vu
un parfait imbécile, un cancre
cachiriste, un adepte du cadre, attaquer
le géant de la Révolution qu’était Abane
Ramdane ! Ces attaques multiples se sont
produites tout au long de ces onze mois
de vide politique dans lesquels nous ont
projetés quelques aventuriers. Les clans
qui s’affrontent portent la
responsabilité de cette situation de non
sens dans laquelle est plongé le pays et
ils risquent de mener à la disparition
de l’Algérie, certainement pas le Hirak
qui est venu pour nous débarrasser de
ces figures archaïques nocives qui sont
là depuis trop longtemps.
Pendant que
certains faux intellos essaient de le
dénigrer, le Hirak avance et engrange
des victoires : il a empêché le 5e
mandat de la charrette, il a fait tomber
la religion du cadre, il a fait annuler
les « élections » du 4 juillet, il a
disqualifié une classe politique
apathique et inutile, une société civile
et un mouvement associatif en état
végétatif, il a montré le vrai visage de
ceux qui se disaient proches de lui mais
qui se sont empressés de répondre à
l’appel de la mangeoire en rejoignant le
« gouvernement » Tebboune illégitime, il
a démasqué les gangs qui se sont mis à
s’entredéchirer comme dans un remake de
« Gangs of New York » sauf qu’ici, c’est
« Gangs of Algiers » – n’avons-nous pas
vu un régime s’auto-emprisonner ? C’est
le Hirak qui a provoqué ce grand
chambardement et non pas X ou Y dont les
médias poubelles prostituées et
corrompues, qui ne servent pas
l’Algérie, n’ont pas cessé de cirer les
bottes avec entrain. Ces médias
devraient être bannis définitivement car
ils ont montré qu’ils étaient contre le
Hirak, donc contre le peuple algérien,
et que leur seule religion était le
culte de la personnalité et un
aplatventrisme indéfectible. Ils ne
servent pas les intérêts de l’Algérie,
mais bien leurs intérêts personnels,
comme les gangs qui leur donnent des
ordres. Hier c’était Abdelaziz
Bouteflika, puis son frère Saïd, ensuite
ce fut Gaïd Salah, aujourd’hui c’est au
tour de Tebboune et de Changriha. Le
Hirak est la négation de cette
allégeance servile. C’est un cri de
colère à l’opposé de cette soumission
abjecte développée sous le règne de
Bouteflika. Ce cri du peuple algérien
qui a retenti dans le monde entier n’a
pas été écouté par le régime, ni par les
partis politiques de l’opposition parce
qu’ils sont tous aveuglés par la rente.
Tous tirent leur épingle du jeu sans
sourciller. On remarque d’ailleurs
qu’ils ont tous, à part quelques rares
exceptions, la même feuille de route :
comment se débarrasser de ce Hirak, ce
qui revient à dire « comment se
débarrasser de ce peuple » ? Vous
pouvez tous vous creuser la cervelle
jour et nuit, inventer d’autres
subterfuges, vous n’en viendrez jamais à
bout, car personne ne fera rentrer
l’Algérien chez lui tant qu’il n’aura
pas obtenu ce pour quoi il arpente les
rues depuis 11 mois, que ce soit
l’étudiant ou le supporter, le handicapé
dans son fauteuil roulant, le vieux avec
sa canne, ou encore la mère de famille,
la jeune fille, la grand-mère, ou bien
le père portant son fils sur ses
épaules, ou la petite fille qui chante
les slogans. Tous exigent ce dont tout
peuple sur cette Terre a droit : une
démocratie, une justice sociale, une
justice indépendante, bref un État de
droit. Et aujourd’hui, grâce à ce
magnifique mouvement populaire qui a
ébloui le monde, grâce au Hirak, nous
nous sentons à nouveau fiers d’être
Algériens.
Ces salonnards
aigris et bileux qui critiquent et
attaquent le mouvement populaire,
prétendant qu’il a échoué, sont bien
connus. Pour la plupart, ces gens vivent
de la rente et n’ont pas les mêmes
préoccupations que ceux qui composent le
Hirak qui, eux, sont les vrais enfants
du peuple, un peuple dans toute sa
diversité. C’est la raison pour laquelle
le Hirak est créatif, car il est composé
de millions d’individus appartenant à
toutes les catégories sociales. S’étant
réapproprié son histoire, le Hirak
défend les intérêts du pays et l’on en
découvre tous les aspects dans l’étude
des slogans clamés lors des
manifestations. La multiplicité des
revendications et sa pluralité
n’empêchent pas le Hirak de présenter un
front uni face à son antithèse qui s’est
créée dès les premiers moments.
Rappelons-nous que l’ancien chef
d’état-major Gaïd Salah qualifiait le
Hirak « d’égarés », de « manipulés »,
etc. Bref, les vieilles recettes du
régime ou du gang qui ne peut pas
concevoir que l’Algérien soit capable
d’émettre des revendications et de faire
une révolution pacifique. Le système
algérien n’a jamais cru dans les
potentialités de ce peuple, c’est pour
cela que des générations entières ont
été sacrifiées, dont la mienne. Nous
avons connu le terrorisme, le pillage,
el harga, l’ère Chadli, l’ère
Bouteflika, bref l’échec complet. La
soif de revanche de Bouteflika a fait
des dégâts redoutables mais la vengeance
divine a été impitoyable, que ce soit
pour lui ou pour son frère. Regardez ce
qu’ils sont devenus, eux qui étaient si
puissants. En tant que journaliste, j’ai
rencontré Abdelaziz Bouteflika et son
frère Saïd, et j’ai vu le même mépris
pour le peuple algérien dans leurs yeux.
Tout le monde se souvient de l’arrogance
du « pharaon » Abdelaziz. Rappelez-vous
ce que celui qui se faisait appeler « Fakamatouhou »
disait et voyez ce qu’il est devenu : un
légume dans une charrette éjecté par le
Hirak. Méditez sur ce destin. Nous
tomberons tous malades et nous mourrons
tous, mais cette espèce d’individu
malfaisant et mégalomane a d’abord connu
la déchéance avant de se présenter un
jour devant son créateur pour le
jugement suprême. Il est toujours
vivant, il faut le juger pour ses
nombreuses trahisons et ses
détournements des biens de l’État. Et
n’oublions jamais que sans le Hirak,
nous serions toujours en train de suivre
la charrette !
Contrairement à ce
système obsolète qui est incapable de
produire un projet national fédérateur,
le Hirak a réussi à rassembler et à
organiser les Algériens installés à
l’étranger. Imaginez un pouvoir
politique qui aurait la sagesse
d’utiliser le potentiel des Algériens de
la diaspora au lieu de les dénigrer et
de les exclure, nous aurions des
ingénieurs, des chercheurs, des
enseignants, des médecins, des
architectes, des entrepreneurs, etc.
formés dans les meilleures universités
étrangères et qui pourraient aider leurs
compatriotes à redresser un pays ravagé
par des décennies de gabegie. Les
lobbies indien ou italien aux USA, et
d’autres, sont là pour en témoigner, eux
qui valorisent leurs ressortissants de
l’étranger et les invitent à s’impliquer
dans leur pays d’origine. Seul pays au
monde à mépriser sa diaspora, l’Algérie
a légiféré contre l’immigration
algérienne via l’article 51 de la
« Constitution » pondu par la « Issaba »
en général et Ouyahia en particulier. Un
régime pourri s’est permis de décréter
qui était algérien et qui ne l’était
pas. Je ne permets à personne de me
faire quelque leçon que ce soit, et
surtout pas de patriotisme ! Un Algérien
a l’Algérie qui lui coule dans les
veines, personne ne peut aller contre ce
fait. Ce n’est pas parce que nous vivons
à l’étranger que nous sommes moins
algériens que les autres. La preuve,
aujourd’hui, le Hirak manifeste dans le
monde entier à travers sa diaspora qui,
chaque dimanche et par tous les temps,
sous toutes les latitudes, se réunit sur
les places et dans les rues de leur pays
d’adoption pour reprendre les slogans
entendus à Alger, à Oran, à Tizi Ouzou,
à Bordj, à Ouargla, ou à Constantine, et
dans toutes les villes et villages
d’Algérie, et brandir les photos des
martyrs. Autre exemple, pour la première
fois dans l’histoire de l’Algérie au
cours d’un sommet international, en
l’occurrence celui consacré à la Libye
et qui se déroulait à Berlin, on a vu
des manifestants algériens protester
contre le « président » Tebboune
illégitime. Ils sont venus de partout :
d’Italie, d’Espagne, de France, bref de
toute l’Europe, qui en train, qui en
voiture, qui en avion ou en car. Je le
répète pour la énième fois, un président
illégitime ne peut pas porter la voix de
l‘Algérie à l’étranger alors qu’il fait
face à des manifestations massives
contre lui et ceux qui l’ont désigné à
ce poste chaque mardi et chaque vendredi
depuis bientôt un an et que le Hirak
s’est déplacé à Berlin. A-t-on vu
ailleurs un chef d’État dont le fils est
en prison pour trafic de drogue et
blanchiment d’argent ? Le « président »
algérien a été copieusement brocardé par
les Algériens présents aux cris de
« Tebboune cocaïne !». Et on a tous vu
l’accueil méprisant qui a été réservé à
ce sous-préfet devenu président, ainsi
que la façon dont Vladimir Poutine a
ignoré sa main tendue… La grande Algérie
qui a été la Mecque des
Révolutionnaires est devenue la risée du
monde et nous sommes revenus à l’ère
Bouteflika quand Sellal faisait le pitre
devant Merkel. Les guignols continuent à
diriger le pays. La honte que nous
infligent à l’étranger ces dirigeants de
pacotille n’a d’égale que le pillage
auquel ils se sont livrés pendant des
décennies.
Le Hirak exige des
représentants légitimes et dignes, pas
des pantins nommés et douteux. Et cette
histoire de dialogue et de référendum
pour une nouvelle Constitution ne va pas
endormir le peuple. Le régime cherche
une légitimité qu’il n’aura jamais,
utilisant la même tactique que
Bouteflika en son temps. Ce pseudo
dialogue nous fait perdre du temps et
n’est jamais qu’un concept biaisé dès le
départ puisque le Hirak ne demande en
aucune façon de dialoguer avec ce gang,
il veut changer la matrice qui a
engendré ce régime, c’est-à-dire
transformer en profondeur le système
politique. C’est là où cela coince car
combien de personnes perdraient-elles
leurs privilèges en cas de
transformation majeure en Algérie ? Des
tas : politicards à la noix, clientèle,
partis inconsistants, associations
fantoches, etc. Tous sont perdants dans
l’équation Hirak vs forces régressives,
ces dernières nous ramenant – à Dieu ne
plaise – vers de graves problèmes comme
on l’a vu en Libye où l’Algérie a perdu
toute influence comme c’est aussi le cas
dans notre voisinage géopolitique à
savoir le Mali et le Niger. Nous ne
sommes présents nulle part, et alors
qu’une guerre par proxys se déroule à
nos frontières, que le Sahel est
sillonné par des groupes terroristes,
l’armée algérienne est dirigée par un
intérimaire. Je ne suis pas en train
d’idéaliser le Hirak, j’ai fait de la
politique en Algérie et aussi à
l’étranger, mais voilà où nous a mené un
régime qui a tout du gang mafieux :
avoir un intérimaire à la tête de
l’armée, et qui, au lieu de ne se
consacrer qu’à la tâche
constitutionnelle de l’armée et de
sauvegarder la souveraineté nationale et
de protéger nos frontières, continue à
faire des discours comme son
prédécesseur. Il faut penser à passer le
relais à des jeunes officiers, les gens
qui ont dépassé l’âge de la retraite
doivent se retirer et céder la place.
Dans toutes les armées du monde, les
chefs d’état-major n’atteignent pas 60
ans. Pourquoi l’Algérie fait-elle
exception avec des généraux de plus de
70 et 80 ans? L’armée algérienne ne
manque ni de ressources ni de
compétences. Et sachant tout cela,
Tebboune, ce Bensalah bis, propose que
l’Algérie accueille le dialogue
inter-libyen ? Avec un président
fantoche et un peuple dans la rue deux
fois par semaine depuis près d’un an ?
De qui se moque-t-on ? En proposant le
rôle de médiateur, le gang espère
trouver une légitimité à l’extérieur
tout en donnant l’illusion que Algérie a
recouvré la place qu’elle a perdue
depuis longtemps alors qu’elle n’est
plus que l’ombre d’elle-même et qu’elle
s’est soumise à tous les lobbies
étrangers, dont celui des Émirats arabes
unis, cette minuscule pustule du golfe
arabo-persique qui a pris possession de
nos ports cédés par ce Bouteflika de
malheur. Le courageux capitaine Hamza
Djaoudi a tiré la sonnette d’alarme en
dénonçant l’emprise des Émiratis sur le
port d’Alger, regrettant la perte de
souveraineté de l’Algérie. Ça lui a valu
quatre mois à El-Harrach. J’ai très bien
connu le secrétaire général du syndicat
des dockers d’Alger, notre camarade et
ami Abbas Guermache, qui a eu de gros
problèmes avec les Émiratis naguère. Ces
derniers n’ont pas investi un seul
dollar, ils se sont contentés de prendre
possession du port d’Alger par copinage
avec Bouteflika. Et Sidi Saïd, ce
traître, a laissé faire. Quand sera-t-il
jugé pour les crimes qu’il a commis
contre le mouvement syndical et contre
l’Algérie ? Quand le verra-t-on à
El-Harrach avec le reste de l’équipe ?
Où est notre souveraineté quand
l’aéroport d’Alger est géré par la
France qui contrôle aussi la
distribution d’eau et le métro, etc.,
quand Total a fait main basse sur le
désert pour l’extraction du gaz de
schiste qui saccage notre environnement
et pollue notre grande nappe phréatique,
quand les Chinois s’accaparent tous les
marchés de la construction, et quand les
Émiratis engrangent des bénéfices dans
les ports d’Algérie, sans parler du
Sahara qui est devenu leur terrain de
chasse préféré et où ces pingouins, se
sentant en pays conquis et protégés par
nos gendarmes, massacrent allègrement
outardes et gazelles. Qui faisait partie
des walis qui ont permis à ces niqueurs
de chameaux de venir décimer notre
faune ? Celui qui est devenu
« président » : Abdelmadjid Tebboune !
Le même qui fait des courbettes
aujourd’hui devant Le Drian venu faire
le plein de contrats juteux. Bien sûr,
il y a tant d’autres dossiers très
lourds qu’il faudrait autant de pages
qu’un bottin de téléphone pour les citer
tous, car l’Algérie a été victime d’un
véritable massacre économique. Nous
avons connu un nouveau colonialisme avec
des nouveaux colons qui se sont goinfrés
de retro-commissions dans de nombreux
secteurs, y compris des secteurs
stratégiques. Les Français et les
Emiratis se sont partagé les plus gros
morceaux du gâteau. Soyez maudits, ya
merkhes ! Qu’ont fait les
Bouteflika, les Gaïd Salah, les Tebboune
et toute leur clique de notre dignité,
de notre force, de notre souveraineté ?
Bahdltouna ya Khemaj, Matahchmouch,
Rassa Khamja ! Ya el rekhass !
Pendant ce
temps-là, les harragas continuent à fuir
l’Algérie par centaines en espérant une
vie meilleure sous d’autres cieux,
n’hésitant pas à risquer la noyade en
Méditerranée, même en plein hiver. On a
même vu un Algérien tenter la traversée
à la nage entre le Timor oriental et
l’Australie. Il préférait braver des
centaines de kilomètres à la nage pour
atteindre un continent en proie aux
flammes plutôt que de rester en Algérie.
En quel avenir doivent-ils croire, ces
désespérés ? Le système est toujours là,
on continue à arrêter les Algériens à
chaque manifestation et des juges
serviles qui sont la honte de la
magistrature continuent à condamner les
Algériens et à les emprisonner pour
« atteinte au moral de l’armée »,
poursuivant la folie qui régnait sous
Gaïd Salah qui a désormais rejoint les
poubelles de l’histoire. Si le moral de
l’armée doit être atteint, ce n’est
certainement pas le fait des enfants du
peuple, filles et garçons, qui luttent
pour une Algérie meilleure et qui sont
aujourd’hui en prison, mais bien à cause
de la corruption de certains généraux,
feu GaÏd Salah en tête, qui n’auraient
jamais du dépasser le stade de simple
troufion. Par contre, on met en prison
pendant des mois, Hocine Benhadid, un
général-major honnête et compétent,
major de sa promotion à West Point en
même temps que Colin Powell, et on
oublie dans sa cellule Ali Ghediri, un
homme intègre, ancien général major et
brillant docteur d’État, après l’avoir
traîné dans la boue. Sans parler des
centaines d’officiers injustement
incarcérés dans les geôles de ce gang de
pourris. Le moudjahid Bouregaa, un
commandant de l’ALN, n’avait pas à faire
de la prison et oser le libérer « sous
condition » est un scandale, pendant que
des fils de harkis qui dirigent
l’Algérie se remplissent les poches et
lèchent les bottes de Macron, de Mohamed
Ben Zaïd et de tous les gangsters qui
dirigent la planète ! Libérez tous les
détenus d’opinion sans condition ! Je ne
peux pas les citer tous parce qu’ils
sont nombreux mais je pense à chacun
d’entre eux et je suis solidaire avec
tous et toutes. Si je peux leur apporter
quoi que ce soit, je suis à leur
disposition. Je pense par exemple à
cette petite jeune fille, Nour El Houda
Oggadi, en quoi cette jeune étudiante
peut-elle porter atteinte au moral de
l’armée ? C’est une honte ! Libérez-la !
Vous n’avez pas le droit de maintenir
ces gens en détention. Ce sont des
prisonniers politiques. C’est vous,
bande de voleurs qui devriez être à
Bouhadma (en prison). Libérez tous les
prisonniers politiques sans condition !
Qu’ils sortent et prenez leur place.
Libérez Samir Benlarbi avec lequel je
partage de bons souvenirs qui remontent
à son plus jeune âge. J’adresse mon
soutien à sa belle-famille qui est
voisine de la mienne et bien sûr à sa
famille, surtout à sa mère qui souffre
beaucoup de la détention de son fils. On
m’a dit que Samir se comporte bravement
en prison, qu’il est un vrai lion et
qu’il a un moral d’acier. Tiens bon, mon
grand, tu es en prison injustement. Ceux
qui t’ont enfermé iront un jour prendre
ta place. Tout mon soutien t’est acquis
et si tu as besoin de moi, je suis là.
Libérez Boumala, Karim Tabbou et tous
les autres qui n’ont rien à faire en
prison !
Quand mes sources
et amis me disent que les services de
renseignement algériens sont devenus une
supérette, il y a aussi de quoi
s’alarmer. Je repense à l’interview que
m’avait accordée le
Dr. Bruce Riedel, conseiller
principal à la Sécurité des quatre
derniers présidents américains jusqu’à
Obama, membre de la CIA, qui me disait
que les services algériens étaient très
performants. Le démantèlement des
services de renseignement fait aussi
partie du bilan désastreux de Bouteflika
et de son larbin Gaïd Salah, ce dernier
menaçant de prison quiconque avait une
tête qui ne lui revenait pas. J’ai écrit
L’Algérie, du démantèlement du DRS au
démantèlement de l’Etat national par les
frères Bouteflika en septembre 2015
quand personne ne voulait en parler.
Peut-on concevoir un pays comme les
États-Unis, la Grande-Bretagne, la
Russie, la France, sans services de
renseignement ? Tout État, quelle que
soit sa dimension et son implantation
géographique, aussi petit soit-il, a
besoin de services de renseignement. À
plus forte raison l’Algérie, le plus
grand pays d’Afrique implanté en plein
cœur du Maghreb et bordant la
Méditerranée. Mais des mafieux, des
voyous, ont estimé que les services de
renseignement représentaient trop de
danger pour leurs intérêts et les ont
démantelés, avec l’aide de leur
mère-patrie la France, se souciant peu
du fait que ces services protégeaient la
nation. Je n’insisterai jamais assez sur
la nécessité de reconstruire les
services de renseignement sur des bases
saines en faisant appel aux compétences
de la jeune génération. Nous ne manquons
pas de compétences, le pays en regorge
dans les universités, dans l’armée, dans
ce qu’il reste des services de
renseignement, dans la police, dans la
gendarmerie. Hélas, les prisons
algériennes regorgent aussi de nombreux
agents de renseignement compétents, des
centaines étant incarcérés pour avoir
fait leur devoir. Tout cela parce qu’une
poignée d’aventuriers incompétents ont
voulu devenir des monarques. Depuis des
années, l’Algérie est dirigée par un
régime antinational. On met des
patriotes et des gens compétents en
prison, pendant que des crapules pillent
le pays.
Mais aujourd’hui,
le Hirak est là et il entend bien
poursuivre son combat. Il a produit sa
propre élite politique, que ce soit
celle issue des détenus politiques, soit
celle provenant de ceux qui continuent
la lutte dehors. De cette élite
surgiront les dirigeants algériens de
demain. Le Hirak purifiera le sang vicié
par des années de corruption d’un
pouvoir en décomposition, à l’image des
vieillards qui s’accrochent aux
commandes du pays au risque de le mener
à sa perte. Plus le régime s’entête à ne
pas répondre par le concret aux
revendications du Hirak, plus celui-ci
placera la barre haute dans ses
revendications légitimes. Cela démontre
que le Hirak n’est pas près de
s’arrêter. Contrairement aux gangs qui
s’entredéchirent, le Hirak est la seule
garantie de la stabilité de l’Algérie.
Il appelle à une refondation de l’État
algérien tel qu’il avait été imaginé par
nos martyrs, indépendant, souverain, et
construit sur la citoyenneté. C’est la
raison pour laquelle les photos des
martyrs sont brandies dans toutes les
manifestations. Comme je l’ai déjà dit
précédemment, le Hirak est la
continuation du 1er Novembre
et il persistera à réclamer un État de
droit et une démocratie jusqu’à ce qu’il
les obtienne. Peu importe le nombre de
citoyens actifs dans le Hirak, ce sont
les idées qui comptent. Les Hirakistes
écrivent l’histoire de l’Algérie comme
les enfants de Novembre l’ont fait
jadis. La génération qui a connu le 22
février ne rentrera pas chez elle, car
elle grandit dans quelque chose de
nouveau qui s’appelle la liberté.
L’élite de demain est en marche tous les
mardis et vendredis. Semaine après
semaine, inlassablement, le Hirak
s’achemine vers une victoire certaine et
il aura le dernier mot sur tous les
vieux barbons et leurs larbins, parce
qu’il est jeune et plein d’énergie, et
qu’il a l’avenir devant lui. Ce grand
mouvement populaire finira par hisser
l’Algérie au rang d’une grande nation.
J’en fais le pari.
Mohsen Abdelmoumen
Reçu de Mohsen Abdelmoumen pour
publication
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