Algérie Résistance
L’ANP face à ses responsabilités
Mohsen Abdelmoumen
Les braves
soldats de l’ANP , dignes héritiers de
la glorieuse ALN. DR.
Vendredi 10 juin 2016
En Algérie, tous les secteurs
ministériels sont touchés par des
scandales divers sans qu’aucun
responsable ne soit sanctionné. Ce
gouvernement à l’image du 4e mandat des
Bouteflika, c’est-à-dire Saïd et son
clan, symbolisent la déliquescence
totale à tous les niveaux : des
ministres qui déclarent en une même
journée une chose et son contraire, un
Premier ministre qui se trompe sur le
montant des réserves de change, un chef
de cabinet qui, hanté par la main de
l’étranger et les orteils de
l’intérieur, n’a que le mot complot à la
bouche, des ministres qui ne servent à
rien et ne sont là que pour se remplir
la panse et placer les membres de leur
famille à différents postes de
responsabilité en attendant un coup de
fil de limogeage ou l’obtention d’un
poste sur une voie de garage…
Bref, « houkouma batata » (un
gouvernement patate) dirigé par des
cornichons, pour rester dans le rayon
légumes sans même aborder le rayon
surgelés. Cerise sur le gâteau, ou
inversement, le baccalauréat qui vient
de se dérouler en connaissant une fuite
massive des sujets, va connaître une
deuxième édition, sécurisée, excusez du
peu, par les services de renseignement
et l’ANP, ce qui constitue une première
mondiale. Cela n’existe dans aucun pays
au monde, et je mets au défi la bande
d’incapables qui dirigent l’Algérie en
ce moment de citer un seul pays où
l’armée et les services de renseignement
ont encadré des examens. L’échec du
gouvernement de Bouteflika est
monumental et entrera certainement dans
le Guinness book, à défaut de recevoir
le prix Nobel de l’incompétence et de la
mauvaise gestion. Mais pourquoi diantre,
l’étudiant ou le lycéen ne tricherait-il
pas à son examen quand les affairistes
au pouvoir ne font que cela à longueur
d’année ? La crise politique et
économique en Algérie a atteint son
stade moral, et voilà que nos services
de renseignement et notre armée qui ont
des tâches bien précises telles que la
sauvegarde de l’intégrité territoriale
et la sécurité de notre pays, la lutte
antiterroriste, etc. vont maintenant
surveiller des écoliers pour garantir la
réussite d’un examen exempt de tout
tricherie, ce qui n’entre pas dans leur
domaine de compétence. On croit rêver.
L’aide que le pouvoir sismique algérien
a demandée à l’armée est symptomatique
d’un gouvernement en proie à de
perpétuelles convulsions, un régime à
bout de souffle dont les diversions et
la ruse sont érigées en mode de
gouvernance. Alors que le clan
Bouteflika via ses hérauts n’arrêtait
pas de nous gaver avec un État civil
porté par des drabkis et autres
percussionnistes dont certains sont à la
solde de la DGSE française, ces mêmes
voix se taisent subitement quand le
pouvoir demande un encadrement militaire
du baccalauréat. Il s’agit là d’une
gifle magistrale à tous les bateleurs
qui n’ont cessé de vilipender l’armée et
les services de renseignement ces
dernières années. Nous y voyons la
signature d’un gouvernement d’incapables
dirigé par un autre incapable, la énième
farce du 4e mandat d’un président malade
et impotent. S’il y a bien une
tricherie, elle provient de Bouteflika
brothers and Co. Pour couronner le tout,
on apprend que le gouvernement français
et notamment la DGSE de Bernard Bajolet
demande officiellement l’aide des
services de renseignement algériens pour
l’aider à déjouer les attentats
terroristes lors de l’Euro 2016 organisé
en France. C’est tragicomique quand on
sait que la France nous a saoulés
pendant des décennies avec sa thèse du
« Qui tue qui », l’assassinat des moines
de Tibhirine, etc. et voilà qu’elle
baisse pavillon en demandant l’aide du
service de renseignement algérien,
précisément le DRS devenu DSS. Le sieur
Bernard Bajolet qui a organisé toutes
les frappes contre le DRS et le général
Toufik en aidant le clan de Bouteflika
contre le clan de Toufik, reconnaît
qu’il est incapable de protéger ses
propres citoyens sans l’aide de
l’Algérie. C’est ce qui arrive quand on
court derrière les contrats, que l’on
troque le soutien de la France à un 4e
mandat infâme, et que l’on s’englue dans
le court terme sans aucune vision
stratégique dans un contexte
géopolitique dont tout le monde sait
qu’il est explosif. Dans son échec, le
régime français de François Hollande
ressemble étrangement au régime algérien
d’Abdelaziz Bouteflika. On peut même
dire qu’ils sont jumeaux. Néanmoins, le
fait que l’on appelle aujourd’hui les
services de renseignement et l’armée qui
sont très sollicités, montre à quel
point le rôle de l’armée algérienne,
notre ANP, est central dans la
politique, que ce soit en Algérie ou
dans la région du Sasel.
Si l’on requiert l’armée pour
superviser le bac aujourd’hui, que lui
demandera-t-on demain ? Pour les autres
examens, ce sont les forces spéciales de
Biskra qui vont les encadrer ? Quand on
a échoué à gouverner un pays et que l’on
fait appel à l’armée, c’est un aveu
d’échec. Il faut arrêter de tourner
autour du pot et restituer tout le
pouvoir à l’ANP qui est la seule à être
capable d’arbitrer une période de
transition qui va nous amener vers la 2e
République. La faillite des gouvernants
civils algériens actuels renforce l’idée
de solliciter l’armée et ses forces
vives qui reste, n’en déplaise aux uns
et aux autres, la seule institution, la
seule force organisée, capable de peser
et d’initier un nouveau départ pour
l’Algérie, bâti cette fois sur des
institutions solides. Ce processus qui
débouchera sur une république des
institutions et non pas des personnes
est le seul susceptible de réhabiliter
la politique et de rassurer les citoyens
qui ne croient plus ni dans la politique
ni dans les politiciens et dont
l’abstention est le plus grand parti.
C’est le citoyen qui doit être le centre
de la gouvernance. Si le citoyen ne
croit pas en la politique, rien ne
pourra fonctionner, c’est la raison pour
laquelle nous devons nous débarrasser de
ce pouvoir obsolète. C’est une
exigence. Nous sommes dans l’urgence de
stopper l’hémorragie et nous n’avons
plus le loisir de tergiverser. Le moteur
d’une démocratie est l’alternance or, la
faiblesse du pouvoir politique s’est
répercutée sur tout le reste, y compris
l’opposition. À l’époque du parti
unique, la vie politique était bien plus
vivante et intéressante qu’aujourd’hui.
Devons-nous regretter le parti unique vu
que le multipartisme n’a rien apporté à
l’Algérie, et l’on voit les conséquences
aujourd’hui de ce processus biaisé avec
une foule de partis coquilles vides.
Même le niveau de la brosse à reluire,
la chitta, a baissé. Saïd n’a
pas réussi à constituer une bonne équipe
de chiyattine pour vendre la
marchandise avariée de ce pouvoir
périmé. Il faut sortir de la sous
culture de Belhamar, autre symbole du
règne de Bouteflika. Dites-nous :
êtes-vous un pays capitaliste ou
socialiste ? Êtes-vous une démocratie ou
une dictature ? Définissez-vous, car à
nos yeux, vous n’êtes rien. Vous avez
ruiné le pays, et nous allons le
construire sur vos ruines. Nous sommes
pour un État fort avec des institutions
fortes, c’est l’unique plateforme où
l’on peut par la suite prétendre à
définir les orientations avec une vie
politique riche et des débats sérieux.
Il faut en finir avec ce cycle de la
faillite des politiciens irresponsables
qui sont au gouvernement et dont la
plupart ont été cooptés non pour leurs
compétences mais selon les critères de
régionalisme, clientélisme, etc. Cela se
manifeste par la mauvaise gestion
caractérisée dans laquelle sont plongés
la plupart des secteurs : finances,
économie, travaux publics, agriculture,
éducation, tourisme, et j’en passe. Je
suis fatigué d’évoquer les scandales à
répétition et la mauvaise gestion de ces
cancres. Maintenant, tirons les leçons
qu’il faut. Mr Bouteflika et votre horde
sauvage, vous avez échoué : dégagez !
Arrêtez de faire du chantage avec la
stabilité du pays ! Ceux qui
garantissent la stabilité, la
souveraineté territoriale ainsi que la
sécurité des citoyens et des biens, ce
n’est pas la bande de ripoux qui vous
entourent, vous et votre frère Saïd,
mais ce sont les fils dignes de
l’Algérie, qui sont dans les différents
corps sécuritaires et qui paient de leur
vie pour que vous et votre engeance
jouissiez de vos biens mal acquis dans
la zone verte de Club des Pins, de
Moretti ou à Paris où vous vivez comme
des rois. Il est temps de restituer les
clés de la maison. Ceux qui voient dans
mon message un appel à un coup d’État,
je leur rappelle que le coup d’État
s’est déroulé avec le 4e mandat infâme
et qu’il a commencé par la violation de
la Constitution en 2008 en ouvrant les
mandats. Cela nous a ramenés là ou nous
sommes aujourd’hui. Quant aux chiffres
et aux débats de salon des professeurs
es enculades de mouches, je vous les
laisse, bouffez-les à satiété. Nous
n’avons pas besoin de vos chiffres, nous
voyons l’état du pays et la catastrophe
dans laquelle des civils, et non pas des
militaires, nous ont mis. Car le
contraste entre la faillite des
politiques, Bouteflika et son clan à
leur tête, et la réussite de la lutte
antiterroriste pilotée par nos services
de renseignement et différentes unités
d’élite reflète l’état des lieux. D’une
part, l’institution de l’armée obtient
de nombreux résultats concrets comme on
l’a vu avec les récentes opérations, que
ce soit celle de Bouira ou celle de
Guelta Zerga près de Sétif, opérations
qualitatives accomplies par les corps
d’élite, à savoir la DGSI, le SCORAT et
autres unités, ciblant des groupes
terroristes et des émirs, la
récupération de l’arsenal en provenance
de Libye, la protection des frontières,
etc. et de l’autre côté l’échec d’un
pouvoir civil en décrépitude. La
situation a atteint un tel pourrissement
que des choses hallucinantes se
produisent comme celle où Farouk
Ksentini, président de la Commission
nationale consultative de promotion et
de protection des droits de l’Homme
(CNCPPDH) demande que les corrompus
soient amnistiés, c’est-à-dire Chakib
Khelil, Bouchouareb, Ali Haddad, Ghoul,
et tous les autres qui sont légion,
comme ont été amnistiés les égorgeurs.
C’est une phrase qui restera à jamais
gravée dans les mémoires comme tant
d’autres qui sont à mettre à l’actif du
bilan Bouteflika. Par exemple, Ali
Haddad el kharay, simple
dirigeant d’une organisation patronale,
qui se prononce, entre autres, sur l’âge
de la retraite en Algérie alors qu’il
n’est pas foutu de terminer les travaux
qui sont confiés à son entreprise, ou
encore l’aveu du Premier ministre qui
déclare que la triche a atteint tous les
secteurs. Des déclarations plus
surréalistes les unes que les autres. Et
vous osez parler de la main de
l’étranger ? C’est vous le principal
danger pour l’Algérie, État et nation !
Le cas du baccalauréat et de cette
ministre de l’Éducation qui, je le
rappelle, est et reste ministre de
Bouteflika, est symptomatique d’un
gouvernement de bras cassés dirigé par
un impotent qui a bloqué et figé
l’Algérie et qui nous mène droit vers le
désastre. Ce régime pourri est allé
jusqu’à faire des lois pour réduire au
silence des anciens militaires qui
dérangent Saïd Bouteflika et son
entourage. Exiger de l’armée et de ses
officiers retraités de se taire alors
qu’ils sont les premiers à pouvoir
parler du fait qu’ils ont défendu leur
pays, n’est pas anodin. Le parfait
exemple en est le général Benhadid qui
croupit en prison sans jugement depuis
des mois pour avoir dit la vérité et
pour avoir servi son pays vaillamment
comme le soldat de l’ALN et de l’ANP
qu’il est. Je pense aussi au général
Hassan et au général Medjdoub incarcérés
par le fait du prince sans que l’on
évoque leur cas, et à tous les Algériens
incarcérés injustement pas la horde
sauvage de Bouteflika. Nous avons
assisté à l’indifférence totale qui a
entouré la mort du colonel Khaled. Et je
n’oublie pas le calvaire que vivent les
anciens colonels, généraux, et
autres officiers que le clan Bouteflika
a mis à la retraite alors qu’ils sont
encore jeunes et compétents, parce que
la purge des voix contradictoires et du
seul contrepouvoir que constituait le
DRS dérangeait les affairistes du gang
de la chaise roulante. Depuis quand et
où a-t-on vu que l’on empêche des
ex-militaires de s’exprimer sur
l’actualité ou divers sujets concernant
leur pays ? Ailleurs, on voit
régulièrement des anciens hauts gradés
de l’armée ou agents publier leurs
mémoires ou des articles commentant
l’actualité. Chez nous, des militaires
ont été ciblés par une campagne de
dénigrement via des médias égouts
dirigés par des petites frappes que tout
le monde connaît, protégés par un autre
ignorant du gouvernement, le microbe
Hamid Grine, agent du Makhzen et larbin
de Saïd, dont on se demande quel est le
rôle à part faire chanter les uns et les
autres, et qui s’est engagé dans une
guerre qui n’a aucun sens à l’instar du
4e mandat. Grine, une autre caricature
de ce pouvoir pourri. Mon soutien total
va aux journalistes et aux travailleurs
d’El Khabar, ainsi qu’à tous
les travailleurs dans les médias
algériens menacés de fermeture par le
cancre Hamid Grine, le sinistre
exécutant des basses œuvres décidées par
le clan des gangsters de Saïd Bouteflika
et Cie.
Le moment est venu de mettre fin à
cette mascarade et si l’on en appelle
aux patriotes qui sont au sein de l’ANP
d’intervenir et de prendre leurs
responsabilités dans ces moments
difficiles, c’est pour éviter
l’effondrement de notre pays. L’heure
n’est plus aux réjouissances nationales
ni au larbinisme ou au lèche-bottisme,
mais à un bilan sérieux de ce règne de
Bouteflika, le président qui est resté
le plus longtemps au pouvoir et dont le
bilan est catastrophique à tous points
de vue. Donc notre armée et nos services
de renseignement ne doivent pas
seulement organiser l’examen du bac mais
organiser surtout le meilleur des
examens, celui du passage d’un État
déliquescent dirigé par des incompétents
mafieux et corrompus vers un État
sérieux et une 2e République construite
sur des institutions où chacun est à sa
place et où personne n’est de trop.
Quand on passera le cap vers la 2e
République, la République des
institutions, à ce moment-là, on pourra
parler d’un État civil. C’est alors que
l’on pourra demander à l’armée de
regagner ses casernes et de se consacrer
à ses obligations constitutionnelles.
Aujourd’hui, l’armée doit régler le
problème politique et réparer les
erreurs du passé, et parmi ces erreurs,
l’installation d’Abdelaziz Bouteflika
comme président en 1999. L’heure est à
la vérité, aussi amère soit-elle, et non
à se cacher la tête dans le sable.
Mohsen Abdelmoumen
Published in Oximity, June 10,
2016:https://www.oximity.com/article/L-ANP-face-%C3%A0-ses-responsabilit-1?faid=1012388
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