Interview
L’Ambassadeur du Venezuela auprès
du Royaume de Belgique, du Luxembourg et
de l’Union européenne :
« Depuis 18 ans, nous sommes en train de
montrer
au monde qu’un autre modèle est
possible »
Mohsen Abdelmoumen
Madame
Claudia Salerno Caldera et Mohsen
Abdelmoumen. DR.
Lundi 4 décembre 2017
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Mohsen
Abdelmoumen : Que se passe-t-il au
Venezuela ?
S.E. Madame
l’Ambassadeur du Venezuela, Claudia
Salerno Caldera : Cette année a été
très particulière et complexe. Certains
partis de l’opposition ont pris un
chemin antidémocratique et ont eu
recours pendant plusieurs mois à des
manifestations de rue violentes et à des
démonstrations de force contre l’ordre
public, d’attaques contre les forces de
l’ordre et d’actes de sabotage de
certains services publics comme la
plupart des voies principales de transit
de la population. Ces manifestations ont
touché plusieurs villes. Donc, pendant
quatre mois environ, le pays a été très
touché par ces manifestations qui ont
été ordonnées, coordonnées, et financées
par un secteur radical de l’opposition
vénézuélienne. Contrairement à ce que
les gens attendaient, ils voulaient
créer les conditions pour le changement
abrupt du gouvernement légitime et
constitutionnellement élu. Le président
a présenté une proposition politique
très importante en faisant appel à une
Assemblée nationale constituante, sur la
base de l’article 347 de la Constitution
nationale qui lui en donne le pouvoir et
après avoir consulté le Conseil des
ministres et obtenu son accord absolu.
Cette proposition devait être soumise à
l’opinion publique, donc à l’électorat,
et des élections ont été organisées en
juillet de cette année. Contrairement à
ce qu’attendait l’opposition, ces
élections se sont déroulées en paix et
ont connu une énorme participation, soit
plus de 56% de l’électorat vénézuélien,
et la proposition a obtenu une majorité
importante de plus de 8 millions de
personnes qui ont voté en faveur de la
proposition de l’Assemblée constituante.
Cette Assemblée constituante s’est mise
en place à partir du 1er août
et ce jour a signifié la fin de la
violence dans la rue.
Le pays est revenu
au calme et, depuis le mois d’août, les
gens ont le sentiment qu’ils ont encore
les législatives pour répondre aux
besoins de la population et pour
permettre au pays de continuer d’avancer
et de trouver des solutions pour les
situations critiques comme l’économie.
Étant donné la situation, l’Assemblée
constituante a pris la décision
d’avancer les élections régionales de
décembre au mois d’octobre, après avoir
consulté certains secteurs moins
radicaux de l’opposition. Le 15 octobre
dernier, donc, ont été organisées des
élections régionales auxquelles ont
participé librement tous les partis
politiques de l’opposition et de la
coalition du gouvernement. Le résultat a
donné 18 États sur 23 ont été acquis par
le gouvernement, tandis que 5 États ont
été gagnés par l’opposition. Finalement,
après une large discussion au sein de
l’opposition pour savoir si elle
reconnaissait ou pas sa victoire dans
ces 5 États, 4 de ces 5 gouverneurs ont
décidé de prêter serment devant
l’Assemblée constituante, donc de
reconnaître ce corps législatif comme
étant l’autorité supérieure ainsi que la
Constitution l’établit, et seul un
gouverneur qui a remporté les élections
pour un parti radical de l’opposition
dans un état frontalier de la Colombie a
décidé de ne pas reconnaître le résultat
du suffrage. Les élections vont donc
être répétées pour cet État au mois de
décembre. L’organe de gestion des
élections a décidé d’organiser également
les élections municipales le 10 décembre
prochain.
Aujourd’hui, le
pays a retrouvé le calme que nous avons
l’habitude de vivre et la population a
la sensation que les choses s’apaisent.
Les deux partis les plus radicaux de
l’opposition se sont écartés de la voie
démocratique depuis avril. Ils ont
participé aux élections d’octobre mais
après n’ont pas voulu reconnaître le
pouvoir de l’État. Ils sont restés
isolés et minoritaires par rapport au
reste de l’opposition qui est
disposée à aller vers les élections et
donc, leur faim de pouvoir, si l’on peut
dire, doit être canalisée à travers des
élections et non à travers des
manifestations de rue ni par la voie de
la violence. Le pays est donc dans une
situation complètement différente et le
dialogue qui est une chose très
importante a pu se maintenir. Les
membres de l’opposition qui se sont
levés de la table des négociations en
espérant un changement de pouvoir par la
violence ont finalement décidé de
revenir au dialogue, répondant à l’appel
constant, durant toute l’année, du
président de la République. Quand
l’opposition s’est rendu compte que le
peuple a répété à deux reprises sa
volonté de garder et de soutenir son
gouvernement et le parti politique du
gouvernement avec l’élection de la
Constituante et avec l’élection des
gouverneurs, elle a compris qu’il n’y
avait plus rien d’autre à faire qu’à
revenir à la table des négociations et à
comprendre que la voie électorale, donc
la citoyenneté, est la seule qui peut
décider de l’avenir et de l’organisation
politique du pays. L’opposition est donc
revenue à la table du dialogue le 15
novembre à condition que certains pays
puissent participer en tant
qu’observateurs, et les deux parties,
l’opposition et le gouvernement, ont
choisi chacun trois pays pour
accompagner le dialogue. La première
réunion avec cette nouvelle
configuration va se dérouler le 1er
et 2 décembre prochain en République
dominicaine qui est le pays qui va
rester une sorte de facilitateur du
dialogue, le président de la République
dominicaine prenant directement en
charge le processus.
En tant que
médiateur ?
Ce n’est pas tout à
fait un médiateur parce qu’il n’a pas le
pouvoir de prendre des décisions. Le
rôle est différent. C’est plutôt un
facilitateur du dialogue, donc la
personne qui aide au processus mais qui
ne va pas se mêler du fond de la
question. Normalement, un médiateur a le
pouvoir d’évaluer les choses et de
prendre ou de suggérer des solutions.
Ici, ce n’est pas le cas.
L’opposition
a-t-elle refusé de s’asseoir à cette
table de dialogue au Venezuela ?
Non, c’est juste
qu’ils ont pensé que c’était préférable
de le faire à l’extérieur. C’est une
méthodologie qui a été utilisée
auparavant. C’est préférable dans ce
genre de situation, il n’y a pas la
pression des médias, on peut parler dans
le calme dans un pays neutre. Donc, ces
pays sont le Chili, le Mexique, le
Paraguay, le Nicaragua, la Bolivie, et
la République dominicaine. Ce sont les
six pays qui vont accompagner le
dialogue sans se mêler du fond de la
question. C’est une sorte de parrainage
de bonne foi pour vraiment aider à
l’avancement de la situation. On a prévu
des élections présidentielles pour
l’année prochaine en décembre et nous
sommes sur la voie de solutionner les
problèmes. Le pays s’apaise au niveau
politique mais garde un stress sur le
volet économique.
Pensez-vous que
le président Maduro va se
représenter aux élections
présidentielles de 2018 ?
On ne sait pas
encore. Il n’a rien dit, il a seulement
fait quelques blagues récemment à la
presse. On verra bien. De l’autre côté,
dans l’opposition, il n’y a encore rien
eu. C’est encore un peu loin. On en
saura davantage l’année prochaine lors
de la campagne électorale. On espère
bien que l’opposition va comprendre que
la démocratie exige de respecter les
voix des gens. La démocratie ne peut pas
fonctionner seulement quand c’est
l’opposition qui gagne les élections.
L’habitude de l’opposition, c’est de
clamer qu’il y a eu fraude quand elle
perd. Selon elle, le conseil électoral
fonctionne juste quand elle gagne les
élections. En 2015, c’était le meilleur
conseil électoral du monde alors que
quand elle perd, c’est parce qu’il y a
eu fraude.
Sur le volet
économique, pourquoi le Venezuela, à
l’instar de certains pays comme
l’Algérie, n’a-t-il pas diversifié son
économie pour sortir de la dépendance
totale des hydrocarbures ?
Le Venezuela, ce
n’est pas un secret, est un pays
hautement dépendant du pétrole. C’est un
pays pétrolier dont le revenu interne
dépend à 90% du pétrole. Ce modèle
économique a été décidé il y a cent ans
et ne fait pas partie de la décision du
gouvernement actuel. Si l’on compte la
période du président Chavez, c’est un
gouvernement dont idéologie gouverne
depuis 18 ans. On ne peut pas effectuer
un changement radical et une
diversification totale de l’économie en
à peine deux décennies. Malgré cela,
depuis 18 ans, nous avons fait tous les
pas nécessaires dans l’ordre
constitutionnel et tous les ordres
législatifs pour favoriser une
substitution à la dépendance pétrolière
et une diversification de l’économie.
C’est une transformation énorme pour
n’importe quel pays et cela fait partie
d’un débat que nous avons eu dans le
cadre de la convention du changement
climatique dans laquelle la production
pétrolière a été mise dans la balance
plus générale de l’utilisation de
l’énergie dans le monde. On ne peut pas
parler des producteurs sans parler des
consommateurs. Ainsi les États-Unis à
eux seuls consomment à peu près 70% de
la production pétrolière du monde.
Généralement, on trouve des pays en voie
de développement du côté producteur et
ce n’est pas un hasard si le côté qui
met la balance sur l’exagération de la
consommation, ce sont des pays
développés. Le débat existe depuis vingt
ans aux Nations Unies.
Vous pensez que
ce sont les pays consommateurs qui
favorisent cette dépendance des pays
producteurs ?
On ne peut pas
appréhender un problème économique sans
voir les deux côtés : l’offre et la
demande. Il n’y a pas d’offre s’il n’y
a pas de demande. Il faut donc parler
développement dans un sens plus large et
de l’économie avec les deux côtés. C’est
pour cela que nous avons commencé depuis
vingt ans déjà et je pense que c’était à
Rio en 1992 où l’on a fait les premiers
pas vers la transformation de tout ce
qui était désigné sous le grand titre de
« droit au développement ».
Au sommet de
Rio ?
Le sommet de Rio
qui a eu son corollaire 20 ans plus tard
à Rio + 20 au cours duquel nous avons
fait la balance entre ce que nous avions
pu réaliser et ce que nous n’avions pas
pu faire. Il y a un chapitre très
important de l’Agenda 21 que nous avons
décidé en 1992 qui s’appelle « les
facteurs de la production et de la
consommation soutenables ». Ces critères
de soutenabilité globale doivent se voir
aussi bien du côté producteur que du
côté consommateur. Dans le cadre de la
consommation d’énergie, c’est
assez complexe car il faut voir toutes
les sources d’énergie et il y a des
sources qui ont une limite donc qui ne
vont pas exister indéfiniment. On sait
que c’est un modèle de développement, si
l’on peut dire, qui peut durer 100 ou
200 ans, pas plus.
Donc, selon
vous, c’est un débat qui concerne tout
le monde et la solution doit venir de
tout le monde ?
Oui, c’est un débat
qui concerne chacun d’entre nous, y
compris les citoyens. Parce que les
citoyens prennent des décisions. Du
moment où une personne va acheter un
yaourt au supermarché, et qu’au lieu de
prendre un yaourt dans un pot de verre,
elle décide de prendre celui qui est
dans un pot de plastique, elle choisit
le pétrole. Le pétrole est un problème
qui existe dans toutes les économies.
Par exemple, les sacs avec lesquels on
fait les courses. Donc, il faut vraiment
voir le problème dans sa globalité et il
faut penser à tous les niveaux d’action.
Un pays ne peut pas décider tout seul
qu’il ne va plus produire du pétrole,
parce que ce serait un suicide
économique. Tous les pays doivent
s’organiser pour cette transformation,
ce qu’on appelle maintenant la
diversification, et c’est ce dont on
discute au niveau des Nations Unies
aujourd’hui.
Vous pensez que
cela peut se faire dans le cadre des
Nations Unies ?
Absolument. Cela
doit se passer là parce que c’est le
seul endroit où il y a une
représentation globale des États, des
gouverneurs locaux et aussi de la
citoyenneté, parce qu’un gouvernement ne
peut pas prendre de décision sans son
peuple, et parce que c’est une décision
qui va toucher tout le monde. C’est ce
que nous faisons. Le Venezuela a été
très actif dans le débat climatique de
la COP 21. Nous avons créé le bloc
Like-Minded Developing Countries
(LMDC) avec des pays ayant des pensées
similaires et nous avons constitué un
groupe négociateur où figurent tous les
pays pétroliers mais aussi la Chine qui
est un grand consommateur de pétrole et
un grand producteur d’autres produits
dont dépend toute l’économie du reste du
monde. Nous sommes à peu près 30 pays
unis qui négocions ensemble dans le
cadre du changement climatique, dont
certains pays moins développés et qui
ont une très haute vulnérabilité
économique parce qu’ils ne produisent
rien et dépendent entièrement du
pétrole, leur économie étant fondée sur
le pétrole. Nous tenons tous nos débats
avec un critère qui est « la justice »,
ainsi n’importe quelle décision
économique qui aura des conséquences
environnementales pour le bien de toute
la planète doit être prise dans le cadre
de la justice – que l’on appelle justice
climatique – et dans le cadre aussi du
respect de la souveraineté et de la
vulnérabilité économique des petits pays
en voie de développement. Si des pays
industriels ont déjà un niveau tel de
développement technologique et
économique qu’ils peuvent dire
« maintenant je n’ai plus besoin de
pétrole, je vais utiliser l’air » parce
qu’ils détiennent cette économie et
cette technologie et qu’ils décident à
qui ils vont vendre cette technologie
pour la substituer au pétrole, c’est
alors une question de commerce qui
touche les règles commerciales et les
droits de chacun à pouvoir accéder aux
technologies qui permettent la
substitution aux autres ressources
naturelles.
D’après vous, il
faut que tout le monde parte sur un même
pied d’égalité.
Bien sûr, le
principe fondamental du droit
international, c’est que nous sommes
tous égaux. Et le droit qu’ont eu les
États-Unis, l’Angleterre, la France,
pour arriver à ce niveau de
développement qui leur permet maintenant
de dire « je peux prendre certaines
décisions » que ne peut pas forcément
prendre un petit pays de l’Afrique, doit
être accessible à d’autres pays qui ont
le droit de se développer. En raison de
la situation économique actuelle et du
niveau de consommation qui est brutal
dans les pays développés, car la
consommation globale du pétrole n’a pas
lieu dans les pays moins développés –
nous ne consommons pas ce que nous
produisons, nous le vendons -, il existe
une inégalité qui fait que les pays
riches sont ceux qui sont en train de
polluer tout en demandant à tous les
pays de prendre des décisions
égalitaires pour substituer le pétrole.
N’y a-t-il pas
une certaine hypocrisie dans le discours
des pays riches ?
Bien sûr, c’est un
débat hypocrite parce qu’ils ne veulent
pas changer quoi que ce soit à leur
consommation.
D’après les
chiffres que nous avons concernant
l’énergie renouvelable, elle ne dépasse
pas les 2%.
Les efforts qu’ils
ont faits sont minimes. Par exemple, les
émissions des gaz sont en hausse même
après les accords de Paris que nous
avons réussi à obtenir en 2015 – c’est
d’ailleurs les meilleurs que nous ayons
pu obtenir avec les conditions
économiques globales, parce que
l’économie n’est pas seulement en crise
au Venezuela, la situation économique
est grave un peu partout et elle touche
toujours les plus pauvres. Un pauvre en
Espagne connaît la même faim qu’un
pauvre au Venezuela et peut-être
même pire car le cadre socialiste
vénézuélien permet un certain type de
protection qu’il n’y a pas dans les pays
riches.
Dans certains
pays comme l’Allemagne, les salaires
sont de 300 euros.
C’est vrai qu’être
en état de nécessité dans des pays dits
riches, c’est pire que dans des pays
socialistes où les gens sont protégés.
Personne ne sera jamais expulsé de son
appartement parce qu’il n’a pas la
capacité de payer son loyer. On ne verra
jamais une famille être mise à la rue
avec des enfants et des vieillards parce
qu’ils ont des dettes à la banque, comme
on l’a vu en Espagne. On a créé des lois
pour éviter que notre peuple soit touché
à ce niveau-là.
Donc ce que
disent les médias à propos de la crise
catastrophique que vit le Venezuela avec
un taux d’inflation très élevé, des
magasins vides, etc. est de la
manipulation ?
Il y a certains
faits qui sont indéniables. Le pétrole
il y a deux ans arrivait au prix de plus
de 100 dollars. Nous sommes passés en
moins de six mois d’un baril de pétrole
à 100 dollars sur le marché à 25 voire
parfois 15 dollars. Maintenant, ça
commence à remonter et nous sommes
contents des accords que nous avons
conclus récemment en ouvrant les débats
de l’OPEP aux autres pays producteurs de
pétrole, dont la Russie et la Chine, qui
sont de très gros consommateurs, qui
sont puissants et importants et qui
peuvent changer la balance. La Chine est
un acteur fondamental et personne ne
peut nier que son économie est la plus
puissante et celle qui crée la plus
grande dépendance – ce ne sont pas les
États-Unis -, donc toute la balance de
pouvoir économique est complètement
tournée vers la Chine et vers les pays
qui possèdent encore des ressources
naturelles pour pouvoir couvrir la
demande croissante, parce qu’il faut
savoir que cette demande continue à
s’agrandir. Même si le débat moral en
Europe et dans les pays développés est
d’arrêter de consommer, ils consomment
chaque jour davantage. Nous sommes
arrivés à la COP 23 en Allemagne avec
les chiffres des émissions les plus
hauts de l’histoire du monde. C’est une
véritable catastrophe. Et nous avons
déjà l’accord de Paris, donc il n’y a
pas d’excuse. Nous disposons du cadre
pour agir et de la convention du
changement climatique. Malgré cela, les
émissions ont continué à grimper. Donc,
ils ne réduisent pas les émissions
puisqu’elles sont en train d’augmenter.
C’est une situation
assez grave mais je peux vous dire
qu’ayant été mêlée aux débats sur le
changement climatique dans les pays de
l’OPEP, de très grands efforts sont
faits dans les pays pétroliers pour
changer la matrice énergétique de leurs
pays. Ils sont en train de faire des
efforts impressionnants et les Nations
Unies ont reconnu les efforts qui ont
déjà été fournis : par exemple, par les
Émirats Arabes Unis, l’Algérie en
matière de reforestation et le Venezuela
avec la protection d’une grande forêt.
Concernant le Venezuela, il faut dire –
et c’est une chose que peu de personnes
savent – que c’est un des principaux
producteurs, nous sommes le premier
exportateur vers les États-Unis, mais
les émissions de carbone du Venezuela
correspondent à moins de 1% des
émissions globales. Nous sommes un pays
pétrolier mais nous ne sommes pas un
pays pollueur. Nous avons donc le droit
de continuer puisque nous sommes un pays
complètement soutenable au point de vue
des émissions. Il n’y a pas de lien
direct entre production de pétrole et
consommation. La pollution se produit
ailleurs, et est un problème des pays
développés et des modes de consommation
qui sont insoutenables ainsi que du mode
de vie des gens riches dans les pays
riches, du mode de vie de la classe
aisée qui ne veut rien changer. J’ai
toujours pris comme exemple que le jour
où j’assisterai à une réunion de l’ONU
dans laquelle je verrai qu’on a produit
la technologie pour que les Ferrari
roulent avec le vent, je saurai que nous
sommes sur le bon chemin. Mais jusqu’à
présent, une Ferrari a besoin de pétrole
pour pouvoir rouler. La guerre aussi a
besoin de pétrole. Je ne connais pas un
seul avion ni engin militaire qui bouge
avec l’énergie solaire. C’est pareil
pour les compagnies aériennes.
Vous n’êtes pas
optimiste quant à cette énergie
renouvelable que veulent vendre certains
pays développés ?
Je garde toujours
l’espoir parce que c’est nécessaire.
Cette transformation doit absolument se
produire parce que la réalité nous
démontre que si nous poursuivons ce
chemin, nous mourrons tous. En tant que
mère de famille, je garde l’espoir que
ces transformations vont se faire. Elles
doivent se faire, mais il ne faut pas
déplacer le débat et il faut savoir
mettre le doigt exactement sur qui doit
changer et quand. C’est tout de suite.
On aurait du le faire il y a dix ans
mais on ne l’a pas fait. Il n’est jamais
trop tard et mieux vaut maintenant que
jamais, mais on commence à voir les
conséquences. On a vu des catastrophes
assez graves cette année aux États-Unis,
la même année où Trump a pris la
décision de sortir de l’accord sur le
climat. Un typhon ne va pas demander si
vous êtes un pays développé ou pas, il
touche tout le monde de la même manière.
On a vu dans les Caraïbes ces ouragans
qui ont traversé des pays entiers dont
la Dominique qui est à 90% dévastée. Ce
n’est pas possible parce qu’on a déjà
les accords, il faut juste prendre les
décisions et les décisions sont prêtes.
Mais il faut les prendre.
Il n’y a pas de
volonté politique ?
Il y a de plus en
plus de volonté politique, mais cela
dépend surtout de la capacité des États
à pouvoir assimiler économiquement cette
information à l’interne. Et il n’y a
aucun gouvernement prêt à dire à ses
citoyens « on va tout changer et ça va
vous coûter autant ». Il est sûr de ne
pas gagner les prochaines élections. Je
ne parle pas des pays en voie de
développement, je parle des pays
développés. Je peux vous dire en tout
cas, parce que je l’ai vu de mes yeux,
tous les efforts que sont en train de
faire les pays pétroliers.
Donc, d’après
vous, pour diversifier l’économie, il y
a plusieurs facteurs qui doivent être
pris en compte. Ce n’est pas un discours
qui peut le faire, il faut que les pays
développés fassent l’effort de ne pas
consommer.
C’est exact. Cela
doit se faire des deux côtés et il faut
bouger tous ensemble. L’accord doit se
faire en coopération entre tous.
Dans le cadre
onusien qui est le plus approprié ?
Oui, parce que
l’accord doit être pris par tout le
monde ensemble. Et c’est pourquoi ce qui
s’est passé à Paris avec la COP 21 était
si important. Nous étions tous d’accord.
Cela va être cher, difficile, très dur,
mais il faut qu’on le fasse et on a tous
voté ensemble. Il reste un seul pays
hors de l’accord, ce sont les
États-Unis. Mais ce qui s’est passé à
Bonn et qui est un bon signal, c’est que
même si le gouvernement américain a pris
cette décision, d’une part, la décision
prend quatre ans pour se matérialiser
juridiquement, et les États-Unis
continuent les débats, et d’autre part,
comme l’accord de Paris établit aussi la
participation citoyenne et des
gouvernements locaux, il y a eu une
manifestation très importante des
gouverneurs des différents États des USA
dont la Californie qui est
économiquement très importante pour les
États-Unis, et son gouverneur qui était
sur place a dit « We are still in »
qui veut dire « nous sommes toujours
là ».
Ne pensez-vous
pas que Trump est otage du lobby
pétrolier ?
Je ne sais pas.
Moi, je suis un pays pétrolier et je
peux vous dire que je connais la
position des pays de l’OPEP. Nous sommes
tous d’accord pour faire le changement.
Mais je crois que quelqu’un lui a vendu
l’idée que ce n’était pas rentable. Il
n’a pas eu la possibilité de connaître
suffisamment le sujet pour savoir que
nous allions y gagner tous. Il a été mal
conseillé. Nous étions tous là sous le
même toit à Paris, il y avait le
gouvernement Obama représenté par son
ministre des Affaires étrangères, et
quand nous avons fait les comptes
ensemble et que nous avons pris la
décision, nous avons vu que c’était même
rentable. Les gens étaient d’accord, ils
ont créé un momentum et ils étaient
prêts à faire ce qu’il fallait. C’était
extraordinaire.
Pourquoi la COP
23 en Allemagne a-t-elle échoué ?
Les gens ne croient
pas que le Momentum qu’ils ont créé soit
encore là. Ils vont continuer en
attendant les quatre ans pour savoir ce
que vont faire les États-Unis, parce
qu’ils sont quand même le deuxième
consommateur du monde, et c’est très
important qu’ils soient présents. La
Chine et les États-Unis sont les plus
grands consommateurs. Le bon signal
c’est de voir que plus de vingt
gouverneurs des États-Unis étaient
présents à la conférence et ont dit « on
est là et on va continuer à agir au
niveau local ». C’était un signal très
important.
Selon vous, il
ne faut rien espérer de l’administration
Trump dans le court terme ?
Dans l’immédiat, je
ne pense pas que l’administration Trump
va changer sa position. S’il gagne sa
réélection, cela continuera quatre de
plus, mais si le gouvernement change, je
suis certaine que la première décision
d’un président démocrate sera de revenir
dans les accords.
Vous pensez
qu’il y a une différence à ce niveau
entre Démocrates et Républicains ?
Absolument, oui.
C’est oui d’un côté et c’est non de
l’autre (rires).
Pensez-vous
qu’avec Trump, il y aura un changement
de politique envers le Venezuela ou y
aura-t-il une continuité de la
déstabilisation via l’opposition et les
ONG liées à la CIA ?
Je vous remercie
pour cette question qui est très
importante. Trump n’a pas changé la
position des États-Unis. Le président
Obama a fait un décret en 2015 qui a
défini que « le Venezuela était une
menace inhabituelle et extraordinaire
pour la sécurité des États-Unis ». Ce
décret qu’il a signé à nouveau en 2016 a
été repris par Trump qui a aggravé la
situation par la création de tout un
régime de sanctions économiques et
financières qu’il a mis en place cette
année, en 2017. Trump n’a pas seulement
continué la politique d’Obama mais il
l’a aggravée et empirée par le biais de
cette décision de sanctions économiques,
commerciales et financières contre le
Venezuela. Depuis le décret d’Obama,
nous faisons face à une action
cruelle des États-Unis qui se mêle de
nos affaires internes par la promotion
et le financement d’une opposition
radicale, et nous avons les preuves des
contacts entre l’ambassade américaine à
Caracas et les différents acteurs de
l’opposition radicale au Venezuela,
comme par exemple Julio Borges et
d’autres. Ce n’est pas la première fois
et ce n’est pas Obama qui a inventé
cette politique. Cela s’est fait à
l’époque d’Allende et même avant. On a
vu le rôle de la CIA sur les
gouvernements progressistes. Des
documents et les mémorandums pour
renverser le gouvernement Allende datant
de 1970 ont été publiés par un
journaliste montrant l’implication de
l’ambassade américaine au Chili. Une
phrase du mémorandum disait clairement :
« il faut faire pression sur l’économie
chilienne jusqu’à ce qu’elle étouffe ».
Il n’y a aucune différence entre cette
phrase et ce que les États-Unis sont en
train de faire maintenant avec
l’économie vénézuélienne. Il s’agit
d’écraser l’économie d’un peuple
souverain juste pour le fait – quel est
le péché que le Venezuela a commis ? –
d’avoir gagné des élections avec un
gouvernement progressiste et de dire
qu’on ne va pas se laisser faire par les
États-Unis. On l’a dit depuis Chavez qui
a gagné les élections en 1999 et nous
continuons à le dire avec beaucoup de
fierté. S’il faut prendre maintenant des
mesures économiques d’urgence, c’est
parce que les États-Unis sont en train
d’aggraver la crise économique avec les
sanctions économiques.
Comment
expliquez-vous cet acharnement des
États-Unis via ces officines telles la
CIA contre le Venezuela ?
Je pense que les
États-Unis n’ont pas l’habitude de voir
un peuple décider de son propre chemin.
C’est ce que nous avons fait et, malgré
les sanctions, nous continuons à vivre
et à nous associer avec d’autres pays du
monde qui sont venus à notre aide. Les
États-Unis pensent avoir tout le pouvoir
pour écraser une économie. Une semaine
après les sanctions, une des
préoccupations du président de la
République a été de maintenir la
capacité de l’État de couvrir ses dettes
internationales, donc de payer tout ce
qu’il fallait payer et ne pas accumuler
des dettes. Nous avons gardé tous les
payements à jour, et nous avons fait une
réunion la deuxième semaine de novembre
avec tous les détenteurs de bons de la
dette, pour assurer de la capacité de
payement. Nos créanciers n’ont pas peur.
Et même si – et là vous voyez le double
visage de l’économie – le Venezuela est
à jour, la note du Venezuela a été
dégradée par les agences de notation. Le
coût des prêts du Venezuela sont les
plus hauts du monde, nous payons des
dettes à 12, 13, même 15% d’intérêts.
C’est une véritable guerre économique.
Il n’y a pas besoin de déplacer des
soldats, on peut asphyxier un pays par
la guerre économique. Toutes les mesures
qu’ils ont prises contre Allende avant
de faire le coup d’État sont appliquées
aujourd’hui contre le Venezuela. Quand
vous lisez le texte des sanctions, vous
remarquez que les mesures sont très
similaires. Évidemment, il y a des
différences par rapport à l’économie
chilienne de cette époque mais le
procédé est le même.
Ne craignez-vous
pas une intervention
militaire américaine ?
Il y a toujours un
risque, bien sûr. Ils ont des bases
militaires en Colombie, ce serait très
facile pour eux d’intervenir. Ils disent
qu’il s’agit d’une coopération pour
lutter contre le narcotrafic mais le
fait est qu’ils sont juste à côté et
certainement pas pour planter des
fleurs. Et Trump a dit expressément dans
une conférence de presse qu’il pouvait
intervenir militairement. Le Venezuela
subit une pression de la part des
États-Unis et autres puissances juste
pour le fait qu’ils n’aiment pas le
système politique qu’on a établi. Ils
n’aiment pas le progressisme.
Quels autres
pays ?
Par exemple, la
semaine dernière, l’Union européenne a
sorti des sanctions contre le Venezuela
en se pliant à l’appel de Trump.
Que pensez-vous
des relations entre le Venezuela et
l’Algérie ?
L’Algérie est un
pays ami. J’étais très jeune au
ministère des Affaires étrangères quand
le président Chavez est arrivé au
pouvoir mais je me souviens très bien
quand le président à ordonné de rouvrir
et de renforcer les relations avec
l’Afrique. Je me souviens qu’à cette
époque, les plus vieux diplomates ne
voyaient pas trop l’importance de ces
régions mais pour Chavez, l’Afrique lui
tenait tellement à cœur. Il est parti
faire une tournée dans presque tous les
pays d’Afrique et le Venezuela est le
seul pays au monde à avoir des
représentations diplomatiques dans tous
les pays africains, même au Lesotho, au
Mozambique, au Swaziland. Ce sont des
petits pays auxquels le président Chavez
tenait tellement. Moi-même, j’ai eu
l’occasion de faire un voyage
extraordinaire dans le sud de l’Afrique,
en Afrique du Sud, au Mozambique, au
Swaziland et au Lesotho, parce que nous
voulions faire une coopération avec
l’Afrique sur l’expérience africaine de
la gestion de l’eau. Chavez disait
toujours « s’il y a un endroit où l’on
sait gérer l’eau, ce doit être en
Afrique, parce que c’est un continent
qui a beaucoup d’eau dans certains pays
et très peu dans d’autres, donc s’il
faut faire de la coopération, ce n’est
pas avec les Européens, ils ne savent
pas gérer l’eau. C’est l’Afrique qui
doit nous apprendre ». Et il a envoyé
une commission du ministère des Affaires
étrangères et du ministère de
l’Environnement pour voir la gestion
sociale de l’eau en Afrique. C’est ce
modèle que nous avons repris dans la
gestion des bassins au Venezuela. La
relation entre l’Afrique du Sud et le
Venezuela était une relation très forte
pendant toute la période du président
Chavez. C’était extraordinaire. Il
aimait l’Afrique de tout son cœur, et
spécialement l’Algérie.
Je me souviens par
exemple avoir eu l’occasion de prendre
un taxi ici à Bruxelles et le chauffeur
était algérien. Il m’avait amenée à la
résidence et dès qu’il a vu le drapeau,
il a dit : « Chavez ! ». Je me suis
demandé mais comment un Belge peut
savoir ? Il m’a demandé la permission de
prendre une photo devant le drapeau et
m’a dit qu’il allait raconter à sa femme
qu’il était sur le territoire
vénézuélien en Belgique, et il était ému
aux larmes. Je me suis dit que,
vraiment, Chavez a touché le cœur de
l’Afrique.
Nous aimions
beaucoup Chavez et notamment sa position
sur la question palestinienne.
Oui, nous défendons
très fort le peuple palestinien. Nous
avons pris la cause des peuples les plus
touchés par l’injustice dans le monde.
S’il y a bien une injustice qui ne doit
pas laisser le monde dormir tranquille,
c’est la Palestine. Et Chavez nous a
appris à prendre le cas de la Palestine
comme si nous étions Palestiniens. Je
serais sans aucun doute prête à mourir
pour la Palestine si on me le demandait.
Sans aucun doute ! Pour le peuple
sahraoui aussi. Nous aimons les causes
des peuples dont les droits sont niés.
C’est cette force que Chavez nous a
laissée qui nous permet aujourd’hui de
garder la tête haute. Nous ne baisserons
pas la tête, ni devant les États-Unis,
ni devant rien. Jamais. Et c’est cela
qu’ils ne nous pardonnent pas. Ils
savent que nous avons cette force
immense que Chavez nous a laissée et qui
fait que n’importe quel pays peut dire
« Chavez » et se souvenir. Dans un pays
comme la Belgique qui n’est pas
forcément un pays qui a un lien avec le
socialisme ou avec les idées de Chavez,
ils savent que quelqu’un qui s’appelait
Chavez est passé par ici. Il était
tellement grand et il nous a laissé
cette force.
Vous pensez que
le président Chavez était de la trempe
de Castro et de Che Guevara ?
Croyez-vous que son message résistera
au temps ?
Je pense que
l’Histoire va lui réserver sa place pour
toujours. C’était un homme exceptionnel,
de ceux qui naissent tous les cent ans.
Son message survit et pas seulement pour
le peuple vénézuélien, car je pense que
Chavez est devenu la lumière de tout le
progressisme ailleurs aussi. Il a laissé
l’espoir aux autres, même en Espagne,
par exemple, pour tous les progressistes
espagnols et c’est pour cela que les
Espagnols nous en veulent autant, parce
que nous avons inspiré une partie de
l’Espagne. Nous avons inspiré toutes les
causes révolutionnaires du monde. Cuba a
été la première lumière pour le monde.
Castro disait que Chavez était son fils
idéologique et spirituel et il a pu
faire des choses qui n’étaient pas
permises à Cuba à cause de l’embargo, et
Chavez a d’une certaine façon renversé
le blocus par cette puissance économique
avec PetroCaribe qui nous permettait de
changer la situation mais également la
dynamique de la dépendance que certains
pays des Caraïbes avaient vis-à-vis des
États-Unis.
En ce qui concerne
la coopération que nous avons commencée
avec l’Afrique, il se trouve qu’en avril
de cette année, le cas du Venezuela est
revenu lors d’un débat au Conseil des
droits humains à Genève. Un petit groupe
de pays s’est rallié à l’agenda
américain et les Américains disaient que
le Venezuela en tant que membre du
Conseil des droits de l’homme à Genève
était un violateur des droits de l’homme
et que nous devions quitter notre
position au sein de cet organisme. Ils
ont fourni un document signé par 11 pays
stipulant que le Venezuela devait
partir, et le premier groupe qui a sorti
une résolution contre cette décision et
qui a soutenu le Venezuela était le
groupe africain. Tous les autres pays
ont adhéré à cette résolution et
finalement plus de 100 pays ont dit
« non, le Venezuela reste parce que ce
n’est pas un violateur des droits de
l’homme ».
Tout cet
acharnement, et pourtant les présidents
Chavez et Maduro ont été élus
démocratiquement.
Oui. Que
représentons-nous comme risque ? Je
reviens toujours sur cette phrase d’Obama
qui nous a dit que nous étions « une
menace inhabituelle et extraordinaire
pour la sécurité nationale des
États-Unis ». En réfléchissant à cette
phrase, je trouve que c’est presque un
compliment, car depuis 18 ans, nous
sommes en train de montrer au monde
qu’un autre modèle est possible, que le
socialisme peut fonctionner. Cuba l’a
montré pendant 60 ans et nous le
montrons depuis 18 ans face à toute la
pression du monde, et on tient. Et le
peuple continue à voter pour ce modèle,
donc même avec la pression économique,
la pire des situations, les gens
continuent à croire au modèle
socialiste. Et en voyant cela, je me dis
que vraiment oui, nous sommes une menace
inhabituelle et surtout extraordinaire.
Et personnellement, je considère que
c’est le meilleur des compliments
(rires).
Et on peut dire
merci, Barack Hussein Obama (rires)
Oui, grand merci.
Ça fait du bien d’exercer ce type de
menace. Une menace fondamentalement
spirituelle, morale, idéologique, et
surtout sociale, surtout à l’égard de
pays comme les États-Unis et d’autres
qui écrasent les gens.
Un dernier mot,
Madame l’Ambassadeur, aux peuples qui
résistent face à l’oppression
impérialiste US.
Nous savons que
c’est difficile, que le chemin du
socialisme n’est pas facile, et c’est
pour cela que le meilleur, nous sommes
en train de le faire aussi, parce que
quand le chemin est dur, il n’y a pas
que les plus forts qui peuvent marcher.
Nous allons montrer que oui, un autre
monde est possible, et nous allons
continuer à être inhabituels et,
surtout, extraordinaires.
Interview
réalisée à Bruxelles par Mohsen
Abdelmoumen
Reçu de l'auteur pour publication
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