Sputnik
Rohani à Moscou scelle l’alliance
russo-iranienne
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Alexei Nikolsky
Mercredi 29 mars 2017
Source:
Sputnik
L’Iran et la Russie partagent de
nombreuses positions communes. Lutte
antiterroriste, défense des
souverainetés nationales, soutien du
monde multipolaire, la liste n’est pas
exhaustive et la coopération entre les
deux pays s’est encore renforcée depuis
le voyage de Rohani à Moscou.
Hassan Rohani, le président iranien,
s'est rendu à Moscou pour une visite qui
s'est révélée capitale à plusieurs
niveaux. Il a tout d'abord rencontré le
Premier ministre Medvedev, avec lequel
il a échangé sur des questions d'ordre
économico-commercial. Puis il s'est
entretenu avec Vladimit Poutine,
vraisemblablement à propos du
renforcement de la coordination
géopolitique entre les deux pays.
En effet, faut-il
rappeler que l'Iran et la Russie
appuient les autorités légitimes
syriennes et accordent un soutien
important dans la lutte antiterroriste
sur le sol syrien. Un soutien qui a
permis de bouleverser la situation, à un
moment où les élites occidentales et les
groupes terroristes pensaient que les
jours du président Assad étaient
comptés. Plus que cela et au-delà des
succès militaires, les deux pays jouent
un rôle-clé dans le processus de
résolution de la crise syrienne, qui
dure maintenant depuis six ans. Ce
processus s'appelle Astana. Un processus
auquel s'est également jointe la
Turquie, sans oublier le Kazakhstan,
pays-hôte de ladite plateforme, l'un des
principaux alliés de la Russie et un
important centre du monde eurasiatique.
Ce rapprochement
russo-iranien sans précédent, puisqu'on
parle bel et bien « d'alliance
stratégique », aussi bien côté de
Téhéran que de Moscou, inquiète
sérieusement les capitales occidentales,
mais aussi certains pays du Golfe, en
premier lieu l'Arabie saoudite et le
Qatar, sans oublier Tel-Aviv. En effet,
les responsables israéliens ont
plusieurs fois affiché leur vive «
inquiétude » face à l'axe Russie-Iran.
Qu'est-ce qui
accentue cette peur? Au-delà du fait que
l'Iran (avec le Hezbollah libanais) est
considéré comme « l'ennemi N° 1 » de
l'État sioniste, il y a une nette
fracture dans cette région qui devient
de plus en plus évidente. Et cette
division n'est pas, comme certains
voudraient le croire, d'ordre religieux,
entre chiites et sunnites, ou
idéologique. C'est le concept et la
vision même de l'avenir du monde qui
sont diamétralement différents. Si des
pays comme l'Arabie Saoudite, le Qatar,
Israël, sont bel et bien des alliés (ou
des satellites) des E.U. et donc des
partisans déclarés de l'unipolarité,
l'Iran ne cache pas son soutien au monde
multipolaire voulu par la Russie et la
Chine.
Un monde multipolaire devenu réalité
malgré les défis auxquels il est
aujourd'hui obligé de faire face et le
refus des élites citées plus haut de
reconnaître l'avènement de cette réalité
récente (chaque chose en son temps).
En parlant des
relations économico-commerciales, le
volume des échanges entre les deux pays
monte de façon impressionnante, bien que
de l'aveu des dirigeants russes et
iraniens, le potentiel est beaucoup plus
grand pour ces relations. C'est aussi
l'une des raisons de la visite du
Président iranien en Russie, qui cherche
à renforcer les échanges bilatéraux et à
discuter de la possibilité du lancement
d'une zone de libre-échange entre l'Iran
et l'Union économique eurasiatique. Si
ce projet venait à se réaliser, il
s'agirait en effet d'opportunités
réellement grandioses, aussi bien dans
le cadre russo-iranien, qu'eurasiatique
en général.
Gardons également à
l'esprit que l'Iran devrait dans un
avenir proche passer d'observateur à
membre de plein droit de l'Organisation
de coopération de Shanghai (OCS). Son
entrée dans le club des
BRICS est également pertinente. La
République islamique d'Iran y a toute sa
place, tant des points de vue
démographique, économique, politique que
sur le plan essentiel des valeurs que
l'Iran partage avec les pays de cette
union, dont bien sûr la Chine et la
Russie.
Une chose est sûre: les relations
russo-iraniennes ont un bel avenir. Et
très peu probable que ceux qui s'y
opposent pourront faire quoi que ce soit
pour mettre à mal cette alliance
stratégique.
© 2017 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié
le 30 mars 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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