La Voix de
la Russie
Syrie & Ukraine :
symboles de l’échec
de la politique occidentale ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
Photo: EPA
Lundi 27 janvier 2014
A Montreux, en Suisse, se
déroule en ce moment la conférence de
paix Genève 2. A Kiev et dans certaines
autres villes ukrainiennes se
poursuivent des manifestations
considérées comme pro-occidentales. Les
tristes événements en Syrie et en
Ukraine ont au moins le mérite d’avoir
montré toute la contradiction et
l’hypocrisie de la politique étrangère
d'un certain nombre de pays occidentaux.
A Genève, le ton était donné dès le
début. Et non pas par les participants
mais par des manifestants syriens, dont
bon nombre de jeunes, venus soutenir la
délégation gouvernementale syrienne et
afficher leur soutien au président
Bachar al-Assad. Par ailleurs, ils ont
exprimé ouvertement leurs sentiments, à
savoir que les représentants de la
soi-disant opposition syrienne ne les
représentent aucunement. Parmi les
manifestants, certains sont résidents en
Suisse, d’autres sont venus de France,
de Belgique ou encore des Pays-Bas,
certains possédant également la double
citoyenneté. « Nous voulons
montrer au monde que le peuple syrien
approuve les positions de
notre gouvernement », a déclaré
l’un des manifestants.
Pour revenir maintenant aux participants
de la conférence et avec d'un côté la
vive intervention de Walid Mouallem,
ministre syrien des Affaires étrangères,
et de l’autre côté les peu convaincantes
déclarations des représentants de
l’opposition, il est devenu clair une
fois de plus qui dans cet affrontement
défend la dignité du peuple syrien, et
qui de l’autre sert des intérêts
extra-syriens… Dorénavant, même les
principaux médias occidentaux avouent de
plus en plus l’incapacité de ladite
opposition syrienne à proposer quoique
ce soit de concret et d’utile, que parmi
cette opposition la majorité est
composée d’islamistes, y compris les
plus « modérés », que toutes leurs
actions et tous leurs discours sont
commandités par leurs parrains qataris
et saoudiens. Et que finalement et tout
simplement, cette dite opposition ne
représente pratiquement en rien le
peuple syrien
A ce propos, pas de quoi s’étonner
lorsqu’on sait que parmi les rebellesn
une grande majorité est composée de
djihadistes venus pratiquement de
partout, sauf de Syrie. C’est d’ailleurs
ce que n’a pas manqué de rappeler Walid
Mouallem dans son discours : «
Comment un terroriste tchétchène,
saoudien, britannique ou colombien peut
réaliser les aspirations du peuple
syrien ? ». Une autre citation
clé : « Il y a des Syriens ici
dans cette salle qui ont contribué à
tout ce que j'ai signalé précédemment.
Ils exécutent, ils légifèrent, ils se
disputent, et tout cela aux dépens du
sang du peuple syrien dont ils
prétendent représenter les aspirations.
Ils ont vendu leur âme à Israël. Ils
étaient ses yeux qui surveillent et sa
main qui frappe et quand ils ont échoué,
Israël lui-même est intervenu pour les
sauver des frappes de l'armée arabe
syrienne... Ils ont permis à Israël de
réaliser ce qu'il a durant des décennies
échoué à faire en Syrie ». Avant
d’ajouter : « Si vous vous sentez
concernés par la situation humanitaire
en Syrie, laissez-nous en paix ». Un
message clairement destiné aux
représentants occidentaux qui à travers
leurs pseudo « soucis » sur la situation
humanitaire en Syrie, n’ont fait que
permettre la destruction d’un pays
prospère où pratiquement tout dorénavant
est à reconstruire, ainsi que d’attiser
les souffrances du peuple syrien, et ils
portent clairement une écrasante part de
responsabilité dans la tragédie
syrienne.
En parlant de l’Ukraine, le bordel
continue. Oui, c’est le mot. Une
situation elle aussi créée non pas par
le hasard, mais par le désir d’un
certain nombre de forces occidentales de
prendre ne serait-ce qu’une petite
revanche sur la Russie, dont la
diplomatie a été brillamment victorieuse
dans le dossier syrien, en tentant de
lui infliger une gifle dans son berceau
civilisationnel. Seul bémol : mission
ratée. La gifle s’est retournée contre
le gifleur (http://french.ruvr.ru/2013_12_09/Ukraine-Occident-vs-Russie-la-gifle-se-retourne-contre-le-gifleur-2685/),
et une deuxième défaite consécutive de
cette envergure, les responsables de
tout ce chaos ne pouvaient se le
permettre. Résultat : déstabilisation de
l’Etat ukrainien pour punir ses
responsables, lorsqu’il est devenu clair
que le président Viktor Ianoukovitch a
opté pour la Russie, et non pas pour
l’UE bruxelloise atlantiste. Certes,
l’économie n’était pas la dernière dans
cette prise de décision mais ne dit-on
pas que bien souvent c’est l’économie
qui dicte la politique ? Cela va sans
dire de l’aspect fraternel et
civilisationnel qui lie l’Ukraine à la
Russie.
Mais fait important, sinon majeur,
derrière les soi-disant « manifestants
pacifistes » à Kiev se cachent très
souvent des radicaux ultra-nationalistes,
racistes et xénophobes, venus
pratiquement tous de la partie Ouest de
l’Ukraine et qui ont montré ces derniers
jours toutes leurs « œuvres » d’une
violence extrême, que ce soit sur les
forces de l’ordre, des journalistes ou
simplement des habitants de Kiev, ces
derniers étant lassés de voir des
extrémistes mettre à feu leur belle
ville. Après cela, les technocrates à
Washington comme à Bruxelles osent
donner des leçons au gouvernement
ukrainien et même le menacer de
sanctions ? Si en Europe ou aux USA, un
manifestant avait attaqué un
représentant des forces de l’ordre,
disons un CRS en France, on sait déjà
comment il aurait fini. On se souvient
aussi comment et avec quel degré de
violence les forces de l’ordre
étasuniennes ont agi à l’encontre des
manifestants du mouvement Occupy
Wall Street, pourtant aucunement
violents, totalement à l’inverse des
néo-nazis ukrainiens.
Si cette vérité n’a été longtemps pas
abordée par le mainstream, les dernières
publications de certains médias
occidentaux, anglophones comme
francophones d’ailleurs, ont finalement
dû aussi avouer cette réalité que les
politiciens de Washington et Bruxelles
auraient préféré garder sous silence.
Probablement de la même manière qu’ils
ont longtemps voulu cacher à l’opinion
publique occidentale le fait que
l’écrasante majorité des « combattants
pour la liberté » en Syrie ne sont
autres que des salafistes intégristes.
Désir donc de la part de ces médias de
retrouver de l’objectivité ? Ou
simplement besoin vital de ne plus se
montrer totalement ridicules en
propageant bien souvent des informations
mensongères, et en passant sous silence
des faits tristement réels. Surtout
aujourd’hui, à l’heure des technologies
numériques et lorsqu’il est possible de
se procurer différentes sources
d’information (évidemment à condition de
le souhaiter).
Dans tous les cas, les événements
syriens et ukrainiens ont montré toute
la limite de la politique de l’Occident,
et ce à pratiquement tous les niveaux.
L’hypocrisie et la pratique vicieuse de
doubles standards des élites
occidentales, de même qu’une politique à
courte vue sans se soucier des
conséquences, y compris pour leurs
propres pays, ont néanmoins permis de
voir leur vraie visage, y compris aux
yeux de leurs propres peuples.
L’alliance avec des intégristes qui
tuent, violent et massacrent « au nom »
de la religion (comme en Syrie) ou
encore avec des extrémistes ouvertement
xénophobes (comme en Ukraine) ne
coïncide pas avec les beaux discours en
faveur de « la liberté, la démocratie et
la justice pour tous »… Enfin, il faut
aussi apprendre à savoir perdre même
après avoir dépensé des multi-milliards
sans avoir obtenu le résultat escompté.
© 2005—2013
La Voix de la Russie
Publié le 27 janvier 2014 avec
l'aimable autorisation de l'auteur
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