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La Russie en Afrique : le grand
retour ?
Mikhail Gamandiy-Egorov
CC0 /
pixabay
Mercredi 21 février 2018
Source:
Sputnik Après une période
relativement faible en relations,
l’heure pour Moscou est au retour sur le
continent africain. Alors que la Russie
ne cesse de diversifier largement ses
relations extérieures, l’Afrique fait
désormais partie des priorités.
Relations intenses
durant la période soviétique, notamment
dans le cadre de la guerre froide, puis
perte de vitesse dans les relations
russo-africaines à la chute de l'URSS.
Il serait d'ailleurs juste de rappeler
que les élites libérales russes de
l'époque de Boris Eltsine avait fait en
sorte de diffuser une sorte de
propagande affirmant que l'URSS ne
faisait que nourrir d'autres nations,
notamment africaines, en lieu de se
focaliser sur ses propres problèmes. Ce
qui était très généralement faux.
Certes, l'Union
soviétique accordait un soutien
important à plusieurs nations
africaines, notamment durant la période
ayant suivi la décolonisation de ces
pays. Il y avait bien sûr aussi une
conjoncture idéologique derrière,
sachant que dans le cadre de la guerre
froide deux systèmes, deux visions
opposées, s'affrontaient. Mais il était
totalement faux de dire que ce soutien,
y compris en direction de l'Afrique,
n'était pas dans l'intérêt de la Russie.
Au contraire, ces relations d'alliance
avaient fortement permis d'accroitre
l'influence politique, culturelle,
militaire et aussi commerciale de l'URSS
à destination de ces pays. Et les
nombreux spécialistes russes, militaires
comme civils, ayant travaillé en Afrique
à cette période pourront le confirmer.
La page des années
libérales pro-occidentales étant,
heureusement, en bonne partie tournée,
l'heure est au renouveau des relations.
Si l'espace eurasiatique, ainsi que
celui du Proche-Orient, représentent
indéniablement un intérêt de premier
plan pour la Russie, il n'en reste pas
moins que l'Afrique et l'Amérique latine
font partie également des grands projets
de Moscou à l'international. Et si
jusqu'ici les relations les plus
intenses étaient avec les pays du nord
et du sud du continent africain,
on arrive désormais à l'étape où la
présence russe s'élargira certainement à
toutes les parties de l'Afrique.
Moscou dispose de
plusieurs avantages évidents: absence
d'histoire coloniale vis-à-vis du
continent africain. Plus que cela,
l'URSS avait accordé un soutien de
premier plan aux mouvements africains de
libération nationale dans leur lutte
contre le colonialisme et le
néocolonialisme. Cela sans oublier une
importante participation dans la
formation des cadres africains, soit
via la venue de spécialistes russes en
terre africaine, soit en invitant des
milliers d'étudiants africains à venir
se former dans les universités
soviétiques. Beaucoup de ces anciens
étudiants occupent aujourd'hui des
postes de première responsabilité dans
un certain nombre de pays du continent.
Tout cela ne s'oublie pas jusqu'à ce
jour.
D'autre part, la
politique actuelle de la Russie attire
nombre d'Africains. Sachant que Moscou
axe sa politique extérieure sur trois
piliers fondamentaux: attachement au
droit international, respect de la
souveraineté des nations, de même que de
leurs valeurs et traditions historiques.
Enfin, soutien au concept du monde
multipolaire — le seul pouvant garantir
des relations équitables et justes.
L'Afrique montre
clairement qu'elle attend le plein
retour de la Russie. La nouvelle Russie,
qui le souhaitait aussi, passe désormais
aux actes concrets.
Liens d'alliance
stratégique historique qui se renforcent
avec l'Algérie, aussi bien dans la
coopération militaro-technique que
civile, zone de libre-échange qui se
prépare au lancement avec le Maroc,
construction de centrales nucléaires
dans une perspective proche en Afrique
du Sud et en Egypte (avec laquelle une
zone de libre-échange est également en
discussion). Exportations des céréales
russes à destination de plusieurs pays
du continent au moment où la production
nationale est en train de battre tous
les records. Collaboration aussi dans le
domaine minier, sans oublier le domaine
éducatif sachant que la Russie continue
d'attirer des étudiants de pratiquement
tous les pays du continent. Enfin,
lancement de nouveaux projets à
participation russe en Guinée
équatoriale, Ouganda, Burundi, Zambie,
Zimbabwe.
En parlant
justement des deux derniers cités, le
président du conseil d'administration d'Uralchem
et vice-président du conseil
d'administration d'Uralkali — grande
entreprise russe de production et
d'exportation d'engrais potassiques,
Dmitri Mazepine, s'y est rendu début
février et a rencontré les présidents
des deux pays Edgar Lungu et Emmerson
Mnangagwa.
Lors de ces
rencontres il a été décidé d'établir un
hub russe pour la fourniture directe des
engrais de l'entreprise russe à
destination des acheteurs africains.
Sachant que la demande pour ces produits
en Afrique ne cesse d'augmenter, et est
appelée à augmenter encore plus dans les
prochaines années. A titre d'exemple
donné par l'homme d'affaires russe, le
volume actuel des livraisons d'Uralchem
et d'Uralkali en Afrique du Sud-Est
représente près de 100 000 tonnes par
an. Mais sur le court terme, ce volume
est appelé à augmenter jusqu'à
500-600 000 tonnes annuelles.
Cette coopération
russo-zambienne et russo-zimbabwéenne
(et avec d'autres pays africains
certainement) permettra de réduire
considérablement les prix des engrais
pour les agriculteurs africains, en y
éliminant les intermédiaires: le plus
souvent ni russes, ni africains… Des
intermédiaires qui revendaient ces
engrais sur place au prix de 450-500
dollars la tonne. La création dudit hub
russe sur place et des livraisons
directes dans les ports africains
permettront de le diminuer jusqu'à
250-300 dollars la tonne. Rien que cela.
Tout en sachant que
ce que la première phase du retour
véritable de la Russie en Afrique.
L'intérêt réciproque n'a jamais été
aussi important depuis la fin de l'URSS.
Suivez donc l'actualité russo-africaine!
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Publié
le 22 février 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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