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Esclavage en Libye :
que les vrais responsables assument
leurs actes !
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Sputnik.
Andrei Stenine
Lundi 20 novembre 2017
Source:
Sputnik
L’Occident se rend à l’évidence: le
chaos qu’il a créé en Libye par son
intervention militaire de 2011 a les
pires conséquences: trafic d’esclaves et
développement de l’islamisme radical. Si
l’on constate un début de prise de
conscience, elle restera insuffisante
tant que les vrais responsables de cette
tragédie ne répondront pas de leurs
actes.
Le cas de la
Libye est désormais un cas
d'école —d'école néocoloniale, faut-il
le préciser?— . Il s'agit d'un échec
occidental considérable.
En mars 2011,
l'Otan lance une intervention militaire
contre la Jamahiriya libyenne de
Mouammar Kadhafi. Un viol de la
souveraineté d'un pays, outrepassant le
mandat onusien accordé sous prétexte
«d'intervention humanitaire» qui
aboutira à l'assassinat sauvage de
Kadhafi, de milliers de Libyens et
d'autres Africains. Ce pays était l'un
des plus prospères sur le continent
africain: il accueillait un grand nombre
de migrants d'Afrique et même de l'UE et
pratiquait une politique sociale assez
unique.
Tout cela est du
passé.
Il est maintenant
détruit et connaît l'une des pires
formes de «somalisation» qui puissent
être. La Libye actuelle, si on peut
encore parler de Libye, est devenue une
plaque tournante de trafics en tout
genre, notamment d'êtres humains. Et
l'un des hauts lieux du terrorisme
salafiste international. Un pays que
chaos, racisme et extrémisme
caractérisent, comme le démontrent les
dernières révélations des médias
mainstream.
Tout récemment, ce
qui se disait déjà depuis longtemps dans
les médias alternatifs a été confirmé
par la chaîne étasunienne CNN,
probablement car l'évidence était
devenue impossible à cacher: l'existence
d'un sinistre système de marchés
d'esclaves sur le territoire libyen. En
effet, des ressortissants d'Afrique
subsaharienne transitant par la Libye
pour tenter d'arriver en Europe et y
trouver une vie meilleure, venant le
plus souvent de pays se trouvant
toujours sous mandat occidental, car
vous n'y trouverez pas de Sud-Africains,
d'Angolais ou de Namibiens (ceux que
l'URSS avait soutenus en son temps),
sont vendus quelques centaines de
dollars par des extrémistes
salafistes —les mêmes sur lesquels
l'Otan s'est appuyés pour éliminer
Kadhafi.
C'est une honte.
Pour ne pas revenir sur des sujets
précédemment traités, à savoir que la
Russie et certains autres pays
responsables ne permettront certainement
plus au Far-West d'agir impunément,
parlons justement de responsabilité.
Un millier de
personnes est descendu dans les rues de
Paris pour manifester; notamment devant
l'ambassade de Libye. C'est bien, mais
est-ce suffisant? Probablement pas. Car
tous les responsables de la tragédie
libyenne doivent rendre des comptes et
notamment l'ex-président Nicolas Sarkozy
ou encore le «philosophe» de guerre
Henri-Levy, alias BHL (persona non grata
en Russie), tous deux de grands
«artisans» de la guerre contre la Libye.
Car même si ces
fameux représentants de l'establishment
occidental pensent encore être
intouchables, ils doivent bien garder
une chose en tête: dans ce Nouveau Monde
et le système qui l'accompagne, il n'y a
plus «d'élus». Ce qui signifie que d'une
façon ou d'une autre, il va falloir
rendre des comptes. D'autant plus que
ces élites occidentales refusent de
faire leur mea culpa. Et lorsqu'ils le
feront, il sera déjà trop tard, sans
aucune possibilité de pardon.
Et ce n'est pas à
La Haye qu'ils seront jugés, mais bien
dans l'un de ces pays ayant souffert de
cette arrogance occidentale. Ils ne
manquent pas, tant il est vrai que
l'histoire de l'Occident se répète ad
nauseam: possédant peu de ressources
naturelles, l'objectif a toujours été de
les chercher et de les trouver ailleurs,
même si pour cela il fallait massacrer
les populations locales.
Et même
aujourd'hui, en ce XXIe siècle,
l'Occident arrogant ne souhaite toujours
pas accepter une autre réalité: celle
d'une concurrence loyale où chacun
pourrait présenter au mieux ses atouts,
dans une optique gagnant-gagnant. Cette
logique ne rentre évidemment aucunement
dans la mentalité des élites
occidentales, pour qui seule la force
paie.
Quant à la Libye,
personne ne peut aujourd'hui dire quand
est-ce qu'elle pourra retrouver ne
serait-ce qu'une partie de sa stabilité
d'antan. Personne. De plus en plus de
Libyens regardent de nouveau en
direction de Moscou, mais aussi de Pékin
pour tenter de sauver la situation de
leur pays. Rien n'est à exclure.
Mais pour
commencer, il faudra déjà éliminer les
intérêts occidentaux responsables de ce
chaos et les extrémistes salafistes,
alliés par excellence de cet Occident
politico-médiatique irresponsable.
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Tous droits réservés.
Publié le 21 novembre 2017 avec l'aimable autorisation de l'auteur.
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