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L’alliance stratégique russo-iranienne
passe à l’étape supérieure
Mikhail Gamandiy-Egorov

© AP
Photo/ Vladimir Isachenkov
Mercredi 17 août 2016
Source:
Sputnik
Ayant
certainement préféré faire passer les
nouvelles mises à jour sur le front
syrien inaperçues, néanmoins les médias
du mainstream se voient obligés d’en
faire écho. Et ce n’est pas pour rien.
La
Russie et l'Iran sont bel et bien des
alliés. Aussi bien en Syrie où ils
partagent une vision et une approche
commune dans
la lutte antiterroriste, et ce
depuis le lancement du chaos syrien, de
même qu'une vision similaire ou du moins
très proche pour l'avenir de la région
en général. Ajoutez à cela le fait que
les deux pays sont tous deux des
partisans engagés du monde multipolaire
pour le renforcement duquel Moscou et
Téhéran travaillent sans lésiner sur
les efforts.
Cette
position responsable et qui est restée
la même depuis plus de cinq ans, à
savoir: le respect de la souveraineté
syrienne et de son intégrité
territoriale, lutte antiterroriste en
faisant de vrais efforts sans des
conditions au préalable et sans
poursuivre un autre scénario en
parallèle, le tout en coordination avec
les autorités légitimes de Syrie. Ces
efforts communs ont beaucoup contribué
aux victoires de l'armée gouvernementale
syrienne sur tous les fronts face aux
groupes terroristes, de l'aveu même du
leadership syrien et aussi (malgré eux)
de la part de ceux qui cherchaient un
tout autre scénario pour ce pays.
L'alliance stratégique entre la
Fédération de Russie et la République
islamique d'Iran se renforce à plusieurs
niveaux. Déjà au niveau diplomatique.
Juste après la récente visite du
président turc Erdogan à
Saint-Pétersbourg et sa rencontre avec
Vladimir Poutine, ayant permis
d'officialiser la normalisation des
relations russo-turques, le chef de la
diplomatie iranienne Mohammad Javad
Zarif s'est envolé en Turquie pour
rencontrer son homologue Mevlüt
Çavuşoğlu et pour ensuite avoir des
entretiens avec le Premier ministre turc
Binali Yildirim, ainsi que le président
Recep Erdogan. Vraisemblablement Moscou
comme Téhéran comptent bien utiliser la
normalisation des relations entre la
Russie et la Turquie pour faire
définitivement chavirer la dernière par
rapport au conflit syrien. Le tout en
coordonnant une fois encore leurs
efforts.
Sans
parler même encore d'une hypothétique
participation de la Turquie à la lutte
antiterroriste en Syrie aux côtés de la
Russie et de l'Iran (même si ce n'est
pas à exclure), l'essentiel étant
qu'Ankara adopte l'approche
russo-iranienne vis-à-vis de la Syrie,
en intégralité ou en grande partie. En
d'autres termes: qu'Ankara ne nuise pas
et n'essaie pas de retarder la victoire
finale sur le terrorisme en terre
syrienne. Surtout au moment où la
Turquie comprend parfaitement que le
président syrien Bachar al-Assad ne
tombera pas, au moment où elle a vu
l'hypocrisie et les complots la visant
de la part des élites occidentales, et
la nécessité évidente de reprendre et de
développer au plus haut niveau, ne
serait-ce qu'économico-commercial, les
relations avec la Russie, sans oublier
des relations fortes avec l'Iran. De
sérieuses chances que cela puisse se
confirmer sous peu.
Et ce
n'est pas tout. Les bombardiers
stratégiques russes Tu-22M3 ont été
déployés à la base aérienne de Nojeh à
Hamadan (ouest de l'Iran) pour porter de
nouvelles frappes contre les terroristes
en Syrie. Une première. A cet effet,
voici d'ailleurs une partie du
communiqué du ministère russe de la
Défense relayé par la chaine RT: « Le 16
août, les bombardiers russes à longue
portée Tu-22M3 et Su-34 ont frappé des
positions de Daech près d'Alep, de Deir
ez-Zor, de Jafra et d'al-Bab. Au moins
cinq entrepôts d'armes lourdes ont été
détruits (…). La base aérienne russe en
Syrie ne pouvant pas accueillir des
bombardiers à longue portée, les
gouvernements iranien et russe ont signé
un accord qui permet à la Russie
d'utiliser la base de Hamadan. Une telle
possibilité raccourcit le temps du vol
des avions jusqu'à leurs cibles en Syrie
de 60% ». Et qui dit timing plus réduit,
dit aussi plus de sorties et au final
efficacité plus élevée, d'autant plus à
un moment décisif de la guerre contre le
terrorisme qui a été imposé à la Syrie.
Pour rappel, les bombardiers
supersoniques russes étaient basés
jusqu'ici à la base de Mozdok, en
Ossétie du Nord (sud de la Russie), lieu
de départ de leurs frappes récentes
contre les cibles terroristes en Syrie.
En
tout cas ce nouvel exemple de la lutte
conjointe russo-iranienne contre le
terrorisme confirme bel et bien
l'alliance stratégique qui unie les deux
pays. Une alliance qui est appelée à se
renforcer encore plus pour l'intérêt
aussi bien de la Syrie, que de toute la
région, et même du point de vue global,
à un moment d'opposition très important
entre les partisans du monde
multipolaire et des nostalgiques de l'unipolarité.
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Tous droits réservés.
Publié le 20 août 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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