Sputnik
Un vent venu de Russie souffle sur
la Moldavie et la Bulgarie
Mikhail Gamandiy-Egorov
Lundi 14 novembre 2016
Source:
Sputnik
Beaucoup sont toujours dans
l’enthousiasme, d’autres dans «
l’incertitude », d’autres encore dans la
vive inquiétude, depuis l’élection que
le mainstream occidental n’attendait
pas, à savoir de Donald Trump à la tête
des USA. Mais ce n’est qu’une partie du
processus désormais global. Les grands
changements ne font que commencer.
Pour fermer le chapitre des élections
présidentielles US, il a été
certainement le mieux résumé par le chef
de la diplomatie russe
Sergueï Lavrov, à savoir que la
Russie attend des améliorations dans ses
relations avec les Etats-Unis et que
nous jugerons selon les actions du
président élu et non pas sur les
paroles. Revenons à l'Europe. Le
deuxième tour des élections
présidentielles vient de prendre fin en
Bulgarie, membre de l'Union européenne,
ainsi qu'en Moldavie, ex-république
soviétique ayant signé, à l'instar de
l'Ukraine, le fameux accord
d'association avec l'UE. C'était en juin
2014. Que dire d'autre que les résultats
obtenus dans les deux pays rentrent
parfaitement dans le cours multipolaire
du monde actuel et par un rejet évident
de l'Occident politique.
En Moldavie, la
victoire a été obtenue par le
charismatique Igor Dodon. En passant, il
s'agissait de la première élection
présidentielle au suffrage universel
direct depuis 1997. Le candidat prorusse
du Parti des socialistes de Moldavie
l'emporte sur la rivale de la coalition
pro-occidentale Maia Sandu (coalition au
pouvoir depuis 2009) avec environ 53 %
des voix contre près de 47 %. Le taux de
participation au second tour a été plus
élevé qu'au premier (53,27 % contre
49,18 %). Les médias occidentaux
reconnaissaient que le candidat prorusse
était favori mais « espérait » que la
diaspora moldave vivant en Europe
pourrait éventuellement faire la
différence, notamment via la diaspora
vivant en Italie (pays accueillant la
plus importante diaspora moldave en
Europe occidentale) et qui représente
plus ou moins 150 000 personnes. Mais
les mêmes médias ont oublié d'indiquer
que la plus importante diaspora moldave
à l'étranger se trouve en Russie: sur
une population totale du pays de 3,5
millions d'habitants, plus de 500 000
citoyens de Moldavie vivent et
travaillent sur le territoire russe et
ont largement soutenu la candidature
d'Igor Dodon.
Son programme était clair et net:
renégocier (au moins) l'accord
d'association avec l'UE qui selon le
nouveau président moldave a plombé
l'économie du pays, revenir au
partenariat stratégique avec la Russie,
négocier la réouverture du marché russe
aux produits moldaves et à terme pouvoir
rejoindre l'Union économique
eurasiatique dont font partie la Russie,
le Kazakhstan, la Biélorussie,
l'Arménie, le Kirghizistan et bientôt le
Tadjikistan (et d'éventuels autres pays
de l'ex-URSS). A l'inverse de sa rivale
qui tout en souhaitant avoir « des
relations normales et non-conflictuelles
» avec la Russie, souhaitait poursuivre
le cours
pro-occidental. La phase donc du pouvoir
pro-atlantiste en Moldavie est
actuellement close. Au moins pour les
quatre prochaines années. A noter que le
président élu Dodon a également su être
le candidat de tous les Moldaves
(roumanophones comme russophones) et
soutenu également par l'autonomie
gagaouze (turcophone et pro-russe). Il
s'est ouvertement opposé aux rêves des
nationalistes roumains de voir la
Moldavie intégrer l'Etat roumain et a
même promis de pénaliser de tels appels
en cas d'élection — c'est désormais
chose faite.
En Bulgarie, le second tour
des élections présidentielles a été
remporté par Roumen Radev, candidat
indépendant soutenu par le Parti
socialiste bulgare et général des forces
armées aériennes, lui aussi haut la
main: près de 60 % des voix sur sa
rivale Tsetka Tsatcheva (environ 36 %),
issue du parti au pouvoir orienté sur
les intérêts atlantistes. Enfin près de
4 % des votants ont voté contre tous. Le
président élu Radev, que les uns
appellent comme étant pro-russe,
d'autres comme étant un sympathisant du
rapprochement avec la Russie, estime en
effet que la politique des sanctions
antirusses doit cesser. Il est partisan
également du renforcement des liens
économico-commerciaux avec la Russie,
forts dans le passé et beaucoup moins
aujourd'hui, ce qui selon lui pénalise
l'économie bulgare. Une approche
soutenue par un large nombre de ses
compatriotes. Fort de ce soutien qui
traduit aussi la déception d'une partie
importante des citoyens bulgares de leur
membership au sein de l'Europe
bruxelloise. Sur un autre sujet, le
nouveau président bulgare estime
également que la « Crimée est de fait
russe ». Position au minimum logique
mais ayant choqué nombre de «
bien-pensants » atlantistes.
Principal constat donc: les atlantistes
perdent sur beaucoup de fronts. Les
partisans de la multipolarité, eux,
poursuivent leur avancée victorieuse. Un
processus qui sera vraisemblablement
poursuivi pour plusieurs raisons: les
promesses bruxelloises d'un « avenir
radieux » dans le domaine économique
n'aboutissent pas et la situation
s'empire, les belles « valeurs
européennes » à la sauce de Bruxelles
séduisent de moins en moins compte tenu
des contradictions énormes des annonces
faites et de la réalité obtenue. Des «
valeurs » dans lesquelles les citoyens
même des pays occidentaux croient de
moins en moins. Enfin la rhétorique du «
danger russe » émises tellement de fois
par les élites occidentales, politiques
comme médiatiques, ne passe simplement
plus auprès des populations concernées.
Evidemment ces victoires en Moldavie et
en Bulgarie sont avant tout celles du
bon sens. Et aussi des leaders
souhaitant défendre en premier lieu les
intérêts de leurs peuples. Des peuples
revendiquant plus de justice, aussi bien
chez eux qu'au niveau global, au moment
où certaines forces souhaitaient
ardemment faire monter les tensions
existantes en flèche, en soutenant des
extrémistes en tout genre, en faisant la
propagande de guerre et en poursuivant
la pratique d'une politique purement
néocoloniale.
Quant aux « incertitudes »
et aux peurs de certains représentants
de cette même élite occidentale et comme
dit précédemment: qu'ils s'y habituent.
Le grand changement multipolaire désiré
par la grande majorité de l'humanité se
poursuivra, qu'ils l'acceptent ou non.
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Tous droits réservés.
Publié le 14 novembre 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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