La Voix de
la Russie
Ligue des
champions : une nouvelle gifle au
racisme
Mikhail Gamandiy-Egorov
Photo: RIA
Novosti
Mercredi 13 novembre 2013
Le triste incident lors du match de la
Ligue des champions de football ayant
opposé le 23 octobre dernier le CSKA
Moscou, champion de Russie, au club de
Manchester City, vice-champion
d’Angleterre, a relancé le débat sur le
racisme dans les stades, et plus
particulièrement sur la manière de
combattre ce fléau.
L’affaire reste complexe. Petit rappel
des événements : Yaya Touré, le joueur
de Manchester City et international
ivoirien a accusé à la fin du match
certains fans du CSKA Moscou de l’avoir
visé personnellement à travers des cris
racistes. La direction du club moscovite
a immédiatement démenti ces accusations
en affirmant qu’aucun chant à caractère
raciste n’a été entendu et en rappelant
que par ailleurs, le CSKA Moscou compte
plusieurs joueurs africains en son sein.
Seydou Doumbia, joueur du CSKA et
compatriote de Yaya Touré, a de son côté
également affirmé que les chants
racistes n'avaient pas eu lieu : «
Nos fans nous soutiennent bruyamment et
mettent le plus de pression possible sur
les adversaires, mais personne ne les
autorise à proférer des chants racistes
».Du côté russe, certains ont
même accusé Manchester City de jouer
simplement contre les intérêts de la
Russie du fait que l’Angleterre en veut
toujours à la Russie d’avoir obtenu
l’organisation de la Coupe du monde de
football 2018 (l’Angleterre avait
également été pays-candidat à
l’organisation).
Des positions divergentes donc, et
difficile de savoir qui dit vraiment la
vérité. Du côté de l’UEFA, une enquête a
été menée et le club russe a été
sanctionné. L’instance footballistique
européenne a décidé qu’une partie des
tribunes de l’Arena Khimki (secteur D,
connu pour être celui abrite les «
supporteurs » les plus ultras) seront
fermées pour le prochain match à
domicile de la Ligue des champions
contre le Bayern Munich.
Cette triste histoire a tout de même le
mérite d’avoir relancé le débat sur un
sujet extrêmement important. Les
réactions russes à la sanction ont été
variées. D’un côté le débat a concerné
les supporteurs du CSKA Moscou, présents
dans le stade le jour de l’incident et
qui ont vivement débattu via forums et
réseaux sociaux si oui ou non il y avait
eu ces cris racistes. Si certains
affirmaient avec assurance le contraire,
d’autres, surtout ceux qui se trouvaient
non loin de la fameuse tribune ultra,
disaient que des insultes avaient bien
été entendues.
Plus largement, y compris en dehors des
fans sportifs, un vif débat a eu lieu
sur le sujet du racisme dans le sport,
et plus généralement sur le problème de
la xénophobie. Si certains extrémistes
ont lancé des commentaires haineux, une
bonne partie des internautes russes,
jeunes et moins jeunes, ont vivement
condamné toute forme de racisme et de
xénophobie. « Je ne voudrais pas
que lors de la Coupe du monde 2018 qui
se déroulera chez nous en Russie et dont
je prévois de visiter les matchs avec
mon fils, on soit témoins tous les deux
et mon fils en particulier, de primates
extrémistes très mal éduqués qui
tenteraient d’insulter des joueurs ou
supporteurs ayant une couleur de peau,
une culture ou une religion différente
», a lancé un internaute russe.
Il est vrai que cette question est
d’autant plus d’actualité à quelques
années de la Coupe du monde de football
qui sera organisée par la Russie. En
règle générale, et c’est ce qui est le
plus malheureux, c’est que souvent, une
minorité donne une mauvaise réputation à
la majorité. Il suffit que quelques
« primates
extrémistes », pour reprendre
l’expression employée plus haut par un
père de famille russe, fassent une
action honteuse (par manque total
d’éducation ou par provocation bien
préparée), pour que cela puisse avoir un
effet très néfaste sur la réputation
d’un pays.
Il n’y a pas plus de racisme en Russie
que dans le reste du monde, notamment en
Europe ou aux USA. Aucunement. La Russie
est à la base un pays multiethnique et
multiconfessionnel, et s’est formé comme
tel. D’ailleurs le phénomène de racisme
et de xénophobie en tant que tel n’est
véritablement apparu qu’à la chute de
l’URSS, et avait pour période active le
milieu des années 1990 et le début des
années 2000. Aujourd’hui, la situation a
profondément évolué, notamment grâce aux
mesures radicales des autorités visant
les organisations extrémistes.
Néanmoins, des efforts considérables
doivent être encore faits. Et pas
seulement à la veille de l’organisation
des grands événements sportifs mais en
général pour tourner définitivement la
page des années sombres qu’a connu il
n’y a pas encore si longtemps la Russie.
Pour l’anecdote, lors du match retour
qui s’est déroulé à Manchester entre le
CSKA et le club mancunien (5-2 en faveur
du club anglais), les deux seuls buts du
club moscovite ont été inscrits
justement par le joueur africain,
international ivoirien, Seydou Doumbia,
qui évolue en Russie depuis 2010. La
meilleure gifle qui soit pour tous les «
supporteurs » extrémistes qui à travers
leurs actions ne font que ternir la
réputation de « leur » club, de leur
ville et de leur pays.
© 2005—2013
La Voix de la Russie
Publié le 14 novembre 2013
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