Sputnik
Sommet des Amériques à Panama :
claque à Obama et aux USA
Mikhaïl Gamandiy-Egorov
© AP
Photo/ Fernando Vergara
Lundi 13 avril 2015
Le sourire d’Obama et
ses tentatives de faire semblant de
maîtriser la situation ne lui ont pas
permis de cacher la triste réalité pour
lui et son pays : les USA se rapprochent
d’un isolement évident dans le cadre des
pays d’Amérique latine et des Caraïbes.
Qui aurait pu
croire il y a encore 10-15 ans de cela
que le pays dit « exceptionnel », se
permettant encore à l'heure
d'aujourd'hui de parler en porte-parole
(autoproclamé) de la communauté
internationale et agir en qualité de «
gendarme » pouvant « isoler » qui que ce
soit, arriver à la situation où c'est
lui qui se retrouve clairement isolé, et
ce dans ce qu'il considérait (et
aimerait considérer encore) comme son
arrière-cour?
En effet, c'est un
bien triste constat pour la diplomatie
étasunienne: les USA n'impressionnent
plus. Leurs visions unipolaires du monde
sont complètement hors-sujet dans le
cadre du monde actuel. La très grande
majorité des leaders d'Amérique latine
n'ont à ce titre pas manqué d'afficher
clairement leur unité face au souriant
(nerveusement?) Barack Obama…
Les critiques de la
politique US étaient explicites et sans
langue de bois. Le président de la «
nation exceptionnelle » ne pouvait en
retour que continuer à sourire ou à
faire semblant de ne pas entendre toutes
les critiques le visant lui et plus
généralement la politique de son pays,
se trouvant encore psychologiquement
dans une époque aujourd'hui révolue.
Mais à un moment ou
un autre, il faut bien se rendre un
minimum à l'évidence. Les USA faisaient
bien lors de ce sommet figure d'un pays
isolé. Plus encore, les quelques
tentatives de manifestations pro-US de
certains « dissidents cubains », ou
plutôt d'agents de la CIA dans les rues
panaméennes, ont rapidement dû faire
face à de jeunes cubains et vénézuéliens
venus soutenir leurs gouvernements avec
des slogans ouvertement anti-étasuniens.
Ces images étaient
d'ailleurs très symboliques: de vieux «
dissidents » manipulés et contrôlés par
le département d'Etat des USA,
travaillant pour certains depuis des
décennies contre les intérêts de « leurs
pays » en face d'une jeunesse au sang
neuf, fière, patriotique et déterminée
d'aller jusqu'au bout, pas moins que
leurs dignes dirigeants, devenus des
symboles pour tout un continent et même
pour le monde. On pense à Fidel Castro,
Che Guevara, Hugo Chavez. L'opposition
entre le vieux monde unipolaire et la
jeune et fraîche multipolarité, enfin
devenue réalité. Ce qui est sûr, c'est
que la relève est bien assurée. Et cela
ne peut que ravir.
Il ne restait donc
à Obama qu'à affirmer, presque en se
justifiant, que « la nouvelle politique
des USA envers les Etats d'Amérique
latine et des Caraïbes ne sera plus
jamais la même ». Et plus que cela
(c'est d'ailleurs sur cet aspect que les
médias du mainstream ont accentué leur «
attention »), le président US est allé à
des rencontres privées avec les leaders
cubain et vénézuélien, Raul Castro et
Nicolas Maduro. Les pays donc les plus
visés, dans le cadre des Amériques, par
les agressions & tentatives de
déstabilisation US récentes et moins
récentes. Des pays aujourd'hui devenus
des exemples de résistance au
néocolonialisme Made in USA et de la
défense absolue de la souveraineté pour
grand nombre d'autres pays de la région,
du continent et bien au-delà. Des
nations qui ont beaucoup inspiré
d'autres. Et malgré un certain optimisme
diplomatique affiché suite à ces
entretiens où vraisemblablement le
franc-parler était maître (ne serait-ce
qu'au niveau de Castro et de Maduro,
pour Obama on peut en douter), les USA
sortent véritablement perdants de ce
sommet avec pour résultat une preuve
supplémentaire qu'ils ne sont plus en
capacité de poursuivre leur diktat. Quoi
de mieux donc que de reprendre les
principales citations de plusieurs chefs
d'Etats lors de ce sommet:
« Je vous
respecte mais je ne vous fais pas
confiance, M. Obama ». Nicolas Maduro,
président de la République bolivarienne
du Venezuela.
«
Nos peuples n'accepteront plus jamais la
tutelle, l'ingérence et
l'interventionnisme dans nos affaires
intérieures ». Rafael Correa, président
de la République de l'Equateur.
« L'époque actuelle
ne peut plus permettre et tolérer des
mesures unilatérales et des politiques
visant à isoler ou sanctionner tel ou
tel pays. C'est pourquoi nous rejetons
l'adoption des sanctions US contre le
Venezuela ». Dilma Rousseff, présidente
de la République fédérative du Brésil.
« C'est tout
simplement absurde de considérer l'un
d'entre nous — pays d'Amérique latine —
comme une menace ». Cristina Fernandez
de Kirchner, présidente de la République
argentine, faisant allusion elle aussi
aux sanctions US visant Caracas.
« Les USA doivent
cesser de transformer le monde en un
champ de bataille. Les Etats-Unis
continuent de considérer l'Amérique
latine et les Caraïbes comme leur
arrière-cour et les habitants de nos
pays comme leurs esclaves »… Evo
Morales, président de l'Etat
plurinational de Bolivie.
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