Libye
Libye
: Un document accablant pour Nicolas
Sarkozy
Michel J. Cuny
Mercredi 24 août 2016
Publié le 16 juillet 2016, l’article
de Françoise Petitdemange Muammar
Gaddhafi les avait prévenus
(http://reseauinternational.net/muammar-gaddhafi-les-avait-prevenus/)
a été lu par plus de 48500
personnes, ce qui est sans doute le
signe d’une inquiétude profonde.
Ainsi
que l’écrivaine le rappelait, Muammar
Gaddhafi, répondant dans un entretien
publié le 5 mars 2011 par Le Journal
du Dimanche aux questions que lui
posait Laurent Valdiguié, avait formulé
cette mise en garde pressante en
présence des menaces pesant alors sur
son pays :
«
Voilà ce qui va arriver. Vous aurez
l’immigration, des milliers de gens qui
iront envahir l’Europe depuis la Libye.
Et il n’y aura plus personne pour les
arrêter. »
Quelques jours plus tard, Sarkozy
lançait les avions français dans le ciel
libyen…
Nous
commençons à connaître, dans notre
propre sang, ce qui n’en est que la
suite… sans bien comprendre pourquoi
notre pays est devenu partie prenante de
tant d’horreurs. D’où vient cet
acharnement, qu’il concerne la Libye
(Sarkozy) ou la Syrie (Hollande) ?
Au
moment précis où l’attaque française se
produisait en Libye, Françoise
Petitdemange avait découvert qu’il lui
était possible d’intervenir sur le site
www.lepoint.fr,
en y laissant
des commentaires d’une dimension
conséquente que le modérateur n’hésitait
pas à accepter – tels quels la plupart
du temps –, alors qu’ils ne
correspondaient pas nécessairement à la
ligne éditoriale de la version
électronique du journal en question.
La
situation sur place était proprement
terrifiante. De jour en jour, la
tragédie libyenne prenait des allures de
plus en plus ignobles : la France et ses
alliés multipliaient à la fois les
crimes et les mensonges, ceux-ci étant
relayés, comme à plaisir, par la
quasi-unanimité des médias et des
responsables politiques d’à peu près
tous les bords.
Appuyée sur l’engagement qu’elle avait
pris, par-devers elle-même, de rédiger,
si possible, un article-commentaire
d’une pleine page chaque jour, Françoise
Petitdemange s’informa peu à peu de la
provenance du régime libyen tel qu’il
avait été établi après la Révolution du
1er septembre 1969. C’est ainsi qu’elle
réussit à atteindre des documents très
précieux et fournis, soigneusement
rassemblés par des universitaires de
France et d’Afrique du Nord tout au long
des années 60, 70… et jusqu’au début des
années 2000, et d’autres aboutissant à
l’époque contemporaine : le travail
d’élaboration réalisé par Muammar Gaddhafi et ses camarade du CCR (Conseil du
Commandement de la Révolution) en
synergie avec le peuple libyen durant
quarante-deux années (1969-2011) lui
apparut dans toute son ampleur.
C’était, justement, ce que la France
avait décidé de détruire, et détruisait
effectivement de jour en jour, et dans
le silence quasi total des Françaises et
des Français tenu(e)s soigneusement à
l’écart de toute compréhension possible
du crime en cours, par des dirigeants
emportés dans les fureurs de
l’impérialisme guerrier le plus brutal.
C’est
ce travail d’approfondissement, effectué
en un temps où les bombes s’abattaient
sur la Libye et où Muammar Gaddhafi
perdait la vie dans des conditions qui
disent tout de la sauvagerie des
commanditaires occidentaux, qui a
débouché, en 2014, sur la publication du
livre de Françoise Petitdemange La
Libye révolutionnaire dans le monde
(1969-2011), aux Éditions Paroles
Vives.
Désormais, il existe une transcription
minutieuse rassemblant les 197 articles
dont la plupart ont été repris en
commentaires sur le site
www.lepoint.fr,
entre le
dimanche 20 mars 2011 et le dimanche 20
octobre 2013, et au beau milieu d’un
drame quotidien contre lequel Françoise
Petitdemange se dressait de toute la
force que lui donnaient les découvertes
qu’elle faisait, simultanément, dans les
documents de la fondation héroïque de la
GJALPS (Grande Jamahiriya Arabe Libyenne
Populaire Socialiste).
Cette
succession de textes permet de
suivre le comportement des
différents responsables occidentaux ou
africains. Elle fournit aussi l’ensemble
des éléments politiques, économiques,
idéologiques, diplomatiques, militaires,
etc., soigneusement collationnés et
étudiés en parallèle au conflit libyen,
et à celui qui s’enchaînait alors à lui
en Syrie. Elle a pris la forme d’un
livre électronique : Françoise
Petitdemange, La guerre coloniale et
la contre-révolution en Libye (mars
2011-octobre 2013), Éditions Paroles
Vives 2016. Cf.
https://unefrancearefaire.com/2016/08/23/libye/
Ce qui
va conditionner une partie de notre
futur s’y retrouve… De même qu’y est
posée la grave question des moyens qu’il
nous reste à nous, citoyennes et
citoyens, de faire face aux conséquences
de crimes dont nous avons été partie
prenante à travers ce système malsain
que constitue la délégation permanente,
faite au président de la république
française, du droit d’entamer, à titre
personnel, les guerres qui lui
conviennent.
En
effet, c’est bien au peuple lui-même que
cette ardoise de sang est laissée…
Michel J. Cuny
Publié avec l'aimable autorisation
de l'auteur
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