Opinion
UE et référendum en Crimée, ou la
démocratie à l’épreuve des trous de
balle
Marc Leroy

Photo:
D.R.
Lundi 17 mars 2014
Il est de ces évènements qui ont
l’immense mérite de remettre en un seul
instant choses et individus à leur juste
place. De ces évènements qui surgissent
dans le cours de l’histoire, de façon
souvent inattendue et qui font d’un seul
coup d’un seul ou presque tomber tous
les masques, et apparaître en pleine
lumière la réalité des motivations
hâtivement peinturlurées de bons
sentiments et de grands principes de nos
têtes de gondoles médiatiques et
politiques. De ces évènements qui
révèlent l’obscénité des postures, la
tartufferie des « principes », des
« valeurs » et des sempiternelles leçons
de morale et de démocratie de nos
traditionnels prescripteurs d’opinion et
autres « droits-de-l’hommistes » à
géométrie (on pourrait écrire
géographie) décidément très variable.
En cela, tout ce qui vient de se
passer ces dernières semaines en
Ukraine, et plus particulièrement la
tenue hier du référendum de Crimée ayant
répondu au violent coup d’état d’abord
suscité puis appuyé et validé par
l’occident, puis son résultat final,
feront sans doute pour longtemps figure
de référence indépassable.
Quoique… avec ce qui nous sert
d’élites, on n’est jamais sûr de rien.
Le résultat dont tout le monde
connaissait d’avance la tendance est
donc tombé hier soir, et il dépasse dans
la participation comme dans la sentence
tout ce que l’on avait en réalité pu
imaginer : plus de 80 % de participation
malgré les menaces et l’appel au boycott
des « autorités » de Kiev et de certains
dignitaires de la minorité tatare, et au
final près de 97 % de OUI pour le
rattachement de la Crimée à la
Fédération de Russie. Un résultat en
forme de raz-de-marée, incontestable,
historique, exprimant une volonté
populaire rarement exprimée avec un tel
taux de participation, une telle
unanimité et donc une telle légitimité,
ailleurs et en quelque époque que ce
soit sur la planète.
Mais un choix démocratique et
populaire n’allant pas du tout dans le
sens de la volonté occidentale, et quand
j’écris « occidentale », entendez en
réalité dans le sens des intérêts
géostratégiques et géopolitiques de
l’empire américain et de son larbin
européen, l’UE, dont la France est
devenue depuis deux quinquennats
présidentiels le plus zélé des
porte-flingues. Car les opinions
publiques des pays concernés sont,
elles, beaucoup plus partagées, malgré
un matraquage médiatique et une
propagande anti-russe qui a battu ces
derniers jours tous les records
d’indécence, de falsification et de
crapulerie intellectuelle.
Du coup, et du jour au lendemain,
adieu veau, vache, cochon… adieu
surtout démocratie participative,
suffrage universel, référendum et droit
à l’autodétermination des peuples !
Comme aurait dit le regretté Coluche
dans son sketch sur les -mauvaises-
publicités à propos d’un spot pour la
lessive : « coupez, elle est pas
bonne, on va la refaire » !
Que le résultat de la consultation
populaire aille -de façon très
contrariante j’en conviens- à l’encontre
des opinions et désidératas de nos
chères « zélites » et c’est le demi-tour
d’une rapidité, d’une vélocité dignes
d’un Lucky Luke dégainant et tirant bien
plus vite que son ombre. En un battement
de cil, le recours au bulletin de vote
devient affreusement populiste
(difficile de dire fasciste, quand on
sait qui, en face justement, hante les
couloirs du nouveau pouvoir totalement
illégitime en Ukraine, pourtant adoubé
d’enthousiasme par l’UE et les
Etats-Unis), et le droit à
l’autodétermination des peuples une
insupportable atteinte aux frontières
intra-européennes. Frontières que les
mêmes gugusses éternels donneurs de
leçons et autoproclamés experts en Droit
International n’avaient pourtant pas
hésité à jeter par la fenêtre en Serbie
avec la sécession imposée du Kosovo, à
grand renfort de bombes otaniennes.
Il est vrai qu’on doit finir par
connaître sur le bout des doigts ce que
l’on viole aussi impunément depuis des
décennies en Israël-Palestine, en
Afghanistan, en Serbie-Kosovo donc, en
Irak, en Libye, en Syrie, en Ukraine et
demain sans doute en Iran ! Et voir
ainsi les éternels pompiers pyromanes de
la planète jouer les défenseurs de la
vingt-cinquième heure de la légalité
internationale pourrait faire hurler de
rire, si cela ne donnait plutôt envie de
vomir.
Référendum et UE,
une vieille histoire d’humour… noir
Après le scandaleux feuilleton du
référendum irlandais, où l’Union
Européenne a fait revoter les électeurs
jusqu’à ce que le résultat des urnes lui
convienne, après le NON des Pays-Bas et
la forfaiture du contournement du
référendum français de 2005 sur la
Constitution Européenne (avec un
résultat de 55 % de NON jeté aux
orties par nos élites UMPS-Modem réunies
pour la très mauvaise cause), après les
cris d’orfraie ayant suivi le référendum
suisse sur l’immigration de masse,
l’Union Européenne, refusant de
reconnaître la volonté éclatante et
indiscutable des habitants de la Crimée
de rejoindre la Fédération de Russie,
prouve une fois de plus le grand cas
qu’elle fait de la VRAIE démocratie et
de la souveraineté populaire. Mais
est-ce véritablement une surprise ?
Pour elle, et malheureusement pour la
France de la Hollandie (et comme cela
aurait d’ailleurs sans aucun doute été
aussi le cas pour une France de la
Sarkozie), est donc illégal, nul et non
avenu un référendum populaire débouchant
sur un plébiscite en Crimée. Par contre,
est totalement légitime et « légal » un
coup d’état perpétré dans la violence,
le meurtre et la menace en Ukraine… du
moment qu’il sert ses supposés petits
intérêts (qui sont en fait,
rappelons-le, ceux du seul Oncle Sam).

Photo:
D.R.
Dans ce grand numéro de clowns
internationaux que nous venons de vivre
et où le cuistre BHL a une fois de plus
tenu les premiers rôles tout en
fréquentant assidument les couloirs de
l’Elysée, un autre triste sire s’est
particulièrement mis en valeur : Laurent
Fabius, notre Ministre des Affaires
Etrangères. Un poste qu’avait avant-hier
et devant l’Assemblée Générale des
Nations-Unies joliment honoré un
Dominique de Villepin, réfutant les
arguties, faux prétextes et vrais
mensonges américains présentés par Bush
ou Powell afin de tenter de justifier la
seconde guerre d’Irak, ou qu’avait par
contre totalement déshonoré hier déjà un
Alain Juppé, justifiant « à l’insu de
son plein gré » l’intervention française
sous impérium américain et sous étendard
béhachélien en Libye.
Laurent Fabius, ce crapaud de marigot
politique repêché par notre capitaine de
pédalo élyséen dans la flaque de sang
contaminé où il végétait depuis des
décennies, pour être donc bombardé
Ministre des Affaires Etrangères (vous
pouvez rayer la mention inutile, c’est
la seconde)… ce misérable batracien qui
après avoir tant voulu et piteusement
raté sa guéguerre en Syrie, veut donc
aujourd’hui se faire aussi gros que
l’ours russe. Malheureusement pour lui,
et contrairement au bœuf de la fable de
la Fontaine, le plantigrade Vladimir a
encore ses castagnettes, et pour
reprendre une expression des Guignols de
l’Info au temps où ils nous faisaient
encore rire, notamment aux dépens de
Nanard Tapie, ce nounours là est même « sévèrement
burné » : les rodomontades du petit
Laurent comme d’ailleurs celles de
l’amant en guimauve de Julie Gayet lui
« en ont touchée une sans faire
bouger l’autre » (1).
Notre Kermit du quai d’Orsay, avec
son physique d’hippocampe et son crane
en peau de fesse, notre matamore de
bastringue, véritable Tartarin de
Tarascon, comme la lune, nous a depuis
plusieurs mois montré une face de lui
encore cachée que nous nous serions bien
abstenus de contempler : celle du petit
caniche docile de l’empire américain,
version BHL ou Kouchner, ses deux grands
potes (voir photo).
Une face que n’aurait du reste
certainement pas reniée, n’en déplaise
aux nostalgiques fortement amnésiques,
le petit Nicolas Sarkozy (qui avait
d’ailleurs nommé le pote Kouchner, avant
le sosie de Fafa Alain Juppé, aux
affaires étrangères). D’ailleurs, les
deux hommes ont d’autres points communs,
comme cet amour viscéral, très
communautaire et fort peu républicain
pour Israël, ce goût du luxe ou cette
fascination pour l’argent. Sans oublier
qu’ils culbutent ou ont culbuté
accessoirement les mêmes ex-mannequins
reconverties chanteuses sans voix de
Prisunic. Cela crée forcément des liens.
Et voici donc aujourd’hui Hollande,
Fabius, BHL et tout notre orchestre
politico-médiatique, l’UE et les
Etats-Unis qui condamnent la démocratie
et le suffrage universel en Crimée… au
nom de la démocratie ! Les mêmes qui
condamnent ici (Crimée) ce qu’ils
ont prôné là (Kosovo). Les mêmes encore
qui dénoncent le méchant « dictateur »
Poutine, pourtant triomphalement réélu
depuis quatorze ans à chaque fois qu’il
se présente devant les électeurs russes.
Les mêmes toujours qui font mine
d’oublier que celui-ci obtient
aujourd’hui, malgré la supposée usure du
pouvoir, des scores de popularité
records (près de 70 % d’opinions
positives), qui ferait rosir de plaisir
notre culbuto présidentiel qui se noie
pour sa part dans le ridicule et
l’insignifiance avec à peine 18 % de
bonnes opinions, moins de deux ans après
son accession à l’Elysée. Le ridicule ne
tue pas, mais certains devraient tout de
même faire attention, car à ce niveau de
performance…
Il est vrai pour finir que, comme la
liberté d’expression, la démocratie « ne
s’use que si l’on ne s’en sert pas »…
C’est dire en quel état elle se trouve,
aujourd’hui, en France. Et il faut être
de sacrés trou du c… pour
prétendre, comme l’UE de Herman Van
Rompuy et Catherine Ashton, la Hollandie
de Laurent Fabius et BHL, ou les USA de
Barack Obama et Victoria Nuland, donner
des leçons en la matière à la Suisse, la
Russie… ou la Crimée.
Marc LEROY
– La Plume à Gratter
(1) Dixit
Jacques Chirac.
Publié le 18 mars
2014 - Source :
La Plume à Gratter
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