Opinion
Coup d’état en Ukraine : cachons donc
ces néo-nazis
qu’ USA, UE… et BHL ne
sauraient voir !
Marc Leroy
Photo:
D.R.
Jeudi 6 mars 2014
Depuis Timisoara et la chute des
Ceausescu, depuis les deux invasions de
l’Irak ou celle d’Afghanistan, depuis la
guerre « mondiale » enclenchée contre la
Serbie à propos du Kosovo, ou beaucoup
plus récemment la
catastrophique « intervention » en Libye
et la délirante et unilatérale
présentation du drame syrien, on sait
bien que les dirigeants des principaux
états occidentaux, vassaux serviles
d’une Amérique qui mène systématiquement
la danse macabre, n’hésitent devant
aucun raccourci, aucune omission
volontaire, aucun mensonge pour
repeindre l’histoire en marche aux
couleurs qui les arrangent, et pour
susciter, provoquer puis utiliser un peu
partout dans le monde des évènements,
des troubles ou carrément des violences
à même de servir les seuls intérêts de
l’ « empire du bien » qu’ils prétendent
incarner.
On sait qu’en chacune de ces
occasions aux conséquences toujours
tragiques, parfois cataclysmiques, ces
mêmes états occidentaux que l’on peut à
juste titre qualifier de « voyous », en
cela qu’ils violent systématiquement et
sans aucun complexe (ni conséquence)
toutes les règles du Droit International
et le principe même de la souveraineté
des états pourtant gravée dans le marbre
de la Charte des Nations-Unies (et la
France fait aujourd’hui totalement
partie de ces états voyous, notamment
depuis le quinquennat de Nicolas
Sarkozy, et son intervention criminelle
en Libye sous pavillon béhachélien), on
sait donc que les mensonges de pure
propagande de ces états ont toujours été
relayés systématiquement et avec grand
zèle par la quasi-totalité de nos
médias.
Médias qui ont notamment pris
l’habitude pour le moins saugrenue de
reprendre comme un seul homme et sans se
poser de questions le qualificatif
fumeux s’il en est de « communauté
internationale » que ce quarteron
d’états s’auto-attribue d’autorité à
chaque nouvelle opération de piraterie
impériale.
Une « communauté internationale »
qui n’inclut pas, ce qui ne gêne
apparemment en rien ceux qui la mettent
systématiquement en avant, et excusez du
peu : le plus grand pays du monde, la
Russie, les deux pays de loin les plus
peuplés, la Chine et l’Inde, la
quasi-totalité de l’Amérique du Sud, la
quasi-totalité de l’Afrique et une bonne
partie de l’Asie. Une « communauté
internationale » en réalité donc
réduite à peau de chagrin, qui ne
représente guère plus et au grand
maximum qu’un presque ridicule sixième
de la population mondiale (1), quasiment
uniquement constituée des pays membres
de l’OTAN, plus quelques pays affidés et
hautement recommandables comme l’Arabie
Saoudite, le Qatar ou Israël. Une « communauté
internationale » (on ne s’en lasse
pas) qui n’est donc bien qu’un simple
syndicat d’intérêts géopolitiques et
géostratégiques de l’Occident, on
devrait d’ailleurs bien plus encore
écrire « d’intérêt » unique : celui des
seuls Etats-Unis, systématiquement à la
manœuvre.
La propagande US
repasse sans cesse les plats :
aujourd’hui donc en tête d’affiche,
l’Ukraine !
Après l’Irak, l’Afghanistan, Le
Kosovo, la Libye, la Syrie, c’est donc à
présent à une déstabilisation fortement
initiée et attisée de l’extérieur, puis
à un véritable coup d’état que nous
venons d’assister en Ukraine. Une
déstabilisation, par un fort heureux
hasard, mise en œuvre au moment même où
le grand frère russe et tonton Poutine
étaient presque exclusivement occupés à
la tenue (et la pleine réussite) des
Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, les
mains liées dans le dos en cette
occasion par la trêve olympique !
Pendant les semaines durant
lesquelles se sont déroulés les Jeux,
les représentants américains et
européens qui avaient boycotté la
cérémonie d’ouverture de Sotchi n’ont de
leur côté pas le moins du monde respecté
la-dite trêve, et se sont rendus en
masse en Ukraine pour encourager
ouvertement place Maïdan, en flagrante
ingérence dans les affaires intérieures
d’un état souverain, des insurgés qui
cherchaient à renverser un chef d’état
certes corrompu mais on ne peut plus
légitimement élu, au seul prétexte qu’il
avait commis un crime de lèse-majesté
impardonnable : avoir finalement, après
de multiples tergiversations, refuser de
signer un traité d’association avec
l’Union Européenne.
Photo:
D.R.
Du moment qu’il
emmerde les Russes, le fascisme
ukrainien n’a pas d’odeur !
Bien entendu, les médias français
nous ont -une fois de plus, et quelle
surprise !- sorti le même refrain
frelaté et usé jusqu’à la corde : en
Ukraine comme en Tunisie ou en Egypte
lors des « printemps arabes », un
peu plus tard à Misrata en Libye, ou en
ce moment même en Syrie, ce sont donc
des « foules courageuses de citoyens
épris de liberté et de démocratie »
(à l’occidentale, cela va sans dire,
mais encore bien mieux en le matraquant
à longueur de reportages) qui se sont
dressées pacifiquement face à un pouvoir
violent, totalitaire et corrompu
(concernant ce dernier point, quelle
découverte concernant tous les
gouvernements ukrainiens successifs,
depuis la chute de l’URSS).
Certes, toute personne qui a un peu
voulu en savoir plus sur la
« non-violence » et l’esprit
démocratique des insurgés sait
aujourd’hui à quoi s’en tenir (2). Et
pour ce qui est de l’implication
immédiatement décrétée par nos médias du
pouvoir renversé par la force dans le
macabre bilan des victimes des dernières
semaines, j’incite vivement le lecteur à
prendre connaissance plus bas du
témoignage du Ministre des Affaires
étrangères estonien, Urmas Paet,
témoignage officiel mais totalement
passé sous silence (et on ne se demande
pas pourquoi) par la presse et les
autorités européennes (3).
Photo:
D.R.
Or, si les médias nous l’ont dans un
premier temps soigneusement caché, avant
la pleine réussite du coup d’état, on le
sait aujourd’hui : les principaux
instigateurs de ce que l’on a appelé l’EuroMaidan
sont bien les troupes de chocs
d’organisations clairement fascisantes,
voire même carrément néo-nazies, souvent
paramilitaires, ayant noms Svoboda,
Pravyi Sektor, Patriotes
d’Ukraine, Trizouba, ou
UNA-Unso.
Des partis ou groupuscules
ouvertement racistes, antisémites,
ultra-violents tous originaires de la
presque seule Galicie, où il n’est pas
rare d’assister à des grandes
célébrations à la mémoire du
collaborationnisme nazi ou de la Waffen
SS. Le parti néo-fasciste Svoboda
y a d’ailleurs obtenu la presque
totalité de ses deux millions de voix
aux dernières élections législatives
ukrainiennes. Svoboda, dont le
chef Oleg Tiagnibok n’hésite pas à
régulièrement faire le salut hitlérien
(qui n’est sans doute en réalité qu’une
quenelle inversée ?). Ce qui ne
l’empêche pas d’être reçu, consulté,
encouragé avec le sourire par Catherine
Asthon, haut représentant de l’Union
Européenne pour les affaires étrangères
et la politique de sécurité, ou John
McCain, sénateur et ancien candidat à
l’élection présidentielle américaine
(voir photos).
Photos:
D.R.
Ce sont bien ces groupes, véritables
milices armées, qui ont « assuré la
sécurité » sur la place Maïdan et
devant la Maison des syndicats, prise
par la force et devenue le QG du
mouvement d’insurrection, qui ont
organisé les barricades ou recouru à la
force (à grands coups de barres de fer,
de cocktails Molotov ou même d’armes à
feu) contre les forces de l’ordre
ukrainiennes. Milices néo-fascistes
bénies par les prêtres de l’église
uniate eux aussi pour l’essentiel venus
de Galicie, prêtres si complaisamment
montrés bénissant les rebelles dans de
très nombreux reportages télévisés
français, sans que jamais soient évoqués
leur idéologie et leurs invraisemblables
« sermons », comme par exemple celui de
Mikhaïlo Arsenych, curé d’une église
uniate de la région d’Ivano-Frankovsk,
déclarant entre autres joyeusetés : « À
présent, nous sommes prêts pour la
révolution… Les seules méthodes de
combat efficaces sont l’assassinat et la
terreur !… Nous voulons être sûrs que
pas un Chinois, pas un Nègre, pas un
Juif ni un Moscovite ne viendra demain
confisquer notre terre » (4).
Une omniprésence de ces milices
extrémistes que même le journal
Libération, pourtant violemment
russophobe, a fini par devoir
reconnaître, sous la plume de son
correspondant à Kiev Sébastien Gobert.
Je cite :
« les photos de jeunes hommes
casqués, le visage recouvert d’un
passe-montagne, un pistolet ou un
semblant d’arme automatique à la main,
c’est choquant… L’EuroMaidan, ce
mouvement de protestations
antigouvernementales, que l’on décrit,
de manière de moins en moins justifiée,
comme une mobilisation proeuropéenne…Que
s’est-il passé pour que les manifestants
en viennent à recourir à cette extrême
violence ?… Et si les allégations de
«militants fascistes» et «d’extrémisme»,
véhiculées par le régime de Victor
Ianoukovitch à l’encontre de ses
opposants, étaient fondées ? » (5)
Stepan Bandera, la
figure tutélaire des révolutionnaires du
Maïdan
Photo:
D.R.
L’homme dont la plupart de ces
groupuscules se réclament plus ou moins
ouvertement est Stepan Bandera. Né en
1909 dans ce qui était encore
l’Autriche-Hongrie, Stepan Bandera a
dirigé l’organisation des nationalistes
ukrainiens (OUN) et fondé l’armée
insurrectionnelle ukrainienne, sa
branche armée (UPA).
Dès les années trente, sous
souveraineté polonaise et au nom du
nationalisme ukrainien, Bandera et l’OUN
déclenchent une vague d’assassinats
politiques, directement financées par le
Reich nazi d’Adolf Hitler. Condamné à
mort en 1934 (une peine commuée en
prison à vie) pour avoir organisé un
attentat contre Bronisław Pieracki, le
ministre de l’Intérieur polonais,
Bandera sort de prison en 1939 grâce à
l’offensive de l’armée nazie qui a
envahi la Pologne.
En septembre 1939, après la signature
du Pacte germano-soviétique, l’URSS
envahit l’Ukraine occidentale. En
octobre, Bandera arrive à Cracovie et
participe à l’organisation de deux
bataillons ukrainiens au sein de l’armée
nazie : le bataillon Nachtigall et le
bataillon Roland, qui forment la Légion
ukrainienne. Certains de ses partisans
ont également formé plusieurs divisions
ukrainiennes (dites galiciennes par les
nazis) de la Waffen SS.
Dès 1941, Bandera et le régime nazi
voient leurs intérêts diverger : Bandera
est en effet nommé au gouvernement du
nouvel État décrété par les
nationalistes ukrainiens et proclamé le
30 juin 1941 à Lviv. Cet État n’est pas
reconnu par les Allemands, les artisans
de sa proclamation sont arrêtés, et
parmi eux Bandera, qui est transféré à
Berlin. En 1944, face à l’avancée de
l’Armée Rouge, les nazis le libèrent
pour retrouver son concours mais
celui-ci n’adhère pas au Comité national
ukrainien qui prétend combattre l’URSS,
car il a compris que l’Allemagne ne peut
désormais que perdre la guerre, et que
toute collaboration avec elle est donc
désormais inutile et même dangereuse.
Après la guerre il restera en RFA où il
continuera jusque dans les années
cinquante à diriger les actions de l’OUN
dans l’Ukraine désormais soviétique. Il
mourra dans des circonstances tragiques
(par empoisonnement) le 15 octobre 1959
(6).
C’est ce même Stepan Bandera qui, il
y a quatre ans déjà, avait été élevé à
la dignité de « Héros d’Ukraine »
dans un décret signé le 22 janvier 2010
par le président ukrainien issu de la
Révolution Orange et « héros
démocratique » selon les
médias occidentaux, Viktor Iouchtchenko.
Une dignité pour le moins très
discutable, provoquant à l’époque un
tollé dans la Fédération de Russie comme
au sein de la population russophone
d’Ukraine, ainsi que la protestation du
Centre Simon-Wiesenthal adressée par
écrit à l’ambassade ukrainienne aux
États-Unis, concernant l’attribution de
ce titre hautement honorifique à un « collaborateur
nazi responsable du massacre de milliers
de Juifs pendant la guerre de 1939-1945 ».
Après l’arrivée au pouvoir en février
2010 de Viktor Ianoukovitch, ce
président indigne qui vient donc d’être
déchu par les héroïques « démocrates
ukrainiens », cet hommage avait été
annulé et le décret déclaré invalide.
Coup d’état
légitimé, mais intervention russe
demandée par la Crimée… illégale !
Photo:
D.R.
A l’issu de ce qui est donc bien un
véritable coup d’état, puis d’un vote
totalement illégal que la constitution
ukrainienne ne leur autorisait en aucune
façon, les députés ukrainiens, sous la
menace directe des groupes armés et
violents évoqués plus haut, craignant
vraisemblablement pour leur vie, ont
donc destitué le président légitime
d’Ukraine, Viktor Ianoukovitch.
Un gouvernement illégal, sans aucune
légitimité démocratique a été
immédiatement désigné par les
putschistes, portant à sa tête… Arseni
Iatseniouk. Une oie blanche susceptible
de tourner enfin la page noire de la
corruption d’état ukrainienne ? Voire…
Car c’est bien ce même Iatseniouk qui
fut nommé en novembre 2003, à
seulement 29 ans… vice-président de la
Banque nationale d’Ukraine (tiens,
tiens !). Ce même Iatseniouk qui, nommé
en 2005 ministre des Affaires
économiques dans le gouvernement de
Youri Iekhanourov, initia grandement les
pourparlers avec l’Union Européenne,
puis avec l’OMC (quel hasard !).
Toujours le même Iatseniouk, qui, élu
président de l’assemblée ukrainienne par
227 voix sur 450 en novembre 2007, fut
contraint à la démission moins d’un an
plus tard devant la fronde d’une très
forte majorité de députés ukrainiens.
Iatseniouk encore, qui se présenta en
2009 à l’élection présidentielle
ukrainienne, et dont la campagne, bien
qu’il affirmât à l’époque ne bénéficier
d’aucune alliance avec une quelconque
force politique, fut estimée entre 60 et
70 millions de dollars (comme c’est
étrange…). Iatseniouk enfin, qui malgré
les millions de dollars dépensés,
récolta … 6, 96 % de voix à l’élection
présidentielle (7). C’est dire la
légitimité, la représentativité du
nouveau chef de l’Ukraine « démocratique »
!
Mais le plus beau est encore ailleurs
: le nouvel homme fort de l’Ukraine est
-divine surprise !- justement pile-poil
celui qu’avait choisi de mettre en avant
la sous-secrétaire d’état américaine
Victoria Nuland, dans la désormais
célébrissime conversation téléphonique
enregistrée à ses dépens en janvier 2014
et dont les médias et les gouvernements
européens n’ont fort opportunément
choisi de retenir que le très fameux « fuck
the UE ! ». Une conversation où
Victoria Nuland exposait aussi très
clairement sa parfaite connaissance de
la réelle nature de « Tiagnibok et
ses gars »(8). Avouez avec moi que
le hasard fait bigrement bien les choses
!
Un chef plus légitime (on l’a vu)
pour une politique plus démocratique
(parait-il) ? Les premières décisions
issues de la « révolution ukrainienne »
ont immédiatement mis les choses au
point :
- Interdiction dans plusieurs
provinces d’Ukraine du Parti des
Régions (le parti de Viktor
Ianoukovitch) et du Parti Communiste
(KPU) comme étant « contraires à
l’intérêt national et violant les droits
et les libertés des citoyens de
l’Ukraine ». Ces partis
représentant, et excusez du peu … 43,18
% du corps électoral aux élections
législatives de 2012 ! (9)
- Annulation de la loi linguistique
de 2012 qui autorisait les assemblées
régionales à déclarer « langue
régionale » celle qui est parlée par
au moins 10 % de la population. Ce qui
permettait aux citoyens russes (17 à 22
% de la population totale ukrainienne)
ou russophones (encore beaucoup plus
nombreux) de ces localités de faire leur
démarches administratives et de recevoir
un enseignement dans leur langue natale,
ainsi qu’aux assemblées régionales ou
locales de délibérer en russe.
- Nomination de Oleg Makhnitski,
membre du parti néo-fasciste Svoboda
de Oleg Tiagnibok (toujours
lui !), richissime avocat d’affaires et
principal financier selon Forbes
de la droite extrême ukrainienne, au
poste de procureur général par intérim,
c’est à dire principal responsable de la
justice dans la nouvelle Ukraine.
Celui-ci a immédiatement réclamé un
mandat d’arrêt international pour « meurtres
de masse » contre le président
démocratiquement élu et illégalement
déchu Viktor Ianoukovitch.
Miliciens
de l’UPA, l’Armée Insurrectionnelle
Ukrainienne, qui avec Svoboda,
a grandement initié puis encadré les
évènements de la place Maïdan.
Photos:
D.R.
Quand l’ hôpital
militaire américain se fout de la
charité russe
On connaît la suite : affolés par ces
premières mesures totalement
liberticides et ouvertement russophobes,
une grande partie de l’est de l’Ukraine
s’est inquiétée ou carrément plus ou
moins ouvertement rebellée contre le
nouveau pouvoir auto-installé à Kiev.
Les drapeaux russes ont fleuri un peu
partout dans le pays oriental qui se
sent proche de Moscou, le gouvernement
de Crimée a refusé de reconnaître le
gouvernement putschiste, puis appelé
officiellement la Russie à l’aide. Enfin
libéré du joug olympien qui l’avait
jusqu’alors empêché d’agir, Vladimir
Poutine a immédiatement répondu à cet
appel et figé, sans la moindre effusion
de sang et d’un simple claquement de
doigt, le processus délétère et
potentiellement générateur de guerre
civile en cours en Ukraine.
Photo:
D.R.
Ce qui a donc mis les Etats-Unis et
l’Union Européenne, jusqu’alors libres
comme l’air pour mener à bien leurs
manipulations et autres ingérences, en
rage : les condamnations de la fameuse
et fumeuse « communauté
internationale » (c’est-à-dire
encore une fois du seul bloc
occidental), toutes plus ou moins
grandiloquentes et outragées, ont
immédiatement inondé les ondes et les
journaux de tous les médias. Et on nous
a ressorti le spectre de la guerre
froide et de l’ogre hégémonique
soviétique. S’est dans le même temps
enclenché un sacré, un invraisemblable
numéro, celui de l’hôpital militaire
américain (pourtant à l’œuvre un peu
partout dans le monde) se foutant
ouvertement de la charité russe
(circoncise à la seule Ukraine).
Une Ukraine en réalité en grande
partie russophone, et même pour une
forte minorité de sa population, de
nationalité russe. Une Ukraine, berceau
originel de la Russie historique (Kiev
est un peu leur Reims à eux), et une
Crimée qui n’a jamais été ukrainienne,
mais qui lui fut « offerte » en un
invraisemblable fait du prince le 19
février 1954 par Nikita Khrouchtchev,
président de l’URSS d’origine
ukrainienne, à l’occasion du 300e
anniversaire de la réunification de la
Russie et de l’Ukraine.
Que les stipendiaires des américains
qui accablent Vladimir Poutine et qui
l’accusent aujourd’hui d’insupportable
ingérence dans les affaires d’un pays
souverain, citent seulement UN pays dans
lequel USA et OTAN (et malheureusement
aussi la France) sont intervenus durant
les deux décennies passées, déclenchant
à chaque fois des cataclysmes
géopolitiques et de terribles bains de
sang, avec plus de légitimité -et
qu’elle soit historique ou diplomatique-
que celle que la Russie a de le faire,
aujourd’hui, en Crimée.
La palme dans le culot himalayen
était revenue dans un premier temps au
Secrétaire d’Etat américain John Kerry,
dans l’émission Face The Nation
sur la chaîne CBS. Le chef de la
diplomatie américaine estimant en cette
occasion que Moscou avait un « comportement
datant du XIXe siècle en envahissant un
autre pays sous un prétexte totalement
fallacieux ». De la part du
représentant d’un pays étant intervenu
totalement illégalement en de maintes
reprises (Irak, Pakistan, Kosovo) ou en
outrepassant très largement les
résolutions de l’ONU (Afghanistan,
Libye) dans nombre de pays souverains au
cours des dernières années, avouons que
l’argument ne manque pas de sel.
Difficile de faire mieux ? Avec nos amis
américains, il ne faut jamais
désespérer !
Photo:
D.R.
Car Hillary Clinton, ancienne
Secrétaire d’Etat et candidate presque
officielle à la succession de Barack
Obama lors de la prochaine élection
présidentielle américaine, ne voyant
décidément définitivement pas les nazis
là où ils se trouvent (c’est-à-dire
place Maïdan), a fait péter tous les
records en matière de
point Godwin, déclarant carrément :
« Si vous avez l’impression d’avoir
déjà vu cela, c’est parce que c’est ce
qu’a fait Hitler dans les années 1930 »,
comparant encore « la délivrance de
passeports russes aux Ukrainiens qui ont
des liens avec la Russie à des mesures
prises par l’Allemagne nazie avant
qu’Hitler n’envahisse des pays voisins »
(10). Sic transit, et même pas gloria
mundi…
Le regretté Michel Audiard avait
savoureusement décrété que « les
cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on
les reconnaît » (11)… Il faut bien
l’avouer ou le constater encore une
fois, les salopards aussi.
L’incontournable BHL
en cerise sur ce fort indigeste gâteau
Je sais, le repas qui vous a été
servi ici est déjà particulièrement
indigeste. Et pourtant, voici venu le
temps du dessert, qui, lui aussi, vous
posera certainement quelques soucis de
digestion. Nous le devons comme il se
doit au pâtissier en chef, à notre roi
incontesté de la tarte à la crème (dans
la figure), j’ai nommé l’inénarrable,
l’irremplaçable Bernard-Henri Lévy. Je
vous entends d’ici crier « non, par
pitié, pas lui ! »… Mais si, vous
allez voir, cela vaut le détour et
justifie le voyage, comme toujours avec
le gaillard !
Commençons par visionner le discours
délirant, belliciste, irresponsable et
totalement affranchi des réalités
géopolitiques locales du cuistre au
brushing, sur la place Maïdan :
Quelques jours après
ce grotesque réquisitoire anti-Poutine,
BHL était sur le plateau d’I-Télé devant
Laurence Ferrari. La réalité des
mouvements ayant initié la « révolte
démocratique » ukrainienne étant
peu à peu timidement apparue à la
lumière médiatique, et fort peu
agressivement questionné à ce sujet par
son interlocutrice, notre guignol de
gala fit la sortie suivante :
« L’équivalent du parti Svoboda en
France, c’est le front National de
Marine Le Pen »… « Il n’y a pas
plus d’extrême-droite en Ukraine qu’en
France »… Tu l’as dit, bouffon, les
faits et références relatés dans cet
article et les images qui l’accompagnent
le montrent, en effet !
Et quoique l’on puisse par ailleurs
penser du Front National de Marine Le
Pen, que notre gugusse est tout à fait
libre de combattre politiquement, oser
le comparer ainsi aux hordes
paramilitaires néo-nazies ukrainiennes
qu’on a vu à l’œuvre place Maïdan et qui
ont de fait renversé par la violence et
même le meurtre le gouvernement légal du
pays relève véritablement de la
crétinerie crasse ou, plus certainement
encore, de la crapulerie de concours.
Balançant de telles énormités sans
être aucunement contredit face à une
« journaliste » qui a prouvé en cette
occasion et une fois de plus que, malgré
un patronyme et -osons le dire- un
physique de voiture de grand luxe
italienne, elle avait bien, en guise de
cerveau, un misérable moteur
intellectuel à peine digne d’une
Trabant et une pugnacité
journalistique frôlant le zéro absolu,
notre histrion médiatique hier encore
seulement grotesque jusqu’à l’exubérance
mais aujourd’hui hélas (et depuis sa
tragique et criminelle épopée libyenne)
reconverti en ignoble fauteur de guerre,
a prouvé lui aussi une fois encore qu’il
pouvait faire fonction de parfaite
boussole inversée en matière d’honnêteté
intellectuelle, de mesure, d’analyse et
de compétence géopolitique, de
conscience de ses propres limites enfin,
limites qui sont pourtant jour après
jour, et pour tout autre que lui, de
plus en plus aveuglantes.
BHL, ou le symbole éclatant de
l’outrecuidance et de l’impérialisme
occidentaux à la solde de l’empire
américain. Empire qui n’est d’ailleurs
en réalité que le grossier faux nez d’un
impérialisme nettement plus discret,
oligarchique, financier et souvent
fortement communautaire, dont le sieur
Lévy est l’un des plus virulents
laudateurs, pour des raisons qui n’ont
bien entendu rien à voir avec le
tribalisme, et qui a principalement ses
quartiers à New York, Londres, ou Tel
Aviv.
Que dire pour finir d’un pays -le
nôtre- qui refuse l’asile politique à un
Edward Snowden, mais ne cesse d’offrir
tribunes médiatiques et passe-partout
élyséen à un Bernard-Henri Lévy ? USA,
Maïdan, Union Européenne, Svoboda,
Ashton, Kerry, Iatseniouk, Clinton, BHL…
Vous avez dit obscène ?
Marc LEROY – La Plume à
Gratter
(1)
Liste des pays par population (Wikipedia).
(2)
A Kiev, rien de nouveau – Par Michel
Geoffroy ;
L’UE a soutenu un putsch contre un
gouvernement démocratiquement élu – Par
Aymeric Chauprade ;
Des organisations nazies font irruption
sur la scène européenne – Par Réseau
Voltaire.
(3) « Les autorités estoniennes
ont confirmé l’authenticité d’un
entretien dans lequel le ministre des
Affaires étrangères Urmas Paet déclare à
la chef de la diplomatie européenne
Catherine Ashton que selon toute
vraisemblance, les leaders de
l’opposition ukrainienne ont recruté les
snipers qui ont tiré sur les
manifestants et les policiers lors des
troubles à Kiev ».
Article de RiaNovosti du 05 mars
2014.
(4) Vidéo :
Greek Catholic (Uniate) Clergyman in
Ukraine calls to kick out Blacks, Jews
and Russians.
(5)
Ukraine : l’extrême droite s’incruste
dans les manifs à Kiev,
Libération, 23 janvier 2014.
(6)
Biographie de Stepan Bandera.
(7)
Arseni Iatseniouk sur Wikipedia.
(8) Extrait de la conversation de
Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat
et Geoffrey R. Pyatt, ambassadeur US en
Ukraine, en janvier 2014 :
Victoria Nuland : « Bon. Je ne
pense pas que Klitsch [surnom de
Klitschko] devrait être dans le
gouvernement. Je ne pense pas qu’il soit
nécessaire, je ne pense pas que ce soit
une bonne idée ».
Geoffrey R. Pyatt : « Oui, je veux
dire… je suppose… Pour ce qui est de sa
non-participation au gouvernement, je
serais d’avis de le laisser en dehors
pour qu’il se consacre à ses obligations
politiques. Je ne fais que réfléchir,
pour trier les options pour avancer,
nous voulons garder ensemble les
démocrates modérés. Le problème sera
avec Tyahnybok et ses gars. Et, vous
savez, je suis sûr que cela fait partie
du calcul de Ianoukovytch ».
Victoria Nuland : « Je pense Yats
[surnom de Iatseniouk], c’est le gars.
Il a de l’expérience économique et de
l’expérience de gouverner. C’est le
gars. Vous savez, ce qu’il a besoin,
c’est que Klitsch et Tyahnybok restent à
l’extérieur. Nous aurons besoin de leur
parler quatre fois par semaine. Vous
savez, je pense juste que si Klitchko
entre, il va devoir travailler à ce
niveau avec Iatseniouk, c’est juste que
ça ne va pas marcher… »
Geoffrey R. Pyatt : « Ouais, ouais
, je pense que c’est vrai. Ok , bon.
Souhaitez-vous que nous organisions un
appel avec lui comme prochaine étape ? »
Victoria Nuland : « Ma conception
de l’appel dont vous parlez, c’est que
les trois grands participent à leur
propre réunion et que Yats leur propose
dans ce contexte. Vous le savez, une
conversation « trois plus un » ou
« trois plus deux » si vous participez.
C’est ainsi que vous le comprenez ? »
Intégralité de la conversation
ici.
(9) 30 % pour le Parti des Régions,
13,18 % pour le KPU (résultats
des élections législatives ukrainiennes
de 2012, Wikipedia).
(10)
Hillary Clinton compare la méthode de
Poutine à celle de Hitler, Le
Point, 05 mars 2014.
(11) Les Tontons Flingueurs,
dialogues de Michel Audiard.
Publié le 7 mars
2014 - Source :
La Plume à Gratter
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