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Opinion

Coup d’état en Ukraine : cachons donc ces néo-nazis
qu’ USA, UE… et BHL ne sauraient voir !

Marc Leroy


Photo: D.R.

Jeudi 6 mars 2014

Depuis Timisoara et la chute des Ceausescu, depuis les deux invasions de l’Irak ou celle d’Afghanistan, depuis la guerre « mondiale » enclenchée contre la Serbie à propos du Kosovo, ou beaucoup plus récemment la catastrophique « intervention » en Libye et la délirante et unilatérale présentation du drame syrien, on sait bien que les dirigeants des principaux états occidentaux, vassaux serviles d’une Amérique qui mène systématiquement la danse macabre, n’hésitent devant aucun raccourci, aucune omission volontaire, aucun mensonge pour repeindre l’histoire en marche aux couleurs qui les arrangent, et pour susciter, provoquer puis utiliser un peu partout dans le monde des évènements, des troubles ou carrément des violences à même de servir les seuls  intérêts de l’ « empire du bien » qu’ils prétendent incarner.

On sait qu’en chacune de ces occasions aux conséquences toujours tragiques, parfois cataclysmiques, ces mêmes états occidentaux que l’on peut à juste titre qualifier de « voyous », en cela qu’ils violent systématiquement et sans aucun complexe (ni conséquence) toutes les règles du Droit International et le principe même de la souveraineté des états pourtant gravée dans le marbre de la Charte des Nations-Unies (et la France fait aujourd’hui totalement partie de ces états voyous, notamment depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, et son intervention criminelle en Libye sous pavillon béhachélien), on sait donc que les mensonges de pure propagande de ces états ont toujours été relayés systématiquement et avec grand zèle par la quasi-totalité de nos médias.

Médias qui ont notamment pris l’habitude pour le moins saugrenue de reprendre comme un seul homme et sans se poser de questions le qualificatif fumeux s’il en est de « communauté internationale » que ce quarteron d’états s’auto-attribue d’autorité à chaque nouvelle opération de piraterie impériale.

Une « communauté internationale » qui n’inclut pas, ce qui ne gêne apparemment en rien ceux qui la mettent systématiquement en avant, et excusez du peu : le plus grand pays du monde, la Russie, les deux pays de loin les plus peuplés, la Chine et l’Inde, la quasi-totalité de l’Amérique du Sud, la quasi-totalité de l’Afrique et une bonne partie de l’Asie. Une « communauté internationale » en réalité donc réduite à peau de chagrin, qui ne représente guère plus et au grand maximum qu’un presque ridicule sixième de la population mondiale (1), quasiment uniquement constituée des pays membres de l’OTAN, plus quelques pays affidés et hautement recommandables comme l’Arabie Saoudite, le Qatar ou Israël. Une « communauté internationale » (on ne s’en lasse pas) qui n’est donc bien qu’un simple syndicat d’intérêts géopolitiques et géostratégiques de l’Occident, on devrait d’ailleurs bien plus encore écrire « d’intérêt » unique : celui des seuls Etats-Unis, systématiquement à la manœuvre.

La propagande US repasse sans cesse les plats : aujourd’hui donc en tête d’affiche, l’Ukraine !

Après l’Irak, l’Afghanistan, Le Kosovo, la Libye, la Syrie, c’est donc à présent à une déstabilisation fortement initiée et attisée de l’extérieur, puis à un véritable coup d’état que nous venons d’assister en Ukraine. Une déstabilisation, par un fort heureux hasard, mise en œuvre au moment même où le grand frère russe et tonton Poutine étaient presque exclusivement occupés à la tenue (et la pleine réussite) des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, les mains liées dans le dos en cette occasion par la trêve olympique !

Pendant les semaines durant lesquelles se sont déroulés les Jeux, les représentants américains et européens qui avaient boycotté la cérémonie d’ouverture de Sotchi n’ont de leur côté pas le moins du monde respecté la-dite trêve, et se sont rendus en masse en Ukraine pour encourager ouvertement place Maïdan, en flagrante ingérence dans les affaires intérieures d’un état souverain, des insurgés qui cherchaient à renverser un chef d’état certes corrompu mais on ne peut plus légitimement élu, au seul prétexte qu’il avait commis un crime de lèse-majesté impardonnable : avoir finalement, après de multiples tergiversations, refuser de signer un traité d’association avec l’Union Européenne.


Photo: D.R.

Du moment qu’il emmerde les Russes, le fascisme ukrainien n’a pas d’odeur !

Bien entendu, les médias français nous ont -une fois de plus, et quelle surprise !- sorti le même refrain frelaté et usé jusqu’à la corde : en Ukraine comme en Tunisie ou en Egypte lors des « printemps arabes », un peu plus tard à Misrata en Libye, ou en ce moment même en Syrie, ce sont donc des « foules courageuses de citoyens épris de liberté et de démocratie » (à l’occidentale, cela va sans dire, mais encore bien mieux en le matraquant à longueur de reportages) qui se sont dressées pacifiquement face à un pouvoir violent, totalitaire et corrompu (concernant ce dernier point, quelle découverte concernant tous les gouvernements ukrainiens successifs, depuis la chute de l’URSS).

Certes, toute personne qui a un peu voulu en savoir plus sur la « non-violence » et l’esprit démocratique des insurgés sait aujourd’hui à quoi s’en tenir (2). Et pour ce qui est de l’implication immédiatement décrétée par nos médias du pouvoir renversé par la force dans le macabre bilan des victimes des dernières semaines, j’incite vivement le lecteur à prendre connaissance plus bas du témoignage du Ministre des Affaires étrangères estonien, Urmas Paet, témoignage officiel mais totalement passé sous silence (et on ne se demande pas pourquoi) par la presse et les autorités européennes (3).


Photo: D.R.

Or, si les médias nous l’ont dans un premier temps soigneusement caché, avant la pleine réussite du coup d’état, on le sait aujourd’hui : les principaux instigateurs de ce que l’on a appelé l’EuroMaidan sont bien les troupes de chocs d’organisations clairement fascisantes, voire même carrément néo-nazies, souvent paramilitaires, ayant noms Svoboda, Pravyi Sektor, Patriotes d’Ukraine, Trizouba, ou UNA-Unso.

Des partis ou groupuscules ouvertement racistes, antisémites, ultra-violents tous originaires de la presque seule Galicie, où il n’est pas rare d’assister à des grandes célébrations à la mémoire du collaborationnisme nazi ou de la Waffen SS. Le parti néo-fasciste Svoboda y a d’ailleurs obtenu la presque totalité de ses deux millions de voix aux dernières élections législatives ukrainiennes. Svoboda, dont le chef Oleg Tiagnibok n’hésite pas à régulièrement faire le salut hitlérien (qui n’est sans doute en réalité qu’une quenelle inversée ?). Ce qui ne l’empêche pas d’être reçu, consulté, encouragé avec le sourire par Catherine Asthon, haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ou John McCain, sénateur et ancien candidat à l’élection présidentielle américaine (voir photos).


Photos: D.R.

Ce sont bien ces groupes, véritables milices armées, qui ont « assuré la sécurité » sur la place Maïdan et devant la Maison des syndicats, prise par la force et devenue le QG du mouvement d’insurrection, qui ont organisé les barricades ou recouru à la force (à grands coups de barres de fer, de cocktails Molotov ou même d’armes à feu) contre les forces de l’ordre ukrainiennes. Milices néo-fascistes bénies par les prêtres de l’église uniate eux aussi pour l’essentiel venus de Galicie, prêtres si complaisamment montrés bénissant les rebelles dans de très nombreux reportages télévisés français, sans que jamais soient évoqués leur idéologie et leurs invraisemblables « sermons », comme par exemple celui de Mikhaïlo Arsenych, curé d’une église uniate de la région d’Ivano-Frankovsk, déclarant entre autres joyeusetés : « À présent, nous sommes prêts pour la révolution… Les seules méthodes de combat efficaces sont l’assassinat et la terreur !… Nous voulons être sûrs que pas un Chinois, pas un Nègre, pas un Juif ni un Moscovite ne viendra demain confisquer notre terre » (4).

Une omniprésence de ces milices extrémistes que même le journal Libération, pourtant violemment russophobe, a fini par devoir reconnaître, sous la plume de son correspondant à Kiev Sébastien Gobert. Je cite :

« les photos de jeunes hommes casqués, le visage recouvert d’un passe-montagne, un pistolet ou un semblant d’arme automatique à la main, c’est choquant… L’EuroMaidan, ce mouvement de protestations antigouvernementales, que l’on décrit, de manière de moins en moins justifiée, comme une mobilisation proeuropéenne…Que s’est-il passé pour que les manifestants en viennent à recourir à cette extrême violence ?… Et si les allégations de «militants fascistes» et «d’extrémisme», véhiculées par le régime de Victor Ianoukovitch à l’encontre de ses opposants, étaient fondées ? » (5)

Stepan Bandera, la figure tutélaire des révolutionnaires du Maïdan


Photo: D.R.

L’homme dont la plupart de ces groupuscules se réclament plus ou moins ouvertement est Stepan Bandera. Né en 1909 dans ce qui était encore l’Autriche-Hongrie, Stepan Bandera a dirigé l’organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et fondé l’armée insurrectionnelle ukrainienne, sa branche armée (UPA).

Dès les années trente, sous souveraineté polonaise et au nom du nationalisme ukrainien, Bandera et l’OUN déclenchent une vague d’assassinats politiques, directement financées par le Reich nazi d’Adolf Hitler. Condamné à mort en 1934 (une peine commuée en prison à vie) pour avoir organisé un attentat contre Bronisław Pieracki, le ministre de l’Intérieur polonais, Bandera sort de prison en 1939 grâce à l’offensive de l’armée nazie qui a envahi la Pologne.

En septembre 1939, après la signature du Pacte germano-soviétique, l’URSS envahit l’Ukraine occidentale. En octobre, Bandera arrive à Cracovie et participe à l’organisation de deux bataillons ukrainiens au sein de l’armée nazie : le bataillon Nachtigall et le bataillon Roland, qui forment la Légion ukrainienne. Certains de ses partisans ont également formé plusieurs divisions ukrainiennes (dites galiciennes par les nazis) de la Waffen SS.

Dès 1941, Bandera et le régime nazi voient leurs intérêts diverger : Bandera est en effet nommé au gouvernement du nouvel État décrété par les nationalistes ukrainiens  et proclamé le 30 juin 1941 à Lviv. Cet État n’est pas reconnu par les Allemands, les artisans de sa proclamation sont arrêtés, et parmi eux Bandera, qui est transféré à Berlin. En 1944, face à l’avancée de l’Armée Rouge, les nazis le libèrent pour retrouver son concours mais celui-ci n’adhère pas au Comité national ukrainien qui prétend combattre l’URSS, car il a compris que l’Allemagne ne peut désormais que perdre la guerre, et que toute collaboration avec elle est donc désormais inutile et même dangereuse. Après la guerre il restera en RFA où il continuera jusque dans les années cinquante à diriger les actions de l’OUN dans l’Ukraine désormais soviétique. Il mourra dans des circonstances tragiques (par empoisonnement) le 15 octobre 1959 (6).

C’est ce même Stepan Bandera qui, il y a quatre ans déjà, avait été élevé à la dignité de « Héros d’Ukraine » dans un décret signé le 22 janvier 2010 par le président ukrainien issu de la Révolution Orange et « héros démocratique » selon les médias occidentaux, Viktor Iouchtchenko. Une dignité pour le moins très discutable, provoquant à l’époque un tollé dans la Fédération de Russie comme au sein de la population russophone d’Ukraine, ainsi que la protestation du Centre Simon-Wiesenthal adressée par écrit à l’ambassade ukrainienne aux États-Unis, concernant l’attribution de ce titre hautement honorifique à un « collaborateur nazi responsable du massacre de milliers de Juifs pendant la guerre de 1939-1945 ».

Après l’arrivée au pouvoir en février 2010 de Viktor Ianoukovitch, ce président indigne qui vient donc d’être déchu par les héroïques « démocrates ukrainiens », cet hommage avait été annulé et le décret déclaré invalide.

Coup d’état légitimé, mais intervention russe demandée par la Crimée… illégale !


Photo: D.R.

A l’issu de ce qui est donc bien un véritable coup d’état, puis d’un vote totalement illégal que la constitution ukrainienne ne leur autorisait en aucune façon, les députés ukrainiens, sous la menace directe des groupes armés et violents évoqués plus haut, craignant vraisemblablement pour leur vie, ont donc destitué le président légitime d’Ukraine, Viktor Ianoukovitch.

Un gouvernement illégal, sans aucune légitimité démocratique a été immédiatement désigné par les putschistes, portant à sa tête… Arseni Iatseniouk. Une oie blanche susceptible de tourner enfin la page noire de la corruption d’état ukrainienne ? Voire…

Car c’est bien ce même Iatseniouk qui fut nommé en  novembre 2003, à seulement 29 ans… vice-président de la Banque nationale d’Ukraine (tiens, tiens !). Ce même Iatseniouk qui, nommé en 2005 ministre des Affaires économiques dans le gouvernement de Youri Iekhanourov, initia grandement les pourparlers avec l’Union Européenne, puis avec l’OMC (quel hasard !). Toujours le même Iatseniouk, qui, élu président de l’assemblée ukrainienne par 227 voix sur 450 en novembre 2007, fut contraint à la démission moins d’un an plus tard devant la fronde d’une très forte majorité de députés ukrainiens. Iatseniouk encore, qui se présenta en 2009 à l’élection présidentielle ukrainienne, et dont la campagne, bien qu’il affirmât à l’époque ne bénéficier d’aucune alliance avec une quelconque force politique, fut estimée entre 60 et 70 millions de dollars (comme c’est étrange…). Iatseniouk enfin, qui malgré les millions de dollars dépensés, récolta … 6, 96 % de voix à l’élection présidentielle (7). C’est dire la légitimité, la représentativité du nouveau chef de l’Ukraine « démocratique » !

Mais le plus beau est encore ailleurs : le nouvel homme fort de l’Ukraine est -divine surprise !- justement pile-poil celui qu’avait choisi de mettre en avant la sous-secrétaire d’état américaine Victoria Nuland, dans la désormais célébrissime conversation téléphonique enregistrée à ses dépens en janvier 2014 et dont les médias et les gouvernements européens n’ont fort opportunément choisi de retenir que le très fameux « fuck the UE ! ». Une conversation où Victoria Nuland exposait aussi très clairement sa parfaite connaissance de la réelle nature de « Tiagnibok et ses gars »(8). Avouez avec moi que le hasard fait bigrement bien les choses !

Un chef plus légitime (on l’a vu) pour une politique plus démocratique (parait-il) ? Les premières décisions issues de la « révolution ukrainienne » ont immédiatement mis les choses au point :

- Interdiction dans plusieurs provinces d’Ukraine du Parti des Régions (le parti de Viktor Ianoukovitch) et du Parti Communiste (KPU) comme étant « contraires à l’intérêt national et violant les droits et les libertés des citoyens de l’Ukraine ». Ces partis représentant, et excusez du peu … 43,18 % du corps électoral aux élections législatives de 2012 ! (9)

- Annulation de la loi linguistique de 2012 qui autorisait les assemblées régionales à déclarer « langue régionale » celle qui est parlée par au moins 10 % de la population. Ce qui permettait aux citoyens russes (17 à 22 % de la population totale ukrainienne) ou russophones (encore beaucoup plus nombreux) de ces localités de faire leur démarches administratives et de recevoir un enseignement dans leur langue natale, ainsi qu’aux assemblées régionales ou locales de délibérer en russe.

- Nomination de Oleg Makhnitski, membre du parti néo-fasciste Svoboda de Oleg Tiagnibok (toujours lui !), richissime avocat d’affaires et principal financier selon Forbes de la droite extrême ukrainienne, au poste de procureur général par intérim, c’est à dire principal responsable de la justice dans la nouvelle Ukraine. Celui-ci a immédiatement réclamé un mandat d’arrêt international pour « meurtres de masse » contre le président démocratiquement élu et illégalement déchu Viktor Ianoukovitch.


Miliciens de l’UPA, l’Armée Insurrectionnelle Ukrainienne, qui avec Svoboda,
a grandement initié puis encadré les évènements de la place Maïdan.
Photos: D.R.

Quand l’ hôpital militaire américain se fout de la charité russe

On connaît la suite : affolés par ces premières mesures totalement liberticides et ouvertement russophobes, une grande partie de l’est de l’Ukraine s’est inquiétée ou carrément plus ou moins ouvertement rebellée contre le nouveau pouvoir auto-installé à Kiev.  Les drapeaux russes ont fleuri un peu partout dans le pays oriental qui se sent proche de Moscou, le gouvernement de Crimée a refusé de reconnaître le gouvernement putschiste, puis appelé officiellement la Russie à l’aide. Enfin libéré du joug olympien qui l’avait jusqu’alors empêché d’agir, Vladimir Poutine a immédiatement répondu à cet appel et figé, sans la moindre effusion de sang et d’un simple claquement de doigt, le processus délétère et potentiellement générateur de guerre civile en cours en Ukraine.


Photo: D.R.

Ce qui a donc mis les Etats-Unis et l’Union Européenne, jusqu’alors libres comme l’air pour mener à bien leurs manipulations et autres ingérences, en rage : les condamnations de la fameuse et fumeuse « communauté internationale » (c’est-à-dire encore une fois du seul bloc occidental), toutes plus ou moins grandiloquentes et outragées, ont immédiatement inondé les ondes et les journaux de tous les médias. Et on nous a ressorti le spectre de la guerre froide et de l’ogre hégémonique soviétique. S’est dans le même temps enclenché un sacré, un invraisemblable numéro, celui de l’hôpital militaire américain (pourtant à l’œuvre un peu partout dans le monde) se foutant ouvertement de la charité russe (circoncise à la seule Ukraine).

Une Ukraine en réalité en grande partie russophone, et même pour une forte minorité de sa population, de nationalité russe. Une Ukraine, berceau originel de la Russie historique (Kiev est un peu leur Reims à eux), et une Crimée qui n’a jamais été ukrainienne, mais qui lui fut « offerte » en un invraisemblable fait du prince le 19 février 1954 par Nikita Khrouchtchev, président de l’URSS d’origine ukrainienne, à l’occasion du 300e anniversaire de la réunification de la Russie et de l’Ukraine.

Que les stipendiaires des américains qui accablent Vladimir Poutine et qui l’accusent aujourd’hui d’insupportable ingérence dans les affaires d’un pays souverain, citent seulement UN pays dans lequel USA et OTAN (et malheureusement aussi la France) sont intervenus durant les deux décennies passées, déclenchant à chaque fois des cataclysmes géopolitiques et de terribles bains de sang, avec plus de légitimité -et qu’elle soit historique ou diplomatique- que celle que la Russie a de le faire, aujourd’hui, en Crimée.

La palme dans le culot himalayen était revenue dans un premier temps au Secrétaire d’Etat américain John Kerry, dans l’émission Face The Nation sur la chaîne CBS. Le chef de la diplomatie américaine estimant en cette occasion que Moscou avait un « comportement datant du XIXe siècle en envahissant un autre pays sous un prétexte totalement fallacieux ». De la part du représentant d’un pays étant intervenu totalement illégalement en de maintes reprises (Irak, Pakistan, Kosovo) ou en outrepassant très largement les résolutions de l’ONU (Afghanistan, Libye) dans nombre de pays souverains au cours des dernières années, avouons que l’argument ne manque pas de sel. Difficile de faire mieux ? Avec nos amis américains, il ne faut jamais désespérer !


Photo: D.R.

Car Hillary Clinton, ancienne Secrétaire d’Etat et candidate presque officielle à la succession de Barack Obama lors de la prochaine élection présidentielle américaine, ne voyant décidément définitivement pas les nazis là où ils se trouvent (c’est-à-dire place Maïdan), a fait péter tous les records en matière de point Godwin, déclarant carrément : « Si vous avez l’impression d’avoir déjà vu cela, c’est parce que c’est ce qu’a fait Hitler dans les années 1930 », comparant encore « la délivrance de passeports russes aux Ukrainiens qui ont des liens avec la Russie à des mesures prises par l’Allemagne nazie avant qu’Hitler n’envahisse des pays voisins » (10). Sic transit, et même pas gloria mundi…

Le regretté Michel Audiard avait savoureusement décrété que « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît » (11)… Il faut bien l’avouer ou le constater encore une fois, les salopards aussi.

L’incontournable BHL en cerise sur ce fort indigeste gâteau

Je sais, le repas qui vous a été servi ici est déjà particulièrement indigeste. Et pourtant, voici venu le temps du dessert, qui, lui aussi, vous posera certainement quelques soucis de digestion. Nous le devons comme il se doit au pâtissier en chef, à notre roi incontesté de la tarte à la crème (dans la figure), j’ai nommé l’inénarrable, l’irremplaçable Bernard-Henri Lévy. Je vous entends d’ici crier « non, par pitié, pas lui ! »… Mais si, vous allez voir, cela vaut le détour et justifie le voyage, comme toujours avec le gaillard !

Commençons par visionner le discours délirant, belliciste, irresponsable et totalement affranchi des réalités géopolitiques locales du cuistre au brushing, sur la place Maïdan :

Quelques jours après ce grotesque réquisitoire anti-Poutine, BHL était sur le plateau d’I-Télé devant Laurence Ferrari. La réalité des mouvements ayant initié la « révolte démocratique » ukrainienne étant peu à peu timidement apparue à la lumière médiatique, et fort peu agressivement questionné à ce sujet par son interlocutrice, notre guignol de gala fit la sortie suivante :

« L’équivalent du parti Svoboda en France, c’est le front National de Marine Le Pen »… « Il n’y a pas plus d’extrême-droite en Ukraine qu’en France »… Tu l’as dit, bouffon, les faits et références relatés dans cet article et les images qui l’accompagnent le montrent, en effet !

Et quoique l’on puisse par ailleurs penser du Front National de Marine Le Pen, que notre gugusse est tout à fait libre de combattre politiquement, oser le comparer ainsi aux hordes paramilitaires néo-nazies ukrainiennes qu’on a vu à l’œuvre place Maïdan et qui ont de fait renversé par la violence et même le meurtre le gouvernement légal du pays relève véritablement de la crétinerie crasse ou, plus certainement encore, de la crapulerie de concours.

Balançant de telles énormités sans être aucunement contredit face à une « journaliste » qui a prouvé en cette occasion et une fois de plus que, malgré un patronyme et -osons le dire- un physique de voiture de grand luxe italienne, elle avait bien, en guise de cerveau, un misérable moteur intellectuel à peine digne d’une Trabant et une pugnacité journalistique frôlant le zéro absolu, notre histrion médiatique hier encore seulement grotesque jusqu’à l’exubérance mais aujourd’hui hélas (et depuis sa tragique et criminelle épopée libyenne) reconverti en ignoble fauteur de guerre, a prouvé lui aussi une fois encore qu’il pouvait faire fonction de parfaite boussole inversée en matière d’honnêteté intellectuelle, de mesure, d’analyse et de compétence géopolitique, de conscience de ses propres limites enfin, limites qui sont pourtant jour après jour, et pour tout autre que lui, de plus en plus aveuglantes.

BHL, ou le symbole éclatant de l’outrecuidance et de l’impérialisme occidentaux à la solde de l’empire américain. Empire qui n’est d’ailleurs en réalité que le grossier faux nez d’un impérialisme nettement plus discret, oligarchique, financier et souvent fortement communautaire, dont le sieur Lévy est l’un des plus virulents laudateurs, pour des raisons qui n’ont bien entendu rien à voir avec le tribalisme, et qui a principalement ses quartiers à New York, Londres, ou Tel Aviv.

Que dire pour finir d’un pays -le nôtre- qui refuse l’asile politique à un Edward Snowden, mais ne cesse d’offrir tribunes médiatiques et passe-partout élyséen à un Bernard-Henri Lévy ? USA, Maïdan, Union Européenne, Svoboda, Ashton, Kerry, Iatseniouk, Clinton, BHL… Vous avez dit obscène ?

Marc LEROY – La Plume à Gratter

(1) Liste des pays par population (Wikipedia).

(2) A Kiev, rien de nouveau – Par Michel Geoffroy ; L’UE a soutenu un putsch contre un gouvernement démocratiquement élu – Par Aymeric Chauprade ; Des organisations nazies font irruption sur la scène européenne – Par Réseau Voltaire.

(3) « Les autorités estoniennes ont confirmé l’authenticité d’un entretien dans lequel le ministre des Affaires étrangères Urmas Paet déclare à la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton que selon toute vraisemblance, les leaders de l’opposition ukrainienne ont recruté les snipers qui ont tiré sur les manifestants et les policiers lors des troubles à Kiev ». Article de RiaNovosti du 05 mars 2014.

(4) Vidéo : Greek Catholic (Uniate) Clergyman in Ukraine calls to kick out Blacks, Jews and Russians.

(5) Ukraine : l’extrême droite s’incruste dans les manifs à Kiev, Libération, 23 janvier 2014.

(6) Biographie de Stepan Bandera.

(7) Arseni Iatseniouk sur Wikipedia.

(8) Extrait de la conversation de Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat et Geoffrey R. Pyatt, ambassadeur US en Ukraine, en janvier 2014 :

Victoria Nuland  : « Bon. Je ne pense pas que Klitsch [surnom de Klitschko] devrait être dans le gouvernement. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée ».

Geoffrey R. Pyatt : « Oui, je veux dire… je suppose… Pour ce qui est de sa non-participation au gouvernement, je serais d’avis de le laisser en dehors pour qu’il se consacre à ses obligations politiques. Je ne fais que réfléchir, pour trier les options pour avancer, nous voulons garder ensemble les démocrates modérés. Le problème sera avec Tyahnybok et ses gars. Et, vous savez, je suis sûr que cela fait partie du calcul de Ianoukovytch ».

Victoria Nuland  : « Je pense Yats [surnom de Iatseniouk], c’est le gars. Il a de l’expérience économique et de l’expérience de gouverner. C’est le gars. Vous savez, ce qu’il a besoin, c’est que Klitsch et Tyahnybok restent à l’extérieur. Nous aurons besoin de leur parler quatre fois par semaine. Vous savez, je pense juste que si Klitchko entre, il va devoir travailler à ce niveau avec Iatseniouk, c’est juste que ça ne va pas marcher… »

Geoffrey R. Pyatt : « Ouais, ouais , je pense que c’est vrai. Ok , bon. Souhaitez-vous que nous organisions un appel avec lui comme prochaine étape ? »

Victoria Nuland  : « Ma conception de l’appel dont vous parlez, c’est que les trois grands participent à leur propre réunion et que Yats leur propose dans ce contexte. Vous le savez, une conversation « trois plus un » ou « trois plus deux » si vous participez. C’est ainsi que vous le comprenez ? »

Intégralité de la conversation ici.

(9) 30 % pour le Parti des Régions, 13,18 % pour le KPU (résultats des élections législatives ukrainiennes de 2012, Wikipedia).

(10) Hillary Clinton compare la méthode de Poutine à celle de Hitler, Le Point, 05 mars 2014.

(11) Les Tontons Flingueurs, dialogues de Michel Audiard.

 

Publié le 7 mars 2014 - Source : La Plume à Gratter

 

 

   

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Source : La Plume à gratter
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