Décodage
anthropologique de l'histoire
contemporaine
De l'idiotie à la haute trahison
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Vendredi 27 avril 2018
Comment en
sommes-nous arrivés là ?
Le Président de la
République arabe syrienne, M. Bachar el
Assad, a assorti le renvoi de sa légion
d'honneur à la Présidence de la
République française du commentaire
suivant: "Il n'est point d'honneur
pour le Président Assad de porter une
décoration attribuée par un régime
esclave [...] des Etats-Unis et qui
soutient les terroristes."
C'est sous l'égide
conjointe des Etats-Unis d'Amérique, de
l'Angleterre et de l'ex-France de la
raison que nous avons tout subitement vu
débarquer sur la scène internationale un
nouveau souverain de l'histoire, sa
majesté l'idiotie alliée à la
soumission.
Qu'en est-il de ce
personnage?
Aux yeux du trio
nommé ci-dessus, le Président de la
Syrie serait un hurluberlu, le pire
idiot de la planète, qui mettrait
minutieusement au point des bombes au
sarin ou au chlore afin de se rendre
odieux aux yeux du monde entier. Il les
balancerait sur sa propre population, et
cela précisément chaque fois que son
armée remporte une victoire sur les
terroristes.
A ce degré,
d'idiotie et de démence prêtées à un
chef d'Etat, on peut s'interroger sur la
dose de mépris à l'égard de leurs
propres peuples qu'éprouvent les
dirigeants américains, anglais et
français. Ils jugent que leurs propres
peuples sont tellement idiots qu'ils
peuvent impunément avancer les arguments
les plus débiles sans que personne y
trouve à redire. Ce n'est possible que
parce que la presse écrite et télévisée
est si bien domestiquée par le pouvoir
et les propriétaires des médias que, par
crainte ou par lâcheté, les
journalistes, avec une unanimité
remarquable, se contentent de débiter
les communiqués officiels et
s'abstiennent de toute vérification
honnête et même d'une simple réaction de
bon sens.
Comment se fait-il
que ce délire collectif convainque
néanmoins tant de monde et entraîne la
conviction de tant de cervelles de bonne
foi? Comment se fait-il que l'immense
majorité des adeptes du christianisme se
trouve entraînée dans la conviction la
plus idiote qui se puisse imaginer,
celle selon laquelle ils mangeraient
tous les dimanches à la messe la chair
réelle et boiraient les hématies réelles
du sang d'une victime de leur rite
principal, crucifiée il y a deux mille
dix-huit ans. Cette croyance ancrée dans
les cervelles crée la possibilité
psychologique que l'invraisemblable et
l'absurde peuvent entrer dans le champ
du réel.
Pour le comprendre,
il faut se souvenir qu'un dogme
fondamental du christianisme enseigne
que la foi coopère intimement avec
l'absurdité. Mais il y a plus :
l'idiotie marque un point
supplémentaire. Elle allègue que
l'absurde constitue précisément la
condition de la vérité religieuse et
elle énonce le principe: "Credo quia
absurdum" - Je crois précisément
parce que c'est absurde.
Mais pour qu'une
religion puisse se fonder tout entière
sur l'idiotie dont elle se réclame
ouvertement, il faut bel et bien que le
genre humain appartienne à une espèce
tellement clopinante , flottante,
tremblante, interloquée et instable
qu'elle trouve un grand réconfort à se
fonder sur une idiotie hautement
rassurante. Si l'idiotie est un guide,
un oracle, un sésame, nous pouvons
courir les yeux fermés dans l'espace et
le temps, puisque notre dieu véritable -
l'idiotie - guidera des aveugles
volontaires parmi les récifs .
Ainsi, voici ce
qu'écrit Alain Jakubowicz,
l'ex-président de la Licra: "Quand le
Front national, demande des preuves de
l'utilisation d'armes chimiques contre
les populations civiles en Syrie, ça me
fait penser aux négationnistes qui
demandent la preuve de l'existence des
chambres à gaz".
Il ne se rend même
pas compte de son idiotie et des
conséquences pour les juifs d'établir un
parallèle qui en viendrait à prouver que
l'inexistence des armes chimiques en
Syrie induirait l'inexistence des
chambres à gaz en Allemagne. La même
proposition autrement formulée: il faut
qu'il y ait eu des armes chimiques en
Syrie pour que soit admise l'existence
des chambres à gaz en Allemagne.
Comment se fait-il
qu'Israël soutienne de ses louanges une
idiotie qui, à l'en croire, lui garantit
une prééminence indéracinable parmi
toutes les nations de la terre? Car
Jérusalem devenue tout subitement la
capitale d'une diaspora unifiée et
placée sous le casque de la Judée,
révèle maintenant que l'idiotie devenue
souveraine et universelle lui apporte la
preuve décisive de ce que si vous doutez
de la culpabilité de Bachar el Assad,
vous profanez la sacralité du peuple de
Jahvé.
Or, il est impie,
aux yeux du monde occidental, de douter
de la pestifération native du "boucher
de Damas". C'est pourquoi les
preuves de sa "culpabilité" sont
inutiles comme le clame logiquement
l'ex-président de la Licra. Cette "culpabilité"
est ontologique, comme doit être
ontologique l'affirmation de la pureté
Israël sur l'autel du salut universel.
Le contester, c'est profaner ciel et
terre.
Les Romains
disaient : Contestari deos hominesque
(Cicéron, Verres. 4, 29,67)
c'est-à-dire prendre à témoin les dieux
et les hommes. Le proconsul Verrès est
le seul personnage que Cicéron ait "diabolisé"
- si l'on me pardonne cet anachronisme
puisque, du temps de Cicéron, le diable
des chrétiens n'avait pas encore conquis
pignon sur rue. Mais Cicéron démonise
Verrès alors qu'il tient Catilina pour
un ennemi rationnel, un comploteur et un
émeutier légitimé en tant que sénateur
romain.
Ainsi l'la France
qui, par la voix notamment d'un Bernard
Guetta ou d'un Thomas Legrand démonise
jour après jour le Président de la
Syrie, ne présente jamais un dirigeant,
certes ennemi de son camp, mais
rationnel. Les chroniqueurs de la radio
d'Etat France Inter, prétendent
combattre à Damas un "boucher"
cruel, un demi-dément au sens clinique
du terme, un vampire qui se nourrit de
la chair et du sang du peuple syrien,
qu'il bombarde à tort et à travers à
l'aide des moyens les plus repoussants,
surtout au moment même où son armée
vient d'obtenir une victoire. Le but est
d'insuffler un sentiment d'horreur dans
le monde entier mais jamais, au grand
jamais, de tenter de présenter un
tableau le plus honnête possible de la
situation.
Aux sources
anthropologiques du gaullisme.
Revenons à Emmanuel
Macron et aux rapports directs que l'idiotie
entretient avec la haute trahison.
Un dirigeant qui, soixante treize ans
après l'engloutissement du IIIè Reich ne
lève pas le petit doigt pour chasser les
cinq cents bases militaires américaines
chargées de quadriller une Europe
asservie et qui entérine le traité de
Lisbonne censé légitimer l'occupation
éternelle de l'Europe par les
Etats-Unis, n'est pas un vrai Président
de la République.
Il faut bien
comprendre qu'en réalité la présence
perpétuelle des troupes américaines en
Europe ne ressortit nullement à
l'Alliance atltantique, mais au droit
international du XVIIe siècle: quand les
armées de Louis XIV entraient en
Flandres, les Flandres passaient sous
pavillon français. C'est ce vieux
droit-là, abusivement ressuscité dans
les fourgons de l'occupation de 1944,
qui sert d'assise à la présence
perpétuelle des divisions américaines et
de leur implantation dans la
quasi-totalité des pays européens et
notamment dans les deux pays vaincus -
l'Allemagne et l'Italie. Ce soutien à
une occupation étrangère confirme la
légitimité de l'accusation de haute
trahison du Président Macron et de tous
les autres dirigeants européens.
Car l'idiotie,
la soumission et la lâcheté
forment le trio indestructible et
constitutif de la haute trahison.
Mais ce trio n'est pas né spontanément.
Il est le fruit d'un méticuleux travail
de sape entrepris par le corrupteur. La
couveuse des dirigeants européens
coupables d'avance de haute trahison,
qui sont appelés à oublier les intérêts
nationaux et à travailler au service des
Etats-Unis, n'est autre que le célèbre
groupe d'influence des "Young leaders"
que le Président fictif de la République
française, Emmanuel Macron, a rejoint
dès 2012.
Le dépeçage
d'Alsthom en faveur de General Electric
américain hier et de Siemens allemand
aujourd'hui sont tous deux des exploits
d'Emmanuel Macron. Comme la vente
d'Alsthom a transféré aux États-Unis la
production des turbines indispensables à
nos centrales nucléaires civiles et aux
sous-marins à propulsion nucléaire, clef
de voûte de la dissuasion nucléaire
française, non seulement la France ne
peut plus construire de sous-marin
atomique sans autorisation américaine,
mais elle devrait acheter à prix d'or
les précieuses turbines qu'elle a
conçues.
La France actuelle
n'est qu'un vaste chenil et il en sera
ainsi jusqu'au jour où un nouveau
Vercingétorix se lèvera pour souligner
que de petits pays comme la Bolivie, le
Venezuela ou Cuba ont compris depuis
longtemps que charbonnier est maître
chez soi. Même Panama interdit à tout
navire piloté par un étranger de
franchir SON canal.
La souveraineté est
l'habeas corpus des Etats. C'est
en violation de ce principe que la
chancelière allemande Angela Merkel, en
bonne patriote allemande, supplie
M. Trump de bien vouloir autoriser les
industriels allemands - et
seulement les Allemands - de
s'affranchir des sanctions à l'égard de
la Russie, édictées par les USA et
illégalement imposées aux vassaux en
vertu de l'application universelle de la
trans-territorialité des lois
américaines. Elle laisse à Emmanuel
Macron les envolées lyriques sur
l'Europe.
Au cours de la
dernière guerre mondiale, les troupes du
IIIe Reich n'avaient nullement
l'ambition de conquérir les quelques
hectares du territoire helvétique. Le
gouvernement suisse avait ouvert aux
nazis le passage par le Gothard et le
Simplon, qui assurait au "pacte
d'acier" d'Hitler et de Mussolini la
capacité de résister au débarquement
allié.
Le Général de
Gaulle refusait l'existence juridique à
la coquille vide que le Maréchal Pétain
avait baptisée l'Etat français,
parce qu'un Etat dépendant de l'étranger
usurpe la notion juridique d'existence
et s'engage sur les voies de la haute
trahison. C'est sur ce modèle que
l'inexistence en droit international
public d'Emmanuel Macron se trouve de
plus en plus soulignée par la presse
internationale qui l'accuse de "jouer
au président" ; mais derrière ce
jugement se profile l'accusation
gaulliste de haute trahison qui
pèse désormais tout entière et
exclusivement sur ses épaules.
Emmanuel Macron ou
le Maréchal Pétain n'étaient en mesure
d'en appeler ni à la patrie, ni à la
démocratie, ni à la République, mais
seulement à un serment d'allégeance à
leur personne calqué sur le modèle des
généraux romains, qui n'ont jamais
appelé les légions placées sous leur
commandement à la fidélité au Sénat et à
la République, mais exclusivement à leur
personne.
Aux yeux de l'homme
du 18 juin, la France actuelle n'a pas
de Président. L'actuel locataire de
l'Elysée se fonde sur les clauses d'une
Constitution devenue toute formelle,
mais nullement sur les prérogatives et
les apanages constitutifs de
l'indépendance, c'est-à-dire de la
souveraineté du peuple français.
Tel est l'ultime
fondement anthropologique du gaullisme:
aucune institution formelle n'est
habilitée à revendiquer les titres à
exercer une souveraineté abstraite et en
soi. Seul un peuple français
indépendant exerce sa souveraineté
pleine et entière sur son territoire.
27 avril 2018
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