Décodage
anthropologique de l'histoire
contemporaine
Larvatus prodeo
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Vendredi 23 juin 2017
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1 - La
fatalité interne des déclins
2 - Cacher la vérité
3 - La soumission au despotisme
du Pentagone
4- La parenthèse Macron
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1 - La fatalité
interne des déclins
Larvatus prodeo,
je m'avance sous mes masques, écrivait
Descartes.
On disait que la
roche tarpéienne était proche du
Capitole. Aujourd'hui, il devient clair
que le Capitole court vers sa roche
tarpéienne. La longue agonie des dieux
du polythéisme était irréversible. Cela
a été clairement démontré par les vains
efforts de Julien l'Apostat (330 - 363)
de les remettre en selle.
L'éjection du Vieux
Monde de l'arène agissante de la planète
est-elle inexorable et obéira-t-elle à
ce modèle-là, ou bien une Europe actrice
de l'histoire grandit-elle dans l'ombre?
Avons-nous rendez-vous avec le soleil
d'Austerlitz ou avec la Bérézina? Il ne
s'agit plus de savoir s'il existera une
Europe politique, mais si cette
Europe-là sera vassale des Etats-Unis.
De toute façon, il faut une philosophie
de la fatalité des déclins, afin de
répondre à la question de savoir si une
Europe pensante et souveraine reviendra
un jour sur le devant de la scène. En
effet, dans l'empire romain hellénisé et
quadrillé par des sophistes qui y
couraient en tous sens, la Grèce n'a
jamais retrouvé un rôle politique à
l'échelle de la gouvernance du monde
antique.
Si Montesquieu
revenait parmi nous, ce serait cette
question-là qu'il soulèverait dans un
essai intitulé " Considérations
sur les causes de la grandeur de la
France et de sa décadence".
Valéry disait déjà de l'Europe qu'elle
n'était que "l'extrémité minuscule
d'un continent".
Aujourd'hui, il
convient de prendre pleinement
conscience de la puissance politique de
la démographie et de ce que seul Paris
et ses banlieues demeurent à l'échelle
des vingt millions d'habitants de Pékin.
Les autres grandes villes de France ne
sont plus que des bourgades d'à peine un
demi-million d'habitants. Rappelons
qu'au Siècle de Louis XIV, la France
était le pays le plus peuplé d'Europe.
2 - Cacher la
vérité
Le substantif même
de "pensée" se trouve banni du
territoire de la politique, et cela du
seul fait que la politique se voit
nécessairement prise en otage entre ce
qu'il est possible d'expliquer au peuple
et ce quel les gouvernants jugent
suicidaire de lui enseigner. Hubert
Védrine disait qu'il ne faut jamais
parler de choses sérieuses devant les
enfants! Le meilleur exemple en est la
définition même que la loi de 1905
propose de la notion de laïcité: il y
est dit noir sur blanc que cette loi ne
"reconnaît aucun culte",
ce qui, en bon français, signifie
purement et simplement que les
mythologies sacrées sont nulles et non
avenues sur le terrain de la vérité
philosophique et scientifique.
Puis la loi ajoute
aussitôt que les croyances seraient
cependant légitimées au nom d'une
prétendue "liberté de conscience"
pourtant disqualifiée d'avance, et cela
tout simplement parce qu'il n'est pas
politiquement payant d'échapper à la
camisole de force du "politiquement
correct".
La Ve République
fera l'expérience que, de son côté,
l'histoire événementielle obéit à des
rapports de force et que les rapports de
force n'y vont pas par quatre chemins.
Que se passe-t-il quand la classe
dirigeante française découvre qu'il
n'est pas insignifiant d'élire le
Président de la République au suffrage
universel si celui-ci ne s'appelle plus
René Coty ou Vincent Auriol, mais peut
devenir un despote qui vous tiendra à sa
merci?
C'est pourquoi on a
vu François Fillon et Nicolas Sarkozy se
rallier en toute hâte à un Président de
la République qu'ils jugent d'avance
redoutable. Puis ils se sont empressés
de proclamer qu'ils quittent à jamais la
vie politique, afin de se mettre
prudemment à l'abri.
3 - La soumission
au despotisme du Pentagone
Mais qui
bénéficiera de l'élection d'un Président
de la République devenu lui-même l'otage
d'une puissance étrangère en tant
qu'ex-banquier d'affaires du groupe
Rothschild et récent Young Leader?
Le despotisme du président Macron sera
lui-même l'otage du despotisme du
Pentagone, de la tyrannie de l'OTAN et
de la dictature de la CIA.
On l'a bien compris
au spectacle des deux visites d'Emmanuel
Macron au village d'Oradour-sur-Glanes.
Celles-ci contenaient un message à
décoder à l'intention d'une Allemagne
tentée par un retour à sa fierté
nationale. C'était rappeler aux
descendants des Germains d'Arioviste
leurs forfaits d'il y a soixante-treize
ans. C'était se poser en bouclier de la
civilisation mondiale représentée par
les forces armées américaines
victorieuses en 1945, face aux barbares
d'hier et d'aujourd'hui. C'était tenter
de faire oublier la mise en tutelle
perpétuelle de l'Europe tout entière
sous le joug du traité de Lisbonne.
C'était souligner que le premier pas de
cette politique sera de laisser ouverte
pour toujours la blessure de
l'occupation allemande de 1940 à 1945.
C'était également dire à l'Allemagne
qu'elle demeurera à jamais la nation
vaincue de la deuxième guerre mondiale.
C'était lui rappeler un péché éternel et
inexpiable et lui interdire de jamais
retrouver sa dignité et sa souveraineté.
Une France aussi
ouvertement prise dans la camisole de
force de l'histoire réelle se trouvera
entraînée à épouser les thèses fumeuses
de la russophobie américaine et à
diaboliser l'alliance de la Russie avec
la Chine, ce qui s'est déjà clairement
trouvé démontré par l'interdiction
imposée par le Président Macron, à peine
élu, de recevoir les journalistes russes
à son quartier général, puis de dénoncer
brutalement les organes de presse russes
durant la conférence de presse du 29 mai
2017 à Versailles devant M. Vladimir
Poutine en personne venu célébrer le
tricentenaire de la visite à Paris du
tsar Pierre 1er en 1717.
Je rappelle en
passant que la République
de Platon explique depuis vingt-cinq
siècles l'extraordinaire pathologie
psychobiologique d'une classe dirigeante
qui - pincez-vous, tâtez-vous - tente de
convaincre, de nos jours encore, de
nombreux esprits, que le traité de
Lisbonne serait "patriotique",
donc compatible avec la définition même
de la souveraineté.
4- La parenthèse
Macron
Mais à quelque
chose malheur est bon: la maturation
politique du peuple français connaîtra
nécessairement une accélération
foudroyante, puisque cinquante sept pour
cent du corps électoral a déserté les
urnes le 18 juin 2017, afin d'échapper
au formatage par les médias en faveur du
nouveau pouvoir. Un réveil de la nation
ne serait effectif que si le peuple
français prenait conscience du joug de
l'OTAN et de ses conséquences, à savoir
l'américanisation systématique du monde,
c'est-à-dire la participation forcée des
Européens à la politique étrangère
américaine et à ses guerres.
De toutes façons,
le passage d'un américanophile et
Young Leader par nature et par
vocation, à la tête de la France
démontrera qu'un homme d'Etat ne saurait
se libérer de son long stage à la banque
Rothschild et que les vrais Européens
comprendront que, sans une alliance
entre égaux avec la Russie, aucune force
ne reconduira le Vieux Continent sur le
chemin de sa souveraineté. Toute pseudo
construction européenne dans le cadre du
traité de Lisbonne n'est que fumisterie.
La parenthèse
Macron sera nécessairement un temps
mort, un passage à vide vers une Europe
un jour délivrée du joug de sa mise sous
tutelle, pour autant que ce prodige
demeure envisageable. Georges Pompidou,
lui aussi, portait les stigmates du joug
américain. Mais à son époque,
l'Angleterre n'obéissait encore qu'à une
seule obsession, celle d'empêcher une
unification politique de l'Europe face à
ses rivages. Le Royaume uni était
l'héritier du combat contre les
ambitions successives d'Agricola, de
Claude, de Jules César, de Domitien, de
Charles-Quint, de Napoléon, de Hitler,
qui tous avaient rêvé de l'envahir.
Aujourd'hui, le
problème est différent: c'est de la
vassalisation persistante et
désespérante d'un continent par la
volonté expresse de Washington et de la
servilité des élites européennes qu'il
s'agit. Et c'est de cette histoire-là de
l'Europe que la parenthèse Macron ne
sera qu'un accident de parcours et, en
même temps, l'occasion d'une prise de
conscience éventuelle. Mais l'ambition
affichée d'une Europe politique et
militaire demeurera une pure rêverie
aussi longtemps que le traité
abracadabrantesque de Lisbonne ne sera
pas massivement rejeté.
Qui peut croire que
le Parlement qui a été artificiellement
composé le 18 juin 2017 d'une volière de
trois cent cinquante perroquets,
trouvera l'assise d'une véritable
légitimation électorale? Peut-être
fallait-il cette apparence momentanée de
calme plat pour que l'histoire réelle
ait des chances de se lever, qu'elle ait
la force de dissiper les brumes de la
communication et de la manipulation,
qu'elle balaie les châteaux de cartes
d'un Vieux Monde placé sous tutelle et
qu'elle brise les chaînes du traité de
Lisbonne.
On peut toujours
rêver.
Voir :
Halte à l'américanisation du monde ,
14 avril 2017
Le 23 juin 2017
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