Décodage
anthropologique de l'histoire
contemporaine
La classe dirigeante des Etats-vassaux
IV - Pour un droit international
rationnel
Manuel de Diéguez
Manuel de
Diéguez
Vendredi 10 juillet 2015
Quatre lettres
ouvertes à M. Jacques Myard, Député de
la nation, Président du Cercle
Nation et
République
|
1 - L'Europe
héritière du génie grec
2 - Le naufrage du droit romain
3 - Le droit international
actuel et ses fumigènes
4 - Les apanages de la pensée
cartésienne
5 - M. Paul Craig Roberts
6 - Une raison gangrenée
7 - Une diplomatie sous la
cloche de l'abstrait
8 - La France du destin de la
pensée rationnelle
9 - Les origines mythologiques
de la démocratie mondiale
10 - Le scanner anthropologique
du sacré
11 - La postérité de Darwin et
de Freud
|
Monsieur le Député,
1 - L'Europe
héritière du génie grec
Votre vocation de
Président du Cercle Nation et
République vous appelle à tenter
d'armer d'un droit international
rationnel la civilisation construite sur
les ambitions de la pensée logique.
Qu'en est-il d'une raison à la hauteur
de sa mission et qui porterait le sceau
des relations que les Etats souverains,
donc engagés sur le chemin de
l'esprit critique devraient
entretenir avec le génie européen. Il
s'agit de retrouver l'appel du continent
qui inventa le premier gouvernail
universel des encéphales - la
dialectique.
Le droit
international d'une démocratie
eschatologisée par le calvinisme
américain et dont le monde anglo-saxon a
progressivement substitué le messianisme
biblique aux dispositions réalistes du
traité de Westphalie de 1648 répond à un
autre type d'intelligence et à d'autres
formes du savoir qu'à ceux nés il y a
vingt-cinq siècles de l'entendement
rigoureux des logiciens grecs. Une
politique étrangère cohérente, donc
syllogistique, ne saurait se montrer
apostolique, évangélisante et
rédemptrice - elle exige de se trouver
gouvernée d'une main de fer par une
méthodologie, c'est-à-dire -
l'étymologie nous le rappelle - sur une
route, odos, tracée par la droiture
d'une argumentation implacable. Le génie
grec a porté l'irréfutable à
l'inexorable et rendu les démonstrations
tellement invincibles qu'il a fallu
changer d'espace et de temps pour
terrasser leurs raisonnements.
2 - Le naufrage du
droit romain
M. le Député du
cerveau syllogistique de la France, ne
vous laissez pas arrêter par les brumes,
broutilles et brouillards dont les
vapeurs montent des délires cérébraux de
l'humanité. Une politique internationale
ne saurait se révéler l'ennemie des
verdicts sans faille et sans appel de la
lucidité. Quand M. Régis Debray
rassemble quelques agrégés de grammaire
aiguisés sur la meule de la pensée
logicienne de la France, il entend
débattre avec eux de l'illégalité
stupéfiante du blocus de Gaza, mais
quand il choisit pour théâtre l'enceinte
de l'Ecole normale supérieure de la rue
d'Ulm, la directrice de ce haut lieu de
l'enseignement des Lettres françaises et
des mathématiques d'avant-garde, une
franco-israélienne campée sur les lopins
d'un Etat mythique, s'y oppose
catégoriquement, mais nullement au nom
du droit international officiellement
logicisé d'aujourd'hui, mais seulement
au nom des révélations sacrées de
l'Ancien Testament et de l'Etat
eschatologique d'Israël. Il lui suffit,
pour cela, d'appeler au secours de sa
cosmologie un conseiller d'Etat
franco-israélien, lui aussi, qui rendra
sur l'heure la décision de justice au
scalpel qu'attend la fantasmagorie
confondante de la "Terre Promise". Aussi
la France du droit laïc se voit-elle
étroitement ficelée aux verdicts d'un
tribunal tout local et dont la
jurisprudence se veut résolument ennemie
des apanages de la rigueur axiomatique;
et notre malheureuse nation se verra
purement et simplement retirer les
prérogatives d'un débat cartésien.
Quand un humoriste
franco-africain obtient l'autorisation
légale de faire rire son public, et cela
au nom de la justice universaliste d'une
France délivrée des querelles de
sorciers,M. Valls, dont l'épouse écoute
les magiciens de là-bas, obtient d'une
France clouée sur le lit de Procuste
d'une "Révélation", qu'un autre membre
franco-israélien du Conseil d'Etat,
prononce en moins de temps qu'il ne faut
pour le dire, l'oracle sommital censé
engager toute la science juridique née
du droit romain.
Quand le Président
directeur général d'Orange entend mettre
un terme aux relations immorales que son
entreprise entretient aux côtés du dieu
Jahvé avec les marchands d'armes
présents sur les lieux, M. Netanyahou se
contente de téléphoner sa colère au
Président de la Ve République, lequel
claironne sans attendre que la France
laïque et en tant qu'Etat-nation,
soutient en toute souveraineté la
prospérité des affaires d'Israël sur le
territoire d'un Etat religieux - et M.
Richard se voit contraint, le pauvre, de
présenter en coupable les regrets
appuyés de son éthique à l'éthique peu
recommandable du dompteur biblique
innocent.
3 - Le droit
international et ses fumigènes
Dans quel temple de
la vérité un droit international
européen fragilisé par un mythe
religieux a-t-il caché le bâton de
pèlerin de la raison occidentale?
Comment définir le concept d'objectivité
si vous le soustrayez d'avance aux
regards de l'instance judiciaire qu'on
appelle la pensée? Les outils de la
raison se seraient-ils rouillés? Quand
M. Sarkozy prend le risque de nommer, en
la personne de M. Védrine, ancien
ministre des affaires étrangères de la
gauche post-mitterrandienne, un Ministre
des affaires étrangères incroyant, le
Conseil représentatif des institutions
juives de France se rue à l'assaut de
l'Elysée et l'hérétique se voit
sèchement éconduit par l'Etat laïc - on
dit "remercié" - afin que son
successeur, M. Kouchner, un
franco-israélien ardent, puisse se
rendre à bride abattue sur les lieux
afin d'y légitimer l'annexion, maison
par maison, de Jérusalem Est à l'Etat
que Jahvé appelle à voler, le mors aux
dents, d'une victoire biblique à celle
du lendemain.
Quand M. Fabius
vient occuper le chaînon suivant dans la
succession ininterrompue des citoyens
franco-israéliens chargés de légitimer
sans frein la France israélienne sur le
champ de course d'une histoire
mythologique du monde, il enflamme des
laïcs déboussolés du Quai d'Orsay d'un
zèle confessionnel ardent; et la France
qu'on croyait, appelée, du moins depuis
le siècle des Lumières, à s'exercer à la
logique d'Aristote consolidera l'
hégémonie "révélée" d'un peuple "sacré"
- séparé, dit le latin sacer.
Longtemps la France diabolisera l'Iran
au nom du Dieu de Calvin et de Jahvé
réconciliés - ce qui donnera à Berlin et
à Londres une grande avance sur le
marché de l'industrie et du commerce à
l'heure de la levée des sanctions
économiques contre le pays des
Lettres persanes. Mais comment
se fait-il que la France théologisée en
sous-main s'oppose à la livraison
rationnelle des Mistral à la Russie? Il
est vrai que le Ministre de la défense
qui réfutait la théologie diplomatique
de M. Fabius, mais il a dû se rétracter
pur hérésie trois jours seulement plus
tard.
Tout semble si bien
verrouillé par les soins d'un Jahvé
vissé à ses arçons qu'on se demande quel
coin la raison nationale et républicaine
dont vous défendez les bastions
enfoncera dans l'alliance indissoluble
de la nation française avec la massue de
Goliath. Car, depuis la guerre du canal
de Suez en 1956, Israël a scellé un
pacte mondial avec Washington; et ce
pacte, qu'on appelle transatlantique,
est devenu, depuis plus de soixante ans,
l'axe géant d'une politique planétaire
censée assermentée côte à côte par les
Etats-Unis et par l'Europe. Quelle
justice internationale nouvelle et
ennemie des vicissitudes de Jahvé en
Palestine allez-vous opposer au monstre
sanglant du droit biblique en "Terre
Promise"? Qu'allez-vous faire de la
moitié de l'oiseau de proie qui flotte
dans le ciel des idéalités de la
République, tandis que l'autre moitié
guide les laboureurs hémiplégiques du
Grand Israël?
4 - Les apanages
de la pensée cartésienne
Souvenez-vous, M.
le Député de la nation bicéphale
et de la République schizoïde que
vous voudriez remettre sur les sentiers
des nations et des Républiques
cérébralement unifiées, souvenez-vous,
dis-je, qu'en 1956, Moscou et Washington
s'entendaient comme cul et chemise pour
menacer Paris et Londres d'une
volatilisation atomique aussi
foudroyante que vertueusement
démocratique et que, depuis lors, Israël
est devenu le bras droit du Grand Croisé
de la Liberté du monde. Certes, me
direz-vous, c'est désespérément et
depuis deux décennies, que les
Présidents successifs des Etats-Unis
consacrent leur second mandat à tenter
de couronner Israël de la tiare du Bien;
mais vous savez que, dans la guerre
titanesque entre un Bien et un
Mal proclamés révélés, donc
illusoires par définition, le malheureux
Sisyphe de la Justice sue sang et eau;
car il ne déposera jamais sa pierre au
sommet du Mont Sinaï. De quel droit
international allez-vous cimenter les
apanages si la raison cartésienne n'est
pas manichéenne pour un centime?
Dès lors que le
Ministère des affaires étrangères de la
nation française aligne à la queue leu
leu ses biblistes sur la scène
internationale, dès lors, dis-je, que
ces apôtres obéissent à la mission
cultuelle qui guide la politique
étrangère des prophètes du Grand Israël,
comment, M. le Député de la Gaule et des
Gaulois, imposerez-vous aux descendants
de Vercingétorix une diplomatie fondée
sur les prérogatives universelles de la
raison politique des Gaulois pourtant
convertis au droit romain et à la
logique des Grecs depuis Jules César?
5 - M. Paul Craig
Roberts
Mais si vous
apprenez, en outre, qu'à l'occasion de
la rencontre de Delphes consacrée à la
"crise" entre l'Europe et la Russie, M.
Paul Craig Roberts a prononcé, le 20
juin 2015, une conférence retentissante,
dans laquelle il a déclaré savoir, de la
bouche même de l'ancien Directeur
adjoint de la Défense des Etats-Unis,
que la Maison Blanche achète les
gouvernements du monde entier contre
espèces sonnantes et trébuchantes, afin
qu'ils trahissent leur pays au profit
exclusif, donc pour la seule défense des
intérêts de l'empire américain, vous
ferez-vous l'écho de cette information?
"Nous donnons des sacs remplis
d'argent à leurs hommes politiques",
avoue sans ambages le haut informateur
de M. Paul Craig Roberts.
Savez-vous, M. le
Député, qui est M. Paul Craig Roberts et
à quels titres il a pris la parole à
Delphes ? Savez-vous qu'il est rédacteur
en chef adjoint au Wall Street Journal,
Maitre de conférence à l'Université de
Stanford, Président du William E. Simon
en économie politique et du Centre
d'études stratégiques et internationales
de l'Université de Georgetown à
Washington, D.C. Titulaire d'un doctorat
de l'Université de Virginie, diplômé de
l'Institut de technologie de Géorgie, de
l'Université de Californie (Berkeley) et
de l'Université d'Oxford, où il a été
membre du Merton College? (Voir
note ) Ecouterez-vous un témoin
de ce calibre? L'aiderez-vous à soulever
la chape de plomb d'une presse mondiale
placée, depuis des décennies, sous la
tutelle d'un vichysme international
orchestré par Washington?
Nous savons que
votre réflexion d'éducateur de la
République et de la nation se forgent
sur l'enclume des syllogismes, nous
savons que vous voudriez remettre la
France de la raison sur ses rails. Mais
ferez-vous bénéficier notre nation du
trésor pédagogique accumulé par le
peuple biblique si, dans le même temps,
les faits vous contraignent, hélas, à
retirer la conduite du pays sur le
théâtre du monde extérieur à des
patriotes scindés et souvent cruellement
crucifiés sur la croix de leurs
allégeances nationales dangereusement
dédoublées ou violemment ennemies les
unes des autres? Par chance, Israël est
le seul peuple au monde qui ne cesse
d'admonester son Dieu biphasée et de le
rappeler rudement à ses devoirs de
logicien et de dialecticien. (Dieu
et son juif, François Fejtö,
Grasset, 1960)
6 - Une raison
gangrenée
Commençons par
observer les arcanes anthropologiques,
donc psychogénétiques, de l'illégitimité
viscérale qui s'attache à la diplomatie
d'un Etat censé être demeuré
démocratique, mais seulement de nom et
dont la schizoïdie cérébrale le
dédoublerait sur le malheureux modèle du
messianisme biblique. La dichotomie qui
ronge les neurone de la plupart des
boîtes osseuses vétéro-testamentaires
dont notre espèce demeure affligée
permet à nos encéphales de fomenter à
grands frais des révoltes ou des
révolutions réputées populaires au sein
ou à la périphérie de tous les Etats du
monde, et cela quand bien même nous
proclamons, tous les peuples souverains
sur leurs arpents, mais seulement du
bout des lèvres, ?
Que dit, la bouche
en cœur, le droit international de nos
Etats devenus bicéphales, donc porteurs
du sceau de l'Ancien Testament? Ne nous
croyons-nous pas autorisés - et
gentiment s'il vous plaît - à provoquer
à un coût que nous estimons, si j'ai
bonne mémoire, à six milliards de
dollars, la dissolution pure et simple
de la zone d'influence que nos
adversaires exercent depuis des siècles
sur leurs voisins proches ou lointains?
Une Démocratie construite sur le déclic
de rebellions téléguidées de ce genre
enfante un droit international à double
face. L'une abrite la foudre de nos
idéalités angélisées, l'autre fait
passer le socle de notre charrue sur le
champ que notre ciel a labouré d'avance.
Comment cet oiseau de proie sert-il de
séraphin et de spadassin associés à nos
Etats armés de deux têtes?
Vous savez que le
droit international messianisé donc
bicéphalisé à l'américaine, fait silence
sur les preuves, même les plus
irréfutables concernant les arcanes
anthropologiques des acteurs réels des
démocraties européennes, savez-vous que
celles-ci sont téléguidées par les
idéalités les mieux assises sur les
coussins du monde, celles de la Maison
Blanche?
Nul n'ignore que
Mme Ashton, alors Ministre fantomale de
la politique étrangère d'une Europe
biphasée par les Etats-Unis, a
soigneusement caché dans sa manche des
renseignements précis, décisifs et
connus de tout le monde depuis octobre
2014, mais jugés intempestifs. Vous
savez également qu'un Ministre balte des
affaires étrangères lui avait
candidement communiqué par téléphone des
documents incontestables, mais mal
venus, concernant l'ingérence
messianique de Washington en Ukraine;
vous savez donc que tout le scénario de
la place Maidan a ensuite été rendu
public par les services secrets de la
Russie, qui en ont informé le monde
entier. Quel silence peu naïf que celui
d'une presse dite "démocratique" et
complice de ce secret de polichinelle!
Décidément, le droit international
volontairement aveuglé par le
messianisme biphasé d'aujourd'hui cache
mal les feintes d'une diplomatie dont la
schizoïdie s'étale en public et
s'affiche dans la rue.
7 - Une diplomatie
placée sous la cloche de l'abstrait
Du coup, quand M.
Fabius se rend pour quarante huit heures
à Tel Aviv afin d'y résoudre à la hâte ,
et toutes affaires cessants, des
obstacles et des difficultés que M.
Kerry n'a même pas osé - en treize
voyages et au cours de plus de cent
heures d'affrontements verbaux feutrés -
même pas osé, dis-je, placer sur
l'échiquier bifide du monde
d'aujourd'hui, vous vous dites qu'il
s'agit seulement d'une vaine galopade et
pantalonnade diplomatique de la France
et que nos Talleyrand courent à bride
abattue dans un vide diplomatique
sidéral. En vérité, notre Quai d'Orsay
travaille pour la galerie; car il a
pris, sur nos sciences humaines
d'avant-garde, un retard comparable à
celui de l'Eglise du XVIe siècle sur
l'astronomie de Copernic.
En revanche, un
Quai d'Orsay qui se rallierait à la
sagesse du traité de Westphalie de 1648
et qui entrerait dans la postérité
anthropologique de Platon, de Darwin et
de Freud, introduirait le coin d'une
arme diplomatique nouvelle dans
l'univers clos de la diplomatie
schizoïde d'aujourd'hui. Que feraient
les doges de Venise à l'âge des écoutes
téléphoniques et des services secrets?
Sitôt que l'on substitue aveuglément,
diraient-ils, l'enfermement d'une
géopolitique rédemptrice, messianisée et
biphasée sur le modèle biblique à la
politique ouverte et rationnelle
qu'appellent les nations logiciennes de
l'Europe du XXIe siècle, on perd toutes
ses chances à la fois de rebâtir
l'hégémonie proprement cérébrale
qu'exerçait le Continent de la raison
dialectique du siècle des Lumières et de
retrouver le sceptre universel d'une
écoute politique méthodique.
Mais
l'anthropologie d'avant-garde que j'ai
évoquée dresse l'oreille dans les
coulisses de ce théâtre contrefait. Que
dit-elle d'une politique mythologisée
par des abstractions réputées
salvifiques? Elle proclame qu'une
diplomatie de ce genre ne dispose pas
d'une connaissance réelle de l'histoire
du monde qu'elle prétend labourer dans
les airs et sur la terre et qu'elle
gesticule dans le néant où l'entraîne un
vocabulaire pseudo-universalisé par ses
concepts messianisés.
8 - La France du
destin de la pensée rationnelle
M. le représentant
de la France réelle, parieriez-vous un
seul liard que, soixante-dix ans après
la fin de la seconde guerre mondiale,
l'occupation séraphique de l'Europe
entière par des troupes américaines
réparties entre cinq cents forteresses
se présenterait sous les traits multi
millénaires d'une conquête politique et
militaire corporelle, c'est-à-dire
construite sur le modèle multimillénaire
des successeurs et des héritiers des
plus illustres héros de la guerre du feu
de Rosny aîné, Naoh, Nam et Gaw?
Croyez-vous
vraiment, M. le Député de la France des
logiciens, que le miracle censé
décorporé du traité de Lisbonne aurait
pu se trouver institutionnalisé et
dûment inscrit dans la constitution des
Républiques charnelles si les légions de
l'étranger incrustées en chair et en os
sur nos hectares ne jouissaient pas d'un
statut psychique d'une grande nouveauté
biogénétique - et pourtant d'une grande
ancienneté, parce que la tradition
historique et biblique confondues
n'ignore pas le mode d'omniprésence
politique qu'exercent les armées
baptisées de bénédictionnelles, d'évangélisantes
et de catéchisantes? Tout cela ne
remonte pas aux Croisades, mais aux
victoires réputées apostoliques de
Constantin sur la mécréance des païens.
Mais comment se
fait-il que le mythe de la Liberté
démocratique enfante sans relâche des
régiments de prophètes à l'écoute de la
délivrance désormais républicaine et
démocratique du monde? Savez-vous que la
religion idéo-apostolique est le nouvel
opium de l'orthodoxie des peuples et
que, sous le manteau d'un sacré inédit
en apparence, une occupation militaire
pure et simple cessera miraculeusement
de s'appeler une occupation militaire
pour se baptiser tout soudainement une
mission et un autel - ceux du salut
d'une humanité dont la coupe
vestimentaire passera pour sans rivale?
Que pensez-vous d'une diplomatie
théologisée en sous-main? Que
pensez-vous des légions de fantassins de
la grâce démocratique?
9 - Les origines
mythologiques de la démocratie mondiale
Car enfin, si les
troupes d'occupation américaines sont là
depuis soixante-dix ans, c'est au nom
des valeurs de la République et de la
Démocratie de là-bas. Si vous ne
précisez pas en quoi notre République et
notre Démocratie à nous refusent les
aromates de ce type d'apostolat
angélique et si nous disons que ces
parfums conduisent nos peuples et nos
nations à leur vassalisation, dites-nous
quel droit international nous opposerons
à l'évangélisme botté de l'Amérique.
Car aussi longtemps
que la classe dirigeante européenne ne
disposera d'aucune connaissance
psychobiologique des ressorts qui
téléguident la machinerie entière des
trois théologies monothéistes
actuellement en usage, vous ne
découvrirez pas non plus les secrets
inconsciemment et viscéralement
théologiques qui président au
quadrillage parareligieux de l'Europe
asservie tellement la Démocratie
mondialisée à l'américaine et la Liberté
laïcisée demeurent toutes deux d'origine
et de nature.
Observez, d'une
part, la tenue langagière du demi
millier de bases militaires américaines
armées jusqu'aux dents sur nos terres
et, d'autre part, les crocs de leur ciel
de conquérants. Observez ensuite les
rouages et les ressorts du mythe d'une
Liberté évangélisée, mais au bec d'aigle
et aux griffes prédatrices. Regardez
tout cela avec les lunettes d'une
anthropologie abyssale, mais également
en zoologue post-darwinien du mythe de
la Liberté. Quel drapeau, quel masque,
quel catéchisme aux ailes de vautour
Dieu et la Démocratie se partagent sur
nos terres!
C'est donc une
guerre proprement cérébrale, mais tombée
en panne d'inspiration rationnelle
depuis la parution de L'Evolution
des espèces en 1859 et de la
Vie de Jésus de Renan en
1861, c'est donc une guerre pour la
conquête d'une connaissance
psychobiologique, donc cruelle, de
l'encéphale de notre espèce qu'il
appartient à votre phalange de
députés-pilotes de rallumer en
héritiers, certes, mais surtout en
fécondateurs et en semeurs de la
Renaissance intellectuelle partielle,
donc avortée des XVe et XVIe siècles.
Seule une intelligence prospective et
pionnière - celle dont le siècle des
Lumières a semé les premières graines -
nous donnera un droit international
rationnel et qui répondra au défi
anthropologique que le mythe de la
Liberté nous lance depuis Périclès.
Mais quel
privilège, n'est-il pas vrai,
d'appartenir à une classe dirigeante
responsable de l'avenir de la pensée
mondiale. Jamais encore une élite
politique ne s'était trouvée en charge
d'œuvrer aux progrès de la connaissance
du tragique simiohumain ! Les ultimes
secrets cérébraux de la bête parlante
attendent leurs prospecteurs. Mais pour
cela, M. le Député, il faut du moins
avoir appris que si les religions
schizoïdes ont nécessairement une
histoire schizoïde, la raison
semi-humaine ahane sur le même chemin et
qu'elle sue sang et eau sous nos yeux.
10 - Le scannage
anthropologique du sacré
A Bologne, à Pise,
à Florence, à Naples, comment se fait-il
que le peuple italien ne ressent plus
l'occupation perpétuelle - et censée se
trouver légitimée par des Constitutions
pourtant nulles et non avenues,
puisqu'imposées sous la botte d'un
étranger devenu tout puissant dans le
pays - que le peuple italien, dis-je, ne
se peigne nullement sous les traits de
sa servitude, et cela malgré la présence
pourtant toute corporelle et sur tout le
territoire national d'une soldatesque
censée apostolique par nature et par
définition. Il s'agit, semble-t-il,
d'une sorte d'assistance para cultuelle,
para bénédictionnelle et para
salvatrice, tellement une Démocratie
auto-messianisée à l'école de la
sacralisation du concept même de
Démocratie se révèle
déterritorialisante et évangélisante le
plus rationnellement du monde.
L'apostolat
démocratique se révèle viscéralement
convertisseur. Ses idéalités meurtrières
sont réputées non seulement supra
nationales, donc nuageuses, mais super-validantes,
et cela précisément en raison du
séraphisme politique dont son lexique
vaporeux s'est empreint à titre
viscéral. Les Républiques schizoïdes
sont des fruits liturgiques du mythe de
la Liberté. Celui-ci se trouve à la fois
dichotomisé et aromatisé par son
vocabulaire pseudo ascensionnel. Les
vocalises séraphiques du mythe de la
Liberté ont assourdi le peuple italien -
il n'entend plus les semelles sonores et
venues d'ailleurs qui se baladent sur
ses terres.
Mais alors, qu'en
est-il, M. le Député, du statut réel
d'une nation livrée par son Etat aux
mirages et aux masques d'une République
mondialisée par des lunettes fumées -
celles d'une Démocratie auto-sacralisée
par son langage? Qu'en est-il, M. le
Député, du cauteleux habilement apprêté
par le ciel d'une Liberté mythique et
réputée civilisatrice? Si la classe
dirigeante de la France élévatoire se
met au service de la surréalité
trompeuse qui inspire son langage
célestifié, si elle se rend l'otage
d'une politique de l'illusoire
messianisé et si cette fausse élite
ignore tout des secrets anthropologiques
de la postérité d'un calvinisme devenu
pseudo rédempteur à l'échelle mondiale,
alors l'Amérique en illustrera l'épopée
aux dépens de la civilisation
européenne.
Dites à vos
disciples que le rationalisme étriqué
dans lequel la laïcité de 1905 est
tombée ne saurait enfanter une
République ambitieuse d'éclairer de ses
torches un réalisme visionnaire, un
réalisme dont le regard descendrait dans
les tréfonds des idéalités langagières
de la politique et plongerait dans la
psychobiologie d'un universel
contrefait. Les abstractions délirantes
de la démocratie idéale ne sont ni pain
de vie de la raison, ni le vin spirituel
de l'intelligence politique.
11 - La postérité
de Darwin et de Freud
Apprenons à lire le
livre d'heures de l'expansionnisme
américain, tant verbal que territorial,
apprenons que la classe dirigeante
actuelle de la France pseudo rationnelle
se trouve au pied du mur; apprenons que
si le monde n'enfantait pas une classe
d'intellectuels appelée à peser
l'animalité spécifique des auréoles
lexicale d'Adam, l'humanité pensante
n'entrera pas dans la postérité - encore
en gestation - de Darwin et de Freud.
Comment l'Europe prendra-t-elle le
tournant le plus décisif, celui de la
Renaissance proprement cérébrale qui
l'attend? Comment la civilisation
résurrectionnelle découvrira-t-elle que
l'animal grammaticalisé s'est
inconfortablement logé entre ciel et
terre et que l'idéalisation effrénée de
son langage ne lui a pas fait quitter le
règne animal - la parole vaporisée à
l'école du concept a seulement
métamorphosé la vêture sonore de la bête
originelle d'une mise à l'écoute du
dictionnaire pseudo ascensionnel qui
sert désormais de masque flatteur à la
démocratie mondiale.
Mais pour qu'une
classe dirigeante conquière un vrai
recul intellectuel à l'égard du mutisme
des masses et se distancie des verdicts
aveugles du suffrage universel, il lui
faut apprendre à observer de l'extérieur
les apories psychobiologiques qui
rendent nécessairement ingouvernables
les fuyards ahuris de la zoologie -
celle dont Darwin et Freud croyaient
avoir capturé des spécimens apparemment
achevés.
Ce sera l'objet
de ma modeste épistole terminale de la
semaine prochaine.
Note
De 1975 à 1978, M.
Roberts a travaillé au Congrès et que
c'est durant cette période qu'il a
rédigé la loi Kemp-Roth - une loi de
réduction fiscale. Savez-vous qu'au
début des années 1980, il est
sous-secrétaire du Trésor dans
l'administration Reagan, et s'y est fait
connaître comme l'un des pères
fondateurs de la Reaganomics, notamment
par sa contribution à la réforme du "Tax
Act" de 1981. Le ministre français de
l'économie et des finances, Édouard
Balladur lui a décerné la Légion
d'honneur en mars 1987. M. Roberts est
membre du Cato Institute et de l'Hoover
Institution et que, dans les années
1980-90, il a enseigné l'économie
politique au Center for Strategic and
International Studies. Il a été
rédacteur et chroniqueur de divers
journaux, notamment The Wall Street
Journal et BusinessWeek, et qu'il est
l'auteur de huit ouvrages, portant
notamment sur le marxisme ou le
libéralisme. Il s'est opposé résolument
a la politique menée par le Président
George W. Bush.
Le sommaire de Manuel de Diéguez
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