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Décodage anthropologique de l'histoire contemporaine

La classe dirigeante des Etats-vassaux
IV - Pour un droit international rationnel

Manuel de Diéguez


Manuel de Diéguez

Vendredi 10 juillet 2015

Quatre lettres ouvertes à M. Jacques Myard, Député de la nation, Président du Cercle Nation et République

1 - L'Europe héritière du génie grec
2 - Le naufrage du droit romain
3 - Le droit international actuel et ses fumigènes

4 - Les apanages de la pensée cartésienne
5 - M. Paul Craig Roberts
6 - Une raison gangrenée
7 - Une diplomatie sous la cloche de l'abstrait

8 - La France du destin de la pensée rationnelle
9 - Les origines mythologiques de la démocratie mondiale

10 - Le scanner anthropologique du sacré
11 - La postérité de Darwin et de Freud

 

Monsieur le Député,

1 - L'Europe héritière du génie grec

Votre vocation de Président du Cercle Nation et République vous appelle à tenter d'armer d'un droit international rationnel la civilisation construite sur les ambitions de la pensée logique. Qu'en est-il d'une raison à la hauteur de sa mission et qui porterait le sceau des relations que les Etats souverains, donc engagés sur le chemin de l'esprit critique devraient entretenir avec le génie européen. Il s'agit de retrouver l'appel du continent qui inventa le premier gouvernail universel des encéphales - la dialectique.

Le droit international d'une démocratie eschatologisée par le calvinisme américain et dont le monde anglo-saxon a progressivement substitué le messianisme biblique aux dispositions réalistes du traité de Westphalie de 1648 répond à un autre type d'intelligence et à d'autres formes du savoir qu'à ceux nés il y a vingt-cinq siècles de l'entendement rigoureux des logiciens grecs. Une politique étrangère cohérente, donc syllogistique, ne saurait se montrer apostolique, évangélisante et rédemptrice - elle exige de se trouver gouvernée d'une main de fer par une méthodologie, c'est-à-dire - l'étymologie nous le rappelle - sur une route, odos, tracée par la droiture d'une argumentation implacable. Le génie grec a porté l'irréfutable à l'inexorable et rendu les démonstrations tellement invincibles qu'il a fallu changer d'espace et de temps pour terrasser leurs raisonnements.

2 - Le naufrage du droit romain

M. le Député du cerveau syllogistique de la France, ne vous laissez pas arrêter par les brumes, broutilles et brouillards dont les vapeurs montent des délires cérébraux de l'humanité. Une politique internationale ne saurait se révéler l'ennemie des verdicts sans faille et sans appel de la lucidité. Quand M. Régis Debray rassemble quelques agrégés de grammaire aiguisés sur la meule de la pensée logicienne de la France, il entend débattre avec eux de l'illégalité stupéfiante du blocus de Gaza, mais quand il choisit pour théâtre l'enceinte de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, la directrice de ce haut lieu de l'enseignement des Lettres françaises et des mathématiques d'avant-garde, une franco-israélienne campée sur les lopins d'un Etat mythique, s'y oppose catégoriquement, mais nullement au nom du droit international officiellement logicisé d'aujourd'hui, mais seulement au nom des révélations sacrées de l'Ancien Testament et de l'Etat eschatologique d'Israël. Il lui suffit, pour cela, d'appeler au secours de sa cosmologie un conseiller d'Etat franco-israélien, lui aussi, qui rendra sur l'heure la décision de justice au scalpel qu'attend la fantasmagorie confondante de la "Terre Promise". Aussi la France du droit laïc se voit-elle étroitement ficelée aux verdicts d'un tribunal tout local et dont la jurisprudence se veut résolument ennemie des apanages de la rigueur axiomatique; et notre malheureuse nation se verra purement et simplement retirer les prérogatives d'un débat cartésien.

Quand un humoriste franco-africain obtient l'autorisation légale de faire rire son public, et cela au nom de la justice universaliste d'une France délivrée des querelles de sorciers,M. Valls, dont l'épouse écoute les magiciens de là-bas, obtient d'une France clouée sur le lit de Procuste d'une "Révélation", qu'un autre membre franco-israélien du Conseil d'Etat, prononce en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, l'oracle sommital censé engager toute la science juridique née du droit romain.

Quand le Président directeur général d'Orange entend mettre un terme aux relations immorales que son entreprise entretient aux côtés du dieu Jahvé avec les marchands d'armes présents sur les lieux, M. Netanyahou se contente de téléphoner sa colère au Président de la Ve République, lequel claironne sans attendre que la France laïque et en tant qu'Etat-nation, soutient en toute souveraineté la prospérité des affaires d'Israël sur le territoire d'un Etat religieux - et M. Richard se voit contraint, le pauvre, de présenter en coupable les regrets appuyés de son éthique à l'éthique peu recommandable du dompteur biblique innocent.

3 - Le droit international et ses fumigènes

Dans quel temple de la vérité un droit international européen fragilisé par un mythe religieux a-t-il caché le bâton de pèlerin de la raison occidentale? Comment définir le concept d'objectivité si vous le soustrayez d'avance aux regards de l'instance judiciaire qu'on appelle la pensée? Les outils de la raison se seraient-ils rouillés? Quand M. Sarkozy prend le risque de nommer, en la personne de M. Védrine, ancien ministre des affaires étrangères de la gauche post-mitterrandienne, un Ministre des affaires étrangères incroyant, le Conseil représentatif des institutions juives de France se rue à l'assaut de l'Elysée et l'hérétique se voit sèchement éconduit par l'Etat laïc - on dit "remercié" - afin que son successeur, M. Kouchner, un franco-israélien ardent, puisse se rendre à bride abattue sur les lieux afin d'y légitimer l'annexion, maison par maison, de Jérusalem Est à l'Etat que Jahvé appelle à voler, le mors aux dents, d'une victoire biblique à celle du lendemain.

Quand M. Fabius vient occuper le chaînon suivant dans la succession ininterrompue des citoyens franco-israéliens chargés de légitimer sans frein la France israélienne sur le champ de course d'une histoire mythologique du monde, il enflamme des laïcs déboussolés du Quai d'Orsay d'un zèle confessionnel ardent; et la France qu'on croyait, appelée, du moins depuis le siècle des Lumières, à s'exercer à la logique d'Aristote consolidera l' hégémonie "révélée" d'un peuple "sacré" - séparé, dit le latin sacer. Longtemps la France diabolisera l'Iran au nom du Dieu de Calvin et de Jahvé réconciliés - ce qui donnera à Berlin et à Londres une grande avance sur le marché de l'industrie et du commerce à l'heure de la levée des sanctions économiques contre le pays des Lettres persanes. Mais comment se fait-il que la France théologisée en sous-main s'oppose à la livraison rationnelle des Mistral à la Russie? Il est vrai que le Ministre de la défense qui réfutait la théologie diplomatique de M. Fabius, mais il a dû se rétracter pur hérésie trois jours seulement plus tard.

Tout semble si bien verrouillé par les soins d'un Jahvé vissé à ses arçons qu'on se demande quel coin la raison nationale et républicaine dont vous défendez les bastions enfoncera dans l'alliance indissoluble de la nation française avec la massue de Goliath. Car, depuis la guerre du canal de Suez en 1956, Israël a scellé un pacte mondial avec Washington; et ce pacte, qu'on appelle transatlantique, est devenu, depuis plus de soixante ans, l'axe géant d'une politique planétaire censée assermentée côte à côte par les Etats-Unis et par l'Europe. Quelle justice internationale nouvelle et ennemie des vicissitudes de Jahvé en Palestine allez-vous opposer au monstre sanglant du droit biblique en "Terre Promise"? Qu'allez-vous faire de la moitié de l'oiseau de proie qui flotte dans le ciel des idéalités de la République, tandis que l'autre moitié guide les laboureurs hémiplégiques du Grand Israël?

4 - Les apanages de la pensée cartésienne

Souvenez-vous, M. le Député de la nation bicéphale et de la République schizoïde que vous voudriez remettre sur les sentiers des nations et des Républiques cérébralement unifiées, souvenez-vous, dis-je, qu'en 1956, Moscou et Washington s'entendaient comme cul et chemise pour menacer Paris et Londres d'une volatilisation atomique aussi foudroyante que vertueusement démocratique et que, depuis lors, Israël est devenu le bras droit du Grand Croisé de la Liberté du monde. Certes, me direz-vous, c'est désespérément et depuis deux décennies, que les Présidents successifs des Etats-Unis consacrent leur second mandat à tenter de couronner Israël de la tiare du Bien; mais vous savez que, dans la guerre titanesque entre un Bien et un Mal proclamés révélés, donc illusoires par définition, le malheureux Sisyphe de la Justice sue sang et eau; car il ne déposera jamais sa pierre au sommet du Mont Sinaï. De quel droit international allez-vous cimenter les apanages si la raison cartésienne n'est pas manichéenne pour un centime?

Dès lors que le Ministère des affaires étrangères de la nation française aligne à la queue leu leu ses biblistes sur la scène internationale, dès lors, dis-je, que ces apôtres obéissent à la mission cultuelle qui guide la politique étrangère des prophètes du Grand Israël, comment, M. le Député de la Gaule et des Gaulois, imposerez-vous aux descendants de Vercingétorix une diplomatie fondée sur les prérogatives universelles de la raison politique des Gaulois pourtant convertis au droit romain et à la logique des Grecs depuis Jules César?

5 - M. Paul Craig Roberts

Mais si vous apprenez, en outre, qu'à l'occasion de la rencontre de Delphes consacrée à la "crise" entre l'Europe et la Russie, M. Paul Craig Roberts a prononcé, le 20 juin 2015, une conférence retentissante, dans laquelle il a déclaré savoir, de la bouche même de l'ancien Directeur adjoint de la Défense des Etats-Unis, que la Maison Blanche achète les gouvernements du monde entier contre espèces sonnantes et trébuchantes, afin qu'ils trahissent leur pays au profit exclusif, donc pour la seule défense des intérêts de l'empire américain, vous ferez-vous l'écho de cette information? "Nous donnons des sacs remplis d'argent à leurs hommes politiques", avoue sans ambages le haut informateur de M. Paul Craig Roberts.

Savez-vous, M. le Député, qui est M. Paul Craig Roberts et à quels titres il a pris la parole à Delphes ? Savez-vous qu'il est rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal, Maitre de conférence à l'Université de Stanford, Président du William E. Simon en économie politique et du Centre d'études stratégiques et internationales de l'Université de Georgetown à Washington, D.C. Titulaire d'un doctorat de l'Université de Virginie, diplômé de l'Institut de technologie de Géorgie, de l'Université de Californie (Berkeley) et de l'Université d'Oxford, où il a été membre du Merton College? (Voir note ) Ecouterez-vous un témoin de ce calibre? L'aiderez-vous à soulever la chape de plomb d'une presse mondiale placée, depuis des décennies, sous la tutelle d'un vichysme international orchestré par Washington?

Nous savons que votre réflexion d'éducateur de la République et de la nation se forgent sur l'enclume des syllogismes, nous savons que vous voudriez remettre la France de la raison sur ses rails. Mais ferez-vous bénéficier notre nation du trésor pédagogique accumulé par le peuple biblique si, dans le même temps, les faits vous contraignent, hélas, à retirer la conduite du pays sur le théâtre du monde extérieur à des patriotes scindés et souvent cruellement crucifiés sur la croix de leurs allégeances nationales dangereusement dédoublées ou violemment ennemies les unes des autres? Par chance, Israël est le seul peuple au monde qui ne cesse d'admonester son Dieu biphasée et de le rappeler rudement à ses devoirs de logicien et de dialecticien. (Dieu et son juif, François Fejtö, Grasset, 1960)

6 - Une raison gangrenée

Commençons par observer les arcanes anthropologiques, donc psychogénétiques, de l'illégitimité viscérale qui s'attache à la diplomatie d'un Etat censé être demeuré démocratique, mais seulement de nom et dont la schizoïdie cérébrale le dédoublerait sur le malheureux modèle du messianisme biblique. La dichotomie qui ronge les neurone de la plupart des boîtes osseuses vétéro-testamentaires dont notre espèce demeure affligée permet à nos encéphales de fomenter à grands frais des révoltes ou des révolutions réputées populaires au sein ou à la périphérie de tous les Etats du monde, et cela quand bien même nous proclamons, tous les peuples souverains sur leurs arpents, mais seulement du bout des lèvres, ?

Que dit, la bouche en cœur, le droit international de nos Etats devenus bicéphales, donc porteurs du sceau de l'Ancien Testament? Ne nous croyons-nous pas autorisés - et gentiment s'il vous plaît - à provoquer à un coût que nous estimons, si j'ai bonne mémoire, à six milliards de dollars, la dissolution pure et simple de la zone d'influence que nos adversaires exercent depuis des siècles sur leurs voisins proches ou lointains? Une Démocratie construite sur le déclic de rebellions téléguidées de ce genre enfante un droit international à double face. L'une abrite la foudre de nos idéalités angélisées, l'autre fait passer le socle de notre charrue sur le champ que notre ciel a labouré d'avance. Comment cet oiseau de proie sert-il de séraphin et de spadassin associés à nos Etats armés de deux têtes?

Vous savez que le droit international messianisé donc bicéphalisé à l'américaine, fait silence sur les preuves, même les plus irréfutables concernant les arcanes anthropologiques des acteurs réels des démocraties européennes, savez-vous que celles-ci sont téléguidées par les idéalités les mieux assises sur les coussins du monde, celles de la Maison Blanche?

Nul n'ignore que Mme Ashton, alors Ministre fantomale de la politique étrangère d'une Europe biphasée par les Etats-Unis, a soigneusement caché dans sa manche des renseignements précis, décisifs et connus de tout le monde depuis octobre 2014, mais jugés intempestifs. Vous savez également qu'un Ministre balte des affaires étrangères lui avait candidement communiqué par téléphone des documents incontestables, mais mal venus, concernant l'ingérence messianique de Washington en Ukraine; vous savez donc que tout le scénario de la place Maidan a ensuite été rendu public par les services secrets de la Russie, qui en ont informé le monde entier. Quel silence peu naïf que celui d'une presse dite "démocratique" et complice de ce secret de polichinelle! Décidément, le droit international volontairement aveuglé par le messianisme biphasé d'aujourd'hui cache mal les feintes d'une diplomatie dont la schizoïdie s'étale en public et s'affiche dans la rue.

7 - Une diplomatie placée sous la cloche de l'abstrait

Du coup, quand M. Fabius se rend pour quarante huit heures à Tel Aviv afin d'y résoudre à la hâte , et toutes affaires cessants, des obstacles et des difficultés que M. Kerry n'a même pas osé - en treize voyages et au cours de plus de cent heures d'affrontements verbaux feutrés - même pas osé, dis-je, placer sur l'échiquier bifide du monde d'aujourd'hui, vous vous dites qu'il s'agit seulement d'une vaine galopade et pantalonnade diplomatique de la France et que nos Talleyrand courent à bride abattue dans un vide diplomatique sidéral. En vérité, notre Quai d'Orsay travaille pour la galerie; car il a pris, sur nos sciences humaines d'avant-garde, un retard comparable à celui de l'Eglise du XVIe siècle sur l'astronomie de Copernic.

En revanche, un Quai d'Orsay qui se rallierait à la sagesse du traité de Westphalie de 1648 et qui entrerait dans la postérité anthropologique de Platon, de Darwin et de Freud, introduirait le coin d'une arme diplomatique nouvelle dans l'univers clos de la diplomatie schizoïde d'aujourd'hui. Que feraient les doges de Venise à l'âge des écoutes téléphoniques et des services secrets? Sitôt que l'on substitue aveuglément, diraient-ils, l'enfermement d'une géopolitique rédemptrice, messianisée et biphasée sur le modèle biblique à la politique ouverte et rationnelle qu'appellent les nations logiciennes de l'Europe du XXIe siècle, on perd toutes ses chances à la fois de rebâtir l'hégémonie proprement cérébrale qu'exerçait le Continent de la raison dialectique du siècle des Lumières et de retrouver le sceptre universel d'une écoute politique méthodique.

Mais l'anthropologie d'avant-garde que j'ai évoquée dresse l'oreille dans les coulisses de ce théâtre contrefait. Que dit-elle d'une politique mythologisée par des abstractions réputées salvifiques? Elle proclame qu'une diplomatie de ce genre ne dispose pas d'une connaissance réelle de l'histoire du monde qu'elle prétend labourer dans les airs et sur la terre et qu'elle gesticule dans le néant où l'entraîne un vocabulaire pseudo-universalisé par ses concepts messianisés.

8 - La France du destin de la pensée rationnelle

M. le représentant de la France réelle, parieriez-vous un seul liard que, soixante-dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, l'occupation séraphique de l'Europe entière par des troupes américaines réparties entre cinq cents forteresses se présenterait sous les traits multi millénaires d'une conquête politique et militaire corporelle, c'est-à-dire construite sur le modèle multimillénaire des successeurs et des héritiers des plus illustres héros de la guerre du feu de Rosny aîné, Naoh, Nam et Gaw?

Croyez-vous vraiment, M. le Député de la France des logiciens, que le miracle censé décorporé du traité de Lisbonne aurait pu se trouver institutionnalisé et dûment inscrit dans la constitution des Républiques charnelles si les légions de l'étranger incrustées en chair et en os sur nos hectares ne jouissaient pas d'un statut psychique d'une grande nouveauté biogénétique - et pourtant d'une grande ancienneté, parce que la tradition historique et biblique confondues n'ignore pas le mode d'omniprésence politique qu'exercent les armées baptisées de bénédictionnelles, d'évangélisantes et de catéchisantes? Tout cela ne remonte pas aux Croisades, mais aux victoires réputées apostoliques de Constantin sur la mécréance des païens.

Mais comment se fait-il que le mythe de la Liberté démocratique enfante sans relâche des régiments de prophètes à l'écoute de la délivrance désormais républicaine et démocratique du monde? Savez-vous que la religion idéo-apostolique est le nouvel opium de l'orthodoxie des peuples et que, sous le manteau d'un sacré inédit en apparence, une occupation militaire pure et simple cessera miraculeusement de s'appeler une occupation militaire pour se baptiser tout soudainement une mission et un autel - ceux du salut d'une humanité dont la coupe vestimentaire passera pour sans rivale? Que pensez-vous d'une diplomatie théologisée en sous-main? Que pensez-vous des légions de fantassins de la grâce démocratique?

9 - Les origines mythologiques de la démocratie mondiale

Car enfin, si les troupes d'occupation américaines sont là depuis soixante-dix ans, c'est au nom des valeurs de la République et de la Démocratie de là-bas. Si vous ne précisez pas en quoi notre République et notre Démocratie à nous refusent les aromates de ce type d'apostolat angélique et si nous disons que ces parfums conduisent nos peuples et nos nations à leur vassalisation, dites-nous quel droit international nous opposerons à l'évangélisme botté de l'Amérique.

Car aussi longtemps que la classe dirigeante européenne ne disposera d'aucune connaissance psychobiologique des ressorts qui téléguident la machinerie entière des trois théologies monothéistes actuellement en usage, vous ne découvrirez pas non plus les secrets inconsciemment et viscéralement théologiques qui président au quadrillage parareligieux de l'Europe asservie tellement la Démocratie mondialisée à l'américaine et la Liberté laïcisée demeurent toutes deux d'origine et de nature.

Observez, d'une part, la tenue langagière du demi millier de bases militaires américaines armées jusqu'aux dents sur nos terres et, d'autre part, les crocs de leur ciel de conquérants. Observez ensuite les rouages et les ressorts du mythe d'une Liberté évangélisée, mais au bec d'aigle et aux griffes prédatrices. Regardez tout cela avec les lunettes d'une anthropologie abyssale, mais également en zoologue post-darwinien du mythe de la Liberté. Quel drapeau, quel masque, quel catéchisme aux ailes de vautour Dieu et la Démocratie se partagent sur nos terres!

C'est donc une guerre proprement cérébrale, mais tombée en panne d'inspiration rationnelle depuis la parution de L'Evolution des espèces en 1859 et de la Vie de Jésus de Renan en 1861, c'est donc une guerre pour la conquête d'une connaissance psychobiologique, donc cruelle, de l'encéphale de notre espèce qu'il appartient à votre phalange de députés-pilotes de rallumer en héritiers, certes, mais surtout en fécondateurs et en semeurs de la Renaissance intellectuelle partielle, donc avortée des XVe et XVIe siècles. Seule une intelligence prospective et pionnière - celle dont le siècle des Lumières a semé les premières graines - nous donnera un droit international rationnel et qui répondra au défi anthropologique que le mythe de la Liberté nous lance depuis Périclès.

Mais quel privilège, n'est-il pas vrai, d'appartenir à une classe dirigeante responsable de l'avenir de la pensée mondiale. Jamais encore une élite politique ne s'était trouvée en charge d'œuvrer aux progrès de la connaissance du tragique simiohumain ! Les ultimes secrets cérébraux de la bête parlante attendent leurs prospecteurs. Mais pour cela, M. le Député, il faut du moins avoir appris que si les religions schizoïdes ont nécessairement une histoire schizoïde, la raison semi-humaine ahane sur le même chemin et qu'elle sue sang et eau sous nos yeux.

10 - Le scannage anthropologique du sacré

A Bologne, à Pise, à Florence, à Naples, comment se fait-il que le peuple italien ne ressent plus l'occupation perpétuelle - et censée se trouver légitimée par des Constitutions pourtant nulles et non avenues, puisqu'imposées sous la botte d'un étranger devenu tout puissant dans le pays - que le peuple italien, dis-je, ne se peigne nullement sous les traits de sa servitude, et cela malgré la présence pourtant toute corporelle et sur tout le territoire national d'une soldatesque censée apostolique par nature et par définition. Il s'agit, semble-t-il, d'une sorte d'assistance para cultuelle, para bénédictionnelle et para salvatrice, tellement une Démocratie auto-messianisée à l'école de la sacralisation du concept même de Démocratie se révèle déterritorialisante et évangélisante le plus rationnellement du monde.

L'apostolat démocratique se révèle viscéralement convertisseur. Ses idéalités meurtrières sont réputées non seulement supra nationales, donc nuageuses, mais super-validantes, et cela précisément en raison du séraphisme politique dont son lexique vaporeux s'est empreint à titre viscéral. Les Républiques schizoïdes sont des fruits liturgiques du mythe de la Liberté. Celui-ci se trouve à la fois dichotomisé et aromatisé par son vocabulaire pseudo ascensionnel. Les vocalises séraphiques du mythe de la Liberté ont assourdi le peuple italien - il n'entend plus les semelles sonores et venues d'ailleurs qui se baladent sur ses terres.

Mais alors, qu'en est-il, M. le Député, du statut réel d'une nation livrée par son Etat aux mirages et aux masques d'une République mondialisée par des lunettes fumées - celles d'une Démocratie auto-sacralisée par son langage? Qu'en est-il, M. le Député, du cauteleux habilement apprêté par le ciel d'une Liberté mythique et réputée civilisatrice? Si la classe dirigeante de la France élévatoire se met au service de la surréalité trompeuse qui inspire son langage célestifié, si elle se rend l'otage d'une politique de l'illusoire messianisé et si cette fausse élite ignore tout des secrets anthropologiques de la postérité d'un calvinisme devenu pseudo rédempteur à l'échelle mondiale, alors l'Amérique en illustrera l'épopée aux dépens de la civilisation européenne.

Dites à vos disciples que le rationalisme étriqué dans lequel la laïcité de 1905 est tombée ne saurait enfanter une République ambitieuse d'éclairer de ses torches un réalisme visionnaire, un réalisme dont le regard descendrait dans les tréfonds des idéalités langagières de la politique et plongerait dans la psychobiologie d'un universel contrefait. Les abstractions délirantes de la démocratie idéale ne sont ni pain de vie de la raison, ni le vin spirituel de l'intelligence politique.

11 - La postérité de Darwin et de Freud

Apprenons à lire le livre d'heures de l'expansionnisme américain, tant verbal que territorial, apprenons que la classe dirigeante actuelle de la France pseudo rationnelle se trouve au pied du mur; apprenons que si le monde n'enfantait pas une classe d'intellectuels appelée à peser l'animalité spécifique des auréoles lexicale d'Adam, l'humanité pensante n'entrera pas dans la postérité - encore en gestation - de Darwin et de Freud. Comment l'Europe prendra-t-elle le tournant le plus décisif, celui de la Renaissance proprement cérébrale qui l'attend? Comment la civilisation résurrectionnelle découvrira-t-elle que l'animal grammaticalisé s'est inconfortablement logé entre ciel et terre et que l'idéalisation effrénée de son langage ne lui a pas fait quitter le règne animal - la parole vaporisée à l'école du concept a seulement métamorphosé la vêture sonore de la bête originelle d'une mise à l'écoute du dictionnaire pseudo ascensionnel qui sert désormais de masque flatteur à la démocratie mondiale.

Mais pour qu'une classe dirigeante conquière un vrai recul intellectuel à l'égard du mutisme des masses et se distancie des verdicts aveugles du suffrage universel, il lui faut apprendre à observer de l'extérieur les apories psychobiologiques qui rendent nécessairement ingouvernables les fuyards ahuris de la zoologie - celle dont Darwin et Freud croyaient avoir capturé des spécimens apparemment achevés.

Ce sera l'objet de ma modeste épistole terminale de la semaine prochaine.

Note

De 1975 à 1978, M. Roberts a travaillé au Congrès et que c'est durant cette période qu'il a rédigé la loi Kemp-Roth - une loi de réduction fiscale. Savez-vous qu'au début des années 1980, il est sous-secrétaire du Trésor dans l'administration Reagan, et s'y est fait connaître comme l'un des pères fondateurs de la Reaganomics, notamment par sa contribution à la réforme du "Tax Act" de 1981. Le ministre français de l'économie et des finances, Édouard Balladur lui a décerné la Légion d'honneur en mars 1987. M. Roberts est membre du Cato Institute et de l'Hoover Institution et que, dans les années 1980-90, il a enseigné l'économie politique au Center for Strategic and International Studies. Il a été rédacteur et chroniqueur de divers journaux, notamment The Wall Street Journal et BusinessWeek, et qu'il est l'auteur de huit ouvrages, portant notamment sur le marxisme ou le libéralisme. Il s'est opposé résolument a la politique menée par le Président George W. Bush.

 

   

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Source : Manuel de Diéguez
http://www.dieguez-philosophe.com/

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