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Décodage anthropologique de l'histoire contemporaine
Psychobiologie et politique

Comment le crétinisme politique
est devenu un personnage de l'histoire

Manuel de Diéguez


Manuel de Diéguez

Vendredi 7 décembre 2017

 

Les Romains jugeaient bien naturel de faire payer aux Gaulois les frais d'occupation de leur territoire par leurs légions victorieuses ; mais, depuis lors, le mythe démocratique n'avait pas seulement délégitimé à bon escient les conquêtes territoriales mais également honni et cloué au pilori d'une indignation universelle le principe même de frapper d'une redevance le coût de "l'éducation" des pays conquis.

En ce temps-là, un certain Donald Trump, immigré allemand de la troisième génération et dont le père, puis lui-même, étaient devenus milliardaires dans le bâtiment, avait imaginé de faire payer à l'Europe les frais qu'entraînait pour l'Europe l'occupation militaire de tout son territoire: désormais, disait-il, vous ne serez plus occupés gratuitement, désormais, c'en sera fait du luxe de vous trouver mis en tutelle gratuitement et pour votre plus grand bien, désormais vous verserez votre obole dans le tronc de notre Eglise que nous appelons la démocratie.

Nos historiens ne savent pas encore si la France a payé un lourd tribut afin de jouir du privilège de faire défiler les troupes américaines sur les Champs Elysées le 14 juillet 2017, mais nous avons compris le mécanisme psychique qui régit les démocraties apostoliques, donc salvatrices à l'échelle de l'universalité du Beau, du Juste et du Bien. Même Mme Merkel qui, depuis ses trois législatures précédentes, jouait le rôle de faire-valoir de la victoire des Etats-Unis d'Amérique sur le Vieux Monde, avait refusé tout net d'accéder aux prétentions de M. Trump. Quant à la France, elle avait rappelé qu'elle demeurait gaulliste dans l'âme, comme le XVIIe siècle s'était voulu gallican.

Depuis lors, on appelle crétinisme politique l'art de se mettre un bandeau sur les yeux et de se remplir les oreilles de cire, tellement la politique des démocraties évangélisatrices est devenue une illustration et une mise en scène planétaire du tartuffisme politique chargé de remplacer celui du Tartuffe de Molière.

Ne nous laissons pas tromper par les faux-fuyants et les subterfuges selon lesquels Mme Angela Merkel n'aurait pas été mise durablement sur la touche et qu'elle repartirait d'un pied allègre afin d'accomplir son quatrième mandat de prééminence absolue dans la gouvernance de son pays.

Les Romains, puis le christianisme divisaient la vie publique entre des âges bien délimités. Le premier s'étendait du berceau jusqu'au dernier mois de la seizième année ou jusqu'au premier de la dix-septième selon la date de naissance de l'enfant. Pendant tout ce temps-là, sa vie sociale ressortissait aux lois de la biologie, parce qu'il se trouvait étroitement surveillé, guidé et contrôlé par ses géniteurs. Puis à l'âge souvent baptisé d'ingrat, il s'émancipait d'un contrôle suivi et méticuleux pour accéder au statut d'adulte que symbolisait la remise de la "toge virile".

Or, au début de novembre 2017, tout le monde éprouvait le sentiment d'assister à la mise à l'écart de Mme Merkel, et cela sur le modèle classique de la poussée vers la sortie de la classe parentale, comme s'il ne s'agissait plus de rejeter la chancelière réelle, mais la génération qui avait achevé de jouer son rôle psychophysiologique naturel.

Du coup il apparaissait clairement que la chancelière au pouvoir n'avait été que le témoin de l'âge nourricier d'une génération et que c'était cette étape biologique de sa carrière qui s'achevait sous nos yeux. La preuve en était précisément dans l'extension de l'omnipotence politique et militaire de l'OTAN : puisque cette stratégie-là s'était placée au cœur de la politique de l'Allemagne, c'était pour le motif qu'elle répondait à une incubation naturelle de l'avenir propre aux nations vaincues et quasiment expulsées de l'histoire. Aujourd'hui, elle ne répond plus à un début de renaissance de la fierté nationale, de la prise de conscience de son identité réelle et de la floraison d'une nation en route vers sa résurrection.

Or ce flottement entre deux eaux de l'Allemagne permettait précisément à l'OTAN de renforcer sans cesse son emprise militaire et politique sur l'Europe tout entière. Les manœuvres américaines s'étendaient désormais jusqu'aux frontières de la Russie sans qu'on vît encore paraître un patriotisme allemand et européen résolu, tellement l'heure de prendre la toge virile n'avait pas encore sonné pour la jeunesse allemande. Pis encore : vendredi 27 octobre, l'OTAN avait tenu, dans un communiqué intrusif, à donner son appui solennel à la politique de fermeté de l'Europe à l'égard de tout soutien à l'indépendance catalane. Pour la première fois, on aura vu les cinq cents bases militaires américaines qui mettent l'Europe en tutelle depuis soixante-douze ans s'ingérer directement dans la politique intérieure du continent.

Dans le même temps, cette organisation militaire, soutenue par les grands médias allemands, appelle désormais à cor et à cri la création d'un "espace Schengen militarisé" afin de permettre aux troupes d'occupation de se déplacer à leur guise dans tout l'espace européen. On voit comment une civilisation déclinante produit à son propre détriment une intelligentsia politique et médiatique crétinisée, ainsi que les anneaux de Gigès qui rendent invisible à ses yeux son propre assujettissement rampant.

Profitons de cet interreigne allemand pour nous livrer à quelques observations anthropologiques sur les relations entre la politique et la langue des Germains. Comme d'habitude, l'année 2017 s'achèvera dans toutes les églises et dans toutes les familles sur les chants qui nous rappellent les liens particuliers que le peuple allemand entretient avec ses forêts. On aura chanté "O Tannenbaum, wie grün sind deine Bletter" (O sapin, combien tes feuilles sont vertes). Mais depuis quand les sapins ont-ils des feuilles? Nous imaginions qu'ils ont des aiguilles. Mais il y a plus étrange encore : on chantera "Stille acht, heilige Nacht, Nuit de silence, sainte nuit". Mais l'adjectif heilige qui signifie sacré, renvoie au verbe heilen, qui signifie guérir, au sens d'un sacré guérisseur. Le même sens se retrouve dans Heil Hitler, qui souligne dans l'inconscient théologique et politique de la langue que le Führer, le guide suprême, est articulé avec un salut sauveur et guérisseur. Le verbe heilen se retrouve dans Heiligkeit, sainteté, die Heiligen, les saints, ces guérisseurs du péché originel, der Heiland, le pays de la guérison, ou plus simplement, Dieu.

J'ai relevé plus haut comment Mme Merkel a géré la conduite de deux générations écrasées par les conséquences de la défaite militaire en leur infligeant une politique de la repentance et de l'acceptation d'une occupation humiliante de la nation, désormais quadrillée sur toute l'étendue de son territoire, par les deux cents bases de la puissance étrangère victorieuse. Désormais, cette Allemagne de transition, et après deux générations de sa mise sous tutelle, ne se reconnaît plus dans l'oubli de sa face héroïque.

La nation qui se complaisait dans une apologie de son asservissement et de sa capitulation est précisément illustrée par les trois législatures de Mme Merkel et le traité de Lisbonne qui soumet l'Europe tout entière à ce même régime. Il faut souligner que l'empire américain a besoin de plus de mille garnisons pour occuper la surface entière de notre astéroïde, mais qu'il lui en faut pas moins cinq cents pour seulement couvrir une Europe en lambeaux. Ce seul fait suffit à démontrer que dans les imaginations, l'Allemagne demeure un guerrier de légende qu'il convient de neutraliser.

Déjà la renaissance politique de l'Europe s'appuie sur une jeunesse majoritairement russophile, tandis que les classes dirigeantes politiques et médiatiques européennes demeurent, elles, majoritairement placées sous la tutelle d'un atlantisme héritier de Vichy et puérilement soumis aux seuls intérêts de l'empire de Washington. A-t-on jamais vu une civilisation s'installer durablement dans l'enfance !

7 décembre 2017

 

 

   

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Source : Manuel de Diéguez
http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/...

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