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Decodage anthropologique de l'histoire contemporaine

La religion de la liberté et l'impérialisme américain 2
Esquisse d'une psychanalyse de l'inconscient théologique de la démocratie

Manuel de Diéguez


Manuel de Diéguez

Vendredi 4 juillet 2014

1 - La dictature angélique
2 - La légitimation du prédateur et l'effondrement du droit international

3 - La France aux yeux crevés
4 - La France sous le fouet
5 - L'expérience chrétienne et le marxisme
6 - Trois métazoologues en vadrouille
7 - Mme Mireille Delmas-Marty
8 - Une religion carnassière

9 - Les cambrioleurs de Dieu
10 - Le Dieu de la terreur du monde

1 - La dictature angélique

En 2014, on avait oublié le programme monétaire de l'"Allied military government for occupied territories" de 1944, (Gouvernement militaire allié pour les territoires occupés) qui devait diriger la France au fur et à mesure que les armées de la Liberté progresseraient sur son sol.

Voir : Le mythe de la liberté et l'impérialisme démocratique 1, Réflexions sur l'inconscient religieux de la politique mondiale

Le vainqueur avait massivement imprimé la fausse monnaie qui aurait cours sur le territoire de la Gaule asservie. Les billets, habilement libellés en francs, avaient été fabriqués par tonnes aux États-Unis dès le mois de février 1944. On mesure la titanesque méconnaissance des lois de l'histoire et de la psychologie des peuples à laquelle les Etats-Unis ont été conduits par leur obsession de couper le cordon ombilical qui s'entête à les raccorder à la civilisation du péché dans laquelle le reste de l'humanité demeure plongée: il aura suffi de deux siècles pour que la classe dirigeante de l'Eden du Beau, du Juste et du Bien aille se lover sur une autre planète. Pas un cerveau issu des universités pré-adamiques de la nouvelle innocence n'a su expliquer à Franklin Roosevelt l'évidence qu'aucun gouvernement français ne serait en mesure de placer la population sous le joug d'une vassalisation par le Bureau of Engraving and Printing américain. Jamais les envahisseurs d'autrefois, les Huns, les Burgondes et les Wisigoths n'auraient songé à imposer un joug aussi puissant à un empire romain pourtant mourant.

Mais ce fut avec la candeur d'Abel le Juste que, deux jours seulement avant le 6 juin 2014, le Président des Etats-Unis avait tenté, au sommet du G8-1 de Bruxelles, d'évangéliser l'une après l'autre la France, l'Allemagne, l'Italie et la Grande Bretagne et de les convaincre de mettre le pécheur Vladimir Poutine en pénitence au cours des cérémonies commémoratives du soixante dixième anniversaire du débarquement. Naturellement, sitôt sur place, ce fut autour du Président russe que les Etats d'une repentance avortée, au nombre de dix-neuf, se sont empressés. Ils s'étaient donné le mot pour voler ses ailes de séraphin au souverain du Nouveau Monde, qui s'est trouvé empêché de mettre en scène la prééminence apostolique qu'il avait solennellement étalée à Johannesburg quelques mois auparavant à l'occasion des funérailles messianisées de M. Nelson Mandela.

2 - La légitimation du prédateur et l'effondrement du droit international

Huit jours seulement après le raté confessionnel du 6 juin 2014, Le Monde révélait que l'Elysée avait capitulé en catimini et sans l'avouer à personne. L'Etat légitimait secrètement l'hérésie diplomatique - elle sera confirmée le 1er juillet - selon laquelle tous les peuples de la terre se soumettraient docilement à la juridiction doctrinale qu'exercerait dorénavant le droit national américain. La BNP ayant entretenu des relations d'affaires libellées en dollars avec trois Etats censés souverains, le Soudain, Cuba et l'Iran, la "Justice" américaine entend infliger à la banque française une amende de neuf milliards de dollars. Le 1er juillet, la presse et la radio transmettaient de larges extraits du réquisitoire du Procureur général américain. Le 1er juillet, Mireille Delmas-Marty, professeur honoraire au Collège de France, ironisait dans Le Monde: "Le droit américain n'a pas vocation à régner sur le monde …sauf quand la vision américaine du monde est concernée."

Et maintenant, c'était au nom de l'universalité d'un mythe de la Liberté motorisé au profit d'un empire que la France de Montesquieu valide subrepticement le principe de la damnation de la planète des pécheurs; c'est le peuple souverain de 1789 qui plaide auprès de son maître pour un geste de bienveillance de la part du propriétaire de l'escarcelle des idéalités. Les héritiers de Valmy se trouvent réduits au rang de pieux majordomes du vassalisateur de la Démocratie mondiale. L'heure de pardonner aux sans-culotte n'avait-elle pas sonné? Pourquoi ce retard? Quatre décennies de dévotions des maîtres d'hôtel de la France n'avaient-elles pas suffi pour rentrer en grâce auprès du dompteur angélique? N'y comptez pas, séraphins ! Maintenant le procureur de tel ou tel des " Etats " microscopiques - et privés de la souveraineté - qui composent la puissante fédération des Etats-Unis d'Amérique se voit autorisé à fouler aux pieds le droit local des derniers survivants de la parenthèse gaullienne.

Lorsque M. Barack Obama avait publiquement menacé M. Hollande de lui verser une "tonne de briques" sur la tête s'il s'avisait de signer des contrats avec l'Iran - ce grand Etat se trouvait sur la liste des excommuniés de l'empire, aux côtés de Cuba et du Soudan - le Président de la République française, alors en visite officielle aux Etats-Unis, n'avait pas fait entendre le moindre grommellement sous une telle insulte à son pays.

3 - La France aux yeux crevés

Mais voyez combien, sous des dehors apparemment humiliants pour les dernières raideurs de nos échines, le 6 juin 2014 a changé en douce les cartes de la dignité et du rang de la France; jusqu'alors, on observait les initiatives diplomatiques avortées de l'Elysée sur la scène internationale avec des maugréements à peine irrités ou des haussements d'épaules impatients, et maintenant on regarde sans colère et en connaisseurs désillusionnés comment l'histoire s'y prend pour façonner la taille de ses vrais et de ses faux serviteurs. Le Général de Gaulle avait illustré en pleine lumière la dignité et le rang qu'un vrai chef d'Etat confère à sa nation, même vaincue. Ses successeurs se voient dessinés en garçons coiffeurs calamistrés sur la scène internationale.

Désormais, une foule de citoyens ont rangé leurs ailes d'angelots au placard et sont devenus des spectateurs tranquilles d'une France aux yeux crevés. Une élite nouvelle juge froidement et sans fureur affichée dans la rue un chef de l'Etat indigne de leurs espérances. S'ils avaient gardé l'espoir de redresser l'épine dorsale de l'Etat post-gaullien, ils se tiendraient désormais pour des naïfs inguérissables : ils ont compris qu'un homme politique né inapte à exercer la plus haute fonction qu'un Etat puisse confier à un citoyen ne changera jamais de calibre sur les planches où l'histoire l'aura placé par inadvertance.

Dorénavant des Français mûris par l'expérience de l'adversité qui frappe leur nation se contenteront de nourrir le dossier de l'invalidation d'un chef d'Etat élu à la suite d'un fâcheux concours de circonstances. Puisque, de son côté, la France a obtenu de Washington une légère réduction de peine en échange de la légitimation de l'exercice arbitraire d'une juridiction étrangère sur son sol, la France citoyenne, de son côté, ne s'en fâche plus sur les places publiques - elle aura mieux à faire qu'à vociférer vainement - parce qu'elle saura combien la balance à peser la souveraineté des peuples juge au-dessous de la suprématie des grands Etats de se venger de la petitesse d'esprit d'un valet - elle exercera seulement ses prérogatives naturelles sur les laquais au service de l'étranger sur son territoire.

4 - La France sous le fouet

Comment, dit la France "des armes et des lois", un Etat de droit se remettrait-il du désastre d'avoir sacrifié la lettre et l'esprit du jus gentium à une diminution condescendante du montant d'une "amende" illégale par nature? Quel est le prix d'achat de l'anéantissement du droit public dans l'esprit des nations civilisées? Si un vassal supplie son maître d'alléger des coups de bâton dont il confesse le bien-fondé et s'il invoque "l'équité" d'un tyran armé de son gourdin, il donne force de loi à la "peine" corporelle qui lui est infligée, puisqu'il n'en conteste plus l'arbitraire, mais seulement le montant. Voici la France des héritiers du Général de Gaulle convertie à l'enseignement des juristes d'un Coran musclé, qui ne condamnent pas la peine du fouet, mais seulement le nombre de coups que subira une carcasse et qui triomphent à la barre d'afficher leur vassalité judiciaire, celle d'avoir obtenu un dosage réduit de la mise à la torture bien méritée de leur charpente. Mais un Etat souverain n'achète pas sa philosophie de la Justice sous le fouet du bourreau.

Le peuple français commence d'enfanter des citoyens informés des lacis de la jungle. Ceux-là savent que les lois de la brousse ont seulement changé de vêtements. Ils ont découvert qu'une nation ne règne plus sur une autre avec des piques, de hallebardes et des grenadiers, mais avec des signes et des emblèmes de sa grandeur ou de sa honte. L'OTAN règne seulement d'aligner des baudriers aux frontières de la Russie - c'est l'habillage de quelques gardes en uniformes qui insulte une grande nation, c'est l'effigie de la pleutrerie internationale qui illustre la vassalité d'une Europe tremblante.

5 - L'expérience chrétienne et le marxisme

Et pourtant, le coup de semonce du 6 juin 2014 portera ses fruits. La preuve en est que, dès le 11 juin 2014, Mme Susan Rice, Conseillère militaire du Président des Etats-Unis cédait à l'urgence diplomatique de rappeler à la face du monde que les Etats-Unis avaient "mérité leur position sans égale dans le monde pour l'avoir, durant plusieurs décennies, dirigé avec sagesse". Car, ajoutait-elle "aucune autre nation ne rivalise avec les fondements inébranlables de notre puissance. Notre force militaire n'a pas d'équivalent sur la terre, notre réseau d'alliances fait de nous une nation vers laquelle le monde se tourne quand nous sommes défiés par des provocateurs. Le rôle dirigeant des Etats-Unis demeurera central et sans concurrence." Mais, dans le même temps, les peuples doivent "prendre leur part à la sécurité" du monde, parce que "l'Amérique ne parvient plus à assurer seule la police de l'univers". Quand un empire se résigne à afficher sur le mode oratoire son invincibilité tant physique que doctrinale et appelle ses vassaux à secourir sa voix affaiblie, c'est qu'il court à la ruine en vêtements d'apparat.

Les funérailles du sauveur sont désormais programmées: en 1949, il était relativement rationnel d'inonder l'Europe de bases militaires et d'ogives nucléaires réputées salvatrices, puisqu'il n'était nullement absurde de prévoir qu'une mythologie politique crépusculaire s'emparerait de l'encéphale délirant de l'humanité - une ultime utopie évangélique déclencherait la même prosternation universelle que le mythe de la Croix vingt siècles auparavant. Mais comment élever les retrouvailles légitimes de la Russie capitaliste avec le port de Sébastopol au rang d'une menace sotériologique, eschatologique et parareligieuse? L'Amérique est passée du rang d'un messie rédempteur à celui d'un empire en expansion militaire banalisée - mais c'est retourner à l'âge de la massue et du gourdin que de rebrousser chemin d'un siècle et demi et de revenir à l'expédition de Crimée de Napoléon III en 1856.

Déjà, tous les lundis et dans plus de cent villes allemandes, des manifestations populaires proclament: "Soixante-dix ans d'occupation, ça suffit. US go home." Une première marche sur Berlin aura lieu le 27 juillet. Même les Bâlois s'y mettent. Seule la presse française laisse la nation dans l'ignorance des signes avant-coureurs de la chute inéluctable de l'empire américain.

6 - Trois métazoologues en vadrouille

En vérité, je crois connaître un secret d'Etat: trois métazoologues avertis se promènent dans les couloirs du Quai d'Orsay. Ce sont eux qui ont convaincu - mais pour quelques heures seulement - un Président de la République qui ne comprend goutte aux lois qui pilotent le destin des empires de rappeler les bombardements aveugles de la population normande par l'aviation américaine en 1944. Le bilan de ces massacres s'était élevé à quelque vingt mille morts, et, depuis soixante-dix ans, tout le monde faisait silence sur des à-côtés aussi subalternes.

Mais, le 5 juin 2014, la reine d'Angleterre débarquait en France pour une visite d'Etat de trois jours - la date en avait été choisie avec le plus grand soin. Après s'être acquittée, à l'arc de triomphe, du devoir traditionnel des souverains étrangers de rendre hommage au soldat inconnu, Elisabeth II descendait les champs Elysées aux côtés du chef de l'Etat. Elle seule bénéficiait, dans l'ordre des solennités du protocole de cour que les démocraties elles-mêmes ont officiellement adoptées, d'un rang supérieur dis-je, à celui du cinquième successeur de Jimmy Carter.

C'était à l'armure mentale et parareligieuse de la sotériologie démocratique que la pompe royale faisait prendre une direction nouvelle, ce qui démontrait à nouveau, s'il en était encore besoin, que le véritable enjeu de la guerre des images, celui des dentelles et des rubans dont se pare le salut démocratique, n'est autre que le maniement des hochets et des symboles que le mythe de la Liberté met en scène et dont les républiques enferment le trésor conceptuel dans le temple de la sotériologie verbale des modernes.

Du coup, le champ de bataille de la catéchisation lexicale sur laquelle se joue la parure confessionnelle du monde n'est plus, comme il est dit plus haut, celui des affrontements armés entre des mécaniques militaires devenues obsolètes sous le ciel sanglant de trois monothéismes, mais entre les paradis mentaux d'un livre d'images colorié à l'usage des enfants. Le mythe du salut que prêche une Liberté de type eschatologique ne cesse de se diviser entre des trônes doctrinaux en rivalité entre eux, des capitales verbifiques confuses, des royaumes du langage agrémentés de figures d'une rhétorique de la délivrance du monde.

7 - Madame Mireille Delmas-Marty

Depuis 1944, la Liberté incantatoire - donc de type sotériologique, tant par nature que par définition - avait valorisé les invocations messianiques de la démocratie auréolée de ses idéalités, mais au seul profit d'une Maison Blanche élevée au rang de rédemptrice surnaturelle du monde. Ce royaume des nourrissons d'une Démocratie miraculée par son auto-sanctification se retrouvait entre les mains d'une Europe encore démantelée dans l'ordre politique, mais déjà forte de l'appui juridique de la Chine, de la Russie, du Japon, de la Corée du Sud, qui ont pris la décision de renoncer au règne unilatéral du dollar dans leurs échanges commerciaux entre eux. Entre une Europe encore asservie à Washington et une Russie à nouveau en ascension, le "pacte d'acier" du XXIe siècle est désormais signé dans les têtes.

Dans ce contexte, la contre-offensive proposée par Mme Mireille Delmas-Marty, citée plus haut, est sans doute la plus pragmatique et d'une belle cohérence juridique- mais le droit n'est jamais que l'expression d'un rapport des forces politiques - et ce rapport renvoie à une philosophie de la condition humaine.

Qu'est-ce à dire? Qu'en est-il de l'universalité nouvelle de la pensée rationnelle dont l'Europe devra accoucher ? Il faudra bien que le christianisme se confère une autre ubiquité que celle de sa théologie. Du reste, le pape François lui-même a dû renoncer à l'entreprise de faire réciter à l'intention d'une divinité censée solitaire la prière commune que MM. Peres, Abbas, le patriarche orthodoxe et lui-même auraient saintement prononcée en commun dans les jardins du Vatican le 8 juin 2014, parce qu'une oraison adressée à un ciel unifié dans l'ordre spirituel aurait posé des problèmes théologiques insolubles aux quatre Dieux farouchement individualisés et tout artificiellement proclamés se fondre en un seul; il a fallu se résigner à recourir à une simple "invocation collective", mais seule jugée audible à un Zeus morcelé et dur d'oreilles. Comment articuler entre eux des monothéismes aux théologies incompatibles entre elles, alors que la mondialisation d'une Démocratie faussement séraphique et auréolée d'abstractions résolument ennemies du surnaturel n'est pas près de conduire à la mondialisation d'un chœur de dogmes que tiendrait d'une main ferme une doctrine ecclésiale logicisée.

Mais si ni la théologie, ni la science juridique actuelle ne sont de taille à lutter contre la vassalisation de l'Europe, quel est le défi cérébral à relever?

8 - Une religion carnassière

Naturellement, la résistance féroce des Etats-Unis à l'abaissement de leur sainteté politique et à la dépossession de leur sotériologie impériale se prolongera longtemps encore; mais le XXIe siècle fait courir le mythe du salut politique dans une direction nouvelle et irréversible. Plus question d'évangéliser des abstractions verbifiques. Le déclencheur de l'inversion cérébrale de la course des armes et des songes va se révéler le détonateur d'une révolution plus secrète de l'intelligence politique mondiale, celle d'une anthropologie ennemie des politologies fétichisées par le droit. En vérité, cette mutation méthodologique de la raison politique progressait depuis un demi-siècle au sein des phalanges d'avant-garde de la métazoologie.

D'un côté, une scolastique greffée sur le concept universel de Liberté demeurera, pour longtemps encore, hélas, l'axe central et l'emblème d'une démocratie théologisée en sous-main et à l'échelle planétaire par son lexique messianisé. Mais, de l'autre, l'analyse du contenu psycho-politique de cette mythologie mettra en lumière l'inconscient religieux qui pilote le mythe d'une Liberté abstraite et conduira à une connaissance concrète de la planète du sacré. La métazoologie spectrographie l'animalité spécifique de la bête cérébralisée par les divinités semi-animales que sécrètent ses neurones. Mais, alors que l'expansion territoriale du rêve du salut avait recouru au tranchant des glaives et au fil de l'épée des chrétiens, les armes hyper mécanisées du monde moderne sont devenues inutilisables depuis Hiroshima. Le champ de bataille des armes traditionnelles de la sanctification de la mort demeurera-t-il désert? Nenni: le nouveau théâtre de la glorification du trépas guerrier sera celui des batailles économico-juridiques. La guerre d'Irak de 2003 a fait cinq cent mille cadavres d'enfants et de nourrissons.

Interrogée sur l'adéquation du montant de cette pieuse facture aux résultats positifs obtenus sur le terrain de l'histoire et de la mort, Mme Albright, ancienne Secrétaire d'Etat, a estimé que ce sacrifice dévot en valait la peine - la pendaison légale d'un tyran est toujours civilisatrice. La famine moderne engrangera demain les carnages sacrés d'une nouvelle politique universelle, celle de la morale démocratique messianisée par un Département d'Etat meurtrier.

On voit que l'approfondissement de la simianthropologie conduit à la connaissance des relations que l'impérialisme juridico-américain entretient avec la barbarie et qu'il s'agit de l'avenir cérébral de la civilisation mondiale. Mais, alors seulement, la vie ascensionnelle de la conscience universelle connaîtra un nouvel élan trans-sépulcral. Car, chez les Grecs déjà, les dieux stomacaux du polythéisme avaient été dénoncés comme des animaux gigantifiés par leur ventre. Il n'y avait pas de raison que la mystique chrétienne ne poursuivît pas l'analyse anthropologique de l'animalité carnassière et de la cruauté infernale des trois dieux proclamés uniques, puisqu'ils se civilisent lentement et seulement peu à peu depuis le Déluge et que les progrès moraux de ces monarques universels de leur propre férocité demeurent entrecoupés de terribles rechutes. Mais quel territoire intellectuel ouvert à l'humanisme fondateur d'un "connais-toi" en mesure de radiographier l'animalité spécifique du Dieu des tortures et de mettre sa bestialité en parallèle avec celle de l'histoire universelle!

9 - Les cambioleurs de Dieu

Dans un premier temps, la bombe atomique avait paru délivrer les Etats des bandelettes qui paralysaient leurs fulminations ridiculement mécaniques et construites sur le modèle de la dissuasion apocalyptique des religions. Depuis les Grecs, l'Olympe proclamait que la "sagesse commence avec la peur des dieux". Ce serait donc, pensait-on, à l'instar des trois terroristes d'un ciel sous-tendu par une chambre des tortures qu'un seul Etat devenu meurtrier à l'échelle biblique, donc privé de tout rival de ses crocs, allait régner à la faveur d'une épouvante plus universelle et plus salutaire que jamais - celle d'un souverain dont l'éthique serait calquée sur un renouvellement de la sainteté multiséculaire des empires infernaux.

Mais le contraire s'est trouvé démontré: qu'est-ce qu'une dissuasion désormais servie par une explosion proclamée terminale, et conçue sur le même modèle de l'auto-propulsion vertueuse que celui des religions vengeresses, sinon la preuve indirecte, mais irréfutable, de ce que Dieu, s'il existait - au sens animal que les théologiens donnent encore à ce vocable - ne disposerait de l'arme de la mort universalisée qu'à une seule condition, mais irréalisable: qu'ils en mettraient farouchement le monopole à l'abri des malandrins spécialisés dans le cambriolage des arsenaux du ciel.

Si par malheur, huit co-propriétaires, tous meurtriers de naissance, arrachaient à Zeus la sainte prérogative d'un assassin absolu, il aurait bonne mine, le pauvre, de se trouver à la merci d'une effraction profanatrice de sept rivaux de sa foudre! C'est ce qui est arrivé aux vantards qui se partagent le secret de leur piteuse auto-pulvérisation réciproque. Mais voyez comme ils sont de mèche pour cacher au monde entier le ridicule de la foudre et des châtiments du ciel collectif qu'ils sont devenus à eux-mêmes, voyez comme ils dissimulent que chacun d'eux a perdu en route l'exclusivité des apanages et de la pavane du massacreur glorifié des origines. Que faire d'un Dieu dévalisé et métamorphosé en détonateur du suicide de tous les dieux uniques?

10 - Le Dieu de la terreur du monde

Mais pourquoi juger blasphématoire de démontrer l'absurdité de la dernière massue du ciel des magiciens, sinon parce que le capital psychogénétique de la bête ensorcelée par ses propres sortilèges demeure branché sur vingt siècles des gourdins de l'absolu - ceux de la fournaise verbale qui sanctifie encore dans les têtes les souterrains enflammés d'un exterminateur adoré. On ne saurait à la fois nier l'existence du Dieu des tueurs qu'une espèce meurtrière s'est nécessairement donné à son "image et ressemblance" et ne pas conduire par la main un Prométhée plus décidé que le précédent à radiographier les ardeurs crématoires d'un personnage céleste calqué sur l'histoire du cerveau de la bête pseudo cogitante.

Mais si vous ne visitez pas les souterrains simio-anthropologiques du droit international actuel, si votre science juridique et votre radiographie de la bête théologisée demeurent en panne d'une vision entière de la condition simiohumaine, comment l'Europe de la pensée aurait-elle encore quelque chance face à son vassalisateur "démocratique" et à sa mythologie de la vocation planétaire et apostolique du droit américain?

Par bonheur, le seul animal épouvanté d'habiter l'infini se voit désormais contraint de regarder en face la machine de la mort montée sur les ressorts du fabuleux et du fantastique que le mythe mondial de la Liberté met en scène. L'évolution malencontreuse de la bête a rendu la cervelle des détoisonnés prisonnière de la simiohumanité de leur idole des bûchers. Impossible à l'humanité de fuir plus longtemps le spectacle de son écartèlement infernal dans le miroir des tortures où son saint exterminateur lui renvoie sa propre image, celle du Dieu de l'effroi des vivants et des morts.

Puisse le réquisitoire d'un petit procureur américain qui a cité la France et l'Europe à la barre du Dieu sans tête de l'Amérique ouvrir les yeux d'une civilisation sur la superficialité de son "connais-toi" et sur la nécessité de boire la ciguë ressuscitative de la pensée rationnelle.

Reçu de l'auteur pour publication

 

 

   

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Source : Manuel de Diéguez
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